La saga Epstein: la toile de fond des services secrets et du crime organisé transnational

Et si Epstein n'était qu'un pion?

À l’heure actuelle, le monde s’interroge sur les raisons pour lesquelles Donald Trump et son administration s’évertuent à étouffer le dossier Epstein de manière aussi ouvertement pathétique, après avoir ‘promis’ de révéler toute la vérité au public durant une longue campagne électorale et les 1ères semaines du nouveau gouvernement. Un communiqué de minuit non signé, du département de la justice et du FBI annonçant qu’il n’y avait plus rien à communiquer sur Epstein, a jeté de l’huile sur le feu. Pas de « liste de clients », pas d’assassinat dans la prison, pas de raison de « continuer à parler de ce type », selon Trump. Il fallait s’y attendre, pas un jour ne passe sans une nouvelle analyse ou une nouvelle déclaration provocatrice à ce sujet.

Cette marmite en ébullition est régulièrement attisée par les tweets d’Elon Musk – dont on souligne peu qu’il a lui aussi fréquenté Jeffrey Epstein. Musk, comme tant d’autres, accuse Trump « d’être partout dans le dossier » et souligne le ridicule des déclarations contradictoires qui s’enchaînent.

Les démocrates s’offusquent et ricanent: « l’envoyé de Dieu qui allait nettoyer le marais » ira-t-il jusqu’à pardonner Ghislaine Maxwell dans les derniers jours de sa présidence? Les supporters de « l’élu » accusent le choc et brûlent leurs casquettes MAGA. Trump est-il finalement lui aussi un pédophile? Va-t-il trahir leur confiance? Epstein est-il un agent du Mossad? Pourquoi un tel volte-face au moment où le président reçoit la visite de Netanyhaou? Les commentateurs se déchaînent. Sous l’impulsion de Thomas Massie, « un des rares élus à s’opposer au lobby israélien », députés des deux camps s’allient pour forcer Trump à faire toute la transparence sur le dossier.

Et pendant que le public est en transe, on promet plus d’armes à Israël et à l’Ukraine et on introduit une monnaie numérique programmable avec le Genius Act. De son côté l’homme le plus riche du monde, Elon Musk, adopte la position de l’outsider sage et honnête et prépare son costume de superhéros, prêt à dégainer une solution technocratique « non partisane » qui rendra enfin justice au peuple et mettra fin au chaos. A moins que… les politiques ne soient mis au bûcher. Car « si la vérité était révélée », les gens ne pourraient pas le supporter.

Quelles sont les ramifications de cette affaire, trop énorme pour être révélée, mais impossible à enterrer? Y a-t-il une stratégie dans son traitement incongru et sa mise en récit?

L’affaire Epstein est le couvercle d’une boîte de Pandore, celle de la « gouvernance transnationale par le crime » qui fait les grandes fortunes de ce monde. Comprendre son ampleur et ses enjeux est nécessaire si l’on veut saisir la complexité des mécanismes qui gangrènent notre société et son « leadership » et assainir le fameux marais dans lequel notre monde patauge.

Cette série d’articles abordera successivement la toile de fond qui a permis à Epstein de mener sa vaste carrière criminelle, la vie d’Epstein agent du Mossad et de la CIA, les accusations contre Donald Trump et ses relations avec Epstein, ainsi que l’instrumentalisation de « la saga Epstein », notamment par le personnage d’Elon Musk.

Services secrets, mafias et guerres cachées: la toile de fond

Alliances innommables

L’étendue des activités criminelles de Jeffrey Epstein, les moyens dont il a bénéficié et l’impunité dont il a joui pendant des décennies ne se comprend que si l’on place le personnage au centre d’un réseau criminel préexistant, qui opère avec la complicité des services secrets de différents pays.

La journaliste américaine Whitney Webb, qui a enquêté sur cette affaire durant de nombreuses années, a publié un ouvrage monumental intitulé « One Nation Under Blackmail«  dans lequel elle fait l’historique d’une Amérique emprisonnée dans une vaste toile de corruption et de chantage.

