La grande dépossession: comment les banques sont devenues propriétaires de vos valeurs à votre insu.

En cas de faillite bancaire, c'est la totalité de vos titres qui pourra être saisie par les créanciers prioritaires. Entretien entre James Patrick et Claudio Grass
Article en bref

Cet entretien entre James Patrick, le réalisateur américain de la série Planet Lockdown et Claudio Grass, un conseiller dans le marché de l'or en Suisse, aborde en quelques questions clés un changement fondamental de la législation bancaire aux États-Unis et en Europe à partir des révélations de l'économiste David Webb dans le documentaire "Stop it! The Great Taking" (Arrêtez la grande rafle). Il explique pourquoi et comment les différents avoirs financiers (obligations, actions, titres en tous genres) de tout investisseur privé ou public, ne sont plus garantis à leur acquéreur.

Entretien de Claudio Grass sur le documentaire « Stop it! The Great Taking », publié sur Forum Geopolitica le 21 juillet 2025

Avant-propos de Claudio Grass à ses lecteurs

Comme beaucoup de mes clients, amis et lecteurs réguliers le savent bien, j’ai passé la majeure partie de la dernière décennie à critiquer tous les grands maux et abus de l’État et de ses complices du capitalisme de connivence. J’ai rédigé de nombreuses analyses et prononcé maints discours pour alerter mes concitoyens sur les dangers des dérives autoritaires et de la concentration du pouvoir par le gouvernement. Les risques les plus importants se trouvent, sans exception, dans les questions monétaires et dans le système bancaire. Après tout, celui qui contrôle la monnaie contrôle le monde.

Aujourd’hui, ceux d’entre nous qui ont étudié l’histoire monétaire et qui observent attentivement le fonctionnement du système actuel savent parfaitement que les monnaies fiduciaires sont dépourvues de toute valeur réelle. Leur valeur perçue dépend entièrement de l’État, et la notion même de propriété de son épargne est une illusion. Les épargnants peuvent se réveiller un matin et découvrir qu’ils n’ont plus accès à leurs comptes bancaires, comme on l’a vu au Canada, ou qu’une partie de leur épargne s’est tout bonnement évaporée, comme à Chypre.

Ce qui pourrait toutefois être une surprise bien plus troublante, c’est que ce risque et cette incertitude concernant les droits de propriété s’étendent aussi aux titres financiers. Dans l’entretien qui suit, James Patrick parle du sujet de son nouveau documentaire, « STOP IT! The Great Taking« , qui met en lumière une transformation peu connue mais aux conséquences majeures du droit des valeurs mobilières à l’échelle mondiale. Il révèle le changement choquant qui s’est produit à travers une série de modifications législatives aux États-Unis et dans l’Union européenne, lesquelles ont discrètement transféré des droits légaux des investisseurs vers les grandes institutions financières. Cela a conduit à une redéfinition juridique de la propriété des actions, obligations et autres actifs que les investisseurs croient détenir pleinement, alors qu’en pratique, en réalité et légalement, ce n’est pas le cas.

Claudio Grass (CG): Ravi de m’entretenir à nouveau avec toi, James. Beaucoup de gens ont entendu parler du terme «The Great Taking» proposé par David Webb, mais pourrais-tu résumer brièvement de quoi il s’agit?

James Patrick (JP): Bien sûr. L’histoire concerne une pratique frauduleuse qui s’est développée au sein de l’industrie des services financiers: utiliser subrepticement les titres des clients comme garantie pour leurs propres transactions et les prêter à d’autres entreprises pour qu’elles les utilisent comme garantie pour des paris spéculatifs. Cette pratique est devenue courante dans les années 1970, mais des changements législatifs visant à légaliser cette fraude ont été mis en place aux États-Unis dans les années 1990 et harmonisés dans le droit de l’UE dans les années 2000.

CG: Donc, de quels titres parle-t-on exactement? S’agit-il des actions et obligations que les investisseurs particuliers achètent par l’intermédiaire de leur courtier?

