C’est quasiment sûr: le virus du Covid s’est échappé du laboratoire de Wuhan. Covidhub en a parlé à maintes reprises (1). Un livre qui vient de sortir amène plus de preuves dans ce sens. Ecrit par un épidémiologiste qui travaillait pour un organisme étasunien chargé de superviser une partie de la recherche du labo incriminé, il pointe du doigt la mauvaise gestion des risques biologiques. Le grand manitou de la santé publique Anthony Fauci est clairement incriminé par des députés (vidéo traduite ci-dessous).
Un échec des services de renseignement
Un livre intitulé La vérité sur Wuhan (The Truth About Wuhan) fait grand bruit de l’autre côté de l’Atlantique (2). Il conforte la thèse de l’accident de laboratoire pour expliquer l’origine du Sars-CoV-2. Son auteur, le Dr. Andrew G. Huf, se dit même prêt à témoigner devant le Sénat américain. Le scientifique, en tant que vice-président d’EcoHealth Alliance, a aidé toutes les agences sanitaires du pays à développer des plateformes de biosurveillance.
Il a critiqué dès 2019 la réponse de son gouvernement à la pandémie et son manque de préparation, en sachant que de la recherche sur le gain de fonction du virus avait lieu à l’Institut de virologie de Wuhan. Par sa position, le Dr. Huff affirme avoir été aux premières loges de ce qu’il considère le “plus grand échec des services de renseignement américains depuis le 11 septembre”.
Failles de sécurité et financement de recherche dangereuse
Le Dr Huff se pose en lanceur d’alerte. Il affirme que les expériences génétiques sur les coronavirus en Chine, financées par les États-Unis et menées avec une biosécurité déficiente – ont conduit à une fuite du labo de Wuhan. EcoHealth Alliance étudiait depuis plus de dix ans différents coronavirus chez les chauves-souris grâce à un financement des Instituts américains de la santé (National Institutes of Health, NIH), dirigés par Anthony Fauci – et a développé des liens de travail étroits avec le laboratoire de Wuhan.
Rappelons que les Etats-Unis ne pouvaient mener de telles investigations sur leur territoire, suite à un moratoire de 2014 stoppant les recherches sur les gains de fonction (3). C’est pourquoi ils ont collaboré avec les Chinois pour créer des super-virus, de même que les Français de l’Institut Pasteur, comme l’avait confirmé Luc Montagnier.
Pourtant, en décembre 2017, le NIH a levé le moratoire, pour pouvoir “développer des stratégies et des contre-mesures efficaces contre les agents pathogènes en évolution rapide”.
Un institut controversé avant la crise du Covid
Le Wuhan Institute of Virology est un laboratoire de haute sécurité spécialisé dans les coronavirus de chauves-souris. Les États-Unis y ont financé la recherche dite “de gain de fonction” sur des souches de virus naturelles, pour étudier les potentielles mutations qui pourraient augmenter la dangerosité de ces virus pour les humains. L’institut avait été signalé en interne après une visite du consulat étasunien en Chine pour ses graves manquements en termes de sécurité, ceci bien avant la crise du Covid.
Un scénario pris de plus en plus au sérieux
La Chine et le laboratoire ont vigoureusement nié toutes ces allégations, mais les preuves d’une fuite du labo se sont accumulées ces deux dernières années. Selon les thèses avancées, le virus aurait pu s’échapper par le biais d’un chercheur infecté, d’une élimination inadéquate des déchets ou d’éventuelles failles dans la sécurité du site.
Le prix Nobel de médecine Luc Montagnier faisait partie de ceux qui ont affirmé que les séquences génétiques du Sars-CoV-2 contiennent des modifications qui ne peuvent qu’être issues d’une manipulation en laboratoire. Même le chef de l’Organisation mondiale de la santé aurait confié en privé à un politicien européen que le Sars-CoV-2 a bel et bien fui du laboratoire après un “accident catastrophique”, selon le DailyMail (4).
