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UE: Bruxelles compte renforcer son emprise sur les villes et les régions

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Le budget sera réduit, centralisé et soumis à conditions. La “fuite” de cette information pourrait influencer la nomination des commissaires.

Article de Javier Villamor publié le 11 octobre sur Brussels Signal

Les gouvernements locaux de l’Union européenne pourraient bientôt entrer en guerre contre des tentatives de Bruxelles de centraliser davantage son contrôle sur les villes et les régions de l’UE.

Des plans divulgués aux médias bruxellois durant la semaine du 7 au 11 octobre indiquaient que la Commission européenne prévoyait de centraliser un budget de 1 200 milliards d’euros pour la période 2028-2034 en fusionnant 530 programmes nationaux en un seul fonds.

La décision a été critiquée par plus de 130 autorités régionales, qui considèrent ce projet comme une  “prise de pouvoir” sur les gouvernements locaux, qui saperait leur autonomie.

En outre, pour accéder à ces ressources, les pays devraient mettre en œuvre des réformes dans des domaines tels que l’égalité des sexes et l’agriculture biologique, comme l’exige la Commission européenne.

Influence sur les nominations

S’adressant à Brussels Signal, les initiés de la commission semblaient moins préoccupés par la réponse hostile des régions que par la manière dont l’information avait pu fuiter.

Ces craintes ont été aggravées par le fait que les audiences sur la nomination des commissaires au Parlement européen doivent se tenir le mois prochain. Il se pourrait donc que ce sujet influence la nomination ou le rejet d’un ou de plusieurs candidats à Bruxelles.

“La clé ici est de savoir qui a divulgué le plan et pourquoi avant les audiences de la commission”, a déclaré un responsable européen qui a préféré rester anonyme.

Ursula von der Leyen, la présidente qui vient d’être réélue, sélectionne les commissaires candidats de chaque pays de l’Union européenne. Ils suivent des auditions de confirmation au Parlement européen pour évaluer leur indépendance, leur compétence et leur engagement envers l’Europe.

Avant ces audiences, le comité des affaires juridiques de la commission vérifie les conflits d’intérêts. Les CV et les réponses aux questions des candidats sont publiés en ligne.

Ensuite les évaluations sont préparées et les candidats non retenus sont remplacés. L’évaluation finale est présentée aux présidents de la conférence des comités et des présidents de la conférence du Parlement pour une décision.

“La fuite d’un changement radical dans le financement européen pour les sept prochaines années avant la formation de la nouvelle Commission est clairement dans l’intérêt d’influencer l’approbation des candidats”, a déclaré le responsable à Brussels Signal.

Moins d’argent et moins d’autonomie

Le budget total de l’UE pour la période 2021-2027 était d’environ 1,8 billion d’euros. La proposition de 1,2 billion d’euros pour 2028-2034 a représenté une diminution considérable, ce qui soulève des inquiétudes quant à la capacité de l’UE à atteindre ses objectifs à l’avenir.

La répartition de ces fonds reflète des disparités importantes entre les régions. Les régions les moins développées peuvent recevoir jusqu’à 80% de financement pour des projets publics, tandis que les pays les plus riches ont accès à moins de ressources.

Cette inégalité crée des tensions et met en évidence ce qui est considéré comme la nécessité d’une approche plus équitable de l’allocation des fonds, ce que le Comité des régions a appelé à faire.

Vasco Alves Cordeiro, président du Comité des régions, a averti que le nouveau plan pourrait compromettre le projet européen en affaiblissant le rôle des régions dans la prise de décision.

“Les réductions du financement régional limiteront la capacité des gouvernements locaux à répondre à des défis critiques tels que le changement climatique et l’immigration”, a déclaré Cordeiro.

Ces limitations ont préoccupé les maires européens qui ont fait valoir que la centralisation saperait leur capacité à gérer les ressources et à résoudre les problèmes locaux.

Les dirigeants locaux ont exhorté la commission à adopter une approche plus décentralisée pour s’assurer que les décisions sur l’utilisation des fonds soient prises plus près des communautés touchées.

La centralisation proposée suscite un débat crucial sur l’avenir de la gouvernance dans l’Union européenne et ses implications pour la cohésion régionale et le développement du continent.