“La Suisse continuera à décider souverainement de sa propre politique de santé”
Fin mai 2024 s’est tenue la 77e session de l’Assemblée mondiale de la santé (AMS). Les délégués étant parvenus à un consensus sur une partie des amendements apportés au Règlement sanitaire international, infoméduse a interpellé l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), en l’occurrence son porte-parole Simon Ming.
– Compte tenu des difficultés rencontrées lors de cette négociation, la position de la Suisse a-t-elle évolué par rapport à ce que l’OFSP nous écrivait en novembre 2023?
Simon Ming: La position de la Suisse pour ces négociations a été déterminée par le Conseil fédéral, en consultation avec l’ensemble des services fédéraux concernés. La Suisse a suivi cette position tout au long de la négociation. Elle y a participé activement, a soutenu le consensus et va maintenant lancer les processus nationaux.
– Selon une avocate présente à la conférence de presse organisée à Genève le 1er juin par des mouvements opposés au Traité de l’OMS, la Suisse n’accepterait pas des projets comportant des atteintes importantes à sa souveraineté. En cela elle serait sur la même longueur d’onde que d’autres pays comme le Royaume Uni et le Japon. Pourriez-vous confirmer?
Oui, la Suisse continuera à décider souverainement de sa propre politique de santé et des éventuelles mesures à prendre en cas de pandémie et ne pourrait pas accepter de projet comportant des atteintes importantes à sa souveraineté. Tels que négociés, les amendements au Règlement sanitaire international n’impactent pas le droit souverain des Etats de légiférer en vue de la mise en œuvre de leurs politiques nationales en matière de santé. La question de souveraineté a été largement soutenue par les Etats membres, non seulement par la Suisse et les Etats like minded (ndlr: partageant sa position) mais plus largement par tous les groupes régionaux. Il ne s’agit pas là d’une question contestée dans les négociations.
En ce qui concerne le projet d’accord pandémique, aucun résultat n’a pu être atteint. Le mandat de l’organe intergouvernemental de négociation de l’OMS (INB) a été prolongé et les négociations vont se poursuivre. La souveraineté ne sera en aucun cas limitée.
Juste une réflexion après avoir lu le papier de Christian sur l’OMS. Il faudrait savoir ce que l’OFSP entend par « absence de limite à la souveraineté suisse » concernant le traité.
Le fait que la position suisse soit partagée par le Royaume-Uni et le Japon me fait craindre le pire: je crains en effet que par protection de la souveraineté, il faille comprendre refus de mettre à disposition des pays du Sud les vaccins créés dans les pays du Nord. Il s’agit à mon avis de protéger nos industries et nos brevets de toute demande des pays du Sud et non de protéger la souveraineté suisse contre les diktats de l’OMS en temps de pandémie…
Guy Mettan