JP: Malheureusement, cela concerne tous les titres sur le marché. Tous les investisseurs en titres, petits ou grands, même les investisseurs institutionnels ou sophistiqués, sont exposés au risque de défaillance de leur courtier et des intermédiaires financiers situés au-dessus d’eux dans le système. Même lorsque les clients se voient dire que leurs comptes sont «séparés», en réalité, ce n’est pas le cas. Tous les titres des clients sont conservés dans des comptes communs, puis sont utilisés comme garanties. Cela se reproduit sans cesse dans des chaînes de garanties collatérales réhypothéquées.

Lorsqu’une entreprise qui a hypothéqué les actifs de ses clients fait faillite, ces clients n’ont droit qu’à une «part proportionnelle» de ce qui reste des actifs. Leur droit de récupérer leur propriété est subordonné à celui des créanciers de l’entreprise en faillite, dont la créance est contractuellement garantie par cette propriété qui appartient aux clients de l’entreprise en faillite.

CG: C’est vraiment surprenant. Comment cela peut-il être légal?

JP: Pour répondre à ta question, voici comment cela l’est devenu. L’utilisation frauduleuse des garanties appartenant aux clients a commencé comme un acte illégal et s’est transformée en une pratique courante de l’industrie. Cela a donné lieu à un effort de lobbying coordonné sur plusieurs décennies pour modifier en profondeur le droit des valeurs mobilières et le droit de la faillite afin de légaliser cette pratique. Ces changements législatifs exposent désormais tous les détenteurs de titres au risque total de perte si les entreprises utilisant leurs titres font faillite.

Le premier grand changement légal a eu lieu aux États-Unis, en 1994, avec la révision de l’Article 8 du Code de commerce uniforme (Uniform Commercial Code), qui est la principale section régissant les valeurs mobilières. Cette modification du UCC a introduit deux concepts juridiques nouveaux. Le premier est qu’un titre de propriété direct sur une valeur mobilière a été remplacé par une créance contractuelle sur cette valeur, appelée «Securities Entitlement» (droit à titre de valeur mobilière). Le problème est que cette créance contractuelle est très faible en cas de procédure de faillite.

Le deuxième concept juridique nouveau est que, en cas de faillite, la priorité sur les titres du client est accordée au créancier garanti du contrat dérivé utilisant ces titres comme garantie, avant même le client (le titulaire du droit). La révision de 1994 de l’Article 8 a servi de modèle pour harmoniser ces changements dans le droit de l’UE entre 2004 et 2014, comme le montrent les documents du «Legal Certainty Group» (le groupe de travail chargé de mettre en œuvre ces modifications dans le droit des valeurs mobilières dans l’UE) et les juristes de la Federal Reserve Bank de New York.

CG: Donc, les clients risquent de tout perdre à tout moment si les entreprises qui utilisent leurs actifs font faillite, c’est bien ça? Et qui sont exactement ces créanciers garantis?

JP: Les titres des clients sont déposés comme marge initiale sur des contrats dérivés et, si le marché évolue défavorablement pour ces positions, il faut apporter plus de garanties ou la marge initiale est liquidée. Chaque contrat dérivé a un créancier garanti, qui prend le contrôle des garanties mises en gage. Le problème auquel l’industrie était confrontée, c’est que lorsque les titres des clients servent plusieurs fois de garanties pour de nombreux contrats dérivés, et que ces contrats échouent, les créanciers garantis de ces contrats défaillants récupèrent les garanties. Mais il n’y en a pas qu’un seul: ils sont nombreux, ce qui engendre une lutte de priorité entre plusieurs créanciers garantis. L’industrie avait donc besoin d’une certitude juridique pour que les créanciers garantis passent avant les clients. Il fallait éliminer les droits des clients sur leur propre propriété pour que l’industrie des dérivés puisse fonctionner avec un effet de levier aussi élevé.

Un autre obstacle juridique majeur auquel l’industrie faisait face concernait le droit de la faillite. Avant les modifications apportées au droit de la faillite, si les titres d’un client étaient saisis à la veille d’une faillite, cela relevait de la fraude constructive ou du transfert frauduleux. Des changements dans le droit de la faillite ont donc été adoptés au niveau fédéral aux États-Unis en 2005 et 2006, modifiant les dispositions dites de «Safe Harbor» et introduisant les exemptions 546(e) qui exemptaient spécifiquement la fraude. Ils ont littéralement créé des exemptions pour les critères mêmes de fraude constructive et de transfert frauduleux. Je sais que tout cela paraît invraisemblable, mais c’est bien vrai et écrit noir sur blanc dans la loi.

