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En Chine, la politique Zéro Covid est devenue un cauchemar

Malgré le peu de gravité du variant Omicron, les centres de quarantaine sordides débordent à Shanghai comme à Hong Kong. Un Français mis en isolement raconte "l'hystérie inhumaine" qui gagne le pays. Sans aucun effet contre l'épidémie. Taiwan fait tout le contraire (voir ci-contre)

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par Thibaut Masco de Santé Non Censurée
(intertitres de la rédaction de Covidhub)

Voilà deux mois déjà, je vous avais parlé de la politique “zéro covid” utopique, mais surtout intenable, de la Chine, appliquée à Hong Kong. Pour rappel, cette politique consiste à éradiquer purement et simplement la circulation du virus, en prenant des mesures draconiennes dès qu’un cas apparaît et en contrôlant de manière rigoureuse les foyers d’infection1.

Par conséquent, à Hong Kong, les hôpitaux étaient saturés dès l’arrivée d’Omicron, puisque asymptomatiques ou non, tous les patients positifs y étaient admis sans distinction2. Et les autorités annonçaient encore l’arrivée imminente de tests obligatoires, de tests antigéniques à réaliser tous les jours3, la fermeture des commerces4

Depuis, nos regards se sont tournés vers l’Ukraine, les présidentielles… Pour autant, la situation chinoise n’a cessé d’empirer jusqu’à aujourd’hui, transformant la chasse au covid en une véritable folie furieuse inhumaine.

Récit d’un cauchemar devenu réalité

Imaginez un instant que vous vivez à Shangaï. Vous êtes tassés, confinés dans un petit appartement avec votre femme qui a accouché il y a quelques semaines à peine et vos deux chats. La nourriture commence à manquer et vous devez vous contenter des bien maigres rations gouvernementales5. Le troc est revenu au goût du jour dans votre immeuble où chacun de vos voisins manque de quelque chose. Peut-être arriverez-vous à échanger un peu de sauce soja contre du café aujourd’hui ?

Les rares fois où vous sortez dans les rues désertes, surveillé par des drones et des chiens robots répétant inlassablement les mesures sanitaires6, c’est pour vous rendre dans un centre, faire un test PCR obligatoire tous les trois-quatre jours.

Et là catastrophe, la nouvelle tombe, vous êtes positif et votre bébé aussi, malgré tous vos efforts et ce confinement forcé. Vous n’avez pas de symptômes… et pourtant!
Immédiatement, vous êtes tous emmenés dans un centre pour y être placés en quarantaine, séparés les uns des autres. Même votre bébé est arraché des bras de sa mère, qui pourtant l’allaite7.

Même vos chats sont jetés et écrasés

Pendant qu’une nouvelle attente commence pour vous, des inconnus en combinaison rentrent dans votre appartement, dans votre intimité, ultime rempart contre la folie extérieure. Vos deux chats, soupçonnés d’être eux aussi porteurs du virus, sont capturés, balancés comme des ordures dans un sac en plastique et traînés dehors où un homme leur écrase sauvagement le crâne à coup de pelle8.

Des dizaines de jours ont passé, vous avez perdu le compte, et enfin vous pouvez enfin rentrer “à la maison”. Une fois dans votre appartement vide, vous n’aurez plus qu’à vous remettre de ces traumatismes et peut-être pourrez vous, un jour, recommencer à vivre.

Cela vous paraît être un cauchemar ? C’est désormais la réalité pour des millions de Chinois.

