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“Avant j’admirais l’OMS, là je pense qu’il faut en sortir”

Wolfgang Wodarg, l'ex-président de la commission Santé au Conseil de l'Europe, dénonce les dérives d'une institution devenue "pompe à fric".

Dr Wolfgang Wodarg
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À la fois médecin et ancien député, le Dr Wolfgang Wodarg est particulièrement qualifié pour porter un regard sur les politiques de santé internationales. En 2009, il avait  lancé une commission au Conseil de l’Europe pour enquêter sur l’influence des firmes pharmaceutiques dans la déclaration de la pandémie de grippe (H1N1) par l’OMS; une déclaration qu’il estimait largement “injustifiée”. Cette “mini-pandémie” avait entraîné des achats massifs de vaccins ‘innovants’, brevetés par des grands laboratoires et autorisés “en réponse à l’urgence”.

Ce scénario connu pourrait bien se pérenniser. À la 77ème Assemblée mondiale de la santé qui aura lieu le 27 mai, les membres de l’OMS devront se prononcer sur le “Traité pandémie” et la réforme du “Règlement sanitaire international”. S’ils sont votés, ces deux instruments feraient passer les mesures d’urgence dans le droit ordinaire et ouvriraient la voie à une “ère de politique pandémique”, dans laquelle l’OMS tiendrait le rôle central. Le Dr Wolfgang Wodarg explique pourquoi on ne peut plus se fier à cette institution.

PROPOS RECUEILLIS PAR SENTA DEPUYDT

S.D: Dr. Wodarg, vous avez été parmi les premiers à critiquer les mesures sanitaires préconisées par l’OMS durant la crise du Covid. Dès le début, vous aviez dénoncé une “pandémie de tests” et ensuite vous aviez averti l’Agence européenne des médicaments des risques liés aux injections Covid, avec vos collègues des ‘Doctors for Covid Ethics”. Qu’est-ce qui vous qualifiait pour une telle prise de parole? 

Dr Wolfgang Wodarg: Avant tout, je suis médecin et il s’agit vraiment de mon domaine de compétence. J’ai une spécialité en médecine interne et en pneumologie, une formation en hygiène et en médecine environnementale, un diplôme en santé publique et je me suis spécialisé en épidémiologie à l’Université John Hopkins, aux États-Unis. Au début de ma carrière, j’ai dirigé un institut de santé publique dans le nord de l’Allemagne. J’ai fait cela pendant 13 ans. Et je suis aussi entré en politique. J’ai d’abord siégé au Bundestag, le parlement allemand, durant 15 ans et puis au Conseil de l’Europe à Strasbourg où j’ai longtemps présidé la commission santé.

Donc, je connais tout cela de l’intérieur. Lors des épisodes de la grippe aviaire et de la grippe H1N1, j’ai vu comment on avait déclaré une pandémie alors qu’il n’y avait pas lieu de le faire. Cela était dû au fait que l’OMS avait changé les critères qui définissent l’urgence sanitaire. Avant cette date, il fallait non seulement que la maladie éclate dans plusieurs pays à la fois, mais aussi qu’elle ait des conséquences très graves avec un nombre de cas mortels au dessus des moyennes habituelles. Mais on a rayé cet aspect dans la nouvelle définition pour ne retenir que le critère du rythme de diffusion de la maladie.

Quelle est votre perception de l’OMS aujourd’hui?

J’ai souvent interagi avec l’OMS durant ma carrière. Au début, je suivais ses recommandations avec assiduité. Par exemple, la ville dans laquelle j’étais élu avait adopté le programme des ‘Healthy cities’, les villes en bonne santé. Malheureusement, par la suite, j’ai assisté à la dérive complète de cette organisation, sous l’influence de ses sponsors.

L’industrie pharmaceutique a commencé à avoir un impact sur toute une série de normes qui sont définies par l’OMS. Cela peut être la définition de maladies, la manière de signaler les effets secondaires ou même la définition des valeurs pour établir les diagnostics. Par exemple, le jour où les valeurs du taux normal de cholestérol ont été modifiées, cela a immédiatement permis à l’industrie de vendre beaucoup plus de médicaments.

