Fact-checking et faux drapeaux

Du plaisir et des vertus du doute face aux grandes controverses de notre temps

Partager

Tout comme l’imprimerie, l’avènement d’internet a permis une nouvelle liberté d’expression en plongeant le monde dans une multiplicité de regards et d’opinions «incontrôlables».  Tout est désormais sujet à controverse. Même les simples relevés de la température locale font l’objet d’âpres batailles entre médias officiels et sources indépendantes.

Entre incidents provocateurs, mensonges des gouvernements comme de leurs opposants, événements qualifiés de faux drapeaux… les fact-checkeurs les plus assidus, pour qui «tout est faux jusqu’à preuve du contraire» ont de quoi s’occuper pour une éternité. Rien d’étonnant à ce qu’aujourd’hui l’Union européenne et ses divers Etats membres, tentent d’imposer une censure draconienne et un fact-checking «accrédité» pour tenter de maintenir un récit commun.

Dans ce contexte, démêler le vrai du faux peut s’avérer vital et la pratique régulière du fact-checking est un must pour tout intellect qui se respecte. Voici quelques suggestions et exercices pour se garder en forme :

Science ou propagande ?

Si l’on souhaite revenir sur les chiffres du Covid ‘une bonne fois pour toutes’, le livre et l’interview de Pierre ChaillotVaccins Covid, sûrs et efficace : les chiffres officiels disent non” et l’ouvrage ‘Tous vaccinés, tous protégés ?‘ de Christine Cotton, serviront de base à la réflexion.

Mais pour sortir du sujet et se divertir avec quelques grandes controverses, les documentaires de l’italien Massimo Mazzucco fournissent un vaste terrain de jeu. Avec l’œil du photographe et la ténacité d’un détective, le réalisateur se penche sur quelques questions qui ont enflammé les passions complotistes.

A-t-on vraiment marché sur la lune ? American Moon revient sur l’alunissage de 1969 avec des questions surprenantes qui ont chacune fait l’objet de nouveaux commentaires et démentis par divers vérificateurs du web, comme par exemple Stardust qui s’est lancé dans un debunk (démenti, déconstruction) exhaustif de chaque point avancé par Mazzucco.

Un autre sujet qui a alimenté la chasse aux fake news est l’affaire du Dr Wakefield. Est-il ou non coupable de fraude scientifique concernant l’autisme et la vaccination ? Il y a quelques années, les vidéos de dénonciation du «médecin maudit» abondaient (ici un debunk de Nozman), aujourd’hui elles ont presque toutes disparu du net et l’on n’est plus en mesure de confronter les différents éléments de ce dossier. La confiance du public dans les vaccins est-elle déjà trop entamée pour qu’on laisse un tel brûlot en ligne ?

Attentats politiques

Enfin, il y a la pièce de résistance de Mazzucco, 11 Septembre, le nouveau Pearl Harbour dans laquelle le maître ès complot consacre près de cinq heures à disséquer l’évènement qui a séparé le monde de l’information en deux camps : «ceux qui croient et ceux qui refusent de croire à la responsabilité criminelle de leur gouvernement» dans l’effondrement des tours new-yorkaises.

Un autre sujet qui a traumatisé l’Amérique et qui regagne de l’importance dans le contexte de la campagne électorale américaine est celui de l’assassinat du président John Kennedy. Avec JFK, Oliver Stone a présenté une enquête palpitante sur les circonstances et les mobiles du meurtre, qui réfute le récit du tueur fou et dénonce un véritable coup d’Etat, orchestré par la CIA. Cette thèse est aujourd’hui défendue ouvertement par le neveu et candidat à la présidence Robert F. Kennedy Jr qui estime qu’il est temps de dire la vérité aux Américains.

À propos de faux drapeaux et d’élections,  2000 mules de Dinesh D’Souza vaut le détour pour la synthèse des arguments de fraude électorale avancés par les partisans de Donald Trump en 2020.  Tandis que ‘Le plus grand mensonge jamais vendu de Candace Owens, se penche sur l’assassinat de George Floyd et l’instrumentalisation du mouvement Black Lives Matter qui l’a suivi.

Limites et vertus du doute

Certains diront qu’il y a des limites à ce que l’on peut remettre en question. De l’existence de l’Atlantide à la présence d’extraterrestres et jusqu’à la forme de la terre, rien ne devrait faire obstacle au questionnement, mais l’exercice commande de ne pas se raccrocher trop vite à toute nouvelle «vérité».  Qu’on le veuille ou non, le contexte actuel porte à interroger les fondements de notre réalité. Cela se reflète parfaitement dans les questions de réalité biologique et d’identité de genre, comme l’illustre le documentaire  What is a woman ? Qu’est-ce qu’une femme ? de Justin Folk.

Et puis certaines choses semblent tout de même dépasser notre entendement. Le documentaire Miracles de Pierre Barnérias (réalisateur de la série Hold Up), en ce moment à l’affiche, questionne «une humanité arrogante» face à des objets mystérieux comme le suaire de Turin ou les textes mystiques qui défient les records de la littérature.

Finalement, si l’on dépasse l’anxiété qui surgit lorsque les certitudes sont ébranlées, le doute pourrait-il être un élément clé d’un retour à soi et d’une vie pleine de sens ? Douter de tout, y compris de sa propre vision du monde est justement la clé ultime que propose le maître amérindien Don Miguel Ruiz dans le 5ème accord toltèque.

“Il s’agit en fin de compte de vous offrir le pouvoir du doute afin de voir toute votre réalité avec les yeux de la vérité, sans mots. Vous cheminerez alors vers l’acceptation complète de vous-même, tel que vous êtes, et l’acceptation totale de tous les autres, tels qu’ils sont. Avec pour récompense votre bonheur éternel”.

À ne pas… en douter… il s’agit là d’une belle perspective !