Wikipédia, qui dirige le ministère de la vérité?

Article en bref

A l'heure où la bataille de l'information est au coeur de l'avenir de la planète, Wikipédia est encore vu par beaucoup d'utilisateurs comme une source de connaissance "neutre et objective", la quintessence du savoir des chercheurs de vérité. À ceux qui questionnent les discours officiels relayés dans la presse mainstream, on oppose souvent "un article de Wikipédia" comme une sorte de parole d'experts. Cet article de Swiss Policy Research rappelle à quel point Wikipédia est devenu un outil de propagande aux mains des grandes industries, des services de renseignement et de leurs programmes politiques. Mais le 'monopole' de Wikipédia dans le ministère de la vérité est de plus en plus contesté. Elon Musk, qui lui reproche d'être "trop à gauche", vient de lancer une plateforme concurrente "Grokipedia", où les informations sont directement produites par l'intelligence artificielle. Ceci sous-entend que le produit de 'l'intelligence artificielle' est neutre, le simple reflet objectif de la réalité et que personne n'en manipule les algorithmes. À voir. En attendant, il est utile de s'interroger sur la manière dont nos comportements sont influencés par "la connaissance commune", autrement dit: ce que nous croyons que les autres pensent (voir la capsule d'Icaros à ce sujet).

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Republication de l’article diffusé par Swiss Policy Resarch

Les bases

En tant que septième site web le plus visité au monde et encyclopédie en ligne la plus populaire, Wikipédia exerce une grande influence sur les connaissances et la vision du monde de nombreuses personnes.

Bien que Wikipédia soit généralement considéré comme un projet communautaire ouvert, transparent et globalement fiable, un examen plus approfondi révèle que ce n’est pas le cas.

En réalité, Wikipédia en anglais, avec ses 7 milliards de pages vues par mois dans le monde, n’est géré que par 500 administrateurs actifs, dont la véritable identité reste souvent inconnue.

De plus, des études ont montré que 80% du contenu de Wikipédia est écrit par seulement 1% de tous les contributeurs de Wikipédia, ce qui représente encore une fois quelques centaines de personnes pour la plupart inconnues.

Influence des entreprises

De toute évidence, une telle structure opaque et hiérarchique est susceptible de corruption et de manipulation, les fameux « rédacteurs rémunérés » engagés par les entreprises n’en étant qu’un aspect.

En 2015, par exemple, un administrateur de Wikipédia allemand a été démasqué comme étant un chef de projet chez le laboratoire pharmaceutique Merck, chargé de réécrire les articles de Wikipédia relatifs à l’histoire et aux produits de Merck. Malgré ces révélations, il a conservé son poste d’administrateur.

Dans un autre cas, un journaliste et consultant en relations publiques allemand a utilisé plusieurs comptes Wikipédia pseudonymes pour protéger le groupe pharmaceutique français Sanofi-Aventis contre des articles négatifs.

En 2014, une étude a révélé comment la compagnie aérienne allemande Lufthansa a supprimé des données sur le bruit des avions de Wikipédia, comment le constructeur automobile MAN a effacé des informations sur sa production de chars pendant la Seconde Guerre mondiale, comment le constructeur automobile Daimler a supprimé des informations sur le lobbying politique et comment la société pharmaceutique Boehringer a supprimé des informations sur sa production de « l’Agent Orange.»

Plus récemment, des employés du milliardaire indien du négoce de matières premières, Gautam Adani, ont été surpris en train d’utiliser plus de 40 faux comptes et des rédacteurs rémunérés, dont un influent relecteur de Wikipédia, pour manipuler des articles de Wikipédia liés au groupe Adani et à son fondateur.

En 2023, l’entrepreneur américain et candidat républicain à la présidence Vivek Ramaswamy a été pris en flagrant délit de paiement d’un contributeur de Wikipédia pour supprimer de son article Wikipédia des passages concernant une bourse Soros.

Certaines de ces actions sont détectées par les contributeurs de Wikipédia eux-mêmes, d’autres sont découvertes par des chercheurs ou des journalistes externes, et d’autres encore passent inaperçues.

