La saga Epstein: l’histoire d’un criminel choyé par la jet set révélera-t-elle qui tire les ficelles?

L’affaire Epstein tourne ouvertement au cirque. 3 républicains se sont joints à un groupe de démocrates pour lancer un vote qui forcerait le département de la justice à communiquer l’entièreté du dossier aux députés et à faire comparaître Ghislaine Maxwell pour une audition sous serment. Mais, histoire d’éviter une situation embarrassante, le président de la Chambre Mike Johnson a annulé le programme de la journée de jeudi (et le vote sur la question) pour débuter les vacances parlementaires un jour plus tôt que prévu… Cela donne donc à la Chambre un délai d’un mois pour « trouver une meilleure solution » au problème Epstein.

Il est vrai que les agissements des responsables en charge du dossier laissent perplexe. Pourquoi les directeurs du FBI Kash Patel et Dan Bongino et l’avocate générale Pam Bondi, qui ont juré de « faire toute la vérité sur l’affaire Epstein », sont-ils revenus sur leurs promesses et ont-ils tenu des propos aussi contradictoires que mensongers?

Prenons les vidéos de surveillance de la cellule d’Epstein. La 1ère « avait cessé de fonctionner 10 jours avant sa mort ». Mais récemment Kash Patel, le directeur du FBI, en a retrouvé une autre qu’il a exhibée comme preuve pour accréditer la thèse du suicide… sauf que le public a immédiatement constaté que l’enregistrement avait été retouché de manière grossière, puisqu’il y a visiblement des « minutes manquantes ».

Comment expliquer cette grotesque manoeuvre? Il ne peut s’agir que d’une mise en scène intentionnelle. Rien ne forçait le FBI à montrer cette vidéo et les services secrets sont certainement capables de faire un travail de montage correct. De même l’Avocate générale Pam Bondi aurait pu « sortir un petit dossier », en lâchant des informations au compte-gouttes, de manière à satisfaire progressivement les attentes du public plutôt que de soudain déclarer qu’il n’y a rien à voir.

Et Trump en rajoute une couche. Alors qu’il est accusé « d’être partout dans le dossier », il clame qu’il s’agit d’une grande arnaque organisée par les démocrates et traite ses propres supporters « d’idiots qui sont tombés dans le panneau et qui font le jeu de l’adversaire ». Tout le monde sait pourtant qu’il a lui-même utilisé la ficelle Epstein lorsqu’il a pointé sa relation avec les Clinton durant sa 1ère campagne électorale, et que sa famille et sa base de supporters en ont à nouveau fait un argument majeur durant sa seconde campagne.

Comment trouver du sens à tout cela?

« Teflon Don », le président sur qui les pires accusations glissent comme sur une poêle anti-adhésive, espère-t-il enterrer le dossier par un simple mémo et une boutade?

S’agit-il d’une manoeuvre stratégique pour expliquer aux Américains, sans l’avouer ouvertement, que le gouvernement et son chef sont « tenus » et ne peuvent révéler la vérité?

Tous les regards se portent actuellement sur « le lobby juif » qui tire les ficelles de la politique américaine et dont Trump et son équipe sont particulièrement proches. Mais, n’est-ce pas un peu trop facile et ostentatoire? Car s’il est vertueux de chercher à s’affranchir d’un carcan politique, il le serait moins de vouloir accélérer la mise en place d’un effondrement programmé.

Sans compter que lorsque les projecteurs se dirigent d’un côté, cela permet à d’autres de rester dans l’ombre. Il est indéniable que l’affaire Epstein mène aux services secrets israéliens, mais comme cela a déjà été exposé dans un premier article intitulé « la toile de fond des services secrets et du crime organisé transnational », la fresque qui se dessine autour d’Epstein est bien plus vaste.

Il faut nécessairement revenir sur son parcours de vie, ses diverses activités et son gigantesque réseau de relations pour tenter d’y voir plus clair.

Biberonné par les services secrets

Né en 1953 à Brooklyn, dans un quartier juif orthodoxe, Jeffrey est le fils d’un jardinier communal et d’une aide scolaire. De 1969 à 1974, il entreprend des études supérieures dans 2 établissements différents, mais les abandonne en cours de route. Il est donc surprenant que ce « petit gars qui sort de nulle part et ne possède pas de diplôme » soit engagé comme professeur de mathématiques à la Dalton school, une école prestigieuse à 50’000$ l’année. Le fait que le directeur de l’établissement, Donald Barr, ait été un membre de l’OSS (précurseur de la CIA), doit être mentionné dans ce contexte.

