Article d’Icaros d’Essentiel News
CNN l’avait annoncé le 20 mai 2025, et le Washington Post l’a répété 48 heures à l’avance: une attaque israélienne contre l’Iran était imminente. Hier, vendredi 13 juin, cette guerre est devenue réalité.
La date avait en fait été annoncée plus tôt, et par Donald Trump lui-même, dans une lettre adressée à Ali Khamenei, «guide suprême» iranien: le 11 avril 2025, les médias de masse faisaient état d’un ultimatum de 60 jours formulé par le président américain, sommant à l’Iran de se soumettre aux desiderata israéliens. Peu après l’expiration de ce délai, les bombardements ont effectivement commencé; la raison invoquée étant la sempiternelle «menace nucléaire», répétée presque chaque année depuis 1992.
Dès le début de cette nouvelle guerre, le président américain a publié un message rappelant son ultimatum, enlevant ainsi tout doute sur le fait que cette attaque israélienne ait, contrairement aux démentis officiels, bel et bien été coordonnée avec les États-Unis (ce qu’Axios, citant des sources israéliennes, a par ailleurs aussi confirmé).
Et en effet, l’Iran avait bien exprimé cette même compréhension à l’avance: le 22 mai 2025, l’agence Reuters rapportait les propos du ministre iranien des affaires étrangères selon lesquels Washington serait considérée comme ayant participé à une telle attaque.
A l’heure de cette publication, la contre-attaque iranienne vient de commencer. Peu avant, le drapeau rouge de la vengeance avait été hissé, et l’Iran avait promis des représailles importantes.
Donald Trump de son côté, après avoir qualifié d’«excellente» l’attaque israélienne, a indiqué sans surprise que les États-Unis «défendraient Israël» en cas de réponse iranienne, et que l’agression de son indéfectible allié ne fait d’ailleurs que commencer.
- L’Iran est le dernier des sept pays que les néoconservateurs américains ont promis de détruire après le 11 septembre 2001. Les six autres (Irak, Syrie, Liban, Libye, Somalie et Soudan) l’ont déjà été.
- Ces guerres sont au minimum menées dans le contexte des stratégies israéliennes Clean Break et Yinon Plan, qui sous-tendent la «politique étrangère» américaine au Moyen-Orient depuis le 11 septembre 2001.
- Il existe une dimension eschatologique essentielle dans ce conflit contre l’Iran; on a eu l’occasion de traiter de cette question, notamment en décrivant les superstitions obscurantistes qui caractérisent la religion des puissants.
- Au plus haut niveau, un tel conflit sera vraisemblablement scénarisé, comme l’a été la guerre froide et l’actuelle «stratégie de tension» entre Orient et Occident.
C’est ce dernier point qu’il paraît essentiel de développer avant toute autre analyse.
Révolution iranienne
Le caractère essentiellement scénarisé des conflits modernes a été plus largement décrit dans un article consacré au Kayfabe politique, qui présente une hypothèse hautement hétérodoxe, bien que largement démontrée: la Russie de Vladimir Poutine, comme la Chine de Mao (et donc le régime successeur chinois actuel), sont à la solde des mêmes planificateurs centraux qui tirent les ficelles en Occident, et qui ont tiré les ficelles de part et d’autre de la guerre froide.
Ainsi, la conflagration promise entre Orient et Occident relève d’une stratégie de tension cousue de toutes pièces, selon le modèle Orwellien résumé par la formule celèbre: «Oceania a toujours été en guerre contre Eastasia».
La question qui se pose aujourd’hui est donc la suivante: en va-t-il de même pour l’Iran? En d’autres termes, serait-il possible que le régime des mollahs soit en coulisses dirigé par les mêmes «maîtres du monde»?
Pour répondre à cette question, il convient d’apporter un nouveau regard à la révolution islamique de 1979. Si on découvrait un faisceau d’indices tendant à démontrer que les services occidentaux y ont joué un rôle, et ont donc eux-mêmes renversé le Shah (dont le fait qu’il était lui-même un pantin relève du secret de polinichelle), on démontrerait que le régime iranien actuel n’est qu’un épouvantail, et que cette nouvelle guerre est elle aussi scénarisée.
