L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a organisé mi-août 2023 le premier sommet mondial des médecines naturelles, en Inde. Le chef de la recherche de l’organisation affirme vouloir faire « répondre ces pratiques aux mêmes standards de rigueur que tous les autres champs d’études de la santé », notamment en termes de rentabilité. Un semblant d’ouverture qui présage le pire selon certains.
Un centre à 250 millions
Le premier sommet mondial annuel sur les médecines naturelles a eu lieu les 17 et 18 août 2023 à Jamnagar en Inde, sous les auspices de l’OMS. Celle-ci y a créé en 2022 son Centre de la médecine traditionnelle, destiné à maximiser le potentiel des médecines traditionnelles grâce à la science et à la technologie modernes. Financé à hauteur de 250 millions de dollars par l’Etat Indien, cet institut est destiné à gérer une base de données mondiales des politiques et normes “relatives aux pratiques et aux produits de la médecine traditionnelle” afin de les intégrer dans les systèmes de santé “en vue de produire un impact optimal et durable”.
Un alibi?
Ce qui pourrait être perçu comme une ouverture du système de gouvernance sanitaire mondial aux alternatives à la médecine allopathique reflète-t-il en réalité une volonté de contrôler et rentabiliser “à l’occidentale” ces médecines et thérapies qui soignent encore la majorité de l’Humanité dans une grande liberté, diversité et de manière abordable?
La question de l’alibi est de mise quand on écoute John Reeder. Le chef de la recherche au sein de l’OMS ne cache pas son intention de faire répondre “les progrès scientifiques en matière de médecine traditionnelle aux mêmes standards de rigueur que tous les autres champs d’études de la santé.”
Dans le moule d’une santé capitaliste
Traditionnellement, la vocation des médecines naturelles, en raison de contextes où les moyens manquent, est de prévenir plutôt que guérir. Il est généralement admis également que les médecines occidentales, de leur côté, sont prises dans un modèle capitaliste visant le profit. De ce fait, elles investissent très peu dans la prévention et préfèrent en arriver à devoir prodiguer des soins coûteux une fois les gens malades.
L’aspect de la rentabilité des médecines naturelles risque d’être d’autant plus prédominant dans cette nouvelle vision de l’OMS que l’organisation est financée majoritairement par des intérêts privés. 170 des 194 pays-membres ont d’ores et déjà “demandé des bases factuelles et des données pour éclairer les politiques et la réglementation en vue d’une utilisation sûre, rentable et équitable” de ces médecines ancestrales.
Les médecines alternatives vont-elles devoir rentrer dans le même moule que leurs équivalents allopathiques ? Le débat est lancé et promet d’être passionné.