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Trump n’est pas le sauveur que certains dissidents croient

Il n'a jamais «asséché le marais», et il pourrait jouer un rôle essentiel dans la dédollarisation des échanges internationaux

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Article d’Icaros d’Essentiel News

De prime abord, on admet volontiers le caractère impressionnant du fait que les Américains aient fait exactement le contraire de ce que l’establishment semblait attendre d’eux. Les médias de masse, les dirigeants de multinationales, les «experts», «intellectuels», politiciens et l’ensemble de la classe des orateurs, les «célébrités» et autres formateurs d’opinion avaient, presque à l’unisson, mis en garde contre une élection de Trump.

De Dick Cheney à Beyoncé, en passant par Obama et Taylor Swift, tous avaient répété le même refrain: Donald Trump est la réincarnation d’Hitler, et son élection reviendrait à condamner l’Amérique et le monde au calvaire.

Non seulement Trump a remporté l’élection en terme de «grands électeurs», mais il a également obtenu une majorité populaire, ce qu’aucun des «observateurs» institutionnels n’avait prévu.

La victoire de Trump produit donc une grande satisfaction des déçus de l’establishment, aux États-Unis et à l’extérieur. Que ce soit à cause de la «crise sanitaire», de l’hypocrisie occidentale sur la question ukrainienne, de la nouvelle «doctrine du genre» qui proclame femmes les travestis, quiconque a perdu foi dans l’orthodoxie politique, morale, financière, culturelle et sanitaire est tenté de célébrer cette victoire.

De surcroît, une grande discipline est nécessaire pour résister à une certaine schadenfreude face à la débandade des extrémistes de l’orthodoxie et défenseurs du nouvel obscurantisme (réactions amusantes une, deux, trois et quatre).

Pourtant, et comme nous avons déjà eu l’occasion de l’écrire, Trump n’est probablement pas le sauveur que certains dissidents croient.

Donald Trump et l’état profond

Depuis sa première campagne électorale, Donald Trump a construit sa marque de fabrique comme un adversaire de l’état profond. Mais est-ce que cette identité est authentique? En examinant les choses de près, on se rend compte que ce n’est pas le cas.

Tout d’abord, un de ses principaux soutiens financiers, pour ses trois campagnes, était Sheldon Adelson et sa fondation. Il s’agit de l’oligarque et milliardaire israélo-américain connu pour avoir à de maintes reprises préconisé une attaque nucléaire contre l’Iran.

 

Loin de répudier ce soutien, Donald Trump le revendique; plus généralement, il revendique sa proximité avec la droite dure israélienne. Non seulement il a activement promu la campagne électorale de Benjamin Netanyahu en 2013, mais il s’est entouré dans sa première administration des sionistes les plus virulents.

 

 

Ensuite, il est entouré et financé depuis des décennies par la soi-disant Kosher Nostra. Roy Cohn est certainement le plus connu, mais ce n’est certainement pas le seul.

Et puis bien sûr, si Donald Trump a «vidé le marais» pendant son premier mandat, c’est dans son administration qu’il l’a fait; il a notamment nominé pas moins de 60 membres des think tanks Council on Foreign Relations et Bilderberg, plus de 280 lobbyistes, sans compter les pires néoconservateurs de l’administration Bush Jr.

Mais finalement, et au-delà de ses fréquentations et nominations politiques, il suffit de s’arrêter à quelques décisions de Donald Trump lorsqu’il était président.

  • Il est le père de l’opération Warp Speed qui n’était ni plus ni moins que le projet américain chapeautant la fabrication, la distribution et l’inoculation des injections Covid. Un bilan dont il s’est d’ailleurs félicité plusieurs fois.
  • Pendant sa première campagne, Donald Trump s’est félicité d’être le «roi de la dette», et pendant son premier mandat de président, il a effectivement insisté à plusieurs reprises pour que la banque centrale américaine adopte une politique de financement monétaire et de taux d’intérêts négatifs; autrement dit, c’est un partisan de la planification économique centrale, de la débauche monétaire et de l’endettement à outrance.
  • Il a ordonné et s’est vanté à plusieurs reprises de l’assassinat extra-judiciaire du général iranien Qasem Soleimani, sans toutefois que les États-Unis ne soient en guerre contre son pays.
  • Il a non seulement refusé de libérer le journaliste Julian Assange, mais il a également requis des solutions pour le faire assassiner alors qu’il était sous siège dans l’ambassade équatorienne.
  • Avant de quitter la Maison Blanche, il a octroyé des pardons présidentiels, entre autres criminels, aux quatre mercenaires de Blackwater qui ont exécuté sommairement des civils irakiens, à cinq méga-banques (Citigroup, JPMorgan, Barclays, UBS and Deutsche Bank) accusées de fraude et corruption, à l’ancien maire de Détroit Kwame Kilpatrick condamné à 28 ans de prison pour racket, extorsion, fraude et corruption, et, sur demande expresse de Netanyahu, au recruteur de l’espion israélien Jonathan Pollard.