Or il se trouve que plusieurs chercheurs tout à fait sérieux ont examiné cette hypothèse, et sur la base d’une analyse minutieuse de documents historiques, sont bien arrivés à cette conclusion. En particulier, sur la base de documents déclassifés en 2016, le journaliste de la BBC Kambiz Fattahi a révélé ce qui suit:
Le 27 janvier 1979, l’ayatollah Ruhollah Khomeini – fondateur de la République islamique d’Iran, l’homme qui a qualifié les États-Unis de «Grand Satan» – a envoyé un message secret à Washington.
Depuis sa résidence d’exil en région parisienne, le leader provocateur de la révolution iranienne a proposé un marché à l’administration Carter: les chefs militaires iraniens vous écoutent, a-t-il dit, mais le peuple iranien suit mes ordres.
Si le président Jimmy Carter pouvait user de son influence sur l’armée pour ouvrir la voie à sa prise de pouvoir, a suggéré Khomeini, il calmerait la nation. La stabilité pourrait être rétablie, les intérêts et les citoyens américains en Iran seraient protégés. […]
Le message de Khomeini fait partie d’un ensemble de documents du gouvernement américain récemment déclassifiés – câbles diplomatiques, mémos politiques, comptes rendus de réunions – qui racontent l’histoire largement inconnue de l’engagement secret de l’Amérique avec Khomeini, un religieux énigmatique qui allait bientôt inspirer le fondamentalisme islamique et l’anti-américanisme dans le monde entier. […]
Le message de l’ayatollah était en fait l’aboutissement de deux semaines de discussions directes entre son chef de cabinet de facto et un représentant du gouvernement américain en France – un processus discret qui a contribué à ouvrir la voie au retour en toute sécurité de Khomeini en Iran et à son ascension rapide au pouvoir – et à des décennies de tensions entre l’Iran et l’Amérique.
Dans le récit officiel iranien de la révolution, Khomeini a bravement défié les États-Unis et vaincu «le Grand Satan» dans ses efforts désespérés pour maintenir le Shah au pouvoir.
Ces documents confirment ce qu’avait déjà admis l’ancien chef du renseignement français, Alexandre de Marenches, en 1986:
Il faut savoir que l’administration Carter dans son désir imbécile de changer le système politique de l’Iran, avait fait pression sur le Shah qui, affaibli, ordonna à ses forces armées de ne pas réagir. Mieux, l’ineffable Carter dépêcha en Iran le général Hauser qui, au cours d’une tournée des popotes, prévint les forces armées iraniennes, les meilleures et les mieux équipées de la région, entièrement fournies en matériel américain, qu’elles n’auraient plus une pièce détachée au cas où elles voudraient réagir. Ainsi on mit au pouvoir Khomeiny et se déclencha la révolution chiite. — De Marenches, A., & Ockrent, C. (1986). Dans le secret des princes.
Ce contexte explique donc pourquoi l’ayatollah Kohmeini était, avant son retour triomphal en Iran pour y prendre le pouvoir, confortablement installé à Neauphle-le-Château, dans la banlieue parisienne; et pourquoi il y profitait d’un accès illimité à tous les moyens de communication souhaités; et enfin pourquoi son retour en Iran s’est déroulé sans l’ombre d’un obstacle sur le vol Air France 4721 Paris-Téhéran, le 1er février 1979.
Sans grande surprise toutefois, tant le dossier de la BBC que le livre de M. Marenches, après avoir reconnu que Khomeini a bien été mis au pouvoir par les services occidentaux, insinuent que l’ayatollah les aurait par suite «trahis», prenant pour preuve la prise d’otage de l’ambassade américaine à Téhéran en 1979.
On retrouve donc là le même genre de narration que celle qui caractérise Ben Laden, dont on peut difficilement nier qu’il a été créé, financé et armé par la CIA dans les années 1980 en Afghanistan; mais puisqu’il s’agit de lui faire porter le chapeau d’un contentieux subséquent, on prétend sans l’ombre d’une preuve qu’il aurait retourné sa veste.
D’ailleurs cette théorie du «retournement de veste» s’effondre dès lors qu’on examine l’affaire Iran-Contra; si les Iraniens avaient vraiment changé de bord, comment expliquer que l’administration Reagan (en collusion avec les services israéliens) ait continué dans les années 80 à les alimenter secrètement en armes sophistiquées?