Epstein aurait-il été formé par les services secrets dès son plus jeune âge et durant ses mois d’absence au collège? A-t-il été une victime des programmes MK Ultra mis en place par la CIA? Il est permis de l’envisager. C’est en tous cas ce qu’affirme Anya Epstein Wick, une survivante MK qui se présente comme sa nièce et qui explique que les abus sexuels et les pratiques occultes remontent à plusieurs générations dans la famille Epstein. C’est aussi ce que dit Kirby Sommers, une autre survivante des programmes MK Ultra, qui a publié les livres « Jeffrey Epstein: Predator, Spy » et « Ghislaine Maxwell: an Unauthorized Biography », dans lesquels elle détaille le fruit de ses recherches sur le sujet.

Il est également intéressant de noter que Donald Barr, le directeur en place à la Dalton School, est aussi père de l’avocat William Barr qui deviendra Avocat général des États-Unis, sous la présidence de Bush et durant la 1ère année du mandat de Trump. William Barr, tout comme son père, a travaillé pour le compte de la CIA et il a fait partie du bureau d’avocats qui a participé à la défense d’Epstein lors de son 1er procès en 2008. Des rumeurs ont également circulé selon lesquelles il aurait rendu visite à Epstein dans la prison de Manhattan 2 semaines avant son décès, mais elles ont été démenties.

En 1976, Epstein est renvoyé de la Dalton school pour mauvaise conduite et incompétence. Malgré cela, il entre à la banque Bear Stearns sur recommandation d’Alan Greenspan, « un parent d’élève ». Sans avoir de qualification pour cet emploi, Epstein démarre comme assistant trader et « grimpe les échelons » à une vitesse fulgurante pour devenir « associé » en 4 ans (on voit des parallèles avec l’ascension de Macron… inconnu, peu qualifié, mais sans cesse promu et protégé). Là encore, il quitte l’établissement, possiblement en raison d’une fraude mineure au profit du milliardaire Edgar Bronfman et d’une affaire de moeurs.

Mais autre chose l’attend, car c’est à cette époque qu’il rencontre les Maxwell. Selon Ari Ben Menashe, un ancien agent du Mossad, il est sollicité par Bronfman et Robert Maxwell au cours de l’année 1981 pour participer au trafic d’armes et de drogues lié à l’opération de la CIA « Iran-contra », avec le saoudien Adnan Kashoggi, lui aussi désigné comme un agent du Mossad.

Epstein fonde alors sa propre société d’investissement, l’International Assets Group, une société qui selon lui « n’acceptait que des clients possédant plus d’un milliard de dollars ». (Il n’y avait pourtant que 500 milliardaires dans le monde à l’époque). Officiellement, il n’a pourtant qu’un seul client: le milliardaire Leslie Wexner dont il est le fondé de pouvoir et gestionnaire de fortune.

Maxwell lui présente aussi sa fille Ghislaine, qui travaille avec son père et qui s’amourache immédiatement du beau Jeffrey. Ari Ben Menashe explique que le duo n’était pas très doué pour les activités d’espionnages classiques, et que c’est pour cela que les activités liées au chantage pédocriminel était en quelque sorte devenu « leur niche ».

Ascension sociale

Epstein, Clinton et Maxwell

De 1987 à 1994, Epstein entre comme partenaire à la Towers Financial Corporation, une banque qui provoque une faillite frauduleuse pour la mise en place de pyramides de Ponzi et le blanchiment d’activités illégales. Son directeur Steven Hoffenberg fera 18 ans de prison pour avoir détourné plus de 450 millions de dollars, mais Jeffrey a « la chance de quitter la compagnie à temps ». Hoffenberg décrira pourtant Epstein comme « le principal cerveau » derrière les opérations frauduleuses, le désignant à son tour comme un agent des services secrets. Mais, bien qu’Epstein ait aussi figuré dans les documents administratifs, il n’a jamais été accusé dans ce scandale.

Tout cela n’empêchera pas Epstein de devenir un partenaire privilégié des banques JP Morgan et Deutsche Bank, des liens qui ont été évoqués dans la procédure lancée contre lui aux Îles Vierges. Bien au contraire, durant les années qui suivent, Epstein poursuit ses activités de ‘conseil financier’ et d’expert fiscal auprès d’une élite internationale, tout en s’adonnant au trafic sexuel avec sa complice Ghislaine Maxwell.

