Interview d’Isabelle A. Bourgeois pour Essentiel News et le média Planète Vagabonde
Dans son essai «Plaidoyer pour un renouveau européen», le journaliste et essayiste Martin Bernard, co-fondateur de la chaîne Antithèse, dresse un diagnostic sans concession sur l’état du Vieux Continent. Entre crises économiques, défiance envers les institutions et perte de repères culturels, l’Europe semble vaciller, tiraillée entre ses aspirations à l’unité et les tensions internes qui la fragilisent. À travers une analyse percutante, il invite à repenser les fondements du projet européen, non seulement sous l’angle politique et économique, mais aussi spirituel et culturel.
« L’Europe n’est pas qu’un marché ou un ensemble de traités », insiste Martin Bernard. Selon lui, la construction européenne a trop longtemps été pensée sous un prisme technocratique, laissant de côté les valeurs profondes qui ont façonné son identité. « Nous avons perdu de vue ce qui nous reliait : une culture commune, un certain rapport au monde, une quête d’équilibre entre raison et spiritualité. Aujourd’hui, cette fracture se ressent à tous les niveaux. »
Alors que la montée des populismes témoigne d’une défiance grandissante envers l’Union, d’autres signaux viennent alerter sur une crise plus profonde, celle du sens et des repères collectifs. « Peut-on encore parler d’une identité européenne partagée ? Le matérialisme et l’individualisme ont-ils définitivement remplacé l’idéal humaniste qui a fait la grandeur de notre continent ? ». Au-delà des tensions politiques et économiques, l’auteur évoque une véritable « crise spirituelle » qui traverse l’Europe. Inspiré par les réflexions de penseurs comme Rudolf Steiner, il interroge l’affaiblissement du christianisme et la montée d’un rationalisme extrême, souvent coupé de toute dimension transcendante. «L’Europe moderne peut-elle encore renouer avec ses racines spirituelles sans tomber dans un repli identitaire ? »
Les grands courants initiatiques et mystiques qui ont façonné l’histoire européenne – du catharisme aux Rose-Croix, en passant par les penseurs du Siècle des Lumières et le romantisme – ont-ils encore une influence sur notre époque ? Certains voient dans le renouveau des spiritualités alternatives une tentative de retrouver une connexion perdue. Mais cette quête est-elle suffisamment structurée pour donner un nouveau souffle à l’âme européenne ? Peut-on imaginer une nouvelle forme d’humanisme qui intègre science et transcendance ? » Réponse dans l’entretien ci-dessus!
Le mot “spirituel” renvoie à ce qui n’est pas le produit de la matière, qui serait du domaine de l’esprit. L’ego représente la part matérielle de l’identité, notamment celle qui est le produit de son fonctionnement archaïque/primitif dont le niveau de déterminisme est très important. Nos pensées peuvent donc venir de notre ego, elles sont alors le fruit de nos pulsions, de nos réflexes conditionnés, de nos automatismes (innés ou appris).
La peur est une émotion qui représente un signal d’alerte, le plus souvent à cause d’un risque pour notre vie. Donc quand on utilise la peur et notamment la peur de la mort, sur les autres, on cible l’ego, c’est à dire la matière et non le spirituel.
La division n’existe que dans la matière, c’est dans celle-ci que nous avons une perception de l’individualité. Et sans avoir entrepris un travail introspectif comme l’idée d’individuation chez Carl Gustave Jung, on en reste là, ancré dans la matière, soumis au déterminisme biologique et donc très perméable aux manipulations de domestication (comme un animal dont le niveau de conscience est faible).
A l’inverse, c’est donc dans le spirituel qu’on retrouve l’unité, nous ne sommes plus que UN, et nous expérimentons la division à travers la matière. Peut être est ce pour pouvoir interagir, s’observer, etc. C’est bien compliqué de comprendre pourquoi cette expérience de Vie puisqu’à notre niveau d’individu nous ne pouvons percevoir les choses qu’à travers notre monde en trois dimensions plus le temps.
Par contre cette compréhension des choses nous ramène forcément à l’humilité, nous ne sommes que des gouttes d’eau dans un océan, et pour exister nous avons besoin de cette totalité. Nous n’avons pas un rapport de domination au tout, nous en faisons partie et tout est lié. Dans le monde matériel le déterminisme est omniprésent, nous avons des interactions entre tout en permanence et cela forme une longue chaîne de causalité selon la loi naturelle. Le côté spirituel est donc ce qui apporte ce qu’on appelle le libre arbitre, bien que cette liberté ne soit pas une absence de contrainte, c’est beaucoup plus une capacité de jugement (en dehors de l’ego) qui nous permet de faire des choix en faveur de la perpétuation de la Vie.
Que font au juste les religions ? Utilisent elles la peur, la soumission, la division ? Sont elles vraiment spirituelles ? Au delà des dogmes, quelle est la réalité ?