Article d’Icaros d’Essentiel News
Dans la fable de La Fontaine Le loup et le chien, l’animal domestique est abasourdi de constater que son cousin des forêts ne se laisse convaincre ni par les maintes caresses qui lui sont promises, ni par les os de poulets, ni par les os de pigeons. Car en effet, pour lui, le prix à payer est tout à fait dérisoire: un cou légèrement pelé, par un collier qui l’empêche de courir où il veut.
La domestication relève en effet d’un comportement appris qui semble, lorsqu’il est acquis, éminemment naturel. Il consiste à échanger sa liberté contre un surcroît apparent de sécurité; mais surtout, il s’agit de déléguer sa responsabilité individuelle, son discernement et sa conscience, en échange d’un certain confort. Peu importe que ce confort soit éphémère, et que l’animal domestiqué finisse à l’abattoir; sa vie, entre temps, il l’aura passée sans se soucier de savoir ce qu’il mangera demain.
Un tel contrat social, la plupart des animaux domestiqués le subissent sans le connaître vraiment. Et encore, quiconque aura essayé d’ouvrir l’enclos d’un troupeau de ruminants aura constaté que les animaux ne s’enfuient pas. Ils craignent le grand méchant loup, ils n’imaginent pas disposer de leur propre existence, et resteront sagement dans leur périmètre attribué, même s’ils ont vu leurs congénères être maltraités, et même si leurs propres petits leur ont été enlevés.
Les humains n’ont pas la même circonstance atténuante. Ils sont dotés d’une raison qui devrait leur permettre, au moins en théorie, de comprendre qu’un tel contrat social imposé par la force est dangereux. En effet, si leur préoccupation première est la survie, ils sont en mesure de savoir que le premier meurtrier, sur tous les continents et à toutes les époques, est l’État.
Le démocide est en effet la première cause de mortalité non naturelle à travers l’histoire et la géographie, et de loin. Il représente, rien qu’au 20ème siècle, plus de 260 millions de morts, sans compter les soldats morts sur le champ de bataille.
Et pourtant, l’humain lui aussi est susceptible d’être domestiqué. Le syndrome n’est ni original, ni nouveau. La pseudo-pandémie de 2020-2022 l’aura démontré au-delà de tout soupçon.
Peu importe qu’on sache que l’injection ne prévienne ni l’infection ni la transmission, et peut provoquer des effets secondaires graves; peu importe aussi qu’on ait la preuve que les «autorités» le savaient pertinemment, alors qu’elles la recommandaient pour les enfants; peu importe finalement que les erreurs médicales représentent, aux États-Unis du moins, la troisième cause de mortalité (250’000 morts par an). L’inconfort que représente la responsabilité individuelle de réfléchir par soi-même est simplement insupportable.
Ainsi, les gens s’identifient «à gauche» s’ils veulent un État maman, et «à droite» s’ils veulent un État papa. Les esprits libres de leur côté estiment pouvoir se gouverner eux-mêmes, refusent les injections intempestives, et ne portent pas la muselière. En d’autres termes, ils subissent l’inconfort que représente la non-participation, non seulement parce que c’est rationnel, mais aussi et surtout parce que le contraire est immoral.
Au sujet de l’impôt
La redistribution de richesse est vertueuse, dès lors qu’elle est volontaire. Dans une société libre, la plupart des gens choisiront de céder une partie du fruit de leur travail pour s’assurer que ceux qui ne peuvent pas travailler ou se soigner puissent vivre décemment.
La coercition modifie toutefois la nature d’une telle redistribution. Forcer les gens à travailler pour servir les intérêts d’autrui, cela porte un nom: l’esclavage. L’esclave reste un esclave même à temps partiel, et même si le maître esclavagiste est convaincu de sa propre vertu.
Ceux qui formulent un tel principe élémentaire s’entendent pourtant toujours dire: «sans prélèvement d’impôts par la force, on n’aurait pas de routes!» Cet argument est du même ordre que celui qui consistait à dire: «si on abolit l’esclavage, comment ramassera-t-on le coton?»
La réponse n’est pas d’expliquer comment on serait capables de ramasser le coton ou de construire des routes dans une société libre, mais plutôt: «je renonce aux routes». Abolissons l’esclavage d’abord, on réfléchira à la question du coton ensuite; et si on doit y renoncer, qu’il en soit ainsi.