Selon le journaliste Michael Wolff – qui a fréquenté Epstein de 2014 jusqu’à son arrestation en 2017 – Epstein s’est constitué son vaste réseau de relations en « faisant salon » dans ses superbes demeures, avec l’aide de Ghislaine Maxwell qui connaissait toute la haute société grâce à son amitié avec le prince Andrew.

A Manhattan, tous ceux qui étaient « quelqu’un » dans la société new-yorkaise se rendaient chez lui, parce qu’il y avait des filles, des milliardaires, des investisseurs, des VIP, des savants, des intellectuels, des occasions de se divertir, des informations à saisir et des deals à conclure.

Ceci a donc permis à Epstein de s’infiltrer dans de nombreux domaines: le marché immobilier, le trafic d’armes, les financements politiques, le monde de la mode avec les agences de mannequin pour recruter les filles, mais aussi celui de la recherche scientifique et de l’innovation technologique, en particulier la surveillance informatique.

Epstein a « fourni ses services » à la Maison Blanche où l’on a enregistré pas moins de 13 visites au président Bill Clinton, souvent accompagné de jolies femmes.

Vers 2005, il est par exemple impliqué dans le lancement de la Global Clinton Initiative et de la fondation Bill et Melinda Gates. La CGI est alors présentée comme un projet « rassemblant une communauté de leaders mondiaux pour concevoir et mettre en œuvre des solutions innovantes à certains des défis les plus pressants du monde ». Cette « noble » entreprise fournit aux deux hommes l’occasion de faire de nombreux voyages ensemble à bord du Lolita Express, parcourant les capitales du monde à la rencontre des riches et puissants VIP.

Ainsi Jeffrey Epstein se hisse au sommet de la société, devenant même membre de la Commission trilatérale, du Council of Foreign Relations et des divers cercles qui réunissent l’élite derrière le fameux agenda mondial.

Mécène de la santé avec Bill Gates

Avec Bill Gates, Epstein partage à la fois l’intérêt pour les technologies informatiques et pour la santé, y compris les idées eugénistes, la recherche génétique et les technologies transhumanistes.

Epstein voulait par exemple se faire cryogéniser et il était intéressé par le clonage et les manipulations visant à renforcer « le patrimoine génétique de l’humanité ». Dans son ranch du Nouveau-Mexique et sur son île, en plus de mettre les jeunes filles enceintes (il en voulait ’20 à la fois’), il faisait procéder au prélèvement de leurs ovocytes « à des fins de recherche ». Epstein faisait aussi des dons à la « banque de sperme de prix Nobel Germinal Choice » et il a versé des millions de dollars à l’université de Harvard où il avait un bureau qui lui permettait de recevoir des personnalités scientifiques et de jolies jeunes femmes.

Epstein était également un proche de Boris Nikolic, le conseiller scientifique en chef de la fondation Gates, qu’il a d’ailleurs nommé exécuteur testamentaire (mais Nikolic a refusé), ainsi que de Nathan Wolfe, le fondateur de Metabiota, la compagnie qui finance les recherches de gain de fonction dans les laboratoires du monde entier, y compris à Wuhan. Dans son livre « Viral Storm » où il annonce la grande ère des pandémies, Wolfe a même rédigé une dédicace à son ami Epstein en 1ère page.

L’influence d’Epstein dans le domaine de la santé et de l’agenda mondial s’est encore exercée de manière plus large par la figure de Mélanie Walker, une jolie neurochirurgienne dont il a financé les études (en échange de services en nature) et qui a grimpé l’échelle sociale grâce à des figures comme Bill Gates, le prince Andrew ou David Rockefeller jusqu’à devenir Young Global Leader, conseillère de l’OMS, conseillère du FEM pour les neurosciences et directrice adjointe de la Banque mondiale.

Epstein à la Silicon Valley

Les premiers liens attestés entre Microsoft et Jeffrey Esptein remontent à 1996. On sait qu’Epstein fait un voyage de 3 semaines en Russie avec Nathan Myhrvold, qui est à l’époque le bras droit de Bill Gates, avec pour objectif de dresser un état des lieux des avancées technologiques du pays. Les deux hommes visitent également le centre nucléaire de Sarov et rencontrent « des jeunes écoliers ».

