Le paquet de mesures en faveur des médias est une réponse trop simpliste apportée à une réalité beaucoup plus complexe. Malgré la qualité résiduelle de quelques trop rares journaux et émissions, l’unique préoccupation de la presse dite de «masse» n’est plus d’encourager l’esprit critique de la population mais de rapporter toujours plus de profit à son actionnariat.
Elle favorise ainsi l’engourdissement intellectuel et la docilité du citoyen, avec les niaiseries dont elle l’inonde. Un financement étatique n’est pas capable de remédier à cette difficulté d’ordre essentiellement «qualitatif» et «structurel».
Premièrement : cette aide n’est pas constitutionnelle
Comment expliquer que des médias locaux soient soutenus par une aide fédérale alors que, selon le principe du fédéralisme, chaque canton devrait avoir cette compétence, les aides variant largement en fonction des régions ? Seul l’art. 93 de la Constitution (Cst) permet l’ingérence de la Confédération en matière de radio-télévision, ce qui n’est pas le cas pour tous autres médias. Il faudrait de fait créer une nouvelle base constitutionnelle pour donner compétence à la Confédération de légiférer.
Deuxièmement : une distorsion évidente de la concurrence
A titre exemplatif, les aides indirectes mises en place il y a quelques mois par l’Etat de Vaud se voulaient sans doute déjà plus respectueuses de l’art. 17 Cst. (Elles agissaient notamment sur l’achat d’espaces publicitaires ; ce qui relativisait le risque de dépendance étatique). Le paquet de mesures signifie donc « une mise à mort » de la presse gratuite. A la lecture de l’art. 1 al. 2 let. e LFML, une inégalité de traitement se traduit encore par le favoritisme des articles politiques, sociaux et économiques sur ceux culturels, littéraires ou sportifs, censés être tout autant éducatifs, civiques et locaux. La nouvelle législation a ainsi une influence sur le contenu !
Troisièmement : qui est le dindon de cette farce ?
Comme trop souvent, la classe moyenne et les ménages : qui en plus de payer une redevance radio-télévision plus élevée devront également financer « à double » les articles en ligne.
Quatrièmement : le fait de s’adresser à un public plus jeune semble largement un leurre
Ce dernier est bien plutôt friand d’informations gratuites qu’il trouve rapidement sur le net, en particulier de la presse internationale, émissions RTS déjà gratuites, sites web, partages entre contacts des réseaux sociaux, etc. Peut-on en vouloir à cette jeunesse ? Non, les médias ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes s’ils se sont lancés dans une concurrence malsaine avec les réseaux sociaux, ce qui causera leur perte s’ils ne changent pas rapidement leur structure et leur perspective.
Partialité et pauvreté du contenu
La question de fond demeure : si les médias n’arrivent pas à surnager malgré leurs prestations payantes, c’est bien parce qu’ils ont perdu leur public d’âge mûr qui leur était fidèle et abonné, sans pour autant devenir plus attractifs pour les nouvelles générations. En effet, la population, d’une manière générale, ne semble plus avoir foi en eux, en considération de la partialité et pauvreté du contenu qu’on lui propose. Ignorer cette critique et s’axer sur des compensations financières ne sera désormais pas l’antidote.
Marianne Dind
(intertitres de la rédaction)