Néanmoins, cette influence opaque des entreprises sur Wikipédia n’est que la partie émergée de l’iceberg, car la manipulation secrète et systématique de Wikipédia va bien au-delà.

Services de renseignement

Dès 2007, des chercheurs ont découvert que l’un des administrateurs les plus actifs et influents de Wikipédia en anglais, surnommé « Slim Virgin », était en réalité un ancien informateur des services de renseignement britanniques qui avait déménagé au Canada et y vivait sous une fausse identité.

Suite à cette découverte, des chercheurs universitaires utilisant le nouvel outil WikiScanner ont constaté que des employés de la CIA et du FBI modifiaient secrètement des articles de Wikipédia sur des sujets controversés, notamment la guerre en Irak et la prison militaire de Guantanamo.

Plus récemment, un autre contributeur très prolifique de Wikipédia, connu sous le pseudonyme de « Philip Cross » , s’est avéré être lié aux services de renseignement britanniques et à plusieurs journalistes influents du Royaume-Uni. Entre autres, « Philip Cross » ciblait des journalistes et des universitaires opposés aux interventions militaires britanniques.

En 2023, les enquêteurs ont découvert que le gouvernement saoudien était parvenu à installer seize agents comme administrateurs de Wikipédia; ces agents contrôlaient non seulement les articles à caractère politique, mais ont également révélé l’identité de deux administrateurs indépendants aux autorités saoudiennes, qui les ont emprisonnés.

Même en Suisse, des employés du gouvernement non identifiés ont été surpris en train de blanchir des articles de Wikipédia concernant les services secrets suisses, juste avant un référendum public sur cette agence.

« Modification sioniste de Wikipédia »

Outre certains pays occidentaux, Israël est l’un des acteurs étatiques les plus actifs et influents sur Wikipédia.

Le ministère israélien des Affaires stratégiques et de la Diplomatie publique, fondé en 2006, est connu depuis longtemps pour coordonner des militants pro-israéliens dans divers pays, qui modifient assidûment Wikipédia et d’autres plateformes en ligne en fonction des intérêts israéliens. À cette fin, le ministère a même développé une application, Act.IL , permettant de définir et d’attribuer rapidement différentes tâches.

Dès 2008, des messages divulgués ont révélé comment le groupe de pression israélien CAMERA avait enrôlé et coordonné secrètement des auteurs et administrateurs de Wikipédia afin d’influencer les articles sur des sujets israéliens, de diffamer les critiques et de dominer les résultats de recherche Google: « D’abord, nous constituons notre armée, ensuite nous partons en guerre. C’est un marathon, pas un sprint. Évitez de donner l’impression d’être des contributeurs mono-thématiques.»

Les efforts israéliens pour influencer les articles de Wikipédia ont reçu le soutien de personnalités importantes. Par exemple, Naftali Bennett, entrepreneur dans le secteur informatique, commandant de Tsahal et ancien Premier ministre israélien, a organisé des formations à la « rédaction sioniste » de Wikipédia.

En Allemagne, l’un des contributeurs les plus virulents de Wikipédia a été démasqué, après deux ans de bataille juridique: il s’agissait d’un agent politique ayant servi comme volontaire étranger dans l’armée israélienne. Cet agent utilisait le pseudonyme « Feliks », en référence à Feliks Dzerjinski, l’architecte de la première campagne soviétique de « Terreur rouge », et avait manipulé des centaines d’articles.

En 2021, il a été révélé que l’American-Jewish Anti-Defamation League (ADL) disposait d’une équipe entière de neuf personnes chargées de modifier Wikipédia et d’y intégrer des sources propres à l’ADL. L’ADL avait déjà été impliquée dans plusieurs opérations d’espionnage illégales et avait été démasquée comme façade des services de renseignement israéliens par Victor Ostrovsky, lanceur d’alerte du Mossad.