Ces changements législatifs ont conduit à une spéculation effrénée sur le marché des dérivés, dont la valeur est aujourd’hui estimée à environ 2 quadrillions de dollars. La valeur sous-jacente de tous les titres détenus auprès de la Depository Trust and Clearing Corporation (DTCC) à New York et d’Euroclear en Belgique s’élève à environ 130 000 milliards. Comme tous ces 130 000 milliards ne servent pas de garantie, on parle d’un effet de levier systémique supérieur à 20, avec des obligations du Trésor américain dépassant parfois un levier de 150.

CG: Comment se fait-il que l’investisseur moyen n’ait absolument aucune idée de ce problème? Même des professionnels chevronnés ne sont probablement pas pleinement conscients du risque auquel ils sont exposés sur les marchés. Comment de tels changements juridiques, à ce point importants et transformateurs, ont-ils pu avoir lieu sans aucune information publique, et encore moins de débat?

JP: Ces changements ont été introduits discrètement, mais sous les yeux de tous. Bien que l’ensemble du secteur bancaire, du marché des pensions livrées (repo) et des dérivés en ait largement profité, rares sont ceux, même dans l’industrie, qui saisissent réellement la situation dans sa globalité et les risques systémiques qui en découlent… Et même les grands investisseurs institutionnels n’en ont aucune idée, alors un client particulier, même s’il a des centaines de millions de dollars sur les marchés, encore moins.

Parallèlement à ces évolutions, le marché des pensions livrées, véritablement développé par JPMorgan, est devenu le principal marché monétaire interbancaire. Ces contrats de «repurchase agreement» (repo) sont intrinsèquement susceptibles de provoquer des problèmes de liquidité systémique en cas de retournement du marché. La BRI (Banque des règlements internationaux) a d’ailleurs rédigé de nombreux rapports alertant sur les « spirales de marge » qui peuvent survenir dans un tel scénario.

CG: Et que peut-on faire face à cela?

JP: Eh bien, au sein de l’UE, honnêtement pas grand-chose, car une grande partie de tout cela a été inscrite dans le droit communautaire, qui prime sur les gouvernements nationaux. Donc, à moins de démanteler l’UE elle-même, je ne vois pas de stratégie juridique claire pour revenir en arrière. Les gouvernements nationaux de l’UE doivent affirmer leur souveraineté, sortir de l’UE et protéger leurs citoyens.

Mais aux États-Unis, comme la modification juridique fondamentale a été adoptée au niveau des États, elle peut être annulée au même niveau en supprimant quelques exceptions introduites lors de la révision de l’Article 8 en 1994. Cela permettrait de démanteler la structure juridique mise en place par l’industrie pour grever les titres des clients. Si ces projets de loi visant à modifier l’Article 8 sont adoptés dans un État, cela permettrait aux grandes entreprises de réécrire leurs contrats de garde sous la juridiction de cet État, leur garantissant la priorité sur leurs titres si leur courtier ou d’autres intermédiaires financiers faisant usage de leurs titres faisaient faillite.

Si nous ne faisons pas ces changements, nous ne posséderons rien et nous serons malheureux.

CG: Peux-tu développer un peu plus ce dernier point? Si rien ne change, que penses-tu qu’il se passera ensuite? À quoi ressemblerait le pire scénario et quels «dominos» devraient tomber pour qu’on en arrive là?

JP: Dans le pire des cas, on assisterait à une baisse des prix sur le marché des dérivés, ce qui provoquerait une cascade d’appels de marge. Au fur et à mesure, les garanties seraient vendues, peu importe le prix obtenu sur le marché, et tout le marché collatéral se figerait, tandis que tous les titres des investisseurs seraient transformés en obligations du Trésor américain et repris par les créanciers garantis.