Aujourd’hui, l’OMS n’est plus au service des populations, elle est l’instrument de ses bailleurs de fonds. L’organisation permet d’ouvrir des marchés pour ses investisseurs, et même d’avoir des ventes garanties. Il suffit de faire peur aux gens pour créer un problème auquel l’industrie pharmaceutique a déjà prévu un remède. Et ensuite, l’OMS en fera une promotion gratuite.

Par contre, une fois que les produits sont distribués, les vaccins administrés, il n’y a pas de suivi. On ne mesure jamais les conséquences des campagnes à long terme. On ne fait pas non plus d’études comparatives, par exemple entre les vaccinés et les non-vaccinés. Voilà ce qu’est devenue l’OMS, une entreprise de marketing.

Des maladies comme la grippe ou les coronavirus permettent chaque fois de recommencer avec des nouveaux variants. Et maintenant, c’est la grande ouverture des nouveaux marchés. Il y a celui des données de santé numériques, mais aussi tout le business autour de la détection des nouveaux agents pathogènes et les brevets de propriété intellectuelle qui s’en suivent. Sans parler de l’introduction des thérapies géniques et des vaccins basés sur les technologies ARNm. Ça c’est le gros morceau, il y a déjà des centaines de produits dans le pipeline.

Que pensez-vous du «traité pandémies » et des amendements au RSI?

Pour développer tout ce business, ils ont besoin de maintenir la peur constante de nouvelles pandémies. Pourtant, il n’y a pas de raison d’avoir peur des virus. Les scientifiques savent que ces risques sont faibles. Ce sont les principes de base de l’épidémiologie: si les maladies sont mortelles, elles circulent peu. Et pour ce qui concerne les menaces bactériennes, nous avons les règles d’hygiène et des médicaments pour en traiter la majorité. À vrai dire, avec toutes les connaissances et les ressources dont nous disposons actuellement, nous avons ce qu’il faut pour être en bonne santé. Nous n’avons pas besoin de l’OMS pour cela. C’est un instrument qui a été inventé pour concentrer du pouvoir.

Concernant les accords qui seront votés à l’OMS, je vois qu’il y a une opposition du côté des pays en voie de développement, en particulier les pays africains. Ils parlent d’attaques à la souveraineté de leurs pays, ce qui est réel. Mais je pense que beaucoup d’entre eux sont en réalité en train de négocier de l’argent, en particulier sur la question des brevets. L’Afrique est un réservoir d’agents pathogènes, un « potentiel pandémique » à monnayer. Ce sont les nouvelles ‘mines’.

Cela dit, toute cette histoire autour des « traités pandémies » cache un problème fondamental qui est le fait qu’une forme de gouvernance mondiale tacite existe déjà. En réalité, avec les Young Global Leaders du Forum économique mondial, tout cela est déjà mis en œuvre partout sous couvert d’urgence et d’adaptation aux nouvelles normes. Regardez, l’Agence européenne des médicaments autorise les produits de thérapies géniques ou la mise sur le marché de substances non testées et l’Europe introduit l’identité numérique. Cela se passe même sans le concours de l’OMS. Nous sommes hypnotisés par ce qui va se passer à Genève, mais en réalité le problème est partout.

Le business a supplanté la science

Nos gouvernements ne nous défendent pas. Ils sont au service de ces multinationales avec la complicité des banques, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et leurs partenaires à Davos.

Vous savez, l’Empire allemand s’est constitué pour créer un marché commun. C’est l’industrie qui a voulu cela, pas les agriculteurs, ni le peuple. Et bien, c’est aussi la logique qui préside à la constitution de l’Europe. C’est le principe de la globalisation: il y a des produits qu’il faut écouler à des consommateurs. Tout cela n’a rien à voir avec la santé, la démocratie ou les droits humains. C’est du pipeau.

La preuve est que nous en sommes au point où il est devenu impossible de critiquer qui ou quoi que ce soit. Pourtant c’est ce qui nourrit la démarche scientifique: le doute et la critique. C’est vraiment grave. On devrait se souvenir des conséquences que cela peut avoir. Je pense par exemple aux dégâts d’un médicament comme le Softenon qui a causé tant de malformations congénitales. Si plus personne ne peut se plaindre, ni contester leurs affirmations et leurs produits, nous sommes en danger.

Pourquoi les médecins et les politiques ne réagissent-ils pas?

