Moins cher que le fioul, le gaz ou l’électricité, le miscanthus est une plante cultivée sur la commune de Bernwiller en Alsace qui ne nécessite aucun entretien ni pesticide et permet au village de se chauffer.
L’ancienne commune d’Amertzwiller, désormais fusionnée avec Bernwiller, située à une quinzaine de kilomètres de Mulhouse, a planté sa première parcelle de miscanthus il y a plus de 30 ans. Cette plante de la famille des graminées rhizomateuses originaire d’Asie ressemble à du roseau ou à de la canne à sucre et possède des propriétés étonnantes.
Au départ, la culture du miscanthus dans le village avait pour but d’assainir les sols en abaissant le niveau de nitrates de l’eau. Mathieu Ditner, agriculteur retraité et ancien maire d’Amertzwiller se souvient :
À l’origine, on en avait planté en 1993 avec plusieurs agriculteurs du coin pour fixer les sols. Il fallait protéger les ressources en eau.
Puis, il y a une dizaine d’années, vint l’idée de récolter le miscanthus afin de l’utiliser en biocombustible dans la chaudière communale, à la place des plaquettes de bois. Les agriculteurs avaient pris conscience du haut pouvoir calorifique de la plante, supérieur au bois de 5 %, ainsi que de son faible prix de production.
L’idée était de trouver une plante qui puisse se produire sans aucun intrant chimique. Donc aucun désherbage chimique, aucun engrais n’est nécessaire.
Aujourd’hui, vingt-sept hectares de miscanthus sont cultivés sur la commune par une douzaine d’agriculteurs. La plante fournit en circuit court l’énergie dont le village de 1.200 habitants a besoin pour chauffer tous ses bâtiments publics et environ 70 habitations.
Un agriculteur moissonne du miscanthus dans un champ
Une plante écologique et pérenne
La plante présente de nombreux avantages et débouchés : chauffage, paillage horticole, litière animale, biomatériaux…
Le miscanthus se plante une fois tous les vingt à vingt-cinq ans et repousse tout seul chaque année sans qu’aucun traitement chimique ne soit appliqué sur les cultures. La récolte se fait une fois par an, de la fin de l’hiver au début du printemps. Patrick Baur, le maire actuel de Bernwiller, compare :
Contrairement au bois où il faut attendre 50 ans pour que ça repousse, là tous les ans il y a une récolte.
Différentes études ont même montré un effet très positif du miscanthus sur la biodiversité des plantes et des animaux (oiseaux, petits mammifères, invertébrés, scarabées, papillons, araignées, vers de terre) selon Maryse Brancourt-Hulmel, directrice de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae) et spécialiste du miscanthus.
Une fois broyé, le miscanthus ressemble à de la paille.
Deux fois moins cher que le fioul et trois fois moins cher que l’électricité
Un autre des avantages du miscanthus, et pas des moindres en période d’inflation de l’électricité, c’est son prix! La commune a fixé son achat aux agriculteurs participants à 110 euros la tonne. En incluant le travail de récolte, le stockage… le kilowattheure est aujourd’hui facturé 0,077 € aux habitants. Contre au minimum 0,19 € celui d’électricité… Ainsi, le miscanthus fait partie des alternatives écologiques au bois et aux énergies fossiles. Nous pouvons lire sur le site internet de l’association France-miscanthus:
En récoltant 15 tonnes de miscanthus sur un hectare, on peut substituer l’équivalent de plus de 6 000 litres de fuel.
Première commune de France à utiliser le miscanthus pour se chauffer, Bernwiller en inspire d’autres qui viennent se renseigner sur le procédé.
