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Rockefeller: l’empire qui a fabriqué Big Pharma

Dès 1900, la genèse d'un système médical chimique dominant qui a écarté les soins plus naturels.

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Par Gaspard Frey, Lettre Santé Sans Filtre

(Edition et intertitres par Covidhub)

«Big Pharma». Ce système aussi tentaculaire que peu déontologique a été créé au début du 20e siècle juste ici (image ci-dessus). Dans les bâtiments new-yorkais du Rockefeller Institute for Medical Research (aujourd’hui l’Université Rockefeller).

Son but initial : devenir l’un des centres de recherche médicale les plus importants au monde afin d’organiser l’ensemble du système de santé et la commercialisation des traitements.

Autrement dit, l’organisation « Big Pharma » telle qu’on la connaît aujourd’hui a été imaginée et créée par une poignée de personnes : la famille Rockefeller.

Pour comprendre comment les Rockefeller ont créé de toutes pièces ce système, il faut revenir bien des années en arrière.

Du pétrole aux médicaments chimiques

En 1880, John D. Rockefeller devient le premier milliardaire contemporain grâce à sa société pétrolière: la Standard Oil.

Sa stratégie: créer un monopole pétrochimique en rachetant 90% des raffineries américaines.

Le gros problème, c’est que Standard Oil ne sert pas qu’à remplir d’essence les voitures ou les bateaux…

Il permet aussi de créer les tout premiers produits chimiques de synthèse à partir du pétrole.

Nujol: un «anticancéreux» devenu laxatif

Celui qui les vend, c’est le père de John D. Rockefeller: William Avery Rockefeller (appelé aussi Old Bill).

Son produit favori ? Le Nujol (New Oil), supposé servir de traitement anti-cancer auprès des agriculteurs du sud des Etats-Unis.

Aujourd’hui, le Nujol continue d’être commercialisé à grande échelle, non pas comme traitement anti-cancer, mais comme laxatif doux. Cette huile de paraffine pure est notamment recommandée en cas de constipation chronique.

Aussi juteux soit-il, ce produit avait un inconvénient majeur:

Il élimine les vitamines liposolubles du corps (vitamines A, D, E et K), ce qui crée de terribles maladies et alerte de nombreux médecins (1,2).

Il serait donc dangereux pour la santé publique ? Aucun problème pour Old Bill !

Pour pallier la baisse des ventes suite aux avertissements des médecins, les chimistes de la Standard Oil ajoutent du carotène, ce pigment orangé antioxydant et immunostimulant bénéfique pour la santé (3).

Rockefeller condamné… et obligé de se réorganiser

Le tour était presque joué… Jusqu’à ce que la Cour Suprême américaine condamne la Standard Oil pour corruption, pratiques illégales et racket en 1911 (4).

John D.Rockfeller est obligé de revoir son organisation de bout en bout. La pétrochimie d’abord divisée en de multiples sociétés :


La philanthropie, instrument idéal pour contrôler la santé

De même, on développe le business associé aux traitements chimiques.

Philanthropie : c’est le mot magique derrière le système Big Pharma. Obligé de dissoudre la Standard Oil, John D. Rockefeller met au point un système redoutable, une solution parfaitement rodée pour continuer ses affaires malgré tout : la philanthropie.

Sous couvert d’utilité publique, John D. Rockefeller crée en 1913 la Fondation Rockefeller et l’American Cancer Society.

Son objectif officiel : favoriser les progrès médicaux dans le monde et permettre au plus grand nombre de bénéficier d’une meilleure santé (5).

Formation, hôpitaux, recherche, OMS…

Pour cela, il décide de ne financer que les écoles de santé et les hôpitaux. Quant à l’Université Rockefeller, elle réunit les meilleurs chercheurs du monde entier pour en faire un haut lieu de recherche scientifique à travers le globe.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ce sont toutes ces entités internationales philanthropiques qui ont permis aux Rockefeller de créer le système Big Pharma.