Au final, cela profiterait aux banques «too big to fail» qui absorberaient tout le collatéral. Tout le monde perdrait son épargne et la richesse de la société serait transférée entre les mains de quelques-uns, sans aucun recours juridique possible, sauf une révolution armée. Nous vivrions alors dans un monde bien plus pauvre, tel que décrit dans certaines initiatives de l’ONU comme C40.org, où la viande, les produits laitiers, les voyages longue distance et les voitures seraient hors de portée des gens ordinaires, qui seraient regroupés dans des « villes du quart d’heure« .

CG: Comment en es-tu venu à t’intéresser à ce sujet ?

JP: Eh bien, je viens de Washington DC… ne m’en tiens pas rigueur… et j’ai toujours cherché à comprendre qui contrôle vraiment notre gouvernement «hors de contrôle». J’en suis venu à la conclusion que ce sont les intérêts bancaires derrière la Réserve fédérale qui tiennent réellement les rênes. J’ai donc cherché les meilleures analyses sur le fonctionnement de la Fed et cela m’a conduit à l’école autrichienne d’économie. Ils proposent la meilleure analyse du cycle économique et des problèmes liés à la réserve fractionnaire. Cette pratique vieille de 300 ans, qui consiste pour les banques à prêter les dépôts de leurs clients et à empocher les intérêts comme bénéfices, ressemble étrangement à la pratique actuelle de l’industrie consistant à mettre en gage et prêter les titres des clients, les profits des opérations revenant à la firme.

Je terminais un doctorat sur la réforme monétaire et bancaire et sur la menace que représentent les MNBC pour les libertés civiles quand l’épisode covid a commencé. Cette violation massive de nos droits m’a mis en colère, alors j’ai décidé d’agir et j’ai lancé le plus grand documentaire international sur le sujet, Planet Lockdown, auquel tu as beaucoup contribué, Claudio. Il y a 18 mois, j’ai rencontré David Webb lors d’une conférence en Suède où nous intervenions tous les deux. Je lui ai proposé de faire un film sur ce sujet et nous avons décidé de réaliser un documentaire. Lui et plusieurs autres banquiers, dont certains travaillaient sur le marché des eurodollars, m’ont aidé à comprendre cette question des titres financiers et à actualiser ma compréhension des marchés financiers au-delà de l’analyse autrichienne. Trois mois après le début du film, des avocats qui ont lu son livre dans le Dakota du Sud ont commencé à introduire des lois au niveau des États pour modifier l’Article 8 du UCC afin de redonner aux clients la priorité sur leurs propres titres, avant les créanciers garantis. Nous étions en train d’interviewer G Edward Griffin lorsque David et moi avons entendu parler de ces initiatives, et le film est rapidement devenu centré sur ces efforts législatifs de 2024 pour modifier l’Article 8 — et la suite appartient à l’histoire. C’est G Edward Griffin qui a suggéré que le film s’intitule «STOP IT!». Le film est sorti fin janvier et peut être visionné gratuitement sur TheGreatTakingReport.com.

CG: Peux-tu nous parler un peu de ton expérience lors de la réalisation du film? Et as-tu rencontré des obstacles ou des pressions pendant la production ou après sa sortie?

JP: Si tu parles de harcèlement, non, je n’en ai pas eu. Très peu de gens connaissent encore ce sujet, et ceux qui en savent un peu ne saisissent pas vraiment toutes les implications. C’est grâce à des entretiens comme celui-ci que davantage de personnes peuvent découvrir ce qui se passe et exercer une pression sur leurs législateurs pour abroger ces lois qui légalisent le vol et la fraude.

CG: Quelle histoire! Y a-t-il autre chose que tu aimerais ajouter pour conclure?

JP: Tout le monde peut voir le film sur TheGreatTakingReport.com. Je publie aussi un rapport technique destiné aux investisseurs avertis et aux gestionnaires de fonds pour qu’ils comprennent mieux les risques inhérents au marché des titres financiers. Mon rapport passe en revue les modifications législatives pertinentes aux États-Unis et dans l’UE qui ont sapé les droits de propriété sur les titres et expose les risques méconnus auxquels tous les investisseurs sont confrontés.

Je voudrais aussi encourager tous les citoyens américains à contacter leurs législateurs au niveau de leur État pour amender l’Article 8. C’est un objectif réaliste et la première étape pour restaurer nos droits de propriété et désamorcer pacifiquement une bulle de dérivés de 2 quadrillions de dollars qui menace de faire s’effondrer l’économie mondiale.

