Le milliardaire cesse de financer ses activités de lobby pour l’environnement et le climat, mais garde la partie “business”.

Depuis des années, les personnes les plus riches du monde sont à la pointe de la lutte contre le “changement climatique”. Avec leurs vastes ressources, des milliardaires comme Bill Gates, Jeff Bezos et Elon Musk ont financé des initiatives en matière d’énergie verte, soutenu des technologies de capture du carbone et défendu des politiques liées au “changement climatique”.

Leurs efforts les ont positionnés comme des acteurs incontournables du mouvement environnemental mondial. De nouveaux rapports révèlent un recul spectaculaire de financements et actions de lobbying en la matière.

La récente réduction des effectifs de Breakthrough Energy, l’organisation à but non lucratif de Bill Gates consacrée au climat, marque un tournant dans cette histoire. Breakthrough Energy, qui était autrefois une force motrice en matière de politique climatique, a fermé ses bureaux chargés d’influencer les politiques environnementales, licenciant des dizaines d’employés aux États-Unis et en Europe.

Cette décision est le signe d’une tendance plus générale parmi les grandes fortunes: un retrait de l’activisme climatique à mesure que les vents économiques et politiques tournent.

En effet, Lee Zeldin, le nouveau directeur en charge de l’EPA, l’Agence de protection environnementale des États-Unis, vient d’annoncer la suppression de 20 milliards de dollars de subventions approuvées par le Congrès en faveur du changement climatique et des énergies propres, «à la suite d’un examen approfondi et conformément aux multiples enquêtes fédérales indépendantes en cours sur la fraude, le gaspillage, les abus et les conflits d’intérêts dans le cadre des programmes».

L’essor et le déclin de la défense du climat par les milliardaires

Au début des années 2020, de nombreux milliardaires semblaient prêts à mener la charge contre le changement climatique. Breakthrough Energy, fondée par Bill Gates en 2015, était à la pointe de cet effort avec l’objectif de stimuler la recherche technologique et les programmes visant à atteindre l’objectif “zéro carbone”.

Aux États-Unis, l’organisation à but non lucratif a joué un rôle essentiel dans le vote de plusieurs lois sur le climat, notamment la loi sur la réduction de l’inflation, la loi CHIPS et la loi bipartisane sur l’infrastructure. Ces politiques avaient été saluées par les autorités de l’époque comme des étapes essentielles vers la réduction des émissions de carbone et la transition vers les énergies renouvelables.

En Europe, l’ONG avait conclu un partenariat intitulé ‘Mission Innovation’ avec la Commission européenne qui s’était engagée à lever 820 millions d’euros avec la Banque européenne d’investissements pour faire avancer le développement de différentes technologies proposées dans le cadre du pacte vert de l’Europe.

A cette occasion, Bill Gates avait déclaré à la presse que:

La décarbonation de l’économie mondiale est la plus formidable possibilité d’innovation que le monde ait connu. L’Europe jouera un rôle déterminant, car elle a fait preuve depuis longtemps d’un engagement sans faille en faveur du climat et d’excellence dans les domaines des sciences, de l’ingénierie et des technologies. Grâce à ce partenariat, l’Europe établira des fondations solides pour un avenir à zéro émission nette, dans lequel les technologies propres seront fiables, disponibles et abordables pour tous.

Cependant, la fermeture récente du siège politique de Breakthrough Energy est un rappel à une dure réalité: les initiatives climatiques soutenues par les milliardaires sont souvent éphémères et n’obéissent pas qu’à des motifs philanthropiques. Pourtant, le retrait de son ONG laisse un vide important dans le financement de la politique climatique.

Plus de subventions, plus de motivation…

Le vrai visage des milliardaires: le philanthrocapitalisme

Le retrait du soutien des milliardaires aux initiatives climatiques n’est pas un incident isolé. Il reflète un comportement plus général de la part des grandes fortunes: la priorité est donnée au profit plutôt qu’aux “bonnes causes” évoquées.

Bill Gates, par exemple, est depuis longtemps critiqué pour avoir mis sa philanthropie au service de ses intérêts financiers. Son implication dans le Fonds mondial et l’OMS a entraîné une augmentation des coûts des médicaments de base lorsque des acteurs à but lucratif sont entrés dans le secteur de la santé mondiale.

Quant à ses investissements à but lucratif dans les énergies vertes, comme ceux d’Arnergy et de Mission Zero Technologies, ils continuent à prospérer. Cette dualité rappelle une vérité fondamentale: les milliardaires restent, avant tout, motivés par leurs résultats financiers.

Il y a quelques semaines, Gates s’est ouvert au Wall Street Journal après un dîner de trois heures avec Donald Trump en affirmant avoir été “franchement impressionné” par la compréhension qu’avait le président des questions qui lui sont chères – un commentaire qui révèle sa volonté de s’aligner sur le pouvoir en place, même lorsque celui-ci est hostile à ses objectifs affichés.

Rien de bien surprenant, mais plutôt une énième confirmation du fait que “les bonnes oeuvres” sont avant tout une question de business. Un autre exemple flagrant est fourni par Elon Musk qui n’hésite pas non plus à changer son fusil d’épaule, malgré un engagement précédent ‘sans bornes’ à l’agenda climatique, au zéro carbone et au “tout électrique”.

Qu’on se le rappelle, entre les paroles et les actes, le gouffre est aussi grand chez les investisseurs que chez les politiques, inutile donc de “soutenir” ces ONG mastodontes, mieux vaut financer de petites initiatives.

Concernant Gates en particulier, l’enquête avait été fort bien menée par Lionel Astruc dans l’ouvrage “L’art de la fausse générosité, la fondation Bill et Melinda Gates“: les flux financiers qui alimentent des actions prétendument “caritatives”,  montrent que l’entité gestionnaire des actifs de la Fondation Bill et Melinda Gates (autrement dit “le fonds d’investissement”) finance en priorité les OGM, l’armement, les énergies fossiles, la grande distribution et les laboratoires pharmaceutiques.

En orientant, par leurs “programmes d’aide”, les politiques publiques à l’échelle mondiale en matière de développement, de santé, d’agriculture et d’environnement, Bill Gates et ses collègues philanthropes ne font donc rien d’autre que de créer des nouveaux marchés qui leur profiteront, en puisant dans le portefeuille des honnêtes gens qu’ils hypnotisent avec des discours “visionnaires”.

Source : Daily Galaxy