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Pass vaccinal mondial: «On en est encore bien loin»

Ce projet lancé à la réunion du G20 à Bali n'est pas pour demain, nous affirme la cheffe de la délégation suisse à l'OMS. Elle contredit ainsi les avertissements des milieux critiques de l'OMS.

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A l’issue du dernier G20 mi-novembre 2022 sur l’île de Bali, la nouvelle d’un projet de pass vaccinal mondial adoubé par l’OMS a circulé un peu partout. Ce projet, annoncent certains réseaux, serait de créer une identité numérique sanitaire destinée à l’ensemble des citoyens du monde. Le texte préciserait même que ce passeport numérique peut être fait à partir des passes vaccinaux nationaux créés lors de l’épidémie de Covid-19. Cette information pouvant être déduite de l’article 23 de la Déclaration finale adoptée par le G20, l’avis de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) nous a semblé une nécessité. Nous nous sommes adressés à la responsable de la division Affaires internationales de l’OFSP, l’ambassadrice Nora Kronig Romero (photo DR), qui dirige la délégation suisse à l’OMS (lire également notre interview publié le 17 octobre 2022).

[(Covidhub) Cette prise de position contredit ainsi les mises en garde des milieux critiques de l’OMS, qui redoutent l’avènement d’un contrôle numérique des citoyens. Dans ce sens, une pétition française a recueilli 200’000 signatures]

Covidhub: L’OFSP a-t-il étudié ce document et quelles sont ses conclusions, le cas échéant? Quelles sont ses recommandations?
Nora Kronig Romero: Bien sûr, nous avons eu connaissance de ce document. Je me trouvais à Bali à l’invitation de l’Indonésie pour participer aux négociations sur les volets sanitaires. Le texte est le résultat d’une négociation entre les membres du G20. Les invités parmi lesquels figurait la Suisse en tant qu’observatrice ont pu participer aux discussions sectorielles. Les Indonésiens ont beaucoup travaillé à la compatibilité des certificats vaccinaux. Actuellement, le seul document unifié pour les vaccinations est le livret jaune établi par l’Organisation mondiale de la santé, un document papier sans centralisation des données. Le projet d’un livret jaune en format électronique n’a jamais pu aboutir à ce jour, notamment parce qu’il est très coûteux.

La Covid est-elle la motivation essentielle de ce projet de livret jaune en format électronique?
Oui, l’idée est de s’assurer d’une sorte de reconnaissance mutuelle, à l’instar de la compatibilité de l’application Covid-19 qui existe entre la pratique suisse et le certificat européen. La population suisse voyage beaucoup. L’enjeu est que les voyageurs ne soient pas entravés dans leurs déplacements. Tout ce que l’on peut faire pour faciliter les voyages est important. Par contre, c’est la responsabilité individuelle qui dicte le jeu. Il n’y a en effet pas d’obligation vaccinale.

Les Suisses qui ne sont pas vaccinés pourront donc continuer à voyager…
Peu de pays exigent la vaccination à l’entrée de leur territoire en ce qui concerne la Covid, en tout cas. C’est différent pour d’autres affections contagieuses telles que la fièvre jaune. Chaque pays est libre de déterminer les conditions d’entrée. Il revient à chaque voyageur de décider pour lui-même de s’y rendre et d’en remplir les demandes.

La déclaration de Bali est-elle susceptible d’exercer une influence sur les options de la délégation de l’OFSP aux sessions de l’OMS?
La Suisse est en faveur de la reconnaissance mutuelle des certificats de vaccination. L’expérience de la Covid a démontré les développements technologiques. Nous avons utilisé nos portables pour montrer notre certificat.

Finalement s’achemine-t-on vers un passe vaccinal mondial, oui ou non?
La réponse est non. On en est même bien loin car il s’agit d’un système très difficile à pratiquer du fait de différents problèmes techniques liés notamment au format, à la compatibilité des serveurs, etc… Il faut aussi tenir compte de la sécurité. La digitalisation a ici des avantages. En effet, un carnet jaune traditionnel peut aussi être sujet de falsification. Un tampon peut être truqué.

Propos recueillis par Christian Campiche

Actuellement, le seul document unifié pour les vaccinations est le livret jaune établi par l’Organisation mondiale de la santé.
Photo DR/Centre Médical Gare de Vevey.