Le constat qui se dégage de ce millier de pages documentées est que les agences de renseignements ne sont pas au service de la population ou des gouvernements, mais du crime organisé par la mafia et soutenu par ses bénéficiaires de Wall Street. Que ce soit le trafic de drogue, les réseaux de prostitution, le commerce d’esclaves, la vente d’armes, l’extorsion, le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale ou les activités terroristes, on y retrouve les mêmes acteurs, protégés par la CIA, le Mossad et d’autres agences étrangères.

Ceci est facilité par le fait qu’au niveau de leur direction et/ou des opérations de « contre-intelligence », un certain nombre de services secrets travaillent ensemble depuis leurs débuts. La CIA et la NSA (National Security Agency) ont été organisées avec l’aide des britanniques (le MI6) et des nazis recrutés après la guerre via l’opération Paperclip, sous l’influence des frères Foster et Allan Dulles. Les frères Dulles ont travaillé avant, pendant et après la guerre, pour le compte d’industriels et de banquiers qui ont promu le fascisme et l’eugénisme, qui ont en grande partie financé l’ascension d’Hitler et de la machine militaire allemande.

Au lendemain de la guerre, les frères Dulles recrutèrent le général nazi Reinhardt Ghelen, chef des renseignements sur le front russe d’Hitler. L’Organisation Ghelen joua un rôle important dans la formation et les opérations de la CIA, employant d’anciens officiers nazis et fournissant des renseignements sur l’Union soviétique et les pays du bloc de l’Est. C’est également Ghelen qui mit sur pied la BND, le service d’espionnage de l’Allemagne « libérée », qu’il dirigea sous un nom d’emprunt, jusqu’au milieu des années 60, en collaboration avec ses nouveaux amis.

À la même époque, Israël fait appel aux Américains par l’intermédiaire de son 1er ministre Ben Gourion pour mettre sur pied ses propres agences. Une alliance secrète se noua bientôt entre ces différents acteurs, sous la direction de James Jesus Angleton. Angleton était le n°2 de la CIA, chef du département de contre-espionnage et directeur des services secrets à l’étranger.

Fasciste convaincu, anti-communiste enragé et paranoïaque de haut vol, il fut le personnage clé de la coopération étroite avec Israël, ainsi que l’un des principaux architectes de l’Opération Gladio en Europe, en partie financée par le Vatican (1, 2,3). Considéré comme « le père du Deep State », la structure occulte qui tire les ficelles à l’intérieur des États, l’on suspecte qu’il ait collaboré à l’assassinat de Kennedy orchestré par la CIA, sans doute avec la complicité du Mossad.

Ce bref rappel de l’historique des services secrets en Occident montre que leur apparente compétition pour garantir la sécurité des États respectifs était et reste toute relative.

L’emprise sur les société occidentales

Dans une interview récente, le colonel Towner Watkins, spécialiste du renseignement militaire américain, a déclaré que les opérations conjointes entres agences, principalement la CIA, le Mossad et les services secrets saoudiens et parfois européens, représentent 400 coups d’État et 75 assassinats de leaders politiques. Durant ses années de formation, elle a dû étudier « tous les complots et renversements de régime depuis l’Antiquité ». Le seul qui n’avait jamais été abordé était l’Opération Gladio, alors que c’était justement la principale action en cours, lorsqu’elle a pris ses premières fonctions en mission à Rome.

Gladio c’est la création d’une armée secrète par les acteurs précités dans une lutte contre la menace communiste. Le réseau s’est constitué par un ensemble de cellules ‘dites dormantes’ composées d’anciens nazis et fascistes, de criminels en tous genres, de militants d’extrême droite et d’anciens résistants. Loin de rester inactif, il organisa différents attentats terroristes dans l’intention de neutraliser la gauche communiste et d’installer une gouvernance d’extrême droite en Europe.