En jouant le rôle de «bienfaiteur de l’Humanité», la Fondation Rockfeller s’est immiscée année après année dans les sphères politiques,  économiques et sociales de nombreux pays et des grandes organisations internationales comme l’OMS ou l’UNICEF.

Le rapport Flexner et la mise en place de la médecine «tout-chimique»

En 1909 l’American Medical Association (AMA) invite la Fondation Carnegie – une autre structure philanthropique – à enquêter sur l’éducation médicale en Amérique du Nord.

D’après eux, les facultés de médecine manquent de connaissances scientifiques et les médecines naturelles (phytothérapie, homéopathie, médecine amérindienne…) prennent de plus en plus de place.

C’est Abraham Flexner, un scientifique de l’éducation qui est choisi pour inspecter 155 facultés de médecine aux Etats-Unis et au Canada (6).

Son enquête donne naissance au Rapport Flexner, qui préconise la fermeture de 117 facultés de médecine « dans l’intérêt du bien public ». Son but est de former des médecins et professeurs au service de la recherche scientifique et des brevets, au sein de gros centres de formation.

L’opportunité de prendre part aux décisions sanitaires

Pour les Rockefeller, c’est une opportunité en or d’investir dans la recherche et de prendre part aux décisions américaines dans la construction d’un nouveau système de santé.

La Fondation embauche alors Abraham Flexner en 1918 comme Secrétaire du conseil d’éducation générale.

Cela a pour conséquence directe :

– Un changement radical du financement des facultés de médecine: d’aides gouvernementales modestes et de frais de scolarité pour vivre, les écoles bénéficient désormais des dons de la Fondation Rockefeller pour créer de vrais centres de recherche

– Une évolution du métier d’enseignant à la fac: on demande aux médecins et professeurs de ne plus soigner les patients, et d’adapter leurs cours aux nouvelles recherches scientifiques

– Une opacité épaisse entre l’apport de fonds privés et les prises de décision (notamment dans le choix des études et recherches scientifiques effectuées dans ces nouvelles écoles)

– Entre 1918 et 1933, on estime que plus de 500 millions de dollars de fonds privés ont été injectés pour construire les nouvelles écoles de médecine…(7,8)

– Et in fine bâtir les génération futures de «médecins Big Pharma».

L’omniprésence des Rockefeller dans la politique nationale et mondiale

Depuis la création de la Fondation Rockefeller et de l’Université Rockefeller, on retrouve tout au long du XXème siècle la même famille de philanthropes :

– À l’OMS : la Fondation fait partie des membres fondateurs et donateurs depuis sa création en 1946 (9)
– Dans les plus hautes sphères du gouvernement américain : Nelson Rockefeller, le petit-fils de John D. Rockefeller a été vice-Président des Etats-Unis de 1974 à 1977 sous Gerald Ford; il a aussi été sous-secrétaire du nouveau Département de la Santé, de l’Éducation et des Services sociaux des États-Unis de 1953 à 1955) (10)
– Dans les sommets de la Banque Mondiale aux côtés de la Fondation Bill et Melinda Gates, notamment en 1999 pour décider de la politique de vaccination infantile à l’échelle du monde (sous couvert d’utilité publique évidemment) (11)
– Dans les conseils d’administration d’entreprises peu scrupuleuses en matière de santé comme Monsanto ou certaines entreprises pétrochimiques issues de la très ancienne Standard Oil.

Et c’est exactement cela, le système Big Pharma :

Ce n’est pas uniquement gagner des milliards de dollars grâce aux brevets et à la vente de produits pharmaceutiques.

C’est aussi, et surtout, exercer une influence financière, politique, sociale et économique au sein des plus grands organismes de gouvernance mondiale.

Vous savez désormais comment une poignée de personnes a réussi à mettre en place le système Big Pharma au XXème siècle.

Dans une prochaine lettre, je vous expliquerai comme la famille Rockefeller a mis au point le système de brevets pour gagner des milliards de dollars, tout en tuant à petit feu la santé naturelle et les savoirs médicinaux ancestraux.

À très bientôt.

Gaspard Frey