Tout le monde peut contacter James Patrick pour des questions à l’adresse suivante: info@TheGreatTakingReport.com

Document The Great taking à télécharger en anglais et en français:

Addendum

Suite à notre publication de cette interview, un lecteur a contesté l’analyse présentée via un certain nombre de points qu’il a publiés sur notre fil de discussions Telegram.

Nous avons traduit ses remarques en anglais et les avons transmises à James Patrick, auquel nous avons demandé une réponse, que nous avons ensuite traduite en français.

Nous faisons figurer ci-dessous les points soulevés par le lecteur, ainsi que les réponses correspondantes de James Patrick. Pour certains termes techniques dont nous ne sommes pas sûrs de la terminologie exacte en français, nous laissons le terme en anglais entre crochets.

La remarque quant à l’intérêt de Claudio Grass n’a pas de pertinence, puisqu’il n’est pas l’auteur de cet exposé: les arguments du « Great Taking » proviennent de David Webb, dont le livre est par ailleurs gratuit, ainsi que de James Patrick, dont le documentaire est également disponible gratuitement.

Nous reproduisons également verbatim les références fournies par le lecteur, qui ne contenaient malheureusement aucun lien utile.

Question

Propriété de tes titres en Europe. MiFID II et le CSDR imposent la séparation des avoirs clients des actifs de l’intermédiaire (comptes « omnibus » ou segregated au choix) ; l’intermédiaire ne peut pas s’approprier tes titres. C’est la base du droit de garde en Europe. ([ESMA][1])

Réponse

Bien que la directive MiFID II et le règlement CSDR exigent la séparation des actifs des clients et des actifs de l’intermédiaire dans le cadre de la législation européenne sur la conservation, les actifs des clients peuvent être conservés sur une base fongible et donc utilisés dans le cadre d’opérations financières en Belgique depuis 1967.

L’arrêté royal 62 du 10 novembre 1967 autorisait les institutions de règlement à détenir des instruments financiers sur une base fongible. Il est intéressant de noter que l’année suivante, en 1968, Euroclear a été fondé en Belgique par J.P. Morgan de New York.

La majeure partie de l’utilisation des actifs des clients comme garantie se fait par l’intermédiaire d’Euroclear, qui agit en tant que fournisseur de gestion des garanties [collateral management provider] pour le système financier. Cela permet d’avoir une vue d’ensemble du niveau d’endettement sur les marchés financiers.

Question

Réutilisation (rehypothecation) “à ton insu” ? En UE, toute réutilisation de tes instruments financiers comme collatéral nécessite ton consentement écrit et une information préalable (SFTR art. 15, règles MiFID). Pas de consentement ⇢ pas de réutilisation. ([ESMA][2], [ICMA][3], [Legislation.gov.uk][4])

Réponse

Bien que la réutilisation individuelle des titres d’un client nécessite son consentement explicite, une fois que ces titres sont conservés dans des comptes fongibles [fungible accounts], cette réutilisation est ignorée et le résultat à l’échelle du système conduit à plusieurs niveaux de réhypothécation.

Il convient de noter que la plupart des sociétés financières regroupent les titres de leurs clients dans leurs livres et registres. Les lois relatives à cette activité ont été modifiées et élaborées par le secteur des services financiers au cours de plusieurs décennies, depuis les années 1970 jusqu’à aujourd’hui.

Ainsi, bien que les restrictions que vous soulignez interdisant la réutilisation des titres individuels des clients soient inscrites dans les livres, leur utilisation à partir de comptes communs [pooled accounts] à différents niveaux du système financier, mais en particulier à partir des dépositaires centraux de titres [central securities depositories], est courante et légale à grande échelle.

Question

“L’Article 8 du UCC a supprimé la propriété des investisseurs” (USA). Faux. L’Article 8 décrit le système d’intermédiation (“securities entitlement”) mais n’autorise pas un dépositaire à devenir propriétaire des titres de ses clients en cas d’insolvabilité ; les titres sont séparés/réclamables. Position officielle de l’Uniform Law Commission. ([Higher Logic Download][5], [Legal Information Institute][6])

Réponse

L’article 8 de l’UCC a considérablement réduit les droits de propriété sur les titres en remplaçant le titre direct par une créance contractuelle sur un titre, appelée « droit sur les titres » [securities entitlement].