L’Opération Gladio a été révélée dans le contexte italien, mais a été déployée dans toute l’Europe de l’Ouest: en France, en Belgique, au Luxembourg, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Norvège, au Danemark, en Turquie et en Grèce. Ainsi de nombreuses affaires criminelles apparemment indépendantes, non résolues, sont en réalité reliées entre elles via la « nébuleuse » d’individus actifs dans ce réseau (attentas tels que les brigades rouges, les CCC, les tueries du Brabant, l’assassinat d’Aldo Moro, d’André Cools, les avions renifleurs, le trafic d’armes et de drogue de l’Iran Contra, etc.). Il semble que l’opération était dirigée par un comité qui comprenait principalement des agents de la CIA et du MI6 et qui orientait les directives de l’OTAN.

Le caractère secret et illégal d’un programme d’une telle envergure a de facto nécessité un financement opaque et la mise sous contrôle des personnes impliquées. Et c’est là le point de rencontre inévitable entre les chefs de gouvernements, les directeurs de banques, les industriels et les militaires avec les trafiquants d’armes, de drogues, de diamants, d’êtres humains et les réseaux de prostitution et de crimes en tous genres, chacun y trouvant son avantage.

Petit à petit, cette matrice occulte a pris de l’ampleur telles des cellules cancéreuses qui se métastasent, par une emprise sur la majorité des organisations stables et hiérarchisées de la société. On pense ici aux églises, à la franc-maçonnerie, à la magistrature, aux services de police, aux groupes de presse, à des grandes ONG, ainsi qu’à la noblesse, aux ordres de chevalerie comme l’Ordre de Malte qui conseille l’ONU, aux grandes familles industrielles et aux organisations internationales dont on peut utiliser les fonds et les activités sous divers prétextes bien argumentés. Cette description sans doute caricaturale ne signifie pas que les dites entités étaient pour ainsi dire propres, mais leurs interconnections ont renforcé « le réseau criminel transnational ».

La pédocriminalité comme huile dans le moteur de la gouvernance

Le moyen le plus efficace pour attirer ces dirigeants consiste à les réunir dans des cercles d’affaires, des Think tanks et des soirées VIP où se combinent le plaisir et le business. Mais, ces rencontres privilégiées sont aussi le moyen de s’assurer le silence et la soumission de chacun grâce à un dossier de chantage, monté avec des photos et des films où de jeunes enfants sont consommés par cette « belle société » dans des orgies sexuelles. Pour accompagner le champagne, il y a des caméras…

L’affaire Esptein, ce sont des victimes qui ont été utilisées partout dans le monde lors de ces odieuses pratiques, perpétrées depuis des décennies avec la complicité des gouvernements successifs. Virginia Giuffre, celle qui a osé confronter le prince Andrew et d’autres personnalités connues, est certainement la plus célèbre d’entre elles. Mais les victimes des réseaux se comptent par milliers, autant que leurs amuseurs « riches, célèbres et puissants ».

Cathy O’Brian, une survivante des programmes MK Ultra, a été utilisée comme esclave sexuelle à des fins de chantage et d’espionnage durant des décennies. Elle a témoigné devant les tribunaux et devant une commission parlementaire des viols et tortures qu’elle a subis aux mains des militaires et de la CIA, avant d’être offerte en tant que « mannequin présidentiel » à différents chefs d’État. Dans les 2 tomes de « L’Amérique en pleine Transe-formation« , elle révèle avoir « servi » chaque président américain de son époque: Gerald Ford, Jimmy Carter, Ronald Reagan, Georges Bush et Bill Clinton.

MK Ultra, une opération conjointe de la CIA et de l’armée conçue à des fins d’espionnage, a été financée avec plus de 25 millions de dollars de fonds fédéraux et la collaboration discrète de 80 institutions, universités, armées, hôpitaux, bases militaires. MK Ultra fut également déployée en Europe, notamment avec d’anciens bourreaux nazis.

Chez nous, le documentaire Les Survivantes, la série « C’est notre petit secret« , et d’autres reportages sur les affaires en France (chaînes de Karl Zéro et Alexandre Lebreton), en Belgique, en Suisse et ailleurs en Europe, ont aussi libéré la parole des victimes offertes « en cadeau » lors de ces réunions de haut niveau.