Wikipédia a été fondée en 2001 par deux entrepreneurs informatiques américains d’origine juive, Jimmy Wales et Larry Sanger. Si Larry Sanger a depuis quitté la plateforme et l’a critiquée (voir ci-dessous), Jimmy Wales demeure membre du conseil d’administration de la Fondation Wikimedia et a reçu en 2015 le prix israélien Dan David, d’un million de dollars, récompensant ses réalisations technologiques.

Sociétés de renseignement privées

Outre les services de renseignement étatiques, les sociétés de renseignement privées manipulent également des articles de Wikipédia dans le cadre de campagnes de relations publiques secrètes ou de campagnes de diffamation menées pour le compte de leurs clients, qu’ils soient entreprises ou gouvernements.

En 2022, par exemple, la fuite des « Abu Dhabi Files » a révélé comment une société de renseignement privée suisse, Alp Services, avait secrètement manipulé des articles Wikipédia en plusieurs langues pour le compte des dirigeants des Émirats arabes unis (EAU). Cette opération, qui a coûté plusieurs millions de dollars, visait à discréditer ou à détruire des personnes et des organisations jugées hostiles par les EAU.

À cette fin, Alp Services a d’abord fait publier des articles diffamatoires sur les personnes visées dans plusieurs médias, puis a « sollicité l’aide de modérateurs complaisants » pour ajouter ces informations négatives à leurs articles Wikipédia et bloquer toute tentative de correction. Enfin, Alp Services s’est assuré que ces informations négatives soient bien référencées dans les résultats de recherches Google.

La campagne menée pour le compte des Émirats arabes unis – l’une des nombreuses opérations de ce type menées par Alp Services – a entraîné la faillite d’au moins une société de négoce d’énergie et a nui à la réputation d’un expert des droits de l’homme de l’ONU, qui a par la suite qualifié Wikipédia de « monstre.»

« L’un des sites web les plus dangereux d’Internet »

De nombreux manipulateurs de Wikipédia modifient des articles presque toute la journée et tous les jours, ce qui indique qu’il s’agit soit d’individus très dévoués, soit d’un groupe de personnes.

De plus, les articles modifiés par ces personnes ne peuvent pas être facilement révisés, car les administrateurs susmentionnés peuvent toujours annuler les modifications ou simplement bloquer complètement les utilisateurs en désaccord.

Nombre de ces campagnes clandestines visent à promouvoir les positions établies et industrielles et à discréditer les critiques. En raison de son influence, l’association allemande de surveillance WikiRadar a qualifié Wikipédia de « l’un des sites web les plus dangereux d’Internet.»

Sont particulièrement touchés par ce type de manipulation systématique et clandestine les articles de Wikipédia traitant de sujets politiques et géopolitiques, commerciaux, sociétaux, médicaux et historiques, ainsi que les biographies d’universitaires, de journalistes et de politiciens non conformistes.

Dans certains cas, des campagnes de diffamation acharnées sur Wikipédia ont poussé des victimes au suicide.

Le mouvement des « sceptiques »

Outre les agences de relations publiques et les acteurs étatiques, plusieurs groupes militants jouent également un rôle important dans la modification et la manipulation des articles de Wikipédia.

L’un des groupes activistes les plus influents, mais aussi les moins connus sur Wikipédia, est celui des « Skeptics », une organisation obscure aux allures de secte dont les membres sont « sceptiques » non pas envers les positions officielles, mais envers ceux qui les contestent. De ce fait, les « Skeptics » agissent essentiellement comme des « cyber-guerriers » au service d’intérêts politiques et corporatifs.

À l’origine, les « sceptiques » se concentraient sur des sujets ésotériques tels que les ovnis, l’homéopathie et la parapsychologie (d’où leur nom), mais ils ont depuis étendu leurs activités en ligne et hors ligne à des domaines politiques, médicaux et scientifiques bien plus complexes.

Bien que la plupart des « sceptiques » ne soient pas eux-mêmes des scientifiques professionnels, ils défendent souvent un prétendu « consensus » ou une « autorité » scientifique et qualifient de « farfelus » ou de « complotistes » les critiques d’une position officielle. On peut citer comme exemples typiques les débats sur les questions médicales et pharmaceutiques, le changement climatique mondial ou les opérations de renseignement.

