Dans cet entretien réalisé à l’occasion de la sortie prochaine d’une série d’enquêtes sur la pédocriminalité, le journaliste et réalisateur Pierre Barnérias revient sur le silence des institutions et des médias face à ce fléau et à son omniprésence.
“C’est notre petit secret” est un parcours de dix épisodes, réalisé avec la journaliste Laurence Beneux, coauteure du «Livre de la honte: les réseaux pédophiles», qui enquête sur le sujet depuis 20 ans.
Dans le prolongement du documentaire «Les Survivantes», ces différents chapitres de 52 minutes ont pour objectif de montrer la réalité des réseaux pédocriminels et leur protection par les institutions. Car, si à l’heure actuelle 80% des plaintes de viols sur mineurs sont toujours classées sans suite, c’est qu’il y a bien une forme de “crime institutionnel” qui bénéficie de la complicité des médias.
Médias coupables
Tout au long de l’entretien, Barnérias fustige ses confrères, tant les titres et chaines mainstream que des agences de presse comme Reuters ou l’AFP , insistant sur la responsabilité de ceux qui devraient constituer “le 4ème pouvoir”.
Au journaliste qui se plaint de ne pas avoir pu parler d’un sujet, je dis “Ben, change de métier!”
Victime d’une campagne de lynchage médiatique destinée à enterrer le film “Hold Up“, prévu pour la télévision et les plateformes en ligne, il raconte comment il a pu retrouver un espace de liberté au cinéma avec le documentaire “Les Survivantes“, qui sert d’introduction à la série.
Le cinéma un a rôle irremplaçable dans la liberté d’expression. C’est le dernier contre-pouvoir.
La presse s’est fourvoyée, elle est complice, complice de crimes. Tous les exploitants qui ont montré ce film m’ont remercié. Merci à eux.
Sorti il y a un an dans les salles, le film avait aussi permis de donner la parole aux nombreuses personnes concernées, lors des échanges après la projection.
De voir que ce film a libéré la parole, c’est bouleversant. Avec ce documentaire, j’ai vécu mes plus beaux moments de réalisateur.
Quand vous avez une salle de 1750 personnes, comme au Grand Rex à Paris, qui se lève et qui applaudit pendant 10 minutes à tout rompre 4 ou 5 survivantes qui étaient là et que vous avez 50 personnes qui se lèvent aussi pour dire qu’elles aussi ont vécu les mêmes sévices… C’est bouleversant.
Critiques absurdes
À ceux qui l’accusent de “faire cela pour l’argent”, le réalisateur oppose une réponse évidente:
Si j’étais intéressé par l’argent, je ferai autre chose. Je ne ferai pas des sujets délicats quand vous savez que vous risquez de prendre des coups de bâton, comme des sujets sur la pédocriminalité ou les relations incestueuses du Vatican avec des sociétés secrètes.
La preuve:
On avait réussi à vendre un sujet sur la pornographie “A qui appartiennent les sex shop?”. Ça a été vendu et programmé 3 fois et déprogrammé 3 fois… Pourtant, c’est intéressant de savoir à qui appartient tout ce monde du porno et des peep show à Pigalle”.
Ce qui me rendre triste, c’est d’être affublé de tels anathèmes, par des gens qui sont censés défendre la liberté d’expression. Moi je fais juste mon métier, qui est celui de montrer et non pas de démontrer.
Du témoignage à l’investigation
Pierre Barnérias explique ce qui distingue “Les Survivantes” de cette série d’enquêtes.
Le film « Les survivantes » était un hommage à ces femmes qui ont raconté leur histoire.
S’accuser de meurtre, ce n’est pas rien, parler à visage découvert, ce n’est pas rien. Il faut un courage inouï.
Là, l’idée c’est de montrer que oui, il y a des réseaux organisés, structurés. La répétition n’est pas due au hasard. Il n’y a pas de hasard.
Ici, dans chaque sujet, on va montrer des preuves. Dans chaque 52 minutes, on va montrer à la fin de chaque sujet toutes les preuves qu’on a et qui méritent d’être vues et entendues.
Cette fois, la série ne sortira pas au cinéma, vu le nombre d’épisodes. Elle sera disponible en VOD (plateforme vidéo en ligne), mais le réalisateur espère toujours pouvoir la passer sur des chaînes de télévision. Pour l’instant, le moins que l’on puisse dire, c’est que le sujet est plus que jamais d’actualité.
Le tour des tabous
Sera-t-il à nouveau écarté et censuré? Le réalisateur garde espoir et lève le voile sur les différentes thématiques de la série, qui explorent comment la pédocriminalité est verrouillée de tous côtés.
“Parent prédateur” est un premier chapitre qui évoque l’ampleur de la problématique de l’inceste. Comment poursuivre les auteurs d’une pratique aussi répandue?
Vient ensuite le thème les médecins organisés en réseaux avec un retour sur l’affaire Le Scouarnec, ce chirurgien qui a violé 349 victimes sous anesthésie.
Le troisième volet parle de la complicité de la justice avec des épisodes qui montrent qu’en 20 ans rien n’a changé.
Dans un 4ème chapitre, on en vient finalement à l’État prédateur où l’on plonge au coeur de l’aide sociale à l’enfance (ASE), qui gère un budget de 9 milliards à l’année alors qu’on sait que près de 70% des placements sont abusifs.
Vient ensuite l’incroyable odyssée des fugitives, ces femmes qui sont parties à l’étranger pour protéger leur enfant.
Et l’on aborde évidemment les réseaux pédocriminels à proprement parler, avec un retour sur l’affaire Dutroux et un nombre de réseaux parallèles. Beaucoup de livres sont sortis sur le sujet ces dernières années et tout est loin d’avoir été dit.
Peut-on en sortir, peut-on pardonner? C’est évidemment la réflexion finale qui ne manquera pas d’interpeler chacun.
Qu’est-ce qui pousse le journaliste à poursuivre cette mission contre vents et marées? Barnérias répond sans hésiter une seule seconde:
Mais c’est la vérité! De voir le silence autour de toutes ces victimes, c’est une double peine. Il est temps de faire quelque chose quand même !
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