Ils ont tiré les leçons de leurs précédents échecs! Lors de la pandémie H1N1, nous avons été plusieurs médecins à déconseiller l’utilisation de vaccins expérimentaux. En Allemagne, à peine 4 millions de personnes avaient été vaccinées, alors que le gouvernement avait commandé 50 millions de doses. Cette fois-ci, on a écarté les médecins pour mener une opération militaire. Rappelez-vous au début, les vaccins devaient être conservés à très basse température et il fallait aller dans des centres de vaccination. Les médecins ont été évincés durant toute une année. Ensuite, cette affaire de température a soudainement disparu, et quand les médecins ont été autorisés à vacciner, on leur a donné beaucoup d’argent pour le faire.

Quant aux politiciens, ils obéissent tous à la politique des partis. Il est rare de trouver encore des députés qui ont une véritable personnalité. Aujourd’hui, ils sont comme des fonctionnaires qui appliquent un programme économique. Des notions comme la gauche et la droite n’ont plus de signification. Au niveau européen, ils se contentent de créer des monopoles.

D’ailleurs, l’Europe ne veut-elle pas soustraire la santé aux États membres? L’Union a mené toute la politique covidienne avec l’argument des “menaces transfrontalières”. À présent, elle crée HERA, une nouvelle agence qui va centraliser les données de santé et gérer les mesures sanitaires pour se préparer aux pandémies. Et avec la réforme du Traité de Lisbonne qui se prépare, l’Union semble vouloir complètement accaparer la compétence santé. 

Tout à fait! Nous sommes les victimes de cette Commission et de sa présidente Ursula von der Leyen. Les Britanniques se sont retirés à temps. Nos gouvernements doivent insister sur le principe de subsidiarité. En principe toutes les compétences relèvent d’abord des pays de l’Union, sauf s’il y a une raison spécifique pour laquelle la Commission est plus qualifiée. Mais ce n’est certainement pas le cas ici. Nous avons été trahis par l’Europe. Le problème est qu’il y a tant de chantage et de corruption à la tête des gouvernements. Pour moi, je ne vois qu’une résistance à l’échelle locale… Vous savez “le petit village gaulois” (rire).

La décentralisation du pouvoir est une discussion fondamentale. De manière générale pour la politique européenne et aussi en matière de santé. Je prends l’exemple de la Suisse où le pouvoir régional des cantons est encore assez fort. J’ai été invité récemment à un symposium sur les médecines palliatives et j’ai été émerveillé de voir que chaque canton faisait les choses à sa manière. C’était un échange très riche, parce que chacun a présenté ce qu’il faisait et c’était inspirant pour les autres. C’est un très bon système.

Malheureusement, on y voit la même tendance. Il y a la révision de loi sur les épidémies qui pourrait limiter la compétence des cantons et soumettre la Suisse aux diktats de l’OMS. 

C’est vraiment dommage. On peut faire tellement mieux avec une médecine adaptée aux individus et à l’échelle locale. Avec toutes ces mesures uniformes, il n’y a plus de diagnostic différentiel, ni de solutions adaptées aux circonstances de vie des populations et des personnes.

De même pour l’évaluation des risques. Il était évident, en mars 2020, que le Coronavirus n’était pas une véritable menace mais  plutôt une grande pièce de théâtre, menée par des décisions politiques. Et lorsqu’il y a eu des décès, on sait de quoi les gens sont morts: le confinement, le refus d’une prise en charge précoce, l’interdiction d’utiliser des traitements disponibles et surtout, dans les maisons de repos et les hôpitaux, l’administration du Midazolam (équivalent du Rivotril). Les gouvernements devraient analyser tous les échecs des mesures, mais ils ne le font pas.

Pouvons-nous sortir de ce système?

Bien sûr. En fait, la santé, ça commence dans les quartiers. L’homme ne peut pas influencer le climat, il ne peut que s’y adapter. Il n’est pas nécessaire de mener des politiques de santé à l’échelle mondiale. Je pense qu’il faut revenir à une gestion locale. Cela permet d’avoir plus de transparence, une meilleure adaptation à une réalité du terrain et surtout de demander des comptes aux responsables en place. Un tel changement serait déjà énorme. Dans les circonstances actuelles, je pense que nous n’avons pas besoin de l’OMS.