La vidéo «Trump-Gaza» et la guerre psychologique contemporaine

Des principes fondamentaux de guerre psychologique doivent être connus pour comprendre la communication politique moderne

Partager

Chronique d’Icaros d’Essentiel News

Cet article présente d’abord une réadaptation en français d’un deuxième article d’Icaros traitant des techniques modernes de guerre psychologique. Publié le 30 avril 2020 sur le site Coronacircus.com, il faisait suite à un premier chapitre écrit un mois plus tôt qui était parvenu à prévoir et décrire la subversion de la «pandémie», qui ne faisait alors que commencer.

Ensuite figure une nouvelle conclusion qui fait spécifiquement référence à la vidéo «Trump Gaza», publiée par le président américain le 25 février 2025, et qui a stupéfié ses détracteurs autant que ses partisans. A la lumière des techniques de guerre psychologique qui auront été expliquées, on démontrera que la publication de cette vidéo sert un objectif précis et calculé.

Guerre psychologique

Notre dernier article sur les aspects de guerre psychologique liés au Coronacircus a reçu de nombreuses réactions positives, ce qui nous a encouragés à le développer. Dans ce dernier article, nous avons démontré comment la crise artificielle en cours est principalement destinée à subvertir, à susciter la méfiance et à provoquer la révolte; à faire en sorte que le peuple détruise ses propres institutions, afin que les parasites puissent en imposer de nouvelles.

Aujourd’hui, nous abordons des idées congruentes. D’abord parce que la psychologie inversée et les techniques de persuasion méritent plus d’explications. Ensuite, parce que l’offensive est en réalité multicouche: il existe différentes démographies, chacune étant ciblée différemment.

Notre objectif est d’expliquer comment obtenir une révolution. Nous montrerons que susciter un sentiment de révolte est loin d’être suffisant; mais d’abord, on doit introduire un concept que les théoriciens des jeux appellent la connaissance commune.

Une petite énigme

Pour saisir toute l’importance de ce concept fondamental, commençons par l’expérience de pensée suivante:

Sur une île où tout le monde se connaît, 100 personnes ont les yeux bleus et les autres ont les yeux verts. Depuis le début des temps sur cette île, personne n’a jamais su la couleur de ses yeux, car il n’y a pas de miroir (et personne ne parle jamais de la couleur des yeux, c’est très tabou).

Selon la loi, si un habitant de l’île découvre qu’il a les yeux bleus, il doit quitter l’île à l’aube suivant la découverte.

Un jour, un éloquent étranger arrive sur l’île, réunit tous les habitants, monte sur un podium et, muni d’un haut-parleur, fait l’annonce suivante:

«Au moins l’un d’entre vous a les yeux bleus».

L’énigme est la suivante: en supposant que tous les habitants de l’île soient parfaitement rationnels, logiques et respectueux de la loi, à quel résultat finit par aboutir cette intervention publique?

On note que l’étranger n’a rien dit que les habitants de l’île ne savaient déjà; en effet, tout le monde peut voir qu’il y a des gens aux yeux bleus sur l’île (même s’ils n’en parlent jamais et ne connaissent pas la couleur de leurs propres yeux). L’étranger n’a rien enseigné à personne, et pourtant son intervention aura un impact profond sur les habitants de l’île. Quel est cet impact, et pourquoi survient-il?

Encore une fois, il s’agit d’une expérience de pensée, qui n’est pas censée être directement réaliste. On suppose ici un scénario idéal dans lequel tout le monde est logique. Néanmoins, il est utile pour illustrer ce que nous voulons dire.

Avant de poursuivre, le lecteur est encouragé à réfléchir à la question.

La réponse

Voici ce qui se passe. À l’aube suivant le 100ème jour après l’annonce, tous les habitants aux yeux bleus quittent l’île en même temps. Cela fonctionne avec n’importe quel autre nombre positif de personnes aux yeux bleus (c’est-à-dire que s’il y a k habitants aux yeux bleus, ils partent tous le kème jour après l’annonce).

Voici comment on arrive à cette conclusion.

Imaginons tout d’abord qu’il n’y ait qu’un seul habitant aux yeux bleus. Lorsque l’étranger parle, il comprend qu’il doit avoir les yeux bleus, puisqu’il ne voit (et n’a jamais vu) personne d’autre aux yeux bleus. Donc, s’il y en a au moins un, il ne peut y en avoir qu’un, et ce doit être lui.

Il part donc logiquement à l’aube du jour suivant l’annonce de l’étranger.