La belge Anneke Lucas affirme par exemple avoir été prostituée à la réunion du groupe Bilderberg à Knokke-le-Zoute en 1972, lorsqu’elle avait une dizaine d’années. Dans un entretien sur un podcast américain, suivi par des millions de personnes, elle a aussi révélé avoir été l’esclave sexuelle de David Rockefeller durant près d’une année. Parmi ses bourreaux, on retrouve plusieurs noms célèbres du carnet d’adresses de Jeffrey Epstein.

Aucun gouvernement ne fera la lumière sur l’affaire Epstein

Dans l’Occident d’après-guerre, la pédocriminalité est devenue l’instrument privilégié qui touche tous les domaines de la société, jusqu’aux organisations de protection de l’enfance. En France, les scandales qui se succèdent dévoilent peu à peu « la nébuleuse autour des Macron » et du pouvoir politique qui protège et promeut la pédophilie. En Belgique, l’affaire Dutroux qui a mobilisé plus de 300 000 personnes dans une Marche blanche historique, a elle aussi été étouffée, car « c’est tout le pays qui serait tombé ». (1, 2)

En somme, il serait difficile d’accéder à un haut niveau de responsabilité sans avoir des faveurs à rendre ou sans être sous la menace d’un « dossier ».

Comme le dit l’économiste américaine Catherine Austin Fitts, qui a été sous-secrétaire d’État au logement durant l’administration Bush, à propos de l’affaire Esptein:

Tout le monde a un dossier sur le dos à Washington! Mon patron me disait qu’il cherchait à me trouver des casseroles, car il savait que j’étais intègre et difficile à contrôler.

Catherine Austin Fitts a fini par lâcher parce que l’on a menacée d’assassiner des membres de sa famille.

Qui contrôle les dossiers Epstein? Ceux qui ont été capables de voler 21 000 milliards de dollars à l’État…

C’est donc dans le contexte d’une forme de criminalité systémique transnationale qu’il faut analyser « l’affaire Epstein ». Car le beau Jeffrey cochait toutes les cases: espionnage, trafic d’armes, détournement de fonds, évasion fiscale, corruption politique, trafic d’être humains et chantage pédocriminel et malheureusement « tout le monde appréciait Jeffrey ».

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Un commentaire

  1. Il y a un moment j’ai vu le film « The platform » (https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=258016.html), c’est un mauvais film je trouve mais il est très intéressant sur le plan philosophique. Au final, nous ne sommes pas loin de ce type d’organisation, simplement les premiers étages bougent peu et sont sélectionnés pour leur soumission. En dessous, les gens alternent de niveau, et évidement ils aspirent tous à monter de niveau à tout prix.

    Depuis longtemps, et déjà avec les rois, ce sont les détenteurs de la création monétaire qui ont le pouvoir, c’est eux sur la pointe de la pyramide. Cependant, leur monnaie étant « fiduciaire », ils doivent absolument maintenir la fiction qui l’entoure, de façon à ce que personne n’arrête de jouer le jeu (https://www.youtube.com/watch?v=EwK9glIxIoo).
    C’est là le problème avec les pseudos « démocraties » actuels, elles restent faillibles car en théorie c’est L’État qui a le pouvoir maximum, alors imaginez qu’un jour des « politiciens » décident de refuser le jeu actuel en se saisissant du pouvoir de création monétaire qui est dans les mains de groupes apatrides … Certes cela n’ira pas loin avec un seul pays, mais c’est malgré tout un risque qu’ils ne peuvent pas prendre.
    Alors, ce petit nombre reste dans l’ombre, ils diffusent les idéologies compatibles avec le maintien de leur pouvoir, mais ils laissent plus ou moins faire en dessous, et c’est donc la racaille de la population, c’est à dire les pires, qui s’emparent de ces niveaux du haut pour faire leur beurre.
    L’État n’a jamais existé, cela a toujours été une organisation mafieuse qui utilise l’image de l’intérêt général pour servir ses propres intérêts, c’est une fiction. Le problème avec une telle part de la population à qui on laisse tout de même du pouvoir, c’est qu’elle est composée de personnes avides, capable de tout, sans limites, et qui représente donc un risque, voilà pourquoi il faut la contrôler plus sévèrement encore à mon sens.

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