L’Assemblée nationale adopte l’euthanasie active en France

La promesse faite par Emmanuel Macron au Grand Orient de France l'année dernière franchit une étape importante

Dans un article intitulé «La mise à mort médicale arrive en France», Essentiel News faisait état l’année dernière du discours d’Emmanuel Macron au Grand Orient de France, donné à l’occasion du 250ème anniversaire de la plus ancienne obédience maçonnique du pays.

Dans son allocution, le président français promettait un projet de loi pour permettre une «aide active à mourir», un thème «auquel la franc-maçonnerie porte une attention particulière.»

Le 10 avril 2024, il tenait parole: le projet de loi 2462 était soumis à l’Assemblée nationale, entendant légaliser l’euthanasie active. Et deux jours plus tard, le Figaro de titrer: «Euthanasie: la dernière croisade des francs-maçons.»

Par la suite, le 17 mai 2024, les députés réunis en commission adoptaient un texte allant encore plus loin que la version originale; il n’est plus nécessaire que le candidat à la mort soit atteint «d’une affection grave et incurable», au pronostic vital engagé «à court ou moyen terme»; la nouvelle mouture autorise l’euthanasie pour une personne simplement «atteinte d’une affection grave et incurable en phase avancée ou terminale.»

Autre ajout majeur au texte: l’instauration d’un «délit d’entrave au suicide assisté», via un amendement qui prévoyait une peine d’un an d’emprisonnement et de 15’000 euros d’amende pour quiconque se rendrait coupable «d’empêcher ou de tenter d’empêcher de pratiquer ou de s’informer sur l’aide à mourir par tout moyen.»

Par suite de son adoption en commission, l’hémicycle devait encore débattre de ce projet de loi.

Texte plus dur adopté

Le premier débat a eu lieu, et c’est chose faite: le 27 mai 2025, une version encore plus dure que celle proposée par la commission – notamment parce qu’elle double les peines encourues pour le «délit d’entrave au suicide assisté» – a été adoptée par l’Assemblée nationale, à 305 voix contre 199.

Le texte pourrait connaître encore des modifications, alors qu’il poursuit son parcours législatif au Sénat.

Un communiqué du Syndicat de la Famille, voix critique contre la loi, la décrit en ces termes:

Le texte commence par un changement symbolique: il inscrit la «fin de vie» au sein du chapitre du Code de la santé publique consacré aux droits du patient (article 1er). Ce simple ajout sémantique produit une mutation profonde: l’acte de donner la mort devient un droit médical, au même titre que le droit au soin ou à l’information. En banalisant ainsi un geste létal, la loi opère un basculement éthique majeur. […]

La procédure repose sur l’évaluation par un médecin, puis sur une décision prise à l’issue d’un processus collégial (article 6). Mais plusieurs garde-fous ont été écartés. Un médecin peut estimer inutile d’examiner la personne. Ce n’est donc pas une réelle collégialité, car les avis ne sont pas contraignants. Un délai de deux jours suffit entre l’accord et la confirmation de la demande. Une personne sous curatelle ou tutelle n’est pas exclue par principe du dispositif. La loi prévoit un droit de recours pour les personnes chargées de leur protection, mais dans un délai extrêmement restreint (article 12). Une personne sous curatelle ou tutelle ne peut pas signer un chèque, mais peut demander la mort.

S’ajoute une série de dispositions qui banalisent l’acte. Le jour J, la personne peut choisir son domicile ou tout autre lieu (hors espace public) pour recevoir la substance létale (article 7). Elle peut être entourée de ses proches, et le professionnel de santé présent n’est pas tenu de rester en permanence à ses côtés. Les produits létaux, préparés dans les pharmacies hospitalières, pourront transiter par les officines de ville (article 8). Autant de mesures qui diluent la singularité de ce geste extrême, en l’insérant dans le cadre banal des actes médicaux.

La clause de conscience est très limitée. Elle ne concerne que les professionnels directement impliqués dans l’acte, et ne protège ni les établissements de santé, ni les acteurs logistiques ou indirects. Ce que nous demandions — une clause élargie à tous ceux qui pourraient être associés à une procédure de mort, comme les pharmaciens — a été refusé. Pire encore, l’article 17 du texte crée un «délit d’entrave à l’aide à mourir», qui fait peser la menace pénale sur toute parole d’accompagnement, de consolation, de soutien psychologique ou spirituel. […]

Enfin, l’ensemble de la procédure sera intégralement pris en charge par la Sécurité sociale (article 18). Ce financement public, alors que nombre de soins palliatifs ne sont pas accessibles partout sur le territoire, traduit un choix de société. L’État consent à couvrir les frais d’un acte létal, mais pas toujours ceux du soulagement ou de l’accompagnement. Une telle logique interroge: la mort deviendrait-elle une réponse plus économique à la souffrance que le soin ou la présence? Il sera plus facile d’avoir accès à l’euthanasie qu’à un rendez-vous médical, un médecin traitant, un spécialiste, un centre de soins antidouleur.

De son côté, l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), qui «s’enorgueillit avec raison» d’être à l’origine du débat sur l’euthanasie et le suicide assisté en France, se félicite de la nouvelle:

Avec ce vote historique, la France a l’opportunité de rejoindre les démocraties soucieuses des libertés individuelles, comme les Pays-Bas, la Belgique, l’Espagne ou encore le Canada ou l’Australie. L’heure est à la joie pour celles et ceux d’entre nous qui perçoivent l’espoir d’une fin de vie maîtrisée, épargnée des souffrances inapaisables et des agonies inutiles. – Jonathan Denis, président de l’ADMD, 28/05/2025

On comprend de surcroît que l’ADMD ne compte pas en rester là. Son président en 2022 écrivait:

Comme la loi légalisant l’interruption volontaire de grossesse, telle que votée en 1975, était très incomplète, nous devons craindre que la loi qui sera proposée au vote des parlementaires, en 2023 nous dit-on, ne réponde pas à l’ensemble de nos revendications […]. Nous devrons accepter des concessions qui ne seront que temporaires, transitoires. Car dès lors que le principe même de l’aide active aura été voté, le front des anti-choix aura été brisé et nous pourrons enfin avancer rapidement et faire évoluer la loi vers ce que nous souhaitons tous: une loi du libre choix qui ne comporte aucune obligation pour quiconque. – Lettre de l’ADMD, 27 septembre 2022.

Ce même sentiment est exprimé par Jean-Louis Touraine, député franc-maçon et auteur de la loi pour légaliser l’euthanasie en 2017, régulièrement invité par l’ADMD, lors d’une réunion avec l’association pro-euthanasie Le Choix le 30 novembre 2024.

Aller plus loin

Dans le premier article sur ce sujet l’année dernière, nous rappelions que la tendance à faciliter l’euthanasie active était mondiale, et citions l’exemple de nombreux pays la pratiquant déjà.

Ensuite, dans deux articles subséquents, nous expliquions l’idéologie de dépeuplement qui la sous-tend, chère à Thomas Malthus, partagée et promue par les David Rockefeller, Maurice Strong, Ted Turner, et autres Bill Gates du monde.

Pour aller encore plus loin, nous proposons ci-dessous quelques contenus supplémentaires.

 

  • Deux contenus vidéos supplémentaires, dont le documentaire de Pierre Barnérias: