Depuis les années 1960, la communication en matière de santé publique s’accommode de petits mensonges “bien intentionnés” si ceux-ci permettent d’atteindre l’objectif désiré. C’est ce qu’affirme Michael Caputo, secrétaire-adjoint du Département de la Santé et des Services sociaux sous Donald Trump.
Dans un entretien récent, il plaide pour une communication plus honnête à l’heure où, dit-il, “chacun peut avoir l’Encyclopédie Britannica sur son téléphone”.
Covidhub a sous-titré en français un extrait intéressant d’une discussion plus large avec le youtubeur Christopher Nelson. Michael Caputo y donne un aperçu des coulisses de ce qui s’est passé au sein de l’administration Trump en 2020 lorsque le Covid a frappé. Il se confie également sur ce qu’il pense des méthodes de communication en santé publique, critiquables selon lui, à de rares exceptions (comme en Floride).
“Le problème aujourd’hui, c’est que les gens peuvent vérifier en quelques minutes avec leur téléphone si une information est véridique. Les autorités sanitaires ne se sont pas encore adaptées à cette réalité. »
Extrait sous-titré
Qui est Michael Caputo?
Stratège politique et lobbyiste américain républicain, Michael Caputo est surtout connu pour s’être frontalement opposé aux positions des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, les fameux CDC, lorsqu’il était secrétaire-adjoint du Département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis dans l’administration Trump. Il avait quitté son poste pour soigner un cancer.
Sa carrière l’a amené à participer à plusieurs campagnes politiques importantes, comme celle de Ronald Reagan en 1984, Boris Eltsine en 1996 et Donald Trump en 2016. Aujourd’hui, il est directeur de la communication d’Americano Media, un média hispanique basé à Miami. Il est marié depuis 2009 à une ressortissante ukrainienne avec laquelle il a eu trois enfants.
Une pratique d’un autre âge
L’usage délibéré de méthodes manipulatoires a été confirmé par les Britanniques début 2021 : il a été officiellement admis que la menace a été exagérée pour faire adhérer la population à l’injection Covid, comme l’avait relevé l’animateur de LCI Éric Brunet en mai 2021.
.@MarieEstelleDup explique l’ingénierie psycho-sociale utilisée pour gouverner par la peur.
Les autorités britanniques ont avoué avoir exagéré la menace depuis le début de la crise “sanitaire” pour faire adhérer la population à l’injection. pic.twitter.com/S4TgVEKPYD
— Mzn (@jomanzan0) November 11, 2021
La pratique quasi-paternaliste du “mensonge honnête” au sein des autorités sanitaires peut expliquer la tendance observée au niveau global à exagérer la menace du virus tout en minimisant les risques des solutions proposées, comme le Remdesivir ou les injections, avec le fameux mantra “sûr et efficace”.
En agissant ainsi, les responsables donnent le sentiment de vouloir infantiliser le grand public. Ils sous-estiment sa capacité à comprendre par lui-même, attisant une crise de confiance envers ceux qui les ont “trahis”, même pour leur bien, comme en témoigne le documentaire “Invisibles“.
Actuellement malheureusement, la seule volonté de s’adapter à Internet semble être d’investir massivement dans la censure d’opinions divergentes dénonçant ces “mensonges pour le bien”.
Transcription complète de l’extrait
Caputo :
Il y a beaucoup de raisons de se poser des questions. J’étais au beau milieu de tout cela, et je vous le dis, mieux vaut plus de questions que moins. Mais Tony Fauci a participé aux soins médicaux qui m’ont sauvé la vie. Et je ne vais pas me comporter comme un vautour avec quelqu’un comme lui.
Journaliste:
S’il a une conscience, c’est qu’il est un homme décent. Je veux dire qu’il a dit la vérité. Je l’ai vu dire la vérité sur le fait que les masques ne font rien pour empêcher la propagation des virus.
Pourquoi a-t-il fait volte-face et voulu faire ces choses horribles au pays, enfermer les gens, imposer des masques aux enfants de maternelle, leur dire qu’ils doivent porter un masque à moins qu’ils ne se fassent vacciner ?
Et, je veux dire, il a été pris en flagrant délit de malhonnêteté dans ses allers-retours, tant de fois. Il est intéressant d’entendre une autre version de l’histoire. S’agit-il d’une pression politique qu’il subissait ? Qu’en pensez-vous ?
Caputo :
Nous avons discuté longuement, lui et moi, parce qu’il était vraiment pris dans les querelles de la Maison Blanche et vous savez, nous nous sommes bien entendus. La Maison Blanche voulait qu’il ne passe plus à la télévision. Lui voulait continuer à faire de la télévision. J’ai essayé de trouver la meilleure solution.
Mon idée, d’ailleurs, n’était pas de réduire les apparitions de Tony Fauci à la télévision, mais d’inonder la zone avec toute l’expertise que la Maison Blanche possédait.
Redfield, par exemple, qui possède une solide expertise, est apolitique. Seema Verma, apolitique, Alex Azar, apolitique. Ces personnes auraient pu être présentes dans les médias pour faire des déclarations importantes, mais la Maison Blanche a laissé les médias choisir Tony Fauci comme leur voix préférée.
Sans empêcher Tony de parler, il aurait fallu diluer ses interventions dans une communication émanant d’une équipe plus large. Mais la Maison Blanche n’a pas voulu faire cela. C’est une longue histoire. Alyssa Farah n’a pas voulu le faire. Je crois qu’Alyssa avait d’autres idées en tête.
Mais je peux vous dire que, vous savez, j’ai pris le petit déjeuner chez Tony Fauci. Je comprends. Je pense un peu à ces fonctionnaires de la santé publique qui ont passé leur vie à servir. Et je veux m’éloigner du cas de Tony pour aborder le contexte plus large de la santé publique depuis de nombreuses années.
La santé publique dans les années 1960, lorsque j’étais jeune et que je me faisais vacciner, consistait à mentir, si c’était nécessaire, pour amener le public à faire ce qu’il fallait pour se protéger les uns les autres contre les fléaux et les épidémies.
Vous savez, la santé publique a toujours été une affaire de petits mensonges “bien intentionnés” qui permettent d’atteindre l’objectif désiré. Et je pense que cela s’est poursuivi jusqu’à aujourd’hui.
Des gens comme Fauci, qui ont servi là pendant 50 ans et qui sont toujours dans le même style de communication, peuvent aujourd’hui encore mentir dans un discours public comme à l’époque où seul Walter Cronkite (célèbre présentateur, c’est lui qui le premier avait annoncé la mort de John Fitzgerald Kennedy) avait des téléspectateurs. Voilà, c’était une communication à sens unique.
Aujourd’hui, les gens reçoivent ces messages sur leur téléphone portable et ils ont l’Encyclopédie Britannica à portée de main. Ils peuvent découvrir en quelques secondes que vous mentez. Et je pense que la santé publique ne s’est jamais adaptée au fait que même un petit mensonge “blanc”, un petit bobard de santé publique, n’est plus acceptable. Vous ne pouvez plus communiquer de cette manière.
Tous les systèmes de santé publique des États-Unis jusqu’au niveau des États, à de rares exceptions, comme en Floride, continuent de mentir pour amener les gens à faire ce qu’ils veulent qu’ils fassent.
Cela doit changer. J’ai essayé de changer cela en tant que secrétaire adjoint. Biden l’a compris. Et je pense, vous savez, que Tony Fauci et d’autres communiquent encore selon la vieille école.
Entretien complet (en anglais)