Les liens entre Epstein et Bill Gates se nouent aussi via la soeur de Ghislaine, Isabel Maxwell, qui représentait l’opérateur internet CommTouch. CommTouch (devenu Cyren) était un « obscur développeur de logiciels », fondé en 1991 par d’anciens officiers de l’armée israélienne, « concentré sur « la vente, la maintenance et l’entretien de logiciels clients de messageries autonomes pour les ordinateurs centraux et personnels ». L’entreprise avait spécifiquement courtisé Isabel parce qu’elle était la fille du « super-espion » israélien Robert Maxwell. Isabel avait des raisons similaires de rejoindre l’entreprise, ayant même déclaré au journal Haaretz que cela lui donnait « une chance de poursuivre l’engagement de son père en Israël. » Apparemment Isabel aurait forcé la main des fondateurs de Microsoft, pour effectuer un investissement de 20 millions de dollars dans la firme, et faire sa promotion. La transaction fut facilitée par Richard Sorkin, qui fut le directeur de Zip2, la 1ère compagnie d’Elon Musk.

Peu à peu, Epstein devient un familier des géants de l’informatique, recrutant ses milliardaires pour le compte de la banque JP Morgan. Il aurait ainsi « rabattu » Sergei Brin et Larry Page, les fondateurs de Google, pour des portefeuilles de l’équivalent de 4 milliards de dollars, ainsi que les milliardaires Glenn Dubin et Tom Pritzker (Hyatt Hotels).

De 2011 à 2018, on rapporte aussi différents dîners avec Jeff Bezos, le patron d’Amazon, dans le cadre de la fondation Edge, ainsi que des « retraites » au coin du feu avec Ghislaine Maxwell.

Epstein se serait vanté d’avoir conseillé Elon Musk, lorsque celui-ci était dans des difficultés financières pour Tesla. Bien que ce dernier nie avoir eu tout rapport avec lui, on sait qu’il a été convoqué dans le cadre de l’instruction ouverte aux Îles Vierges.

Selon l’agence Associated Press, la citation à comparaître – l’une des nombreuses envoyées à des personnalités du monde des affaires – visait à obtenir des documents datant du 1er janvier 2002 jusqu’à aujourd’hui et reflétant les communications entre Musk et JPMorgan ou Musk et Epstein, à propos du rôle d’Epstein dans les comptes, les transactions ou la gestion financière de Musk.

À l’époque où Musk n’était pas encore dans l’orbite de Trump (c’est Peter Thiel qui a provoqué leur 1ère rencontre), Epstein agissait comme « conseiller financier » de Tesla, notamment en assurant la liaison avec le prince saoudien Mohammed Bin Salman (également très proche de la famille Trump, en particulier de son beau-fils Jared Kushner) et les familles régnantes des Émirats arabes unis, du Koweit et du sultanat du Bahrein.

Business Insider rapporte que le frère d’Elon, Kimbal Musk qui siègeait aussi au conseil de Tesla, a fréquenté une compagne d’Epstein entre 2011 et 2012. La jeune femme, qui vivait à l’une des adresses où se déroulaient les activités de trafic sexuel, lui aurait été envoyée par Epstein afin qu’il puisse se rapprocher des dirigeants de la compagnie.

Enfin, le tableau ne saurait être complet sans parler de la relation entre Epstein et Peter Thiel, le directeur de la société Palantir (une société financée par la CIA) et président du groupe Bilderberg. Thiel, qui est un des grands financiers du parti républicain, apparaît aujourd’hui comme le ‘mastermind’ derrière la généralisation de la surveillance numérique mise en oeuvre dans le cadre de l’agenda mondial. Sa relation avec Epstein est attestée dès 2014, année durant laquelle ils se rencontrent à plusieurs reprises, y compris lors d’un dîner avec Woody Allen.

Epstein aurait investi 40 millions de dollars dans sa société Valar Ventures qui finance les startup technologiques et ses parts sont actuellement estimées à 200 millions de dollars. De son côté Thiel est actionnaire de Carbyne, une startup d’Ehoud Barak et de Jeffrey Epstein, qui vend des logiciels d’espionnage de la population « en temps réel », sous couvert de services d’aide en urgence.