D’un côté, les « sceptiques » empêchent la présence sur Wikipédia de pratiques charlatanesques réelles et parfois dangereuses, mais de l’autre, ils étouffent également les débats légitimes sur des questions complexes.

En 2010, les « Sceptiques » ont lancé une initiative appelée « Guerrilla Skepticism on Wikipedia » (GSOW) afin de former leurs membres à l’édition agressive de Wikipédia. Leurs activités mondiales sur Wikipédia sont depuis coordonnées sur un site web dédié: « Project Skepticism. »

Dans un commentaire de 2019 sur des études nutritionnelles, un membre britannique du groupe « Skeptics » a déclaré avec assurance que « les Skeptics dirigeront toujours Wikipédia.»

Durant la pandémie de coronavirus (2020-2022), les membres du mouvement « sceptiques » ont également joué un  rôle central sur Wikipédia en défendant des positions officielles, mais souvent erronées, et en diffamant les chercheurs, médecins et journalistes dissidents. Ainsi, pour ne citer que deux exemples, l’origine du virus en laboratoire a été qualifiée de « théorie du complot » et la protection vaccinale a été largement exagérée.

En 2022, un contributeur anonyme de Wikipédia, se réclamant du mouvement « Sceptique », a été démasqué comme informateur du FBI basé au Texas, spécialisé dans le marketing en ligne et travaillant pour le programme « InfraGard ». Cela pourrait indiquer que certains membres du mouvement « Sceptique » agissent en réalité pour le compte des services de renseignement.

L’un des fondateurs et « gourous » du mouvement sceptique était le magicien américain James Randi, décédé en 2020. Dans les années 1960, des appels téléphoniques de Randi, au cours desquels il sollicitait des services sexuels auprès d’adolescents, ont été enregistrés. Dans les années 1980, Randi a reçu une subvention de près de 300 000 dollars de la Fondation MacArthur, liée à la CIA. Dans les années 1990, Randi était consultant pour la False Memory Syndrome Foundation (FMSF), qui remet en question les allégations d’abus sexuels sur mineurs; deux autres consultants de cette fondation travaillaient pour le tristement célèbre programme MK-Ultra de la CIA, qui menait des expériences psychologiques. En 2012, la compagne vénézuélienne de Randi a été condamnée pour usurpation d’identité et falsification de passeport. En 2015, le nom de Randi figurait dans le carnet d’adresses de Jeffrey Epstein.

Lors d’une présentation de la Fondation éducative James Randi en 2013, la militante « sceptique » Susan Gerbic a reconnu que Wikipédia était « l’outil le plus important dans la boîte à outils des sceptiques.»

Autres groupes militants

Un autre groupe activiste très actif sur Wikipédia, où il modifie et manipule divers sujets sociaux et politiques, est le mouvement dit « Antifa ». Contrairement aux mouvements de gauche traditionnels, le mouvement « Antifa » moderne soutient les interventions militaires occidentales et la politique étrangère israélienne.

En 2021, des documents divulgués ont montré qu’un membre éminent du mouvement américain « Antifa » était en contact avec les services de renseignement britanniques et américains et s’en prenait à des publicistes et des politiciens, tant conservateurs que de gauche traditionnelle, qui critiquaient la politique étrangère américaine et israélienne.

En 2016, une enquête allemande a révélé que de nombreux articles de Wikipédia sur des sujets politiques et historiques étaient écrits par le même auteur principal: un professeur de piano et membre d’« Antifa » qui utilisait plusieurs pseudonymes et passait plusieurs heures par jour à modifier Wikipédia.

Une enquête plus récente a montré comment un seul auteur pseudonyme de Wikipédia a utilisé un seul article de journal pour ajouter le terme « extrémiste de droite » à la toute première phrase de vingt articles Wikipédia concernant les sections locales d’un parti politique allemand conservateur.

