Article de Senta Depuydt d’Essentiel News
Quelques dizaines de cas de rougeole au Texas ont déclenché un nouveau branle-bas de combat médiatique contre l’arrivée de Kennedy à la tête du département de la santé. Devant le manque de réaction du nouveau patron de la santé face à la menace, un haut responsable de son administration, engagé il y a deux semaines, s’est empressé d’annoncer sa démission à la presse.
Atteint par cette fièvre médiatique, Kennedy a publié ses propres recommandations concernant la rougeole sur Fox News, dimanche dernier. L’article, qui fait des compromis entre les politiques officielles et les arguments qu’il a lui-même défendus par le passé, a ravivé la colère générale. Les condamnations caricaturales pleuvent tant dans le camps des ‘pro’ que des ‘anti’-vaccins. Cet épisode révèle la tension extrême liée à sa nomination et souligne à nouveau le rôle délétère de la presse mainstream.
Rendez-vous avec la rougeole
Il n’était guère difficile d’imaginer que dès les premiers jours de son entrée en fonction, Kennedy serait confronté au retour médiatique de la rougeole. Après avoir dénoncé le manque de sûreté de ce vaccin et son lien avec l’autisme via l’association Children’s Health Defense qu’il avait fondée avec des parents en 2018, Robert Kennedy Jr. avait déjà été la cible d’une campagne de lynchage médiatique intense sur cette question.
Dans les années précédentes, la presse l’avait même accusé d’être responsable de l’épidémie de rougeole à l’île de Samoa en 2019, où la mort de 89 enfants avait été attribuée à la maladie. Lors d’un voyage effectué sur l’île quelques mois plus tôt, Kennedy aurait mis en cause la sécurité du vaccin ROR, ce qui aurait fait baisser le taux de vaccination et provoqué l’épidémie. Le récit médiatique élaboré sans mentionner les conditions de grande pauvreté, le manque de personnel et d’infrastructure sanitaire et une série d’erreurs médicales, lui avait néanmoins collé au dos durant toute sa campagne électorale. Au point que la rougeole à Samoa avait encore été remise sur le tapis lors des auditions pour sa nomination au sénat.
L’on pouvait donc logiquement s’attendre à un tir groupé sur sa personne, dès l’apparition des premières rougeoles saisonnières. Lundi dernier, devant le ‘silence’ de Kennedy face à l’épidémie de rougeole, “le scandale éclate à nouveau”, lorsque le nouveau porte-parole de son service annonce sa démission. Selon le journal Politico:
Le principal porte-parole du département de la santé et des services sociaux a démissionné brusquement après s’être opposé au secrétaire Robert F. Kennedy Jr. et à ses proches collaborateurs au sujet de leur gestion de l’agence dans le contexte d’une épidémie de rougeole qui prend de l’ampleur, ont déclaré deux sources souhaitant rester anonymes.
Thomas Corry a annoncé lundi qu’il avait démissionné “avec effet immédiat”, deux semaines seulement après avoir rejoint le département en tant que secrétaire adjoint aux affaires publiques.
Pour les médias mainstream, la rougeole “fait rage” au Texas, un état qui n’impose pas d’obligations vaccinales, avec 146 cas déclarés dont un premier décès depuis une décennie. Au début de ladite épidémie, Kennedy s’était contenté d’affirmer que la rougeole n’avait rien d’inquiétant, mais cela avait néanmoins suffi à mettre le feu aux poudres. Ainsi, le Wall Street Journal insinuait à nouveau que le combat pour la sûreté des vaccins de Kennedy était à l’origine du retour de la maladie.
Mais, bien que la rougeole ait été officiellement considérée comme “éliminée” par les CDC en 2000, la maladie est toujours restée en circulation aux Etats-Unis. L’an dernier, le Centers for Disease Control and Prevention avait rapporté 285 cas, ce qui est le chiffre le plus élevé depuis 2019.
Du côté de Children’s Health Defense, l’association de défense de la santé que Kennedy a cofondée en 2018, on reste prudent. Leur média The Defender s’est pour l’instant limité à publier quelques articles rappelant l’importance du libre choix ou le fait que la circulation de la rougeole est également due au manque d’efficacité du vaccin.
Depuis plus de 25 ans, des épidémies ont été signalées dans des populations où les taux de vaccination dépassent 95 %, ce qui remet en cause l’idée reçue selon laquelle les vaccins sont la seule solution pour lutter contre la rougeole.
En attendant, c’est la foire d’empoigne. Certains traitent Kennedy de traître en raison des propos où il soutient les recommandations officielles et manque d’évoquer les risques liés à l’autisme et d’autres estiment que son rappel de l’importance du libre choix et des alternatives disponibles nuit à la vaccination et constitue un danger pour la santé publique.
En attendant le prochain épisode de cette grande saga de la rougeole, maladie bénigne ou danger sanitaire, selon les points de vue, il est intéressant de prendre connaissance des recommandations rédigées par Robert Kennedy Jr.
Les déclarations de Kennedy
Le texte intégral publié sur Fox News mérite que l’on s’y attarde. Kennedy s’écarte de ses positions habituelles en s’alignant sur le discours officiel de son administration, mais il tempère ses conseils avec des éléments qui avaient été systématiquement mis de côté depuis des décennies: l’importance de l’information sur les vaccins et le libre choix de vacciner, les traitements par la vitamine A et la diminution drastique de la maladie avant l’introduction des vaccins contre la rougeole.