Pour expliciter cette idée, rappelons ce que signifie le mot démocratie. Contrairement aux idées reçues, il ne s’agit pas de se soumettre au diktat de la majorité, au règne de la foule.
Le mot démocratie, au sens strict, signifie le peuple (demos) au pouvoir (kratia). En d’autres termes, le peuple est au-dessus de l’État, c’est-à-dire que l’État travaille pour le peuple – il lui est soumis.
Mais si le peuple détient le pouvoir, une question pratique se pose: d’où vient l’autorité du gouvernement pour, par exemple, réglementer ce que les individus doivent s’injecter dans le système circulatoire, ou pour confisquer le fruit de leur travail?
Personne n’a individuellement le droit de menacer autrui de violence pour ces choses-là. D’où vient donc ce droit que l’État s’octroie? Qui a pu lui accorder cette prérogative, si personne ne la détient au départ? Le vote a-t-il une importance, si aucun électeur n’a le droit de faire ce pour quoi il vote?
Approfondissons cette notion et utilisons une analogie simple pour expliquer facilement ce qu’implique la réelle démocratie. Imaginons cinq voisins qui décident de se cotiser pour embaucher un gardien. Ce dernier surveille les maisons de tous ses employeurs pendant qu’ils s’occupent de leurs affaires.
Il peut attraper, arrêter ou poursuivre un intrus ou un cambrioleur, car chacun de ses employeurs lui a délégué son droit individuel et naturel de le faire. Le gardien ne peut cependant pas entrer dans la maison de l’un de ses employeurs pour réarranger les meubles, ou piller son réfrigérateur, même si les quatre autres lui ont demandé de le faire. En effet, ils n’ont pas ce droit eux-mêmes, et n’auraient donc pas pu le déléguer au gardien.
On donne une petite étoile au gardien, on lui achète un costume et on l’appelle le «shérif», cela ne change pas le fait qu’il travaille pour ses employeurs. Le seul pouvoir dont il dispose, est celui qu’on lui a – et qu’on peut – lui déléguer.
Les rois du Moyen Âge avaient au moins une idéologie politique cohérente: l’autorité de gouverner les autres leur est accordée par Dieu. Les sujets féodaux ne sont pas propriétaires de leur corps, de leur vie et de leur travail: c’est le souverain qui l’est. Mais ce principe est censé être dépassé, et nous sommes censés vivre dans une démocratie; l’État tire son pouvoir du peuple. Il ne peut donc avoir aucun pouvoir que le peuple n’a pas au départ.
Ainsi, si personne n’a le pouvoir de nous obliger à porter un masque, et si personne ne peut confisquer le fruit de notre travail, alors le représentant d’un État démocratique, bien qu’affublé d’un costume, ne peut disposer de ce pouvoir non plus.
Quel recours aux esprits libres?
Est-ce que la minorité d’êtres humains qui n’ont délégué ni leur discernement ni leur conscience doivent forcer leurs congénères à vivre libres, et donc responsables d’eux-mêmes?
L’expérience démontre que c’est contre-productif. En plus, c’est immoral; on ne peut imposer la raison et la liberté à personne. Changer le monde, c’est changer les autres; le monde changera quand suffisamment de gens se seront eux-mêmes changés.
Constater cela, ce n’est pas faire l’éloge de l’apathie, bien au contraire: c’est affirmer que notre première et principale responsabilité existe vis-à-vis de nous-mêmes. Nous avons l’obligation morale de ne pas être complices; nous ne pouvons pas mettre notre attention, notre intelligence, notre créativité, et notre travail au service d’un système qui asservit et qui tue.
Le but d’agir de la sorte n’est pas utilitaire: il ne s’agit ni d’aller au paradis, ni de gagner des points de karma, ni d’être célébré pour notre courage, ni même de maximiser nos propres chances de survie. Si ces bénéfices surviennent, c’est tout à fait secondaire. Ils ne constituent pas un objectif.
Concrètement, qu’est-ce que cela veut dire, refuser de participer? Sans tomber dans le maximalisme, voici quelques idées.
- Vivre le plus possible hors réseau et ne pas consommer les produits des multinationales qui permettent au système esclavagiste d’exister. Penser et agir plutôt au niveau local. Si cela implique de réduire son train de vie, qu’il en soit ainsi.
