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Covid: le Monde diplomatique publie une enquête critique

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La journaliste indépendante et professeure Ariane Denoyel a réalisé une enquête très fouillée, publiée par le Monde diplomatique.

Titrée «Vaccins et Covid, aux origines d’une défiance», elle donne la parole à des experts nuancés qui, en pleine crise, n’ont jamais été consultés ni médiatisés.

Bien que véhiculant toujours certaines certitudes «covidistes», son article ose, dans un média placé à gauche, aller très loin dans une analyse équilibrée de la crise.

Dégel du débat public sur le Covid

Marquant un dégel du débat public autour du Covid, l’exercice de la critique semble encore périlleux pour la journaliste et ses hôtes.

Comme pour mettre le pied à l’étrier des personnes moins informées sur la question, l’enquête commence par condamner toute pensée déviant de la «doxa Covid» avant d’avancer les pions de l’altérité.

Une fois le lecteur mis en confiance par la condamnation consensuelle des “antivax” aux «discours anti-science et simplistes», cet article ouvre la fenêtre à d’autres points de vue, conduisant le public à travers l’histoire encore secrète et taboue de cette “pandémie”.

L’article débute par des louanges pro-vaccins

L’enquête d’Ariane Denoyel débute avec des louanges quasi-provax issues de la revue Prescrire, présentée comme la seule revue médicale francophone indépendante de l’industrie: les injections à ARN messager constituent selon celle-ci “un progrès thérapeutique majeur” avec “une forte réduction du risque de formes symptomatiques, y compris celles graves”.

Ces assertions, relevant plus du marketing que de la science, ont été démenties depuis longtemps dans divers rapports, indépendants eux aussi de l’industrie. La branche destinée au traitement du cancer de ces mêmes thérapies à ARN messager en est encore au stade des études cliniques après des décennies de développement… en raison de la quantité d’effets indésirables constatés.

Au final, le seul grand progrès palpable est celui des “bénéfices exorbitants” des laboratoires, comme l’a relevé le ministre allemand de la santé Karl Lauterbach.

Pour l’anecdote, Prescrire avait décerné son prix “Pilule d’Or” en 2021 à ces vaccins, ce qui rend difficile le fait de les critiquer, alors que cela peut se justifier en 2023. La suite de l’article va pourtant méthodiquement s’en charger.

«Errements des autorités sanitaires»

Le récit devient plus intéressant dans les paragraphes suivants, qui parlent ouvertement des manquements des autorités et du “déficit d’information pour les citoyens”.

L’auteure relève l’occasion ratée, au vu de l’injection massive d’argent public pour développer les vaccins Covid, d’imposer un “nouveau cadre de transparence à tout le secteur”, qui aurait pu “desserrer la mainmise de l’industrie sur la production de l’information médicale”.

Allusion aux revues trop complaisantes avec les études financées par les laboratoires et à l’inverse aux exigences extrêmes d’exemplarité demandées aux études indépendantes.

Les vaccins Covid ont-ils sauvé des millions de vies ?

La parole est ensuite donnée au Prof. John Ioannidis de l’Université américaine de Stanford, enseignant et chercheur réputé, référence reconnue en épidémiologie et santé humaine. Il est le scientifique qui avait déterminé en 2020 déjà que la létalité du SARS-Cov-2 s’approche de celui d’une grippe, loin des chiffres catastrophistes annoncés les premières semaines et restés ancrés dans les esprits depuis. Selon ses analyses, remises régulièrement à jour, les variants consécutifs se sont avérés être encore moins dangereux.

Pour lui, l’estimation du nombre de vies sauvées s’est faite sur une «modélisation reposant sur des bases discutables». Notamment en raison de la «surestimation du taux de létalité avant vaccination» et de «l’efficacité des vaccins plutôt surévaluée», ajoute-t-il.

Pourtant, semblant contredire sa propre analyse, il affirme que le nombre de vies sauvées pour la première année se situe entre 1 et 6 millions, au lieu des 14 millions officiels. L’écart de sa fourchette semble plutôt indiquer qu’il est impossible de mesurer avec fiabilité ce compteur.

«Les industriels minimisent les risques et exagèrent les bénéfices»

Le Professeur Ioannidis plaide pour des essais cliniques randomisés, “assortis d’une transparence complète sur leurs résultats”. Selon lui, “nous nous sommes trop reposés sur des études médiocres pour évaluer l’efficacité et la sécurité de ces vaccins ».

C’est également la mise en garde de Claudina Michal-Teitelbaum, médecin généraliste et relectrice pour Prescrire: “Les essais sont menés par les industriels et les données qui en sont issues leur appartiennent exclusivement. Ils ne communiquent que ceux qu’ils souhaitent, même aux autorités sanitaires, ils minimisent les risques et exagèrent les bénéfices.”

“Les essais n’étaient pas conçus pour évaluer la capacité des vaccins à prévenir les décès, la transmission, les formes sévères ni les hospitalisations.” Dre Claudina Michal-Teitelbaum

Irrégularité des essais cliniques et falsifications des données

L’article a le mérite de citer des exemples de deux participantes aux essais cliniques, Brianne Dressen et Madie de Garay, dont on sait qu’elles ont été sciemment écartées de l’essai après avoir développé des effets indésirables graves. Selon David Healy, le pharmacologue et psychiatre qui a expertisé le cas de Madie de Garay, “depuis 30 à 40 ans, l’industrie a une fâcheuse tendance à faire disparaître certains effets indésirables gênants des statistiques issues de ses essais cliniques”.