Alignement avec la doxa
“En tant que secrétaire du ministère américain de la santé et des services sociaux, je suis profondément préoccupé par la récente épidémie de rougeole. La situation s’est rapidement aggravée, le département des services de santé de l’État du Texas (DSHS) faisant état de 146 cas confirmés depuis la fin du mois de janvier 2025, principalement dans la région des plaines du Sud. Tragiquement, cette épidémie a coûté la vie à un enfant d’âge scolaire, le premier décès lié à la rougeole aux États-Unis depuis plus d’une décennie.
Les vaccins ne protègent pas seulement les enfants contre la rougeole, mais contribuent également à l’immunité de la communauté, en protégeant ceux qui ne peuvent pas être vaccinés pour des raisons médicales.
La rougeole est une maladie respiratoire très contagieuse qui présente certains risques pour la santé, en particulier pour les personnes non vaccinées. Le virus se propage par contact direct avec des gouttelettes infectieuses lorsqu’une personne infectée respire, tousse ou éternue. Les premiers symptômes sont une forte fièvre, une toux, un écoulement nasal et des yeux rouges et larmoyants, suivis d’une éruption cutanée caractéristique.
La plupart des cas sont bénins, mais de rares complications peuvent être graves, notamment la pneumonie, la cécité et l’encéphalite. Avant l’introduction du vaccin dans les années 1960, pratiquement tous les enfants des États-Unis contractaient la rougeole. Par exemple, aux États-Unis, de 1953 à 1962, il y a eu en moyenne 530 217 cas confirmés et 440 décès, soit un taux de létalité de 1 pour 1 205 cas.
Mesures face à l’épidémie en cours
L’épidémie qui sévit actuellement au Texas a principalement touché des enfants, 116 des 146 cas étant survenus chez des personnes âgées de moins de 18 ans. Le DSHS indique que 79 des cas confirmés concernaient des personnes qui n’avaient pas reçu le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR), tandis que le statut vaccinal de 62 cas était inconnu. Au moins cinq personnes avaient été vaccinées contre la rougeole, les oreillons et la rubéole.
En réponse à cette épidémie, j’ai demandé aux Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) et à l’Administration pour la préparation et la réponse stratégiques (ASPR) de travailler en étroite collaboration avec les autorités sanitaires du Texas afin de leur apporter un soutien complet. Les efforts du ministère de la santé et des services sociaux comprennent l’offre d’une assistance technique, d’un soutien aux laboratoires, de vaccins et de médicaments thérapeutiques, le cas échéant. Le CDC est en communication permanente avec les autorités sanitaires du Texas, ce qui garantit une réponse coordonnée et efficace pour contenir l’épidémie.
Je me suis entretenu avec le gouverneur Greg Abbott et les autorités sanitaires du Texas, et je me suis engagé à leur fournir toute l’aide supplémentaire dont ils ont besoin pour mettre un terme à cette épidémie. J’ai également parlé aux parents de l’enfant décédé pour leur offrir ma consolation.
En tant que prestataires de soins de santé, responsables communautaires et décideurs politiques, nous avons la responsabilité commune de protéger la santé publique. Cela implique de veiller à la diffusion d’informations exactes sur l’innocuité et l’efficacité des vaccins. Nous devons nous engager auprès des communautés pour comprendre leurs préoccupations, fournir une éducation culturellement compétente et rendre les vaccins facilement accessibles à tous ceux qui le souhaitent.
Mythe vaccinal dégonflé
Il est également de notre responsabilité de fournir des conseils actualisés sur les médicaments thérapeutiques disponibles. Bien qu’il n’existe pas d’antiviral approuvé pour les personnes susceptibles d’être infectées, les CDC ont récemment mis à jour leur recommandation en faveur de l’administration de vitamine A sous la supervision d’un médecin pour les personnes souffrant d’une infection légère, modérée ou sévère. Des études ont montré que la vitamine A peut réduire considérablement la mortalité due à la rougeole.
Les parents jouent un rôle essentiel dans la protection de la santé de leurs enfants. Tous les parents devraient consulter leurs prestataires de soins de santé pour comprendre les options qui s’offrent à eux en ce qui concerne le vaccin ROR. La décision de vacciner est une décision personnelle. Les vaccins ne protègent pas seulement les enfants contre la rougeole, mais contribuent également à l’immunité de la communauté, en protégeant les personnes qui ne peuvent pas être vaccinées pour des raisons médicales.
Dans l’Amérique du XIXe siècle, des dizaines de milliers de personnes mouraient chaque année de la rougeole. En 1960, avant l’introduction du vaccin, l’amélioration de l’hygiène et de la nutrition avait permis d’éliminer 98 % des décès dus à la rougeole. Une bonne alimentation reste la meilleure défense contre la plupart des maladies chroniques et infectieuses. Les vitamines A, C et D, ainsi que les aliments riches en vitamines B12, C et E doivent faire partie d’un régime alimentaire équilibré.
Les professionnels de la santé qui se trouvent en première ligne de cette épidémie travaillent sans relâche pour traiter les personnes touchées et prévenir toute nouvelle transmission. Leur dévouement et leur résistance sont louables et ils méritent un soutien sans faille. Il est essentiel que nous leur fournissions les ressources et le soutien dont ils ont besoin pour poursuivre leur travail vital”.