- Prendre conscience que la plupart des impôts servent à payer les intérêts d’une dette odieuse; devenir, dans toute la mesure du possible, un objecteur de conscience fiscal, et cesser de financer les chaînes qui nous lient.
- Boycotter le système financier autant qu’il est humainement possible de le faire. Ce système monétaire fiduciaire à réserve fractionnaire relève de l’usure et de la fraude, et il est l’épine dorsale de l’inégalité, de la pollution, de la pauvreté et de la guerre.
- Renoncer à la peur, qui alimente le parasite. On y parvient en comprenant la véritable nature de la conscience. Sans prêcher, on peut tout de même dire ceci: le réductionnisme matérialiste est falsifié par l’expérience. En tout état de cause, il relève de la superstition; il est né avec le marxisme, il est donc assez récent, et la grande majorité des grands scientifiques de l’histoire n’y adhère pas.
- Rejeter la dialectique bidon droite/gauche. La politique est un cirque, et un cirque méprisable. Au sommet du pouvoir convergent le secteur privé, le secteur public et le crime organisé. Que ce soit la botte gauche ou la botte droite qui nous piétine la nuque ne fait aucune différence. La seule véritable dichotomie politique est celle qui oppose la tyrannie à la liberté.
- Ignorer ou se soustraire aux édits, décrets, injonctions, règles, diktats, préceptes, proclamations et autres élucubrations de ceux qui prétendent nous gouverner; ils appartiennent à la classe des orateurs, et ils sont parasitiques, car ils n’ont rien d’autre que le language. Il n’y a qu’une seule loi valable, c’est la loi naturelle, dont une excellente approximation est la règle d’or.
- Instruire, éduquer et élever ses enfants correctement; ne déléguer cette responsabilité naturelle est sacrée ni au pouvoir, ni à la télévision, ni au smartphone. Ils comprennent intuitivement qu’ils disposent d’un droit naturel et inaliénable à la vie, et qu’ils sont des souverains de droit divin; on peut les aider à comprendre et articuler cette idée, et à leur donner les outils intellectuels et affectifs qui leur permettront, une fois adultes, de ne rendre de compte à personne hormis à eux-mêmes et leur propre conscience.
La décision d’Essentiel News
La décision d’obtenir, pour les donateurs d’Essentiel News, la possibilité de déduire leurs contributions de leurs impôts en Suisse se justifie donc en tous points.
Certes, c’est moins immoral de payer des impôts en Suisse que dans un pays de l’OTAN; le pouvoir y est beaucoup plus décentralisé, les institutions sont moins pléthoriques, et le parasite qui prétend gouverner se gave un peu moins du fruit du travail des gens qu’ailleurs.
Tout de même, le parasite existe. La pseudo-pandémie l’a démontré, mais ce n’est que le dernier exemple en date. L’État central est coupable du même genre de pratiques totalitaires que dans les pays en voie de sous-développement environnants.
Par conséquent, nous sommes ravis d’annoncer que nous offrons une manière de se soustraire à l’impôt «légalement», c’est-à-dire sans risque de violence. Toute donation à Essentiel News peut désormais être déduite du revenu imposable; les donateurs recevront un certificat en ce sens à la fin de l’année fiscale en cours.
Ainsi les lecteurs suisses peuvent cette année soutenir un média libre et indépendant, au lieu d’alimenter sous la contrainte une oligarchie parasitique et improductive.
Vous avez résumé en quelques lignes ce que Bastiat, de la Boétie, Jefferson, Schiller, Constant, de Tocqueville, et bien d’autres intellectuels libéraux classiques des Lumières ont écrit. Merci pour cela! Et quel dommage que ces notions élémentaires se soient perdues sous un déluge d’obscurantisme étatiste.
Bonsoir Simon ✨ Cela me console un peu de voir qu’il existe encore des personnes cultivées…comme toi !🤗 J’aimerais ajouter les transcendantalistes [Thoreau, Emerson…] à la grande famille des humains éclairés…et tous ceux qui œuvrent et résistent en silence, qui créent de la beauté et partagent les bras ouverts…L’important est de savoir s’oublier (un peu ?) soi-même pour éclairer notre chemin commun. Patricia
Merci merci merci pour cet article éloquent qui clarifie la notion de droit naturel, question qui évidemment me tient à coeur. Tout est clair, les rappels de définition sont essentiels. Un vrai guide de survie votre article ! Merci encore, mille fois.