Après avoir échoué à négocier un traité sur les pandémies avant et pendant sa réunion annuelle de mai 2024, l’OMS avait tout mis en oeuvre pour accoucher d’un texte viable au cours des six mois suivants, mais c’est sans succès. Le bureau de l’organisation dispose d’un an maximum pour y parvenir, après quoi il n’y aura plus de prolongation.
Efforts continus
Les deux coprésidents de l’organe intergouvernemental de négociation (OIN) du traité sur les pandémies avaient été remplacés par une ambassadrice suisse et une médecin sud-africaine, Precious Matsoso, qui avait coprésidé le groupe sur les amendements au Règlement sanitaire international.
Ce groupe a enchaîné les réunions en personne et les contacts à distance, avec les Etats membres et les différentes “parties prenantes” dans l’espoir de parvenir à un projet pour la date du 12 novembre.
Cette échéance devait absolument être respectée pour pouvoir organiser une réunion extraordinaire de l’Assemblée mondiale de la santé en décembre et faire passer le traité ‘en urgence’.
Rien de tout cela n’a fonctionné. Les négociateurs ne sont pas parvenus à un accord et les questions litigieuses sont restées sans réponse: notamment celles qui concernent la surveillance et le concept de “One Health ou santé unique”, les droits de propriété intellectuelle sur les brevets et le coût des médicaments pour les pays à faible revenu, ainsi que la constitution de “bibliothèques d’agents pathogènes” et les modalités de leurs échanges.
Une annonce timide
Les coprésidents de l’INB de l’OMS ont donné une brève conférence de presse pour avertir les 194 pays membres qu’ils ne seraient pas rappelés à Genève le mois prochain. Les orateurs ont tenté de faire bonne figure en citant les progrès accomplis et en expliquant que les négociations se poursuivent dans l’objectif de parvenir à la signature d’un traité pour la prochaine Assemblée mondiale de la santé fin mai 2025, mais ils savent que cette perspective s’éloigne.
À la question de savoir si l’élection de Donald Trump était susceptible d’influencer le futur des négociations, les orateurs ont préféré s’abstenir de répondre. Il semble toutefois évident que le rush pour parvenir à un texte de dernière minute était lié à cette éventualité.
L’an dernier, Donald Trump avait exprimé son opposition au traité et son souhait de réduire l’engagement des États-Unis dans l’OMS. Robert Kennedy Jr., qui s’est rangé à ses côtés dans l’intention de “rendre la santé aux américains”, avait également appelé à son rejet.
En attendant, l’OMS poursuit le déroulement du programme de santé mondiale en appelant à investir d’urgence dans “la santé liée au climat” à la COP 29, où se négocie la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Ici aussi le résultat des élections américaines pourrait bien changer les perspectives.