On comprend aussi beaucoup mieux comment, tel que révélé par les journalistes israéliens Meir Doron et Joseph Gelman en 2014, les centrifugeuses iraniennes d’enrichissement d’uranium sont fondées sur les mêmes plans que les centrifugeuses israéliennes, et leur sont donc pratiquement identiques; les schémas, volés par les services israéliens à la société Urenco, ont par suite été transmis à Abdul Qadeer Khan, responsable de la prolifération au Pakistan, en Corée du Nord et en Iran.
Script eschatologique
Au vu de ce qui précède, on comprend d’emblée que la «menace nucléaire» ne représente qu’un prétexte de niveau zéro, c’est-à-dire destiné au public le plus naïf. En réalité se cache une motivation autrement plus occultée.
A ce sujet, Essentiel News a déjà eu l’occasion de traiter des superstitions obscurantistes de fin des temps qui caractérisent la «politique étrangère» israélo-américaine. En guise de rappel:
- 11 septembre 2001: bien plus que des attentats sous faux drapeau?
- Trump n’est pas le sauveur que certains dissidents croient
- Les aspects occultes de l’investiture de Trump
- Icaros: Décrypter la religion secrète des puissants
- La Team Trump: Israël first
- Trump et le 3ème Temple: les prophéties messianiques de la fin des temps
- La stratégie qui dit rarement son nom: l’accélérationnisme
- Les signes annonciateurs d’une nouvelle grande guerre
- Entretien entre Isabelle Bourgeois et Icaros: les cinq niveaux de vérité
Ce sujet fera de sucroît l’object d’articles et d’entretiens ultérieurs, maintenant que ce conflit au Moyen-Orient, largement anticipé dans ces colonnes, a débuté.
Dans l’attente, on peut souligner une chose: ce ne sont pas que les rabbins Loubavitcher et les chrétiens messianiques qui exhibent ces croyances d’un autre âge; le fait que l’agence officielle de presse iranienne ait souligné que «le drapeau rouge de la vengeance a été hissé sur la mosquée Jamkaran à Qom» présente également une forte teneur du même ordre.
En effet, selon la tradition chiite, le Mahdi (messie) lui-même aurait ordonné la construction de cette mosquée via une directive divine reçue en rêve par Hassan bin Muthlih Jamkarani au 11ème siècle; cela en fait un lieu vénéré de pèlerinage et de dévotion. Lorsque le «drapeau rouge de la vengeance» y est hissé, la connotation dépasse donc de loin les domaines politiques et géostratégiques.
Ainsi, de part et d’autre, on a affaire à des fanatiques religieux qui, fondamentalement, s’appuient sur le même corpus de superstitions, et qui semblent convaincus que le conflit entre eux est providentiel dans la mesure où il doit accélérer l’immanentisation de l’eschaton.
Affaire à suivre
Il reste beaucoup à expliquer sur les tenants et aboutissants de ce conflit, qui ne fait que commencer; plutôt que de répéter ce que tout le monde sait déjà, au sujet de l’hypocrisie d’un pays qui dispose d’un programme nucléaire clandestin (alors que son adversaire allégué est signataire du traité de non-prolifération), on développera plutôt pourquoi cette guerre a débuté un vendredi 13, exactement 666 jours après la visite historique du ministre des affaires étrangères iranien en Arabie Saoudite, et 616 jours après les «attaques du Hamas» lors du Shemini Atzeret le 7 octobre 2023 (ces deux nombres ont une signification ésotérique importante).
Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est que le script eschatologique prévoit une conflagration entre chrétienté et Islam, qui doit à terme se généraliser en conflit entre Orient et Occident (que le fondateur et PDG de Palantir, grand allié de Trump, prévoyait déjà l’année dernière).
Pour faciliter un tel «clash de civilisation», les planificateurs orchestreront sans doute des émeutes ou des attentats sous faux drapeaux en Occident, réels ou imaginaires.
Il est essentiel d’inclure ces informations dans le débat pour faire obstacle aux biais identitaires qui caractérisent la propagande et prévenir la peur, la haine et la division que ces conflits aspirent à fomenter.