S’il y a exactement deux habitants aux yeux bleus: quand personne ne part à l’aube suivant l’annonce de l’étranger, et puisqu’ils sont parfaitement rationnels et logiques, ils comprennent tous les deux qu’ils doivent eux-mêmes avoir les yeux bleus.

En effet: chacun ne connaît qu’un seul autre habitant aux yeux bleus. Par conséquent, selon ce qui précède, il aurait dû partir à cette première aube suivant l’annonce. Or comme il ne l’a pas fait, la seule explication est que lui aussi connaît un autre habitant aux yeux bleus. Chacun comprend donc qu’il est lui-même cet autre insulaire aux yeux bleus, puisqu’il n’en connaît qu’un seul.

Ils partent donc tous les deux à l’aube du deuxième jour suivant l’annonce de l’étranger.

S’il y a trois habitants aux yeux bleus, chacun s’attend à ce que les deux autres partent à l’aube suivant le deuxième jour, selon le raisonnement ci-dessus; comme ils ne le font pas, chacun sait qu’il doit lui-même avoir les yeux bleus, et tous les trois partent ensemble à l’aube suivant le troisième jour après l’annonce de l’étranger.

Cet argument inductif est valable pour k > 0, où k est la quantité d’habitants aux yeux bleus. Lorsque k > 1, aucun insulaire n’apprend quoi que ce soit de nouveau à la suite de l’annonce: le bouleversement se produit uniquement sur la base de ce qu’on appelle en théorie des jeux la connaissance commune.

Connaissance commune

Cette expérience de pensée, bien qu’irréaliste parce qu’elle suppose que tout le monde agit de manière parfaitement logique, est néanmoins couramment citée lorsqu’on enseigne la théorie des jeux et le concept essentiel de connaissance commune.

L’expérience démontre le fait que, dans certaines situations, ce n’est pas ce que les gens savent qui est important, mais ce que les gens savent que les gens savent. Ou plus précisément, ce que tout le monde sait que tout le monde sait.

Ce qui compte, ce n’est pas le fait que les habitants aient entendu l’étranger dire ce qu’il a dit, c’est le fait qu’ils aient tous vu tous les autres habitants entendre ce qu’il a dit.

C’est la perception de la foule par l’individu qui est fondamentale, pas ce que l’individu pense et sait isolément.

La compréhension de ce concept est d’importance capitale, car il est au cœur des préceptes de propagande, et définit le rôle des médias de masse. Leur but n’est pas directement de nous convaincre de quelque chose, mais plutôt de nous convaincre que d’autres sont convaincus de ce quelque chose.

Les médias de masse sont le haut-parleur métaphorique; si l’information a été diffusée sur TF1, tout le monde sait que tout le monde sait. C’est ce qu’on veut dire intuitivement lorsqu’on dit «c’est officiel». C’est une arme terriblement puissante; pour être manipulable par TF1, il n’est pas nécessaire de regarder TF1, et encore moins de croire ce qui y est dit; il suffit de croire que d’autres regardent TF1, et croient ce qui y est dit.

Posons-nous la question: est-ce qu’Apple essaie de nous vendre un iPhone en nous convainquant que c’est un bon téléphone, ou en nous convainquant que tout le monde pense que c’est un bon téléphone? Les gens achètent-ils des baskets Nike parce que ce sont de bonnes chaussures, ou parce qu’ils pensent que les autres pensent que ce sont de bonnes chaussures?

Il est inutile de répondre à cette question, car on sait que les marques utilisent des célébrités pour promouvoir leurs produits.

Pour que la publicité fonctionne, personne n’a besoin de croire que Beyoncé est convaincue que le produit qu’elle promeut est bien – il suffit de croire que d’autres y croient. C’est pourquoi les gens achèteront un produit promu par Beyoncé, même si tout le monde sait qu’elle est payée pour le faire et qu’elle ne l’aime pas vraiment; ils savent que d’autres ont vu la publicité et pensent (inconsciemment) qu’ils sont les seuls à connaître la vérité.

Ce n’est pas de voir la publicité qui compte, c’est de voir la publicité en sachant que tout le monde l’a vue.

La différence est tout à fait fondamentale, et il faut pleinement comprendre ce principe pour discerner les mécanismes de propagande et de guerre psychologique.

Encore une fois: pour atteindre leurs objectifs et guider l’action, les propagandistes n’ont pas besoin de nous convaincre que quelque chose est réel, hormis le fait que d’autres personnes pensent que c’est le cas.