Une horreur qui n’en finit pas

Mi-avril, un Français placé contre son gré en quarantaine à Shanghaï a raconté l’enfer de sa mise en isolement9. Son récit fait froid dans le dos, tant les conditions sont inhumaines :

Dans un centre de quarantaine, des centaines de lits sont alignés les uns à côté des autres, séparés uniquement par une petite cloison en plastique. La lumière est allumée 24/24h, aucune fenêtre ne permet de voir le jour ou même d’avoir un repère temporel, le masque doit être porté en continu, il n’y a aucune possibilité de se laver correctement, aucune intimité pour se changer…

Les “malades” sont parqués dans des camps insalubres, à la manière de prisonniers10.
Des policiers expulsent de force des civils de leurs logements pour en faire des centres de quarantaine11

A quel moment la politique du “zéro covid” a-t-elle fait basculer le gouvernement chinois dans une hystérie générale, révélant toute la noirceur de l’âme humaine ? On se croirait revenu au temps de la peste, où les malades étaient rassemblés à l’extérieur des villes, dans des conditions affreuses.

Des mesures inhumaines et inutiles

Pire encore, malgré ces réglementations drastiques et inhumaines, la Chine ne parvient pas à endiguer l’épidémie, bien au contraire12 ! Ce n’est malheureusement pas si étonnant quand on connaît la contagiosité d’Omicron, la politique “zéro covid” est tout bonnement impossible à maintenir.

C’est désormais au tour de Pékin de subir le même sort que Shanghaï, et Hong Kong13, avec de terribles retombées sur la population et l’économie mondiale.

Avec l’allègement progressif des mesures dans tout le continent asiatique, la Chine reste le seul pays à s’accrocher férocement à la politique “zéro covid”. Mais pourquoi ?

La Chine semble piégée par sa propagande anti-occidentale

Il semblerait avant tout que le pays se soit piégé lui-même dès le début de la pandémie :

Tout d’abord parce qu’il y a deux ans, alors que la stratégie “zéro covid” asiatique se révélait la plus efficace pour contenir le virus, la Chine a entamé une forte propagande sur les échecs des mesures occidentales.

Revenir en arrière aujourd’hui, alors qu’Omicron a totalement changé la donne, reviendrait à se décrédibiliser aux yeux du monde entier. Jean-Louis Rocca, professeur à Sciences Po et spécialiste de la Chine, l’explique ainsi: «Maintenir la stratégie “zéro Covid” est une question de légitimité politique auprès de la population et de compétition avec les pays étrangers, notamment les Etats-Unis.»

Une dictature sanitaire qui a bloqué l’immunité collective

Ensuite, le pays qui a voulu dès le début se débrouiller par lui-même a vraisemblablement produit des vaccins peu efficaces, boudés par les plus âgés qui sont pourtant les plus vulnérables.
Enfin, en confinant immédiatement toute personne positive, la Chine n’a pas laissé le temps à sa population d’acquérir une certaine “immunité” vis-à-vis du virus.

Autrement dit, relâcher maintenant les mesures reviendrait à générer un véritable raz-de-marée de cas positifs que les hôpitaux, déjà débordés, n’arriveraient probablement pas à absorber.

En résumé, «sortir du “zéro covid” du jour au lendemain avec une population faiblement immunisée et une vaccination sur les populations fragiles moins efficace engendrerait forcément une forte augmentation du nombre de cas et de la mortalité associée», explique le virologue Yannick Simonin.

Comment sortir de l’impasse… sans perdre la face

La Chine semble être dans une impasse totale, tandis que son masque se craquèle. Derrière une apparence de contrôle et de perfection, le monde entier est en train de prendre conscience des mesures inhumaines mises en place par le gouvernement chinois pour maintenir ce faux-semblant.

Il serait plus que temps de faire marche arrière et de trouver une solution viable. La Chine sera-t-elle prête à ravaler sa fierté pour cela ? Rien n’est moins sûr.

Thibaut Masco

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P.S. : Depuis le début de la pandémie, j’ai eu l’impression que les dirigeants cherchent tous à établir les mesures les plus restrictives possibles : obligation vaccinale en Autriche14, camps de quarantaine au Canada15 et en Australie16, restriction progressive des libertés individuelles par la mise en place de pass sanitaires partout en Europe17 alors que la censure des réseaux sociaux s’opère de manière généralisée18