Coupable mais protégé

En 2005, Epstein est accusé pour la première fois d’abus sexuels sur mineure. Les parents d’une adolescente de 14 ans portent plainte et une enquête est ouverte dans les États de Floride et de New York. La police fédérale identifie 36 victimes, ayant été abusées alors qu’elles étaient mineures. En 2008, Epstein plaide coupable d’avoir recruté « une mineure » à des fins de prostitution.

Son équipe de juristes parvient à lui obtenir une peine extrêmement allégée, en sollicitant la clémence du juge Alex Acosta, à qui on avait expliqué qu’Epstein faisait partie des services secrets. À noter qu’Acosta deviendra procureur général des Etats-Unis, à la suite de William Barr durant le 1er mandat de Trump.

Epstein a vu sa peine réduite à 13 mois d’un emprisonnement « confortable » (durant lequel il pouvait quitter le pénitencier en journée) grâce à l’intervention d’une dream team d’avocats puissants, parmi lesquels figuraient: Alan Dershowitz, Kenneth Star, Guy Lewis, Jay Lefkowitz (qui travaillait pour la même firme que William Barr) et Roy Black, l’architecte de la quasi immunité judiciaire d’Epstein, décédé il y a quelques jours.

En juillet 2019, de nouvelles accusations sont portées contre lui et Epstein est arrêté au retour d’un vol privé en provenance de Paris. Le 10 août, on annonce l’avoir retrouvé mort dans sa cellule. Selon la thèse officielle, il se serait pendu. Le 29 août, toutes les charges à son encontre sont abandonnées en raison de son décès.

Départ mystérieux

La thèse officielle du suicide ne convainc pas grand monde, en particulier le fait que « les caméras étaient en panne » et que « les gardiens s’étaient endormis ». Son frère Mark, qui avait immédiatement parlé de mise en scène, revient à la charge en demandant la réouverture du dossier. Epstein est-il vraiment mort ou l’a-t-on discrètement fait sortir?

Rien ne dit qu’il ne se balade pas tranquillement au soleil…

Deux jours avant sa disparition, il avait signé un document qui transférait l’entièreté de ses biens à un fonds nommé le 1953 Trust, en s’assurant que l’identité des bénéficiaires resterait anonyme. L’on sait simplement qu’il y a parmi eux l’une de ses anciennes compagnes et deux gestionnaires et proches conseillers.

La vente d’un ensemble de biens a permis de compenser de nombreuses victimes, mais la « propriété Epstein » aurait encore près de 130 millions de dollars, sans compter les 170 millions investis dans Valar Venture, la fintech de Peter Thiel. Cet argent pourrait-il permettre aux « bénéficiaires » de continuer à lui assurer un train de vie dans un paradis perdu?

Qui était vraiment Jeffrey Epstein et qui tire aujourd’hui les ficelles dans son dossier? Certains accusent le Mossad et le lobby israélo-américain, en particulier le célèbre journaliste Tucker Carlson. Lors d’un speech donné à la conférence « Turning Point » organisée par un mouvement conservateur, il a évoqué les liens entre Jeffrey Epstein et les services secrets israéliens et dénoncé l’influence démesurée du lobby juif sur la politique américaine. Ses propos ont provoqué la réaction immédiate de l’ancien premier ministre Naftali Bennett, qui a parlé d’antisémitisme. Mais de nombreux internautes lui ont répondu en pointant les nombreux vols d’Ehoud Barak à bord du Lolita Express, ainsi que ses visites à Manhattan, une relation que même Netanyahou avait reproché à Ehoud Barak, lors de son retour en politique.

D’autres relèvent que les déclarations visant à refermer le dossier Epstein ont été faites au moment où Netanyahou était en visite officielle aux États-Unis, pour demander plus d’armes et de soutien dans les guerres menées par Israël.

Par ailleurs, c’est le député républicain Thomas Massie, un des rares élus à oser critiquer le financement massif des membres du Congrès par l’AIPAC (le groupe d’action politique israélo-américain, qui est le lobby le plus important à Washington), qui mène la charge pour que le dossier Epstein soit communiqué dans son entièreté aux membres du Congrès.

Il faut dire qu’Epstein entretenait effectivement des liens étroits avec les personnes les plus influentes de la politique israélo-américaine.