Propagande

Les parasites comprennent que leur ennemi (le peuple) peut avoir deux types d’intelligence très différents:

  • L’intelligence dépendante: elle se manifeste par une connaissance de faits appris; savoir beaucoup de choses sur beaucoup de choses. Cette intelligence ne dépend pas de son propre esprit, ou de son propre discernement; ceux-ci peuvent facilement être délégués au collectif, au groupe identitaire. Le niveau de cette intelligence est mesuré par la capacité linguistique à régurgiter et à résumer, de manière plus ou moins subtile et élaborée, ce qu’on pense que les gens intelligents pensent. Les personnes instruites au-delà de leur disponibilité cognitive entrent généralement dans cette catégorie.
  • Intelligence indépendante: tous ceux qui dépendent de leurs propres sens et de leur propre esprit pour interpréter le monde. Inutile de la détailler, car les lecteurs de cet article font sans doute partie de ce groupe.

Bien sûr, la distinction est un peu grossière; personne, y compris bien sûr cet auteur, n’est jamais parfaitement libre d’esprit. Tout le monde peut souffrir de conformisme et de préjugés identitaires; tant qu’on en est conscient, ça va. De même, aucun humain n’est vraiment un personnage non-joueur (anciennement connu comme un zombie philosophique). Même les moutons au sens propre ont une personnalité et une conscience. Les archétypes n’en sont pas moins utiles.

Lorsqu’elle cible un public disposant du premier type d’intelligence ci-dessus, la propagande est simple: depuis une position d’autorité, et avec des mots plus agréables que ceux-ci, il suffit par exemple de crier dans un haut-parleur: tous ceux qui estiment que des pilotes acrobatiques barbus n’ont pas transsubstantié trois gratte-ciels en acier avec deux avions en aluminium à New York le 11 septembre 2001 sont des abrutis finis, et voici à quoi ils ressemblent.

Le haut-parleur, ce sont les médias de masse. Les cris, ils sont quotidiens. L’image montrée, c’est celle d’un fou. Les penseurs dépendants sont donc immédiatement pris en charge, car ils s’appuient sur l’esprit des autres, et ces autres esprits ont parlé.

Pour les penseurs indépendants, l’objectif est tout autre: ils doivent d’abord être convaincus que les autres sont des moutons. C’est pour cela que les propagandistes multiplient les étiquettes et les catégories, et qu’ils caricaturent chaque étiquette pour chaque autre. C’est aussi pour cela que les caricatures sont si grotesques: le but n’est pas de nous convaincre que nous avons tort, mais plutôt que la plupart des autres ont tort et sont idiots.

Il se trouve d’ailleurs que c’est faux. Pourtant, c’est ce que beaucoup croient encore. Dans les expériences de conformité de Solomon Asch, seul un tiers des participants s’est conformé à la pression exercée par des pairs sur des questions géométriques évidentes.

L’exemple du Coronacircus

En sachant tout cela, on peut maintenant expliquer la nature multidimensionnelle de l’opération psychologique du Coronacircus.

Tout d’abord, les propagandistes doivent réduire le nombre de penseurs indépendants et les rendre dépendants; sinon, ils pourraient comprendre les choses et rejeter complètement la dialectique. Pour ce faire, ils nous bombardent d’informations contradictoires. La confusion et le brouillage de pistes constituent la règle du jeu.

A ce propos, on propose ce court extrait d’un documentaire d’Adam Curtis, intitulé Hypernormalisation, et datant de 2016. Il s’agit d’une bonne introduction à ce que cela signifie (ignorer simplement l’idée que cela a été inventé dans la Russie moderne, la tactique est en fait beaucoup plus ancienne et plus répandue que cela).

 

En résumé, la propagande cherche à faire en sorte que les gens ne sachent plus que croire; qu’ils renoncent à se fier à leur propre esprit.

C’est aussi pour cette raison que les propagandistes multiplient les affirmations grotesques et absurdes. Pour ne citer que quelques exemples du Coronacircus: le grand méchant virus peut se propager par les pets, les gens peuvent devenir noirs, l’œstrogène et les hormones sexuelles peuvent protéger les hommes, les tribus indiennes non contactées contractent le virus, etc.

Le public a également été bombardé de contradictions flagrantes, sur l’existence d’un traitement, la mortalité de la maladie, l’utilité des masques, le risque pour les enfants, l’efficacité de l’injection, etc. Toutes ces absurdités et ces contradictions ne relèvent pas de l’incompétence; elle contribuent à ancrer les gens dans leurs camps identitaires respectifs.