Le cas de Brook Jackson est aussi évoqué: cette ancienne responsable d’un centre d’essai clinique en sous-traitance pour Pfizer avait dénoncé toute une série d’irrégularités dont des falsifications de données, des problèmes de qualité des produits. Pfizer a utilisé en sous-traitance 135 ou 153 de ces centres dispersés dans tous les États-Unis pour ses essais sur le vaccin Covid.

Le British Medical Journal est également cité dans l’article pour avoir investigué leur gestion pour dévoiler “des lacunes considérables dans les contrôles des centres d’essais cliniques aux États-Unis”, assorties d’un manque de transparence. La même revue avait également déploré que les autorités de santé américaines ont mis plus d’un an à étudier plusieurs signaux d’effets secondaires graves, comme l’infarctus du myocarde, et qu’aucune mise en garde n’a été effectuée ni auprès des médecins, ni auprès du public.

Le Wall Street Journal avait révélé en août 2022 que pour autoriser les vaccins à ARN messager “actualisés”, les autorités sanitaires américaines s’étaient contentées d’une étude de Pfizer menée sur 8 souris dont les données des tests n’avaient pas été rendues publiques.

Un effet grave pour 800 injections

Ariane Denoyel mentionne une étude parue dans la “très sérieuse revue Vaccine” qui conclut à une fréquence d’effet grave de un pour huit cents injections, ce qui a poussé les chercheurs à demander une réévaluation de la balance bénéfices-risques de manière stratifiée, c’est à dire en séparant les différents groupes cibles en fonction de leurs risques respectifs.

Les 1.6 millions d’effets secondaires recensés au niveau européen sont évoqués, ainsi que les 11 515 décès consécutifs à une vaccination Covid. Rappelons-nous que s’agissant d’une vaccinovigilance passive pour un produit labellisé “sûr et efficace”, la propension à annoncer un effet indésirable s’est révélé être très faible dans le corps médical.

Sous-déclaration des effets graves

L’article cite la présidente de la haute autorité de santé en France (HAS), Mme Dominique Le Guludec, qui avoue que la sous-déclaration est “liée à une culture punitive et déstabilisante qui désincite les médecins” à le faire. Plus loin, il est mentionné que l’Académie de médecine estime qu’un système de déclaration passif “rate 82 % à 98 % des effets indésirables”.

“Les médecins sont devenus de moins en moins capables de diagnostiquer les effets toxiques de médicaments et de vaccins.” David Healy

Les destins tragiques des victimes d’effets indésirables sont également évoqués par l’avocat Éric Lanzarone, représentant environ 300 d’entre elles. Il explique leur parcours du combattant pour obtenir une reconnaissance de leur état et une aide appropriée.

Une communication déloyale

Le détournement de la science pour justifier des buts politiques et les atteintes aux libertés est également abordé, comme la reprise des projections les plus alarmistes par le gouvernement, qui les a même “empirées quand cela l’arrangeait, faisant fi d’un semblant d’honnêteté intellectuelle”, selon les créateurs de la plateforme Covid Scenarios.

Dans la même veine, le Professeur François Alla est également cité: “En ne mentionnant pas les effets indésirables et leur mode de signalement dans leurs campagnes de communication massives et dans les courriels dont la direction générale de la santé inonde les professionnels de santé, les pouvoirs publics n’ont pas informé loyalement”, dit-il.

Autocensure des journalistes

Selon Claudina Michal-Teitelbaum, “les médias se sont montrés alarmistes durant la pandémie tout en manifestant une volonté de rassurer la population à tout prix au sujet des vaccins”. “Dans la sidération générale”, poursuit-elle, “les bases scientifiques des décisions des autorités sanitaires ont peu été remises en question et les journalistes se sont beaucoup autocensurés, accordant aux vaccins un statut sacré, intouchable”.

La censure arbitraire sur les réseaux sociaux est également évoquée avec deux exemples concernant Facebook et Twitter. Le premier étant l’article du British Medical Journal concernant les dysfonctionnements des centres d’essais cliniques américains, qui avait été qualifié de “fausse information” par Facebook. La rédaction en chef de la revue avait alors réagi vivement en qualifiant la vérification du réseau social d’inexacte, incompétente et irresponsable.

En conclusion

“Trois ans après, un bilan plus documenté des politiques de santé publique reste à faire.” Ariane Denoyel, journaliste

Notre compte-rendu n’effleure qu’une partie des informations riches données dans l’enquête complète, que nous ne pouvons que vous conseiller de lire dans son entièreté et de partager. Merci à notre consœur  Ariane Denoyel pour cette enquête remarquable et honnête.

Lien vers l’enquête complète

Biographie d’Ariane Denoyel

“Ariane Denoyel, journaliste indépendante et professeure associée de journalisme, diplômée de l’IEP de Paris, s’est spécialisée depuis les années 2010 dans les thématiques liées à la santé et plus particulièrement aux effets indésirables des médicaments, avec un intérêt spécifique pour les antidépresseurs (ISRS – inhibiteurs “sélectifs” de la recapture de la sérotonine et IRSNa, inhibiteurs “sélectifs” de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline) ainsi que pour les dérives des essais cliniques (“orientation” voire trucage, manque d’accès aux données), et des revues.” Source