Pédocriminalité en Israël: la Knesset sous le choc des témoignages

Nouvelles révélations sur les abus rituels pratiqués par des communautés religieuses sionistes

Article d’Icaros d’Essentiel News

Les réseaux sociaux sont en ce moment en pleine effervescence à cause du Tweet d’Elon Musk, qui vient d’accuser Donald Trump d’empêcher la publication du «dossier Epstein» parce qu’il y figurerait lui-même, insinuant que le président américain est lui-même un pédophile.

Derrière ce dernier épisode du feuilleton de téléréalité appelé la «politique américaine», une autre nouvelle est passée beaucoup plus inaperçue: le parlement israélien vient d’entendre des témoignages de victimes d’abus rituels – c’est-à-dire de viols et de tortures organisés dans un contexte de cérémonies religieuses – pratiqués dans des communautés religieuses sionistes.

Le journal israélien Haaretz en parle en ces termes :

Les femmes ont décrit des années d’abus, notamment de viols et de tortures, maquillés en rituels spirituels, ainsi que le silence et la négligence systématiques des autorités. Alors que les membres de la Knesset écoutaient les témoignages des survivantes, un certain nombre d’entre elles semblaient visiblement ébranlées.

Au cours d’une session conjointe spéciale de la Knesset qui s’est tenue mardi, plusieurs femmes, principalement issues des communautés ultra-orthodoxes et sionistes religieuses, sont venues témoigner des années d’abus subis pendant leur enfance lors de «rituels sexuels sadiques» pratiqués dans le cadre de cérémonies religieuses en Israël. Leurs témoignages, qui font également état de négligences répétées de la part des autorités, s’inscrivent dans un schéma inquiétant documenté par des journalistes, des experts en traumatismes et des responsables d’ONG.

«Vous n’avez aucune idée de ce que sont les abus rituels», a déclaré Yael Shitrit, l’une des victimes, aux membres de la commission. «Le cerveau humain ne peut pas le traiter. Vous ne pouvez pas imaginer ce que c’est que de programmer une fillette de 3 ans par le viol et le sadisme afin qu’ils puissent faire tout ce qu’ils veulent sans que personne ne le sache». […]

Le député Naama Lazimi, du parti démocrate, qui préside également la commission des affaires de la jeunesse, a déclaré: «Je n’ai pas pu respirer lorsque j’ai appris l’existence d’un réseau d’abus rituels sur des filles, qu’il pouvait exister un tel système et un tel mécanisme dangereux, et que rien n’était fait pour l’arrêter.» […]

La députée [et présidente de la commission organisant la séance] Pnina Tamano-Shete, du Parti de l’unité nationale, a ouvert la séance en présentant le motif de la session: une enquête approfondie publiée en mai par le journaliste israélien Hayom Noam Barkan, qui a révélé des allégations troublantes d’abus sexuels rituels organisés à l’encontre d’enfants en Israël.

Plus d’une douzaine de femmes âgées de 20 à 45 ans, issues principalement des communautés ultra-orthodoxes et sionistes religieuses, ont contribué au rapport de M. Barkan, décrivant en détail des expériences presque identiques d’abus dans l’enfance, impliquant des cérémonies religieuses, la complicité de la famille et une torture systématique masquée sous la forme de rituels religieux.

Les survivantes, qui étaient toutes des enfants au moment des faits, ont décrit avoir été droguées, violées, mutilées, filmées et manipulées psychologiquement au cours de «cérémonies» dirigées par des personnalités religieuses auxquelles les membres de la famille, y compris les parents, participaient souvent.

Les victimes ont parlé d’abus dans des maisons, des synagogues, des forêts et des écoles, souvent encadrés par un langage religieux et imitant des histoires bibliques. Plus d’une femme a raconté avoir été forcée de participer à une cérémonie au cours de laquelle les agresseurs ont joué le rôle de la ligature d’Isaac, l’attachant pendant qu’ils pratiquaient sur elle un rituel de circoncision insalubre. […]

La survivante Yael Ariel, qui a subi des abus rituels pendant près de quinze ans à partir de l’âge de cinq ans, a déclaré à la commission qu’elle avait fini par déposer une plainte auprès de la police, qui a été classée sans suite au bout de quelques mois. Elle a également déclaré avoir entendu des témoignages d’autres femmes affirmant que des médecins, des éducateurs, des officiers de police et des membres actuels et anciens de la Knesset étaient impliqués dans la dissimulation des abus. […]

Mme Lazimi a conclu la session en s’engageant à organiser des auditions complémentaires. «Nous voulons des données et nous ne permettrons pas qu’elles soient dissimulées», a-t-elle déclaré en guise de conclusion. «Nous demanderons des informations à la police, au bureau du procureur général, au ministère de la protection sociale et au ministère de l’éducation. Il s’agit d’une question nationale et le commissaire de police doit être présent lors de la prochaine audition, car il s’agit d’un réseau de trafic d’enfants.»