En d’autres termes: malgré toutes ses déclarations, Donald Trump n’est pas du côté des libertés individuelles. C’est un étatiste, un sioniste, et un apologiste de crimes de guerre.

Sa seule défense valable, c’est que tous les autres présidents américains depuis deux générations sont encore pires que lui, ce qui est en effet, pour l’instant, incontestable.

Fin du dollar comme monnaie de réserve

On peut décider de mettre tout ce qui précède de côté, et envisager l’élection de Donald Trump sous un autre angle: elle est parfaitement congruente avec le projet mondial d’un nouvel ordre multipolaire, dans lequel la monnaie américaine ne serait plus la colonne vertébrale du système financier international.

Trump de son côté parle d’abandonner le modèle mondialiste d’après-guerre, centré sur les États-Unis. Tout en tirant ouvertement parti de la monnaie américaine dans une guerre commerciale et économique avec la Chine, il préconise ouvertement une politique de dévaluation.

L’establishment quant à lui, qui prétend s’opposer à l’isolationisme de Donald Trump, prévoit (et se réjouit) pourtant que sa politique entraînera la fin de la domination du dollar:

  • Le 5 novembre 2019, le Washington Post a publié un article intitulé «Pourquoi il est si difficile de renverser le puissant dollar américain». Il y pose des questions telles que «Pourquoi certaines personnes en ont-elles assez du dollar?» et, tout en niant qu’il puisse être détrôné à court terme, explique en quoi il est menacé.
  • Le 18 janvier 2020, The Economist a publié un article intitulé «L’utilisation agressive des sanctions par l’Amérique met en danger le règne du dollar». On peut y lire que «M. Trump a exposé la profonde vulnérabilité de la Chine au système financier centré sur le dollar» et que «la nouvelle ère de l’expérimentation monétaire internationale se caractérise par la dédollarisation des actifs, des solutions de contournement des échanges utilisant des monnaies locales et des swaps, ainsi que de nouveaux mécanismes de paiement de banque à banque et des monnaies numériques».
  • Le 16 juillet 2020, CNN a publié une analyse intitulée «Le monde aime le dollar américain. Trump et la pandémie pourraient changer cela». Le bon côté des choses est clair: «Si Trump remporte un second mandat, Nomura pense que la poussée continue vers la démondialisation pourrait affaiblir le dollar américain et encourager une plus grande utilisation du yuan chinois, ou renminbi, pour régler les transactions.» La logique est que «la demande étrangère de dollars pourrait diminuer si le pays n’était plus considéré comme garantissant la sécurité de ses alliés, les amenant à détenir une plus grande partie de leurs réserves en euros, yens et renminbi.»
  • Le 28 juillet 2020, le Foreign Affairs déclare de manière péremptoire: «Il est temps d’abandonner l’hégémonie du dollar». Il ajoute que «l’émission de la monnaie de réserve mondiale a un prix trop élevé» et que renoncer à cette idée «pourrait profiter aux États-Unis et, en fin de compte, au reste du monde».
  • Le même jour, Bloomberg a publié un article indiquant que «Goldman [Sachs] prévient que le rôle du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale est en danger», dans lequel il cite la banque déclarant que «le règne du dollar américain en tant que monnaie de réserve mondiale est menacé», que «de réelles inquiétudes concernant la longévité du dollar américain en tant que monnaie de réserve ont commencé à émerger».
  • Le 25 août 2020, Nouriel Roubini via The Guardian écrit qu’«un autre risque est la perte de l’hégémonie géopolitique américaine, qui est l’une des principales raisons pour lesquelles tant de pays utilisent le dollar» et que «la militarisation du dollar via des sanctions commerciales, financières et technologiques pourrait accélérer la transition».