Ce changement visait à s’adapter à la pratique du secteur consistant à conserver les titres dans des comptes communs [pooled accounts]. Cela empêche également le recouvrement en cas de faillite du courtier ou des intermédiaires financiers qui utilisent les titres des clients comme garantie.

L’article 8 accordait également aux créanciers garantis, dans le cadre des contrats dérivés pour lesquels les intermédiaires financiers avaient grevé les titres des clients, une priorité sur les titres des clients en cas de faillite. Le secteur en avait besoin pour garantir l’intégrité du système financier, qui repose sur de multiples niveaux de réutilisation des garanties des clients [many layers of rehypothecated use of client collateral].

Question

“Les safe harbors US légalisent la fraude.” Non. Le § 546(e) limite certains recours *techniques* du syndic en faillite, mais ne protège pas les transferts réalisés avec intention frauduleuse (et la Cour suprême en a restreint la portée dans *Merit Management*). Dire que « la fraude est légalisée » est trompeur. ([jonesday.com][7], [hklaw.com][8], [Justia Law][9])

Réponse

Je ne peux parler que de la législation américaine, mais j’encourage les gens à rechercher les législations harmonisées adoptées dans les pays de l’UE, car je pense que c’est le cas. La loi BAPCPA (Bankruptcy Abuse Prevention and Consumer Protection Act) de 2005 et la loi FNIA (Financial Netting Improvements Act) de 2006 ont toutes deux créé des exemptions aux définitions de la fraude constructive et du transfert frauduleux.

Adoptées à la veille de la crise financière de 2008, ces deux lois combinées ont créé des exceptions aux définitions de la fraude dans le code des faillites 546(e) et ont élargi les définitions de la sphère de sécurité afin de légaliser efficacement les définitions suivantes de la fraude :

  • Si une entreprise conclut un contrat alors qu’elle ne dispose pas des fonds nécessaires pour l’exécuter.
  • Signe un contrat alors qu’elle est insolvable
  • Signe un contrat dans les 90 jours suivant le dépôt de bilan
  • Occupe une position d’initié [insider position] des deux côtés du contrat.

Question

Chiffres gonflés. Parler de “2 quadrillions” de dérivés est une exagération classique. Les notions d’OTC en circulation sont de l’ordre de ~ 700 à 730 billions $ (notional, pas risque), bien loin des 2 quadrillions. ([Bank for International Settlements][10], [Risk.net][11])

Réponse

La taille réelle du marché des produits dérivés n’est pas connue, mais les analystes financiers l’estiment à environ 2 quadrillions [2 quadrillion] de dollars. Bien que la BRI [banque des règlements internationaux] fournisse les meilleures données au niveau mondial sur la taille du marché des produits dérivés, ses statistiques ne tiennent pas compte des transactions sur produits dérivés qui ne sont pas déclarées par les courtiers dans les juridictions couvertes par l’enquête de la BRI.

Cela inclut les transactions effectuées par des institutions financières non courtières, des sociétés non financières ou d’autres entités qui ne font pas partie du réseau de courtiers déclarants. En outre, les statistiques se concentrent sur les positions des courtiers et ne reflètent pas l’ensemble des activités sur dérivés des utilisateurs finaux, tels que les entreprises ou les gestionnaires d’actifs, qui peuvent utiliser des dérivés à des fins de couverture mais ne sont pas eux-mêmes des courtiers déclarants.

Les données n’incluent pas non plus les transactions sur dérivés qui ne sont pas déclarées aux référentiels centraux ou qui ne sont pas soumises aux obligations de déclaration imposées par des réformes telles que la loi Dodd-Frank. Par conséquent, les chiffres déclarés donnent une vue d’ensemble du marché des produits dérivés de gré à gré basé sur les courtiers, mais ne couvrent pas toutes les transactions sur produits dérivés à l’échelle mondiale.

