Le projet de loi en préparation au Canada prévoit des crimes de conscience, des précrimes, et l’enfermement à vie pour opinion illicite.
Le 21 février, le Premier ministre du Canada Justin Trudeau (sur la photo) a donné une conférence de presse annonçant l’introduction du «Online Harms Act», ou projet de loi C-63. Cette loi, prétendument censée protéger les enfants, contient en réalité des atteintes sans précédent à la liberté d’expression.
Lors de sa conférence de presse, et avant même que le texte de loi soit disponible, M. Trudeau préempte la critique en la qualifiant de «désinformation», et contrairement à ce que prétendra selon lui «la droite», il ne s’agit que de protéger les enfants.
Récompenser les informateurs anonymes de “propos haineux”
La proposition de loi canadienne, qui rappelle la «législation sur les services numériques» européenne, l’ACMA australienne, ou encore la loi française du 6 mars 2024, va encore plus loin. L’ancien juge de la Cour suprême du Canada Beverley McLachlin a commenté cette loi en disant : «La prison à perpétuité pour le fait d’envoyer des mots, c’est lourd.»
En examinant le texte, on s’aperçoit en effet qu’il prévoit des mesures qui vont bien au-delà de la protection des enfants. Il s’agit par exemple :
- D’enrôler les citoyens du Canada dans un ambitieux système de surveillance sociale, avec des récompenses allant jusqu’à 20’000 dollars pour les «informateurs» anonymes de «propos haineux.»
- D’introduire des sanctions pénales extraordinaires, y compris la prison à perpétuité, non seulement pour les crimes existants comme «l’apologie du génocide», mais également pour toute «infraction motivée par la haine», sans préciser ce que cela signifie exactement.
- De punir le précrime, c’est-à-dire que si un magistrat est convaincu qu’une personne commettra sans doute dans le futur un crime de «haine», elle peut être emprisonnée pendant un an, être assignée à domicile, se voir saisir les armes en sa possession, ou être obligée de se soumettre à des tests toxicologiques. Le tout pour punir préventivement la probabilité d’un crime qui n’a pas encore été commis.
- De punir les déclarations passées; la loi contourne le principe de non-rétroactivité (au passage inscrit dans la déclaration des droits de l’Homme de 1789) en qualifiant l’infraction de «communication continue» de haine; c’est-à-dire que le crime serait celui de ne pas avoir supprimé une déclaration passée.
- D’obliger les plateformes Internet des entreprises à supprimer les «contenus préjudiciables» pratiquement sur demande (dans les 24 heures dans certains cas), sous peine d’amendes pouvant aller jusqu’à 6% du chiffre d’affaires mondial brut.
Grâce au travail exceptionnel réalisé par Matt Taibbi, nous vous proposons ci-dessous quelques extraits choisis de la loi. Le PDF complet de la proposition de loi est disponible ici.
Prison à perpétuité
Précrimes d’opinion
Rappelons que le Canada dispose déjà d’une loi qui criminalise la «discrimination» sur la base de «l’identité de genre». Cela signifie qu’un refus d’adhérer aux dysphories psychiatriques d’autrui pourrait être considéré comme un «crime motivé par la haine» et tomber sous le coup des sanctions décrites ci-dessus.
Punitions supplémentaires
Crimes rétroactifs
Société de délateurs
Dénonciations anonymes
En conclusion
Le texte n’a pas encore force de loi: il doit encore faire l’objet de plusieurs lectures et être adopté par le Parlement. Toutefois, il est ardemment défendu par les médias dominants, certains arguant même qu’il ne va pas assez loin.
Le consensus semble donc être qu’il a d’excellentes chances de passer, notamment parce que l’obstacle légal essentiel est déjà surmonté: selon un expert légal cité par Matt Taibbi, dans la décision Saskatchewan v. Whacott, la Cour suprême du Canada a déjà établi qu’une loi peut tout à fait porter directement atteinte à la liberté d’expression et être en même temps «raisonnable et constitutionnelle.»
En d’autres termes, il n’y a qu’une seule chose qui pourrait à ce stade faire reculer le législateur canadien, et ce serait la pression de l’opinion publique.
Euh… il y a une logique implacable sous ces lois : il s’agit d’ériger un édifice judiciaire pour parvenir à un monde de 0 risque, de S’ASSURER que quiconque pourrait se positionner pendant un instant en… non inclus, ne voulant pas être inclus, dans le grand projet du monde “pacifié/apaisé” à tout prix, est épinglé et exclu, pour le bien d’un nébuleux corps social.
Il s’agit de prévenir TOUT ce qui pourrait constituer un hypothétique danger.
Ceci intervient au moment où chacun de nous peut avoir des interrogations sur notre liberté dans un monde où la vidéo surveillance est endémique, et où elle est proposée, bien entendu, pour notre “sécurité”.
Comment ne pas voir que la prévention est un gros problème philosophique avec des conséquences politiques énormes sur nos libertés dans ce qu’on appelait dans le temps “un état de droit” ? Etre jugé sur ce qu’on POURRAIT faire, et non pas sur ce qu’on A FAIT est un changement de paradigme qui n’augure pas bien pour l’état de droit, déjà bien fragilisé.
Tout cela sent… la panique, comme on a pu sentir la panique au moment du Covid ; une panique incandescente.
Vous avez raison, et c’est très bien dit. J’appelle ça la “société asceptisée”.
D’abord ça a concerné le risque physique: le risque (de se blesser) est inadmissible, on met des casques aux enfants sur les balançoires, et on écrit sur les tasses de café qu’il ne faut pas se brûler.
Ensuite ça a concerné la pensée: le risque (d’être offensé) est inadmissible, on pénalise tous les propos originaux, controversés, hétérodoxes.
Les gens ont oublié que la liberté d’expression n’est pas faite pour protéger les propos consensuels et anodins. Elle est faite *précisément* pour protéger les propos et les opinions minoritaires, controversés et “dangereux”.
En fin de compte, la société asceptisée, le zéro-risque partout, c’est évidemment un prétexte. C’est un réflexe de domestication, et la domestication totale est précisément ce que les planificateurs souhaitent.
D’après mes calculs, j’aurais droit à environ 1’140’000 dollars et 1297 condamnations à perpetuité.
Cela ne marchera pas : le Québec bashing ou expression de la haine du Québec est le sport mental national unificateur de tout le Canada y compris de la moitié des Québécois qui est contre la souveraineté ou la simple affirmation du Québec. Il va suffire aux nationalistes Québécois de poursuivre au nom de cette loi scélérate tout propos méprisant à l’endroit du Québec dit par n’importe qui au Canada (en plus du fait que le Québec bashing est presque toujours combiné à de l’homophobie : les Québécois sont des tapettes et des lesbiennes enragées, c’est connu). Ou bien les poursuites contre les Québec bashers ne sont pas reçues et voilà 75% des Francos répartis pour une crise séparatiste ou bien elles sont reçues et c’est le Canada Anglo qui dit non à cette loi et l’Alberta qui demande l’union aux USA. Les deux référendums sur la souveraineté précédents ont été perdus par le Québec à cause des Québécois qui se sentent plus blancs que francophones (ceux qui se sentent plus francophones sont indépendantistes mais aussi ultra woke) mais avec un Canada qui se dit anti-blanc le front anti-indépendantiste ne tiendra plus : il y aura davantage de partisans du rattachement aux USA que de partisans de l’unité canadienne. Bref Trudeau vient de trouver un moyen génial de faire voler en éclats l’unité de son pays.