Epstein et « le lobby juif »

Leslie Wexner
Epstein et Leslie Wexner

Considéré comme le mentor d’Epstein, le milliardaire Leslie Wexner, patron de la marque de lingerie « Victoria’s Secret », est longtemps « le premier et seul client d’Epstein ». Ses largesses exceptionnelles envers Epstein sont difficiles à expliquer: Wexner lui confère un mandat général sur ses affaires et il lui offre sa luxueuse villa de Manhattan pour 1 dollar symbolique, ainsi qu’une propriété dans l’Ohio. Ces demeures sont parmi les premiers lieux connus où Epstein se livrera à ses activités pédocriminelles.

Epstein et Wexner montent différentes affaires, parmi lesquelles la New Albany Company qui achète d’énormes terrains dans l’Ohio pour y installer des data centers des grandes sociétés de la Silicon Valley.

Le milliardaire a contribué à façonner l’identité juive sioniste en Israël et aux États-Unis, notamment via sa fondation qui a pour objectif de former une classe de leaders dans les deux pays. C’est un personnage étrange qui confiait en 1995 au New York Magazine « être sans cesse accompagné d’une présence démoniaque avide » (un « dibbuk », un démon juif).

Wexner est aussi le cofondateur avec le sulfureux Charles Bronfman du Megagroup, un club de milliardaires qui tirent les ficelles de la politique israélo-américaine sous couvert de philanthropie, mais qui entretiennent des liens étroits avec le crime organisé.

La famille Bronfman, propriétaire du groupe international de spiritueux Seagram au Canada, était partenaire de la mafia américaine, en particulier de Mayer Lanski et a participé à différents trafics d’armes pour le compte d’Israël et du Mossad.

Le Megagroup oeuvre avec le Congrès juif mondial, la Ligue anti-diffamation et la Coalition juive républicaine, un lobby qui finance les candidats aux élections (AIPAC) et qui a été dirigé par Sheldon Adelson, le principal financier de Trump durant ses deux campagnes.

De manière générale, il semble qu’Epstein ait agi comme l’intermédiaire de Wexner dans toutes sortes d’activités illégales.

En 2019, alors qu’Epstein est sur le point d’être arrêté, Wexner l’accuse soudainement de lui avoir volé 46 millions de dollars, lorsqu’il était son fondé de pouvoir, et précise avoir « coupé les liens avec lui depuis 2007 », époque du premier procès d’Epstein en Floride; des accusations qui apparaissent à un moment plutôt opportun…

Les Maxwell

Robert Maxwell était un juif ukrainien acquis à la cause sioniste, né en Tchécoslovaquie, dont l’histoire est assez obscure (5 identités et récits différents sur sa jeunesse). Maxwell était un agent triple: embauché par le MI6 britannique pour espionner les Russes et par le KGB pour leur rendre la pareille, c’est finalement au Mossad qu’il affichait sa loyauté.

Avec l’argent des britanniques et ensuite du Mossad, Maxwell devient propriétaire d’un empire médiatique international, le groupe du Mirror, mais aussi les publications scientifiques Pergamon Press, Springer Verlag et McMillan et la Maxwell communication corporation. Il était aussi un actionnaire important de MTV Europe et de TF1 en France et racheta le Jerusalem Post en Israël. Maxwell a épousé une parisienne en 1945 avec qui il a eu 9 enfants, dont la plus jeune Ghislaine, apparemment sa préférée, travaillait à ses côtés.

En 1991, le cadavre de Robert Maxwell est retrouvé flottant à côté de son yacht « le lady Ghislaine », peu après avoir vidé la caisse des pensions du Mirror. Selon sa fille, il aurait été « suicidé » par le Mossad qui se serait emparé du magot pour financer ses opérations. Le documentaire de la BBC « House of Maxwell » suggère que Jeffrey Epstein aurait aidé Robert Maxwell à commettre cette escroquerie.

Plusieurs membres de la famille Maxwell sont impliqués dans des activités d’espionnage, notamment Isabel, la soeur de Ghislaine qui s’est spécialisée dans le domaine informatique (Touchcomm) et a entretenu des relations étroites avec Bill Gates.

Ghislaine, compagne d’Epstein qui tenait le rôle de la « madame », recrutait des adolescentes et participait elle aussi aux abus sexuels. Aux dires des victimes, elle était pire qu’Epstein, cruelle et sadique. Arrêtée peu après Epstein en 2019, elle est la seule complice à avoir été poursuivie et condamnée dans l’affaire Epstein.

