Exclusivité COVIDHUB
Amèle Debey, pour CovidHub: La première affiche que vous avez mise dans votre salle d’attente a été enlevée. Vous en avez donc accrochée une seconde. Pourquoi?
Pascal Büchler: Pour informer mes patients. C’était une réaction à l’article de 24heures début septembre, dans lequel on signalait que des médecins bernois et neuchâtelois, sauf erreur, avaient été sanctionnés parce qu’ils critiquaient la vaccination. Dans cet article, le président de la SVM* a dit qu’il était juste que les autorités cantonales serrent la vis avec les médecins qui instillent le doute sur la vaccination à leurs patients. Ca m’a fait sauter en l’air, parce que si on a même plus le droit d’avoir un avis critique sur quelque chose, où est-ce qu’on va?
Comme je sais que mes patients sont nombreux à lire 24heures, il m’a semblé important de mettre cette affiche pour leur dire que ce n’est pas parce qu’on essaie de me museler que je vais me laisser faire. Je leur répondrai s’ils me posent des questions, ça ne changera pas.
Etes-vous fondamentalement contre ce “vaccin”?
Je ne déconseille pas, j’informe. J’ai plein de patients qui se vaccinent et je les comprends. Avec toutes les restrictions qu’il y a, c’est très compliqué en ce moment. Et ils ont tous de bonnes raisons. Je ne leur impose jamais de le faire ou de ne pas le faire. Pour aucun vaccin. Mais je leur donne une information qui n’est pas l’information officielle. Car celle-ci, ils l’ont.
Si on est honnête, on peut dire qu’il y a beaucoup d’inconnues sur ce vaccin. On ne connaît pas les effets à moyens et longs termes, l’efficacité a probablement été très exagérée. Le risque est un point d’interrogation. Quelqu’un qui vous dit que le vaccin ne pose aucun problème, il n’en sait rien. Inversement, quelqu’un qui vous dit que le vaccin est très dangereux et va provoquer des catastrophes à long terme, il n’en sait pas plus. Il faut accepter ce point d’interrogation: c’est un risque inconnu. Ensuite il faut faire sa propre balance bénéfice/risque. Pour une personne âgée, obèse, diabétique, pour qui le Covid peut être une maladie sérieuse, peut-être que cela vaut la peine de prendre un risque inconnu.
Par contre, pour une personne qui n’a pas de facteurs de risque, pour qui le Covid sera dans l’immense majorité des cas une simple grippe, est-ce que ça vaut la peine? Je n’en suis pas sûr. Là où je suis très remonté, c’est concernant la vaccination des enfants et des adolescents. Là c’est scandaleux. Pour eux, le risque du vaccin est clairement supérieur au risque de la maladie.
Vous êtes également homéopathe et il semble que ceux-ci soient les plus enclins à critiquer la vaccination. Comment expliquer cela?
C’est la réponse classique. Il est vrai que l’on entend beaucoup les homéopathes être critiques sur le vaccin. Mais critique ne veut pas dire antivax. Dans le monde actuel, on est très manichéen: il y a les pros, les antis, et aucune discussion entre deux. Si j’étais anti-vaccin, je ne ferais aucun vaccin. Or, comme je fais beaucoup de pédiatrie, je vaccine. Différemment, plus tard, j’en fais moins, etc. …mais j’en fais. Je ne me considère donc absolument pas comme un antivax.
On dit que seuls les homéopathes se positionnent contre cette vaccination, pourquoi? Il faut savoir que la vaccination a toujours été, en médecine, probablement le sujet le plus tabou. On peut critiquer beaucoup de choses, mais critiquer un vaccin c’est se mettre en marge de la société médicale, quelque part. Alors comme nous, homéopathes, on l’est déjà en partie, un peu plus un peu moins, ça ne change pas grand chose. On a sûrement une plus grande liberté d’expression.
Cela dit je connais des médecins allopathes qui sont d’accord avec bien des choses, mais qui n’oseront pas le dire. Depuis que ma lettre a circulé, j’ai reçu beaucoup d’appels, dont le président d’un groupement de spécialistes vaudois qui m’a félicité et souhaiterait également mettre le même mot dans sa salle d’attente.
Qu’en pensez-vous de ce vaccin, finalement?
C’est, parmi tous les vaccins qui existent, celui qui déclenche le plus d’effets secondaires. Des effets secondaires qui ne sont pas si anodins. On parle beaucoup de myocardites chez les jeunes en ce moment. Il faut savoir que la pharmacovigilance vaut ce qu’elle vaut, c’est-à-dire souvent pas grand chose. Il n’y a que 1 à 10% des effets qui sont vraiment déclarés.
Si on regarde les chiffres des myocardites, on nous indique 60 cas sur un million pour la Suisse. En Norvège j’ai vu des chiffres à 200. Et en Ecosse à 1000 pour un million. Ce n’est quand même pas la structure génétique des Ecossais qui est très différente, mais plutôt la qualité de la pharmacovigilance.
Comment réagissez-vous si un patient vient vous voir avec des problèmes suite à la vaccination?
Normalement, c’est la personne qui a fait le vaccin qui doit faire une déclaration en cas de problème. Mais là, comme on le fait dans les supermarchés, n’importe où, il n’y a personne qui déclare. Donc le patient doit relater cela à son médecin traitant qui lui doit le signaler sur un site prévu à cet effet. Relater un effet secondaire ne veut pas dire que l’on juge que c’est dû au vaccin, mais qu’il y a une relation de temporalité entre l’inoculation et un problème de santé.
Le fait est que, pour beaucoup de médecins, relater un problème avec la vaccination, c’est admettre que son geste a créé un problème. Donc ça se fait très peu.
On estime donc que les effets secondaires déclarés sont de 1 à 10%. Un peu plus aux Etats-Unis, où les patients peuvent déclarer eux-mêmes les complications avec le système VAERS.
Avez-vous été rappelé à l’ordre à la suite du partage massif de votre missive?
Je n’ai rien eu jusqu’à présent. Je suis serein face à ça, car j’ai de quoi répondre. Je ne vois d’ailleurs pas pourquoi on pourrait me sanctionner, puisque je relate un fait. Je ne fais pas de prosélytisme anti-vaccin, mais si mes patients me demandent pourquoi je ne suis pas vacciné, je vais leur répondre. C’est quand même la moindre des choses. Ils ne peuvent pas m’attaquer là-dessus.
On dit qu’on est libre de se vacciner ou pas. On voit bien que ça n’est pas le cas. Cela dit, je me demande pourquoi un Etat comme la France, qui a davantage une culture de l’obligation vaccinale que la Suisse, ne rend pas ce vaccin obligatoire?
C’est simplement parce qu’on est en phase 3 d’essais cliniques, il y a beaucoup d’inconnues, et si l’Etat rend la piqûre obligatoire, c’est lui qui doit casquer en cas de problème. Et personne ne veut prendre cette responsabilité.
Etes-vous prêt à payer les 20’000 francs d’amende?
Je suis prêt à prendre un avocat pour me défendre en cas de pépin. Je ne crois pas que cela puisse arriver. Mais, en même temps, s’il y a trois ans on m’avait dit qu’on serait où on en est aujourd’hui, en Suisse, je ne l’aurais jamais cru. Alors désormais je m’attends à tout.
* SVM : Société vaudoise de médecine
Voir aussi :
- Article sur 20 Minutes (5 septembre 2021) : Deux médecins bernois contre le vaccin sanctionnés