Question

DTCC/Euroclear “130 000 milliards”. Les ordres de grandeur actuels : DTC ≈ 100 $ trillions d’actifs en garde, Euroclear ≈ 40 € trillions. Le total n’a rien de “secret” et ne dit rien sur une “dépossession”. ([DTCC][12], [euroclear.com][13])

Réponse

Les 130 000 milliards de dollars américains de titres mondiaux détenus par les dépositaires centraux de titres. Ce n’est pas une question que vous posez, ni une affirmation que vous réfutez. La prochaine fois, formulez mieux vos propos générés par l’IA 🙂

Question

Et en Belgique ? Il existe un filet légal : dépôts garantis jusqu’à 100 000 €, et schéma d’indemnisation des instruments financiers jusqu’à 20 000 € si l’intermédiaire ne peut pas restituer (fraude/négligence). Ça ne couvre pas la chute de marché, mais contredit l’idée d’une spoliation totale “légalisée”. ([fondsdegarantie.belgium.be][16])

Réponse

Je suis désolé d’apprendre que le régime d’indemnisation en Belgique n’est que de 20 000 euros. Aux États-Unis, la SIPC offre une assurance de 500’000 dollars contre la faillite de l’intermédiaire financier qui utilise vos titres comme garantie. La SIPC est un fonds d’assurance privé, qui n’est pas géré par le gouvernement.

Il ne faut pas oublier que le marché total des titres aux États-Unis, ainsi que le marché des produits dérivés qui en découle, est évalué à plusieurs centaines de milliers de milliards [hundreds of trillions], voire plus d’un quadrillion de dollars américains, alors que la capitalisation du fonds SIPC ne s’élève qu’à 5 milliards de dollars américains. L’écart flagrant entre ces chiffres illustre le fait que la plupart des détenteurs de titres financiers ne seraient pas indemnisés et seraient ruinés en cas d’effondrement généralisé du marché.

Question

Ce qui reste *vrai* (et normal à signaler)

Si toi tu es en compte-marge ou donnes tes titres en gage (crédit lombard/primbrokerage), une partie peut être réutilisée dans les limites réglementaires (ex. plafonds aux US). En Europe, ça requiert ton accord. ([SEC][17], [Legal Information Institute][18], [ESMA][2]). [Produits] émis par la banque (notes/certificats structurés) sont des créances sur la banque : là, tu portes le risque émetteur (rien à voir avec la garde d’actions/ETF UCITS). ([Legislation.gov.uk][19])

Réponse

La question des comptes sur marge était un argument trompeur avancé par les lobbyistes bancaires lors des efforts législatifs menés par les États [aux États-Unis] en 2024 et 2025 pour réformer l’article 8 de l’UCC. C’était le sujet de mon film STOP IT The Great Taking, que vous pouvez voir sur TheGreatTakingReport.com. Le fait que vous avanciez cet argument dans ce questionnaire me porte à croire que vous contribuez au même effort de lobbying qui cherche à semer la confusion autour de cette question en évoquant un sujet sans rapport.

Remarque supplémentaire de James Patrick

Je termine actuellement un doctorat sur ce sujet et publie un rapport destiné aux investisseurs sur le site TheGreatTakingReport.com. Les cinq premiers chapitres documentent les lois et réglementations pertinentes, tandis que les cinq derniers chapitres examinent le niveau d’utilisation des garanties par le secteur des services financiers à l’échelle régionale dans le monde entier.