La thèse de l’origine animale est un cul-de-sac
En 2020 déjà, lors d’une interview pour le journal du CNRS, le virologue Étienne Decroly répondait ainsi à cette interrogation: “On ne peut éliminer cette hypothèse, dans la mesure où le SARS-CoV qui a émergé en 2003 est sorti au moins quatre fois de laboratoires lors d’expérimentations. Par ailleurs, il faut savoir que les coronavirus étaient largement étudiés dans les laboratoires proches de la zone d’émergence du SARS-CoV-2 qui désiraient entre autres comprendre les mécanismes de franchissement de la barrière d’espèce”(5). Les exemples de fuites de laboratoires documentées ne manquent pas, même dans des pays considérés sûrs, comme les États-Unis.
Quand à la thèse sur l’origine animale, elle patine. Les chauves-souris incriminées vivent dans des grottes situées à 800km de Wuhan et elles ne sont pas vendues au marché de la ville. De plus, le Sars-CoV-2 n’a été retrouvé sur aucun animal sauvage, qui aurait dû servir d’intermédiaire entre l’homme et la chauve-souris.
Alliance EcoHealth dément maladroitement
Alliance EcoHealth, l’organisation pour laquelle le Dr. Huff a travaillé et dont il a été le vice-président (6), a démenti les allégations du scientifique dans un communiqué. Dans le même texte, ils nient également toute possibilité que le virus se soit échappé par accident du laboratoire, ce qui rend discutable leur tentative de dénigrer les propos du Dr. Huff (7).
La même organisation a même volé au secours d’Anthony Fauci, qui avait nié devant le Congrès que le NIH finançait de la recherche de gain-de-fonction à Wuhan. Son porte-parole affirmait que l’argent était juste destiné à collecter des échantillons de chauves-souris dans la nature, et aucunement pour développer des gains de fonction.
On voit avec ce livre, dont l’auteur était vice-président de cette Alliance, que la ligne de défense de Fauci est remise en cause.
En conclusion, transparence et principe de précaution
Si l’épidémie a bel et bien débuté sur le marché de Wuhan, c’est peut-être par un porteur humain, travaillant pour l’institut de recherche. Il serait souhaitable d’être fixé assez vite, afin que les autorités puissent prendre des mesures pour renforcer la sécurité des laboratoires ou imposer des moratoires sur des types de recherche potentiellement dangereuses pour l’espèce humaine.
Références:
(1) Notamment: – Virus échappé de Wuhan: très probable, admet le chef de l’OMS. Les Etats-Unis impliqués aussi
– Sars-Cov-2: accident de labo probable
(2) Edité par Simon and Schuster, www.simonandschuster.com/books/The-Truth-about-Wuhan/Andrew-G-Huff/9781510773882
(3) https://www.the-scientist.com/the-nutshell/moratorium-on-gain-of-function-research-36564
(4) Le chef de l’OMS “croit que le Covid a fui du laboratoire de Wuhan” après un “accident catastrophique” en 2019, bien qu’il ait publiquement affirmé que “toutes les hypothèses restent sur la table”. DailyMail, 18.06.2022, www.dailymail.co.uk/news/article-10930501/WHO-chief-believes-Covid-DID-leak-Wuhan-lab-catastrophic-accident-2019.html
(5) “La question de l’origine du SRAS-CoV-2 se pose sérieusement”, Journal du CNRS, 28.10.2020, lejournal.cnrs.fr/articles/la-question-de-lorigine-du-sars-cov-2-se-pose-serieusement
(6) “L’ancien vice-président d’EcoHealth Alliance écrit un livre sur la façon dont COVID a été victime d’une fuite de laboratoire : “Tout cela aurait pu être évité”.”, FoxNews, 06.12.2022, www.foxnews.com/media/ex-ecohealth-alliance-vp-pens-book-outlining-how-covid-came-from-lab-leak
(7)”Déclaration de l’Alliance EcoHealth concernant le livre d’Andrew Huff”, démenti en anglais, www.ecohealthalliance.org/2022/12/ecohealth-alliance-statement-regarding-book-by-andrew-huff