UE: le Pass Covid prolongé d’un an. Des millions de gens privés de voyage?

Des centaines de millions d'Européens risquent d'être privés de voyages et soumis à un retour de restrictions diverses. La Suisse aussi concernée. Selon les opposants, le pass servirait à imposer dans les faits une obligation vaccinale.

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Le Parlement européen et le Conseil se sont mis d’accord lundi 13 juin pour étendre jusqu’en juin 2023 le règlement sur le certificat Covid numérique de l’UE destiné aux voyages au sein de l’Union, ont communiqué les institutions européennes. Bien que cette décision ne repose sur aucun fondement scientifique, l’efficacité du passe sanitaire n’étant pas évaluée, celui-ci sera donc tout de même reconduit pour une année supplémentaire.

Les opposants à cette prolongation estiment que des centaines de millions de personnes, non vaccinées et vaccinées dont les certificats arrivent à expiration, seraient empêchées de voyager librement. Ils redoutent par ailleurs le retour de restrictions diverses et variées des libertés cet automne.

Ainsi, rien qu’en Belgique aujourd’hui, les 2 386 844 millions de Belges non vaccinés ne seraient plus autorisés à voyager librement jusqu’au 30 juin 2023 au moins.

Aucun débat de fond au Parlement européen

L’accord politique doit encore être formellement adopté par le Parlement européen et le Conseil de l’UE (représentant les États membres), pour une application d’ici au 30 juin.

Dans les faits, seuls la France et le Portugal l’exigent encore pour les voyageurs arrivant d’autres pays membre de l’Union. Au total, plusieurs centaines de millions d’Européens non vaccinés – ou dont les vaccins sont arrivés à échéance – pourraient être empêchés de voyager.

De son côté, le journal en ligne Le Courrier des Stratèges souligne que cette décision a été prise sans aucun débat parlementaire sur le fond, malgré 385’000 avis de citoyens très majoritairement opposés sur le site internet de l’UE. Une table ronde avec l’eurodéputée Virginie Joron et la biostatisticienne Christine Cotton indique que le pass sanitaire n’a aucune justification puisqu’il n’a empêché ni les contaminations ni les hospitalisations des personnes vaccinées. Aucune étude d’impact n’a été menée. Son objectif serait donc, estiment les participantes à ce débat, essentiellement de faire augmenter le taux de vaccination.

Pour rappel, en France, Emmanuel Macron n’écarte pas la possibilité d’un retour du certificat numérique d’ici à l’automne prochain.

Les voyageurs de Suisse, non membre de l’UE, seront vraisemblablement soumis aux mêmes restrictions.

UE: «La situation épidémiologique peut changer rapidement»

Le règlement relatif à la mise en place d’un QR code au sein des États membres de l’UE en vue de contrôler l’attestation d’une vaccination contre le Covid-19, d’un test négatif ou d’une infection dans les six derniers mois, est entré en vigueur le 1er juillet 2021 et devait expirer le 30 juin 2022. Pour autant, la Commission européenne a fait savoir sa volonté en février de le prolonger d’un an.

« La situation épidémiologique peut changer rapidement, et le certificat Covid numérique de l’UE a été un instrument clé pour nous aider à traverser des situations fluctuantes », a soutenu Didier Reynder, le commissaire européen en charge du dossier. Et d’ajouter : « Nous sommes déterminés à revenir à une libre circulation sans restriction, et nous nous félicitons de la décision prise par certains États membres de lever toutes les restrictions de voyage, y compris la présentation d’un certificat Covid ». Néanmoins, « l’accord conclu aujourd’hui nous aidera à continuer de faciliter les voyages libres et sûrs, si une augmentation des infections oblige les États membres à réintroduire temporairement des restrictions », a-t-il conclu.

«Quelle est cette obsession, ce fétiche malsain ?»

Sans surprise, cet accord politique n’a pas manqué de susciter l’indignation des internautes. Rappelant que l’outil numérique n’avait pas démontré son inefficacité sur la transmission du virus, l’actrice et chroniqueuse franco-américaine Béatrice Rosen s’est interrogée sur la même ardeur de ces institutions quant à la lutte contre la tuberculose, le tabac, le diabète, les cancers. « Quelle est cette obsession, ce fétiche malsain ? », a-t-elle demandé.

De son côté, le député européen Gilbert Collard a dénoncé le maintien d’un « contrôle sociétal » alors que « le virus disparaît ». « Que cache cette volonté de maintenir à tout prix un tel contrôle sociétal ? », a-t-il lui aussi demandé.

Des centaines de millions privés de voyage?

Selon les opposants au pass Covid, en plus des 90 millions de non vaccinés dans l’UE, plusieurs centaines de millions d’Européens vaccinés dont les certificats arriveront à expiration dans les prochains mois ne pourront plus voyager non plus s’ils décident de ne pas continuer à se faire vacciner et booster régulièrement.

La Commission européenne voudrait ainsi, ajoutent-ils, éviter que les États membres déterminent leurs propres restrictions, de sorte que les certificats numériques EUCOVID soient utilisés de la même manière dans le monde.

“C’est MAINTENANT que nous devons réagir si nous voulons arrêter l’existence et la prolongation de ce passeport totalitaire qui n’a aucun fondement scientifique”, affirme un groupe d’opposants.