La naturopathie n’étant pas réglementée en France, des praticiens sont régulièrement inquiétés. L’un d’entre eux, Lionel Barrière, après avoir fait l’objet de perquisitions et de gardes à vue, est appelé à comparaître fin novembre. Son récit.
Lionel Barrière est naturopathe, formé, et exerce depuis 5 ans dans la région de Bordeaux. La gendarmerie a débarqué un matin dans son cabinet, sans prévenir, elle a emmené son ordinateur, et ne l’a toujours pas rendu à ce jour. Lionel Barrière pense que tous les naturopathes sont surveillés, sur écoute. Trois mois plus tard, il est convoqué pour un interrogatoire. Il lui est notamment reproché d’avoir demandé à certains patients les résultats de leurs analyses.
La France reste l’un des derniers pays de l’Union Européenne à ne pas avoir intégré les médecines non conventionnelles, malgré la directive européenne Collins – Lannoye de 1997 ( ici ). Il n’existe donc pas de diplôme d’État aujourd’hui en France.
La naturopathie est pourtant reconnue officiellement dans les pays suivants : Afrique du Sud, Allemagne, Australie, Belgique, Chine, Danemark, Grande Bretagne, Irlande, Israël, Norvège, Pays Bas, Portugal, Russie, Suède, Suisse ainsi que dans le continent Indien, une douzaine d’Etats des USA et 5 provinces du Canada (la Colombie-Britannique, le Manitoba, la Nouvelle-Écosse, l’Ontario et la Saskatchewan).
Le naturopathe aborde le patient de façon holistique, en prenant également en compte son alimentation, son environnement, ses émotions, entre autres. La moitié de la population française consulte des praticiens en médecine naturelle. Pourquoi l’ordre des médecins refuse t-il d’encadrer cette profession, complémentaire à la médecine allopathique ? Certains pensent que c’est dû aux conflits d’intérêts de ses représentants avec l’industrie pharmaceutique.
Lionel Barrière témoigne :
L’Ordre des médecins a longtemps fait pression pour empêcher les naturopathes d’exercer leur profession en France. Cette attitude est préoccupante car elle porte atteinte à la liberté de choix des patients et à leur droit d’accéder à des soins de santé naturels et holistiques.
Cependant, l’Ordre des médecins en France ne reconnaît pas la naturopathie comme une profession de santé et refuse de la réglementer. En conséquence, les naturopathes ne sont pas autorisés à diagnostiquer ou à traiter des maladies, ni à prescrire des médicaments. Cette situation est préjudiciable à la profession et aux patients.
Comme beaucoup de naturopathes, le 05/07/2023 à 9h30, j’ai été pour la seconde fois convoqué pour une enquête préliminaire par la gendarmerie de Lesparre-Médoc.
En effet, lors de la perquisition à mon cabinet, il y a 4 mois, complétée par une garde à vue dans l’après-midi, ils n’ont rien trouvé et je reste toujours interrogatif sur mes accusations.
Cette fois, je viens avec mon avocate (grâce à mon assurance professionnelle). J’ai ainsi pu me préparer contrairement à la première audition où j’étais bien loin de m’imaginer qu’il y aurait une suite.
Effectivement, je ne vends aucun produit illégal et ceux que je conseille sont en libre service en pharmacie, je ne prône pas le jeûne et je n’escroque pas mes patients, car mes tarifs sont les mêmes, que je passe 2 ou 3 heures à converser avec eux afin de trouver la cause de leurs maux en tant que naturopathe holistique.
Cette situation est contraire aux dispositions réglementaires de l’Union européenne, indiquant que chaque Etat membre doit statuer sur la reconnaissance des médecines naturelles et notamment de huit techniques, dont la naturopathie.
Finalement, j’ai subi encore une garde à vue, mais cette fois prolongée, j’y ai passé la nuit et le lendemain j’ai été déféré au parquet de Bordeaux où j’ai passé la journée. Tout cela pour apprendre de la Procureure qu’un procès est prévu le 30 novembre 2023 à 14h, au tribunal de Bordeaux.
Pour le détail, la caution pour sortir en attente de ma “mise à mort” et l’incarcération jusqu’au procès demandée par la procureure ont été évités grâce à mon avocate.
Toutes les accusation suite à deux plaintes de l’Ordre des médecins et des pharmaciens à mon encontre restent pour moi un mystère, si ce n’est que nous savons tous que la France veut se débarrasser des naturopathes, comme me l’a fait comprendre cette procureure qui est contre les médecines douces.
Je demande de l’aide, pas financière, mais il faut que cette histoire soit diffusée. Car, je n’en resterai pas au procès, mais je compte bien mettre la France devant ses responsabilités au Tribunal européen.
Il faut organiser la défensive sur une structure unique et pour tous. La France doit légiférer sur la profession de naturopathe afin d’harmoniser le statut dans l’ensemble de l’Europe et de pouvoir créer un ordre pour éviter à toutes les personnes sans connaissances de se dire naturopathe et exercer sans contrôle. En fait, toutes les médecines douces.
Nous recherchons des juriste(s) ou avocat(s) bénévoles avec des connaissances en médecine alternative et en droit européen dans ce domaine pour préparer le dossier afin que la France respecte la directive européenne au Tribunal européen.
Nous avons déjà à ce jour plus de 33’000 signatures sur la pétition que nous avons lancée afin de légiférer sur la reconnaissance de la naturopathie par l’Etat : https://bit.ly/3OldGDT
Lionel Barrière, Naturopathe certifié
www.naturopathe-phytotherapeute.com
Collectif pour les Médecines Douces en France :
CMDF : https://www.centre-resilience.com/collectif-pour-les-medecines-douces-en-france.php
Faire un Don : https://bit.ly/3OTTWc4
Ebook “Au-delà des limites : comment la loi française condamne la naturopathie. Il faut organiser la défensive sur une structure unique et pour tous”