Un sujet brûlant et délicat

Le sujet de la pédocriminalité rituelle est brûlant d’actualité, et Essentiel News y a consacré de nombreux articles et vidéos, notamment dans le cadre de la sortie du film «Les Survivantes» de Pierre Barnérias.

Ci-dessous figure une liste non-exhaustive de quelques liens indispensables:

Ainsi, bien que ce phénomène macabre, qui souvent dépasse encore l’entendement, commence à être mieux documenté en Occident, son «volet israélien» est beaucoup plus délicat à traiter à cause de la malheureuse accusation historique de meurtre rituel (blood libel en anglais) dirigée contre les juifs.

Cet amalgame est regrettable dans la mesure où des Israéliens sont souvent eux-mêmes les premiers à désavouer et condamner ces atrocités, lorsqu’elles se déroulent dans leur pays et qu’elles affectent leurs compatriotes. Cette audience récente devant la Knesset en est la preuve, comme le sont les nombreux articles de la presse israélienne reconnaissant que leur pays est surreprésenté:

C’est donc à cause de cet amalgame regrettable qu’il est souvent difficile de rappeler que la violence rituelle dirigée contre les enfants est institutionnalisée et codifiée dans la tradition qui sous-tend certaines communautés religieuses de ce pays: par exemple, le «haut rabbinat» israélien continue de proclamer que le sordide rituel «Metzitzah B’Peh» est la meilleure façon de mutiler les organes reproducteurs des jeunes enfants masculins; et dans plusieurs textes auxquels certains religieux souscrivent encore, la pédophilie et le sacrifice rituel d’enfants sont considérés comme relevant de la volonté divine.

L’amalgame est regrettable non seulement parce qu’une majorité des juifs en Israël et dans le monde rejette et condamne ces pratiques médiévales, et non seulement parce qu’elles affublent de nombreuses autres religions et traditions obscurantistes, à toutes les époques, et sur tous les continents, mais aussi et surtout parce qu’il rend difficile le débat autour de la criminalité de l’État israélien en la matière.

C’est la raison pour laquelle assez peu de gens, même parmi les mieux informés, savent qu’il existe de sérieuses allégations que Jeffrey Epstein agissait pour le compte du Mossad, et que, de façon plus générale, le réseau international de chantage pédocriminel pourrait trouver son origine en Israël.

Parmi les journalistes qui ont le mieux réussi à traiter du sujet figure sans aucun doute Whitney Webb, dont les deux volumes du livre One Nation Under Blackmail font référence en la matière; elle a également donné de nombreuses interviews résumant ses découvertes.

L’enquête continue

Au début de cet article, on soulignait la convergence temporelle entre l’accusation par Elon Musk contre Donald Trump (qui n’est en effet pas dénuée de fondement), et les dernières révélations en provenance du parlement israélien. On ne sait pas si cet alignement relève de la coïncidence, de la synchronicité, ou de la tentative de distraction; en tous cas, il a représenté l’occasion de souligner un aspect essentiel: les pratiques des réseaux pédocriminels ne se limitent pas au chantage, ou à la seule perversion et déviances sexuelles, qui ne représentent somme toute que le sommet de l’iceberg.

En toile de fond se trouve en effet un phénomène beaucoup plus difficile à appréhender, et qui relève d’une dimension rituelle religieuse occulte. Ce phénomène est ancien, il affuble de nombreuses traditions obscurantistes, est il est difficile d’en parler autrement qu’en disant qu’il caractérise la religion secrète des puissants.

En tout état de cause, Essentiel News s’engage à poursuivre l’enquête. Cela signifie non seulement relater les divulgations au fur et à mesure qu’elles apparaissent, mais également à explorer une difficile question: se pourrait-il que ces révélations, comme celles qui concernent Jeffrey Epstein ou celles du parlement israélien cette semaine, et aussi véridiques puissent-elles être, soient en train d’être faites à dessein?