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Les vestales du scientisme

Retour des masques et vaccins Covid cet automne? A quelle sauce nous mangeront les grands docteurs officiels?

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Article du journaliste Christian Campiche, paru dans Infoméduse

Avec les premières feuilles de l’automne tombent les mauvaises nouvelles sur le front grippal. Telle est la loi de la nature depuis la nuit des âges. Mais le monde évolue en fonction des modes et des croyances, tant et si bien que, depuis 2020, la traditionnelle influenza se pare d’une autre appellation, très peu poétique, cette fois, le Covid. Lequel introduit aujourd’hui deux variantes qui agitent les états-majors sanitaires. Leur nom indiffère, dans le fond. Ce qui intéresse le pékin, par contre, c’est de savoir à quelle sauce le mangeront les grands docteurs officiels. On sent déjà ces derniers préparer le terrain dans les pages des journaux ou les mots “masques” et “vaccination” font à nouveau florès. Comment réagira la population? Et surtout de quels noms d’oiseaux seront traités les rétifs? Cette Démocratie-là, Monsieur, est-elle réellement une chasse gardée où des élus accordent leur blanc-seing à une certaine élite scientifique et médicale? Au scientisme, pour ne pas tourner autour du pot.

Les habitants de cette Démocratie-là, Monsieur, pourraient s’inspirer de la pensée de Michael Polanyi, “le scientifique qui voulait réenchanter le monde“. Ce n’est pas un vil complotiste qui définit ainsi ce philosophe hongrois du 20e siècle, mais un spécialiste du système immunitaire, qui plus est professeur à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, Bruno Lemaitre:

La philosophie de Polanyi offre un antidote au scientisme, en nous libérant d’un cadre scientifique étriqué. Elle nous permet de nous méfier d’une société qui serait basée sur les « faits » (fact based society), et dont rêvent ceux qui souhaitent la mise sous tutelle de la société par des experts scientifiques. Polanyi nous rappelle que les « faits » ne sont des faits « objectifs » qu’au sein d’un paradigme donné, un cadre implicite largement tacite; affirmer un « fait » a toujours une implication morale. Le brandissement de « faits » parfois si évidents peut masquer des tentations de pouvoir. Ainsi, la vision polanyienne de la science sera appréciée de tous ceux qui aiment la recherche scientifique, sans la placer sur un piédestal par rapport aux autres réalisations de l’humanité.

Voilà qui rehausse incontestablement le niveau du débat. Sur cette base, certains oseraient-ils encore affirmer que la science est vraiment une et indivisible, gouvernée par un pape infaillible? Vous pensez la chose improbable? Détrompez-vous! Ce dogme religieux, on dirait au contraire que certaines vestales font plus que s’en inspirer. Disons qu’elles officient à la manière de zélés prosélytes semant l’anathème à tout-va. Que dire, par exemple, de l’Observatoire du conspirationnisme où quatre acteurs connus du monde des médias, Rudy Reichstadt, Julien Pain, David Medioni et Tristan Mendes France ont débattu récemment du rôle des journalistes et de “la haine qu’ils attisent dans le camp du mensonge où cartonnent délires et dérives conspis. La pente n’est pas très bonne, le jour où des gens comme ça arrivent au pouvoir, on va en prison”, a insisté, soudainement très inquiet, le traqueur de fake news Julien Pain.

Si ces intellectuels ont raison de s’instaurer en chiens de garde de la démocratie face à la résurgence de périls extrémistes comme l’antisémitisme, encore se doivent-ils de ne pas sombrer dans des clichés se situant aux antipodes de l’esprit de tolérance et des idéaux généreux de la gauche dont trois d’entre eux se réclament. Comme ce lieu commun qui est de traiter de fachos ou réacs, quand ils ne sont pas tout simplement “idiots”, les réfractaires aux ondes 5G et à l’ARN messager, pour ne citer que deux sujets scientifiquement controversés. Le refus des antennes et de la seringue relève d’options personnelles et n’est pas systématiquement le fantasme d’exaltés aux sympathies sectaires. Pointer du doigt l’extrême-droite ou l’extrême-gauche, c’est donc céder aux amalgames, entrer dans un jeu qui pervertit le discours en le plongeant dans un manichéisme absurde. C’est aussi finalement flatter Big Brother, pour ne pas le citer, dans le sens du poil.

En conclusion faut-il déduire de ces considérations que l’on est toujours le complotiste de quelqu’un? La réponse est assurément: oui! On mesure en tout cas aux excommunications prononcées de part et d’autre le fossé qui nous sépare des années soixante, quand tout était possible. Nul doute qu’à l’aune des critères actuels, les hippies et autres adeptes du “peace and love” seraient traités de complotistes!