Le fait que la saga Epstein soit à nouveau au centre de l’attention publique pourrait bien avoir un impact sur sa situation. Certains députés demandent à ce qu’elle soit entendue sous serment devant l’assemblée politique. D’autres affirment que des négociations sont en cours pour qu’elle divulgue des informations en échange d’un allègement de sa peine. Enfin il y a ceux qui l’estiment amie et complice de Donald Trump et qui pensent qu’il finira par lui accorder la grâce présidentielle à la fin de son mandat.

Alan Dershowitz

Epstein, Dershowitz, Netanyahou

Célèbre avocat juif américain, Alan Dershowitz a défendu Bill Clinton, Donald Trump et Jeffrey Epstein. C’est apparemment l’avocate Lynn Forrester, épouse de Evelyn de Rothschild, qui a présenté Dershowitz à Epstein. Dershowitz a été accusé par plusieurs victimes d’Epstein, dont Virginia Giuffre, d’être lui aussi un abuseur. Bien qu’il s’en soit défendu publiquement avec zèle, on retrouve son nom à de multiples reprises sur les carnets de vol du Lolita Express.

En plus de défendre des criminels pédophiles, Dershowitz fait partie des juristes qui plaident pour la dépénalisation des relations sexuelles avec des mineurs.

Il fut l’un des principaux avocats qui ont permis à Epstein de bénéficier d’une peine très allégée lors de son premier procès en Floride.

En 2009, Dershowitz a été sollicité par Benjamin Netanyahou pour être le représentant d’Israël aux Nations-Unies, mais il aurait refusé pour « ne pas renoncer à son passeport américain ». Dans une interview publiée par Ynet le 17 juillet 2025, l’avocat défend avec zèle Trump, Netanyhou et l’État d’Israël dans ses attaques sur Gaza, affirmant « qu’Israël doit gagner et non pas s’excuser ».

Il a également réfuté les liens de Jeffrey Epstein avec le Mossad en disant que « s’il avait travaillé pour le Mossad ou la CIA… il me l’aurait dit et cela l’aurait aidé à obtenir une meilleure peine (ce qui a été le cas!) ». Selon lui, « le fait d’impliquer Israël dans de telles accusations, est un exemple de l’antisémitisme mondial ».

Ehoud Barak

Parmi les personnalités que l’on retrouve dans les carnets de vol, les carnets d’adresses, sur des photos (etc.) communiqués en février par le département de la justice, se trouvent deux premiers ministres israéliens dont Ehoud Barak, ancien patron des services secrets, ministre de la Défense, et finalement 1er ministre d’Israël. Barak était un habitué de la maison puisque le document transmis par le département de la justice américain répertorie 36 visites à Epstein entre 2013 et 2017. Il a été accusé d’abus sexuels par plusieurs victimes, ainsi que par Alfredo Rodriguez, l’ancien majordome de la villa de Palm Beach.

Barak affirme avoir rencontré Esptein pour la 1ère fois en 2003, lors d’un dîner de Gala où il lui a été présenté par Shimon Peres. Barak et Epstein s’étaient associés pour fonder une start-up nommée Reporty et ensuite Carbyne dont le software Promis a pour objectif d’identifier les personnes par la géolocalisation et le croisement de données personnelles, dans le cadre de services d’urgence. L’entreprise emploie principalement des agents des services du renseignement militaire israélien, mais vend son application à d’autres pays. Et Pieter Thiel, le CEO de Palantir (une société écran de la CIA) qui se charge actuellement de mettre en place tout le système de surveillance américain, en est également un des principaux actionnaires.

À noter qu’Ehoud Olmert, premier ministre d’Israël de 2006 à 2009, et Shimon Perez, sont également cités dans les dossiers bien que moins fréquemment. Epstein aurait organisé des rencontres entre Jamie Dimon, le CEO de la banque JPMorgan, et Benjamin Netanyahou.

Le « Little black book »: un répertoire VIP international

Mais peut-on pour autant écarter ses autres relations internationales, en particulier celles qu’il avait en Europe?

Que l’on sache, personne ne souhaite enquêter sur les président américains, les milliardaires mondialistes comme les Rockefeller, les Rothschild ou la famille royale britannique, alors que ces personnalités ont été accusées par de nombreuses victimes d’être au sommet des réseaux de pédocriminalité (par ex. Anneke Lucas dans un podcast récent, Chantal Frei, Cathy O’Brien).