Mais voici certainement l’article le plus intéressant: Counterpunch, un média notoirement identifié à gauche, a publié en février 2019 un article intitulé «La brillante stratégie de Trump pour démembrer l’hégémonie du dollar américain». Il illustre parfaitement le rôle que Trump pourrait être amené à jouer.

Mais qui aurait pu imaginer que Donald Trump deviendrait l’agent catalyseur? Aucun parti de gauche, aucun dirigeant socialiste, anarchiste ou nationaliste étranger, où que ce soit dans le monde, n’aurait pu réussir à briser l’empire américain.

L’État profond réagit avec choc à la façon dont cet escroc immobilier d’extrême droite a pu pousser d’autres pays à se défendre en démantelant l’ordre mondial centré sur les États-Unis. […]

La fin de notre impérialisme monétaire, dont j’ai parlé pour la première fois en 1972 dans Super Imperialism , stupéfie même un observateur averti comme moi. Il a fallu un niveau colossal d’arrogance, de myopie et d’anarchie pour accélérer son déclin – quelque chose que seuls des néoconservateurs fous comme John Bolton, Elliott Abrams et Mike Pompeo pouvaient offrir à Donald Trump.

En d’autres termes: sous couvert d’isolationnisme et de guerre commerciale contre la Chine, il se pourrait tout à fait que le mandat présidentiel de Donald Trump serve à faire effectivement survenir la dédollarisation des échanges commerciaux internationaux, un thème qu’Essentiel News a déjà traité en longueur, et qui est une composante essentielle du nouvel ordre prévu pour le monde.

Dialectique hégélienne

Donald Trump semble être conspué par l’establishment, et avoir subi de sa part une persécution médiatique, politique et judiciaire. A cet égard, il suscite l’enthousiasme des partisans du changement et de beaucoup de dissidents vertueux.

Mais les apparences seraient-elles trompeuses? Serait-ce un cas de psychologie inversée, où le système prétend détester Donald Trump pour mieux en faire la promotion?

Si c’est le cas, on se trouverait dans une situation classique de dialectique hégélienne: les planificateurs centraux créent à dessein un problème, contre lequel ils anticipent et contrôlent la réaction, avant d’introduire une solution précuite.

Dans ce cas, le problème (ou la thèse) serait la corruption et la décadence caricaturales du pouvoir, la réaction (ou l’anti-thèse) serait l’émergence d’une nouvelle droite populiste et nationale-sioniste, et la solution (ou la synthèse) serait une série de sauveurs providentiels, à la Donald Trump et Elon Musk.

Ainsi, les planificateurs seraient en mesure d’introduire un ordre nouveau; car en effet il faut, avant cela, détruire l’ordre précédent. Cet ordre nouveau, il n’aurait jamais été accepté d’emblée, mais sous couvert d’être une solution à un problème existant, il sera agréé sous un tonnerre d’applaudissements. Comme disent les alchimistes, solve et coagula: dissout et coagule.

Conclusion

L’exercice de démoralisation en cours en Occident, dont le point culminant récent a été une pseudo-pandémie accompagnée de mesures totalitaires et liberticides, et dont la toile de fond est une décadence du goût, des mœurs, de la science, de la culture et de la pensée, a conduit beaucoup de gens de bonne foi à se réjouir de la déconfiture pour le pouvoir que semble représenter l’élection de Donald Trump.

Pourtant, à y regarder de plus près, on s’aperçoit qu’il s’agit peut-être là d’une ruse, et que derrière un sauveur espéré se cache peut-être un agent de ce même pouvoir.

L’avenir dira si cette analyse s’avère exacte. Entre temps, il est probable que le feuilleton ne soit pas terminé. Si par exemple la mort de Joe Biden venait à être mise en scène avant le mois de janvier, il se pourrait que Kamala Harris soit tout de même intronisée, et aille même jusqu’à refuser de céder le pouvoir; cela garantirait encore plus de chaos, et renforcerait encore l’image de Trump comme martyr et sauveur.

En tout état de cause, la voie qui s’impose se résume en trois principes: ne pas tomber dans le piège de la politique identitaire, éviter le confort des certitudes, et se détacher moralement et physiquement du pain et des jeux en devenant plus autonome et en reconquérant sa souveraineté individuelle.


Source de l’image mise en avant: https://archive.fo/AImsO