Sur le sujet complexe du changement climatique mondial, divers militants tentent également d’imposer le point de vue officiel et de discréditer les scientifiques dissidents. Certaines de ces activités sont financées par des gouvernements, comme le « projet d’amélioration de la communication des connaissances sur le changement climatique via Wikipédia. »

En 2019, des enquêteurs ont découvert que les articles de Wikipédia en allemand sur le réchauffement climatique, le changement climatique, le déni du changement climatique, le déni de la science, l’énergie éolienne, l’énergie solaire et Greta Thunberg avaient tous le même auteur principal: un membre à la fois du parti vert et de l’organisation « Sceptiques ».

Wikipédia et le Forum économique mondial

Sans surprise, le fondateur de Wikipédia, Jimmy Wales, a défendu à plusieurs reprises l’architecture et le fonctionnement actuels de Wikipédia. Ami de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair – il a même épousé en 2012 l’ancienne secrétaire de ce dernier –, Wales est également un « Jeune leader mondial » du Forum économique mondial de Davos.

À propos de Davos, Wikimedia a elle-même amassé une fortune de plus de 160 millions de dollars, donnés en grande partie non pas par des étudiants paresseux, mais par de grandes entreprises américaines et des fondations influentes, une situation qui a donné lieu à d’importants conflits d’intérêts.

Malgré ses millions d’actifs de base, Wikipédia sollicite chaque année des dons auprès de ses lecteurs, créant ainsi l’impression trompeuse qu’il s’agit d’une plateforme financée par ses lecteurs.

L’ancienne PDG de Wikimedia, Katherine Maher (2016-2021), a auparavant travaillé au sein du très influent Conseil américain des relations étrangères (CFR) ainsi que dans un sous-groupe du National Endowment for Democracy (NED) américain, une organisation écran de la CIA spécialisée dans les opérations d’influence mondiales et les changements de régime.

Katherine Maher est également une jeune leader mondiale du Forum économique mondial, chercheuse principale au sein de l’Atlantic Council (lié à l’OTAN) et membre du Conseil de politique étrangère du département d’État américain. En 2016, un homme politique tunisien a affirmé que Mme Maher pourrait être un agent des services de renseignement américains, comme l’était son grand-père.

Wikimedia Allemagne est également étroitement liée à d’autres organisations: son ancien directeur général était auparavant vice-président de la communication institutionnelle de la fondation Bertelsmann Media, puis  secrétaire d’État à Berlin. Le géant des médias Bertelsmann est membre corporatif du think tank de l’OTAN « Atlantic Bridge » et assure la modération des contenus pour la version allemande de Facebook.

Aspects géopolitiques

Le fait que Wikipédia soit influencée par les services de renseignement occidentaux et israéliens peut expliquer pourquoi les articles sur des sujets géopolitiques, tels que la Russie et l’Iran, sont généralement alignés sur les intérêts géopolitiques occidentaux.

De plus, de nombreux contributeurs importants de Wikipédia en russe ne résident pas en Russie, mais en Ukraine, en Allemagne et aux États-Unis. De même, de nombreux contributeurs importants de Wikipédia en persan ne résident pas en Iran, mais aux États-Unis, au Canada, en France et en Allemagne.

En 2022, lors de l’invasion russe de l’Ukraine, Wikimedia et le ministère ukrainien des Affaires étrangères ont lancé une campagne de collaboration « pour créer et améliorer des articles sur la culture et le peuple ukrainiens dans autant d’éditions linguistiques de Wikipédia que possible. »

Le manque de contrôle sur les contributeurs de Wikipédia explique peut-être aussi pourquoi certains pays non occidentaux ont décidé de bloquer l’accès à la plateforme. Même la Turquie, membre de l’OTAN, a bloqué l’accès à Wikipédia entre 2017 et 2020 au nom de la « protection de la sécurité nationale », suite à la mention de liens politiques avec un groupe terroriste sur la plateforme.

Enfin, les moteurs de recherche et les plateformes de médias sociaux américains consultent de plus en plus Wikipédia pour identifier ou censurer les « sujets controversés ». Les révélations évoquées précédemment peuvent contribuer à expliquer ce phénomène.

