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POINT DE VUE – L’exclusion des pestiférés

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La brusque imposition d’un pass sanitaire en Suisse n’en finit pas de faire des vagues. La tranquille capitale helvétique, Berne, a connu depuis mercredi une animation inhabituelle, parcourue au son des toupins par des vagues spontanées de manifestants. Légende du journalisme romand, Jacques Pilet s’est fendu d’une tribune sans concession.

L’homme a pris la plume dans le média en ligne Bon pour la tête qu’il a créé il y a quelques années avec quelques consœurs et confrères.

Il s’y étonne que l’exclusion et la ségrégation sociales imposées par ce nouveau dispositif passent presque inaperçues.

Comme avec les pestiférés ou les lépreux des temps passés, le pass va inévitablement créer deux catégories de citoyens, la première jouissant à peu près de ses droits et la seconde non.

La généralisation du pass sanitaire pose d’autres problèmes qui ont de quoi préoccuper aussi bien les vaccinés que les réfractaires

souligne Pilet.

Limites floues du secret médical et du contrôle social, situations kafkaïennes sur les lieux de travail, sur-focalisation sur des structures (“il ne faut surtout pas engorger les hôpitaux”) qui n’ont cessé, tout récemment encore, de réduire leurs capacités: comment comprendre que le “tout-sanitaire” déséquilibre à ce point l’architecture de la société pour une maladie qui en définitive tue très peu et quasi-exclusivement des personnes à haut risque ou en toute fin de vie ? “L’obsession de cette maladie nous rendrait-elle fou ?” se demande l’auteur.

Relevant qu’il n’est pas dit que le modèle imposé soit utile ou efficace, et que d’autres pays ont choisi de ne pas passer par là, Pilet pose pour terminer la vraie question : comment ne pas voir que nous avons basculé dans un modèle de société où l’Etat dicte sa conduite aux individus, les classant entre “sages” et “suspects” selon qu’ils se conforment aux injonctions de leurs autorités ou non.

Les instruments de surveillance développés en Chine sont ainsi adoptés un peu par défaut par des pays européens qui donnent l’impression de ne pas avoir réfléchi aux risques ni aux conséquences de cette adoption.

Face à cette myopie, le journaliste se demande:

Quel philosophe, quel sage, quel homme ou quelle femme d’État d’envergure se lèvera pour dire «non, c’est assez, ce n’est pas ainsi que nous voulons vivre” ?

Vox clamans in deserto ?

Manifestation du 8 septembre à Berne :