Et en ce qui concerne les pistes internationales, que dire de Jean-Luc Brunel, le « recruteur de mannequins français » arrêté presque par erreur et retrouvé pendu, lui aussi, dans sa cellule. Ou de la filière avec la mafia italo-américaine par l’entremise de Flavio Briatore, le « Trump italien » si proche d’Epstein et de Berlusconi?

Ce ne sont que deux exemples de tout ce que l’on ne préfèrerait pas remuer en ouvrant la boîte de Pandore du dossier Epstein. Il faut imaginer que son carnet d’adresses, le fameux « Little black book » contient plus de 1500 personnalités mondialement connues.

Le carnet d’adresses a été divulgué en 2009 par Alfonso Rodriguez, l’ancien majordome de sa résidence de Palm Beach, qui s’est fait piéger en essayant de le monnayer. Rodriguez a été arrêté et est mort en prison peu après (sans explication ni enquête). Voici quelques noms parmi les plus connus:

Aux USA: David Rockefeller, Evelyn de Rothschild, Peter Soros, Henry Kissinger, Joe Biden, Bill et Hillary Clinton, Georges Bush, Donald Trump, Richard Branson, Bill Gates, Al Gore, Elon Musk, Glen Dubin, Jeff Bezos, Sergei Brin, Kennedy (Joe, Ethel, Kerry, Ted, Robert Junior), Kelvin Spacey, Cate Blanchett, Leonardo Di Caprio, Bruce Willis, Cameron Diaz, Alec Baldwin, Ralph Fiennes, Woody Allen, Georges Lucas, Heidi Klum, Naomi Campbell, Dustin Hoffman, Madonna, Cindy Lopez, Simon Le Bon, David Copperfield, Tom Pritzker, Stephen Hawking, Noam Chomsky, Barbara Guggenheim, Leon Black, Edgar Bronfman, Leslie Wexner, Robert Maxwell, Alan Dershowitz, Elie Wiezel, Jamie Dimon et John Casasblancas.

En Europe et ailleurs: le prince Andrew, Tony Blair, Rupert Murdoch, le prince Pierre d’Arenberg, le prince Louis Albert de Broglie, la princesse Hermine de Clermont Tonnerre, les princes Bola et Deborah von Bismarck, les princes von Furstenberg (Heinrich, Milana, Alex, Nina), le prince Ernst August von Hannover, la princesse Francesca von Habsbourg, le prince Manfred von Windisch Graetz, les princes Michel, Dimitri et Serge de Yougoslavie, le baron Edouard de Rothschild, Ariane de Rothschild, la princesse Firyal de Jordanie, le prince Mohammed Bin Salman d’Arabie Saoudite, Ignazio Alvares de Toledo, Freddy Heineken, Elisabeth Lagardère, Jean-Luc Brunel, Jean-Yves Lefur, Alberto Pinto, Albert Benamou, Olivier Picasso, Azzedine Alaya, Mick Jagger, Adnan Kashoggi…

Le carnet date de 1996… On ose à peine imaginer tous les autres noms qu’il y a moyen d’extraire des documents du « dossier Epstein »: emails, photos, transferts bancaires jusqu’en 2019. Pas besoin de chercher « sa liste de clients », tout est là pour l’établir.

Bien entendu, le fait de figurer dans cet agenda ne signifie pas que tout le monde ait commis des crimes, mais ce sont de bonnes pistes à investiguer, sachant que de nombreuses personnes ont aussi été nommées par des victimes d’autres réseaux en Europe.

Tout au long de ces pages, Alfredo Rodriguez avait pris le soin d’entourer certains noms pour lesquels on trouvait parfois une quinzaine de numéros de téléphone. Ces noms correspondaient selon lui à des personnes ayant été témoins ou complices des activités criminelles d’Epstein. Donald Trump en fait partie.

Ses 15 années d’amitié avec Epstein et le rôle de Trump dans le dossier actuel feront l’objet du prochain article.

« J’ai été mannequin enfant pour John Casablancas, l’ami de Donald Trump, et ça n’a pas été une expérience agréable »: https://www.dailykos.com/stories/2017/8/12/1686382/-I-Was-A-Child-Model-for-Donald-Trump-s-Buddy-John-Casablancas-It-Wasn-t-Pretty

«Nous étions tous au courant du trafic» – L’histoire inédite de Trump Model Management (1ère partie): https://www.dailykos.com/stories/2016/10/6/1578544/-The-Untold-Story-of-Trump-Model-Management-A-Daily-Kos-Exclusive-Part-1

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