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3 commentaires

  1. Si vous ne connaissez pas ‘La Tour de Basel’..

    Google Traduction

    Tout tourne autour de la BRI (BIS en anglais) !
    Catherine Austin Fitts (CAF) : La BRI est la ‘Banque des Règlements Internationaux (BIS = Bank of International Settlements ) et la Banque centrale des Banques centrales.
    Tucker Carlson (TC) : Où est-elle située ?
    CAF : Elle se trouve à Bâle, en Suisse. Elle compte parmi ses membres 63 des banques centrales les plus puissantes, ainsi que la Fed de New York et ses deux actionnaires.
    Elles sont devenues actionnaires en 1994.
    TC : En une phrase, quel est le but de la Banque Internationale ?
    CAF : Bon, il y a deux choses que vous devez savoir sur la Banque des Règlements Internationaux.
    TC : Je ne suis pas sûr d’avoir la tête assez grande pour ça, mais continuez.
    CAF : ça va aller.
    TC : Bon alors.
    CAF : Elle bénéficie de l’« immunité souveraine ».
    TC : Qu’est-ce que ça veut dire ?
    CAF : Elle est au-dessus des lois.
    TC : C’est son propre pays ?
    CAF : C’est ça, c’est son propre pays, elle a sa propre police et, hormis un accident de voiture ou des incidents mineurs, personne n’a l’autorité légale pour agir contre elle. Bon, c’est l’« immunité souveraine ». C’est la 1ère chose.
    2ème chose : Elle peut déplacer de l’argent, le conserver dans son bilan et le gérer secrètement.
    Donc, si je veux, je simplifie bcp, si je veux voler
    21’000 milliards de dollars au gouvernement américain et les placer sur le bilan de la BRI, elle peut les déplacer n’importe où dans le monde et les conserver secrètement sur son bilan.
    TC : Pourquoi une organisation existerait-elle ? Mais d’abord, d’où vient son pouvoir, par exemple, qui lui a donné le pouvoir d’avoir une « immunité souveraine » ?
    CAF : Elle a été créée après la Première Guerre mondiale, elle a acquis ses pouvoirs et a démarré dans les années 30. En théorie, elle avait pour but de gérer les réparations du gouvernement allemand. Mais si l’on en croit l’histoire, c’est parce que les Banques d’Angleterre et les banquiers centraux voulaient une entité jouissant d’une « immunité souveraine ». Ils voulaient pouvoir transférer de l’argent en secret, par exemple, pendant la Seconde Guerre mondiale, avec tous ces échanges d’argent entre l’Allemagne et les États-Unis. Vous savez que les dollars étaient en Suisse, contribuant ainsi à ces transferts.
    Il existe donc un livre merveilleux intitulé « La Tour de Bâle » écrit par un merveilleux journaliste hongrois dans lequel il documente et décrit toute l’histoire de la Banque des règlements internationaux et si vous voulez comprendre le pouvoir dans ce monde, comprendre comment fonctionne la Banque des règlements internationaux et la plomberie du système bancaire central est très très important.

    TOUT EST UNE QUESTION DE BIS – BRI en français !

    Catherine Austin Fitts explique à Tucker Carlson où réside le véritable pouvoir mondialiste et comment la Banque d’Angleterre a lancé ce que nous appelons aujourd’hui le mondialisme.
    https://x.com/robinmonotti/status/1924763941953036646?s=

  2. NON absolu à e-ID !

    CENTRAL BANK DIGITAL CURRENCY

    Catherine Austin Fitts, ancienne responsable de l’administration Bush, explique comment les dirigeants américains ont abandonné le pays dans les années 1990, ont commencé à voler des milliards et ont construit une prison numérique pour contrôler la population.

    ~01:15 Tucker Carlson
    (TC)
    Je sais que vous travaillez sur ce sujet depuis des années, mais si vous êtes une personne consciente, vous avez le sentiment qu’il y a une tentative concertée des gouvernements du monde entier pour numériser le commerce et la monnaie, en gros pour contrôler les gens par l’argent.
    Catherine Austin Fitts (CAF): C’est exact.
    TC : Est-ce que cela se produit ou est-ce que je l’imagine ?
    CAF : C’est absolument en train de se produire et c’est important à comprendre, cela se produit depuis longtemps.
    En d’autres termes, c’est comme un enclos invisible qu’ils construisent autour de vous depuis très longtemps. Comment quelques-uns peuvent-ils encercler la majorité ? Eh bien, il faut le faire très discrètement, de manière invisible avant de tendre le piège.
    En gros, ce qu’ils construisent, c’est de transformer un système monétaire en un système de contrôle. C’est donc vraiment la fin de la monnaie.
    Ce qu’ils font, c’est construire différentes pièces numériques, et une fois intégrées et assemblées, on obtient un véritable camp de concentration numérique. C’est un contrôle total et absolu. 02:21
    … …

    https://x.com/tuckercarlson/status/1916900992299290637?s=48

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