En effet, la confusion et la dissonance cognitive provoquées par ce type de propagande entraînent un enracinement dans des groupes identitaires : «Je ne sais plus quoi penser, alors je délègue mon esprit à [insérer le nom d’un ancrage identitaire]».

Les propagandistes sabotent la capacité des gens à utiliser leur esprit, afin de les obliger à le déléguer à un tiers. C’est ainsi que l’on réduit la quantité de penseurs indépendants. C’est ainsi que des gens appartenant à des groupes identitaires opposés peuvent interpréter la même information de manière si contradictoire, et qu’ils semblent vivre dans des réalités si différentes.

Ce mécanisme d’ancrage identitaire est visible à chaque fois qu’un nouveau président américain arrive au pouvoir. Michael Moore était pour Obama ce qu’Alex Jones est pour Trump; les deux jouent exactement le même rôle, sur des côtés opposés de la même dialectique mensongère. C’est ainsi que les militants anti-guerre peuvent vénérer un va-t-en-guerre, ou que les chrétiens évangéliques peuvent admirer un mondain new-yorkais, star de télé-réalité, organisateur de concours de beauté et propriétaire de casinos.

L’identité sociale est renforcée, manipulée et catalysée par la confusion et la dissonance cognitive.

Ensuite, les propagandistes comprennent ce que Blaise Pascal a voulu dire lorsqu’il a déclaré :

On se persuade mieux, pour l’ordinaire, par des raisons qu’on a soi-même trouvées, que par celles qui sont venues dans l’esprit des autres.

Autrement dit, pour être vraiment persuadé, il faut croire qu’on l’a compris tout seul. Cela semble contradictoire avec ce que nous avons écrit plus haut sur les biais identitaires, mais ce n’est pas du tout le cas: les biais identitaires, pour fonctionner, sont inconscients. La psychologie inversée est beaucoup plus efficace que la persuasion directe.

Cela signifie qu’on n’élit pas un ancrage identitaire parce qu’on se rend compte qu’on s’y identifie, mais parce qu’on pense avoir fait un choix rationnel, et que ce choix rationnel est «à contre-courant». En y adhérant, «on ne se comporte pas comme les autres moutons». On pense comprendre ce qu’«ils» veulent nous faire croire, et on choisit de croire le contraire.

Encore une fois, on peut illustrer cela aux États-Unis, car c’est là que ces concepts sont le mieux développés: ceux qui «s’identifient fortement à la gauche» voient les «gens de droite» comme des racistes consanguins agitant leur Bible, brandissant leurs fusils d’assaut, et se repaissant de barbecues. Ceux qui «s’identifient fortement à la droite» voient les «gauchistes» comme des fanatiques aux cheveux bleus militant pour les droits des travestis d’accéder à toutes les salles de bains.

Toutes ces caricatures sont artificielles. Aucun de ces archétypes n’existe en proportion significative dans la vie réelle.

Ainsi, dans le cas du Coronacircus, on a d’un côté les apologistes de l’enfermement qui sont collés à l’écran, avalent toutes les absurdités qu’on leur sert et dénoncent les voisins parce qu’ils promènent leur chien. De l’autre côté, on a les covidiots qui accumulent le papier toilette, participent à des manifestations violentes contre le confinement, et se moquent de la mort de millions de personnes.

Encore une fois, ces caricatures ne sont pas réelles. Elles sont destinées à diviser, démoraliser et conquérir. Et en fin de compte, elles sont indispensables au plan visant à fomenter la révolte.

Le fil rouge

Les révolutions orchestrées, comme la plupart des changements politiques des temps modernes, sont produites à l’aide d’une dialectique éprouvée. Thèse, antithèse, synthèse; problème, réaction, solution.

Autrement dit, deux camps apparemment opposés doivent être confrontés afin d’imposer un consensus préétabli. Cette fausse dichotomie tournera vraisemblablement cette fois autour de la Chine et du «modèle chinois». On observe d’ailleurs sa mise en place depuis un certain temps déjà.

Thèse: La Chine a parfaitement géré la crise; son modèle orwellien de contrôle des populations, de crédit social, d’inoculations de masse, de surveillance omniprésente et de censure débilitante est exactement ce dont nous avons besoin. Les Chinois ont montré qu’une société totalement planifiée et une forme totalitaire de gouvernement peuvent réussir; les Chinois sont prospères et heureux; nous devons leur ressembler.