«Je ne fais plus confiance au site web que j’ai créé»

Dans une interview de 2021, Larry Sanger, cofondateur de Wikipédia, a révélé qu’il ne faisait plus confiance au site web qu’il avait créé. Il a notamment souligné que tout sujet ou controverse qui n’était pas traité par les médias traditionnels de centre-gauche n’apparaîtrait pas sur Wikipédia.

En effet, Wikipédia n’accepte quasiment que les médias traditionnels comme « sources fiables », tandis que les médias indépendants, quelle que soit leur qualité, restent largement exclus. Même certains médias conservateurs traditionnels ont été bannis, considérés comme des « sources non fiables. »

Dans une interview accordée en 2023 au journaliste américain Glenn Greenwald, Sanger a affirmé que Wikipédia était devenue un « instrument de contrôle » entre les mains de l’establishment et des services de renseignement américains, ajoutant qu’« aucune encyclopédie n’a jamais été aussi partiale que Wikipédia. »

Sanger a souligné qu’« une grande partie du renseignement et de la guerre de l’information se déroule en ligne, sur des sites web comme Wikipédia », et que les services de renseignement « ont appris les ficelles de Wikipédia et diffusent leurs idées auprès de leurs propres équipes. »

Depuis, Sanger a contribué au lancement de deux alternatives à Wikipédia: Justapedia et l’Encyclosphère, qui prônent toutes deux l’objectivité, la neutralité et le respect. Parmi les autres alternatives à Wikipédia, on peut citer WikiSpooks (politique radicale), Scholarpedia (sujets scientifiques) et Metapedia (conservatrice).

Conclusion: WikiQui?

Comme le détaille cet article, Wikipédia a peut-être débuté comme un projet communautaire et une encyclopédie ouverte il y a vingt ans, mais elle est depuis devenue de plus en plus une plateforme de propagande clandestine influencée par les entreprises, les acteurs étatiques et les groupes militants.

Pour apporter un minimum de transparence, des chercheurs allemands ont développé une extension gratuite pour navigateur web appelée WikiWho, qui permet aux lecteurs d’identifier par un code couleur qui indique qui a modifié quoi sur Wikipédia. Dans bien des cas, le résultat est aussi troublant qu’on pouvait s’y attendre.

Figure: Les rédacteurs de l’article Wikipédia sur la « guerre contre le terrorisme » (WikiWho)

Qui a modifié quoi? (WikiWho)

Annexes

Vidéos

Littérature

Général

Sceptiques

Alternatives à Wikipédia

Outils

Wikipedia à propos du SPR

En mai 2020, deux mois après la première publication de l’analyse susmentionnée, un article Wikipédia concernant Swiss Policy Research a été créé, tentant de présenter SPR comme un site web de « fausses informations ». La majeure partie de la version anglaise a été rédigée anonymement par un certain Mason Pelt, informateur du FBI (InfraGard) et « sceptique » originaire de Dallas, au Texas, spécialisé dans le « marketing en ligne. »

Des contributions supplémentaires ont été apportées par Thibaut Laurent Payet, administrateur de longue date de Wikipédia, qui a utilisé un faux compte (« OKTalker ») pour ajouter des déclarations diffamatoires à l’encontre de SPR. Payet réside à Genève, en Suisse, et a été lié à une société de renseignement privée spécialisée dans les campagnes de diffamation en ligne pour le compte de gouvernements et d’entreprises.

Parmi les autres auteurs figurent un militant politique américain (« Gobonobo »), un missionnaire anglais (« Anna795bc ») et un « sceptique » hongrois (« MrFringilla »). L’article de Wikipédia en allemand sur le SPR a été rédigé par des militants politiques connus tels que « Ghormon », « KurtR » et « Anidaat ». Il va sans dire que la quasi-totalité des affirmations contenues dans les deux articles de Wikipédia sur le SPR sont fausses ou trompeuses.

Pour aller plus loin, consulter aussi:

Article de France-Soir sur le lancement de Grokipedia par Elon Musk

« Wikipédia m’a tué », le combat du magazine Nexus contre le lynchage médiatique de Wikipédia:

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