Antithèse : La Chine a créé le virus, la Chine a eu des millions de morts mais les dissimule, l’OMS, les médias, les entreprises, Hollywood et toutes les autres institutions sont inféodées à la Chine, elle représente un péril existentiel, la Chine est notre ennemie, nous devons boycotter totalement les Chinois et pourquoi pas leur faire la guerre (économique ou autre).

Aux Etats-Unis, les tenants de la thèse seront l’«Etat profond», et tous ses méchants caricaturaux: Bill Gates, Nancy Pelosi, George Soros, CNN, l’ONU, etc. Les tenants de l’anti-thèse seront la «résistance» et ses différents héros : Donald Trump, Alex Jones, Steve Bannon, Fox News, Elon Musk, Heritage foundation, etc. Cette dialectique fut longue à mettre en place, et elle ne commence pas avec le Coronacircus.

Pour rassembler correctement les gens dans leurs camps respectifs, les principes de la connaissance commune et des groupes identitaires qu’on a introduits sont clés.

Je sais que d’autres personnes intelligentes savent que la Chine a créé le virus. C’était sur Fox News. Un rapport gouvernemental dit que c’est vrai. Je peux donc penser en toute sécurité que c’est vrai. Je valide mon identité en pensant que c’est vrai. L’État profond ne veut pas que je le sache, mais je le sais parce que je suis un libre penseur et que je suis immunisé contre la propagande.

Je sais que d’autres personnes intelligentes savent que la Chine est l’ennemie. Ils veulent prendre le contrôle du monde, mais les moutons stupides ne le réalisent pas. L’État profond ne veut pas que je m’en rende compte. Je suis un libre penseur en pensant que je ne veux pas d’une société construite selon le modèle chinois.

Les personnes qui s’identifient à l’anti-thèse ont besoin d’être confortées et enhardies; les personnes qui s’identifient à la thèse ont besoin d’être découragées et démoralisées. C’est exactement ce qu’on commence à voir, et que l’on continuera de voir.

Pour être clair: c’est bien sûr vrai que le «modèle chinois» n’est pas à envier. Les Chinois n’ont jamais eu qu’une seule forme de système politique: le collectivisme. L’idée que l’individu est sacré, qu’il naît avec un droit inaliénable à la vie et à la liberté, qu’il ne doit jamais être sacrifié au nom de la horde, lui est totalement étrangère. Ce que nous disons cependant, c’est que la Chine fait partie de la même matrice de contrôle; Mao était un homme de Yale. La stratégie de tension entre l’Est et l’Ouest est fausse et scénarisée; c’est une situation orwellienne du type «nous avons toujours été en guerre contre Eastasia».

Dans cette fausse opposition idéologique, le collectivisme en constitue le but. Il est l’essence de la synthèse fabriquée qui naîtra de cette fausse confrontation.

Synthèse: La Chine n’est pas le modèle définitif, mais on a encore quelque chose à apprendre d’elle. Voyez comment elle a évité le pire de l’effondrement financier et économique; voyez comment son peuple s’est uni, comment il a été capable de mettre les différences de côté et de maintenir l’ordre. Voyez comment ses habitants ont été capables de faire d’importants sacrifices. On peut tous convenir que nos principes archaïques de liberté individuelle ne sont pas adaptés au monde moderne.

Conclusion

On a montré comment le bouleversement programmé doit prendre la forme d’une triple dialectique, s’appuyant elle-même sur les groupes identitaires et la psychologie inversée, s’appuyant elle-même sur ce que les théoriciens des jeux appellent la connaissance commune.

On a également admis qu’il est très difficile de se parer contre de telles tactiques. Les propagandistes, qui sont de parfaits barbares incapables de produire la moindre splendeur, qui se cachent derrière de fausses richesses papier et dont le seul outil est le langage, utilisent notre vertu contre nous. Ils pillent également beaucoup de ressources pour étudier la psychologie comportementale et retournent ces connaissances contre les peuples.

Alors, comment se défendre? L’un des moyens consiste à apprendre les préceptes de la propagande. Le livre fondateur de Gustave Le Bon, Psychologie des foules, et les ouvrages d’Edward Bernays, Crystallizing Public Opinion et la Propagande, sont d’excellents points de départ.

La meilleure recommandation qu’on puisse faire, cependant, est la suivante: faire confiance à sa propre intuition et à son propre discernement. Si quelque chose ne semble pas juste, c’est que ce n’est pas le cas, même si beaucoup de gens ne sont pas d’accord, y compris ceux avec qui on s’identifie. Il est normal de ne pas avoir encore tout compris; ce n’est certainement pas le cas de l’auteur. Tant qu’on fait confiance à sa voix intérieure, tant qu’on ne délègue pas sa conscience, on sera toujours capable de distinguer le bien du mal.

Revenons à nos moutons

Comme indiqué précédemment, le texte ci-dessus a d’abord été publié le 30 avril 2020 en anglais. Il introduit les concepts de connaissance commune, intelligence dépendante, ancrage identitaire, psychologie inversée, hypernormalisation, subversion idéologique, etc.

Ces notions sont indispensables pour comprendre les mécanismes de guerre psychologique en cours dans le monde.

Pour le démontrer, il suffit de constater le nombre de gens intelligents, instruits et de bonne foi qui sont complètement tombés dans le panneau de Donald Trump, qui croient voir en lui un «ennemi de l’État profond», et qui ne comprennent pas qu’il incarne l’anti-thèse d’une dialectique cousue de toutes pièces.

En l’occurrence, ce n’est souvent pas le raisonnement qui est à l’origine de leur position, et ce n’est donc pas le raisonnement qui leur permettra d’en sortir. Ils souffrent d’un syndrome similaire à celui des militants pacifistes américains critiquant George W. Bush entre 2001 et 2009 qui ont soutenu, et continuent contre toute raison de soutenir, un des pires criminels de guerre de l’histoire américaine récente, Barack Obama.

Ainsi, on vient d’observer une excellente et éloquente illustration de l’évidente stratégie de guerre psychologique non linéaire, et de la dissonance cognitive qu’elle suscite à dessein. Le 25 février 2025, Donald Trump, président de la première puissance militaire mondiale, publie et épingle sur son réseau social privé Truth Social une vidéo sous l’appellation «Gaza 2025 … what’s next?» (Gaza 2025, quelle suite?), reproduite ci-dessous.

 

Des deux côtés de la dialectique identitaire, la réaction à cette vidéo est fascinante, car la principale chose qu’elle provoque, c’est le silence.

Du côté de ceux qui le haïssent, c’est la grotesque honnêteté qui est la plus déroutante: Donald Trump admet et célèbre le projet génocidaire de remplacement de la population indigène de Gaza qu’il a par ailleurs formulé en toutes lettres. A la différence des autres politiciens américains, qui tout en soutenant des politiques criminelles adhèrent toutefois à la bien-pensance, il assume totalement ses positions, ne s’en cache pas le moins du monde, et pousse la vulgarité à un nouveau paroxysme.

Dressés au culte du politiquement correct, les détracteurs de Donald Trump sont totalement déroutés par ses méthodes, et ils sont dans une large mesure devenus incapables de critiquer des intentions exprimées si honnêtement.

La vidéo «Trump Gaza» n’a donc pratiquement pas soulevé la vague de commentaires faussement indignés que d’autres de ses déclarations ou prises de positions, infiniment plus bénignes, ont pu causer.

Du côté de ceux qui adulent Donald Trump, la dissonance cognitive est encore plus forte. Lorsqu’on leur pose la question, ils disent interpréter la vidéo soit comme «une partie d’échecs en 5 dimensions», soit comme du «trollage classique» qui ne peut pas être sérieux. Ils ne se prononcent pas sur les danseuses du ventre barbues, sur le soutien de Trump au morbide suprémacisme dominant le paysage politique israélien, ou sur la vulgarité de la vidéo. En deux mots, cette publication ne rentre dans aucun référentiel connu, mais puisqu’ils soutiennent Donald Trump, il doit forcément y avoir une explication qu’ils ne connaissent pas.

La vidéo «Trump-Gaza» n’a donc pas produit l’habituelle vague de mèmes enthousiaste que causent généralement ses prises de position les plus inhabituelles.

En résumé, et pour en revenir au principe de guerre psychologique non linéaire décrit ci-dessus, cette vidéo est un coup de maître; en produisant confusion et dissonance de toutes parts, elle aura pour effet d’ancrer encore plus fortement les gens dans leurs camps respectifs; elle réduira encore la quantité de ceux qui présentent une intelligence indépendante; elle augmentera encore la fausse division idéologique; en fin de compte, elle empêchera aux détracteurs de Donald Trump de le critiquer pour ce qui compte vraiment, et elle empêchera à ses partisans de se réveiller aux crimes qu’il prépare.