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Raoult: «une science officielle devenue religion»

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Le Prof. Didier Raoult était l’invité de l’essayiste Idriss Aberkane, auteur d’ouvrages de vulgarisation sur les neurosciences et la géopolitique. Voici les moments clés de ces deux heures d’entretien.

Aberkane explique en introduction que le but de cette entrevue est de faire découvrir au grand-public non seulement les affaires publiques mais également l’héritage et la contribution considérable de ce scientifique dans ses domaines d’expertise mondiale : l’infectiologie, les virus et les bactéries.

« Littéralement, 99% des gens qui dans la presse écrivent sur le Prof. Raoult ne savent absolument pas de quoi ils parlent » Idriss Aberkane

Les affaires publiques ne seront finalement que très peu évoquées au cours de ce riche échange de presque deux heures.

La science du pouvoir

Didier Raoult affirme d’emblée que la science a remplacé la religion comme argument d’autorité de la part de ceux qui détiennent le pouvoir, pour imposer leur vision (5:50).

« Ce n’est plus de la science dont on parle, mais de la religion de la science. » Didier Raoult

Le fait qu’il soit traité d’hérétique lorsqu’il remet en question la «science» est pour lui un signe de ce phénomène. Il considère que la majeure partie des conflits scientifiques dans l’Histoire ont d’abord été des conflits religieux.

Il cite en exemple le combat idéologique de Pasteur contre les médecins, relaté dans le livre « Guerre et paix des microbes » de Bruno Latour (7:00).

Cette bascule coïncide avec l’arrivée du positivisme au 19e siècle, qui affirme: “Dès lors que le pouvoir ne pourra plus s’exercer au nom de Dieu, il va s’exercer au nom de la science (8:35).

La science en recherche de sens

Le Prof. Raoult explique que le principe même du progrès tel que nous l’avons conçu au 19e siècle est en contradiction avec certaines réalités. En chimie, une molécule efficace l’est pour l’éternité. Ce constat remet en question cette quête perpétuelle de quelque chose de nouveau qui marchera mieux.

Pour Didier Raoult, cette réalité explique pourquoi la science a perdu une part incroyable de son efficacité ces dernières années. Étant donné tout ce qui a déjà été découvert, le besoin de nouveaux médicaments est faible.

L’obsolescence est ainsi intrinsèque à cette notion de progrès, matérialisée par les brevets qui fonctionnent sur des cycles de vingt ans (13:55).

« L’idée du progrès par les brevets sur des molécules chimiques est un contresens. » Prof. Raoult

Décrédibiliser les anciennes molécules

Aujourd’hui la masse des molécules connues est tellement grande, que le seul moyen de laisser la place à des nouvelles est d’en détruire d’anciennes. “C’est un des éléments du conflit actuel”, confie le scientifique.

Cela se concrétise par des tentatives de décrédibiliser des molécules connues qui ont fait leurs preuves, pour imposer de nouvelles mais qui ne sont pas forcément plus efficaces ou moins dangereuses, au contraire, et qui souvent sont plus chères.

Les bénéfices restent ainsi colossaux et certains fleurons de l’industrie pharmaceutique pèsent autant que des Etats (9:20).

Quand il y a des entreprises de cette taille, ajoute le professeur, il y a toujours de la corruption, cette règle ne connaît pas d’exception. Il rappelle que chaque année, l’industrie pharmaceutique est condamnée plusieurs dizaines de fois outre-Atlantique, avec des amendes colossales à la clé (10:45).

Des dépenses excessives en santé diminuent l’espérance de vie

Le scientifique relève que le concept de « plus on est riche, plus on vit longtemps » est mis à mal actuellement en Occident. On observe même une tendance inverse qui engendrerait un malaise colossal au sein des acteurs de la santé (11:20).

« Plus on ajoute d’argent (dans le système de santé), plus on meurt jeune. »  Prof. Raoult

Depuis la nuit des temps, poursuit Raoult, les êtres humains rêvent de vivre plus longuement et il y a des milliardaires qui sont prêts à tout pour obtenir un avantage sur la nature en utilisant leur pouvoir (12:50).

Rupture dès les années 80

Le Prof. Raoult raconte les affaires entourant les premières découvertes importantes liées au séquençage humain au début des années 80. Philippe Lazar est placé alors à la tête de l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) pour réussir à mettre à la porte quatre des meilleurs scientifiques français de l’époque en recherche médicale, dont un prix Nobel, Jean Dausset.

Raoult poursuit en affirmant que c’est à partir de ce moment là que la recherche médicale en France s’est détachée des hôpitaux pour se rapprocher de l’industrie pharmaceutique, qui représente aujourd’hui 90% des contrats de recherche.

Il n’y a quasiment plus aujourd’hui de recherche médicale qui ne soit pas financée par l’industrie pharmaceutique, il en résulte que la plupart des chercheurs sont en position de conflit d’intérêt. (20:20).

L’ère du “tourisme scientifique”

Le Prof. Raoult explique que dans la recherche, ce sont les débuts qui sont passionnants et pleins de défis, qu’il y a suffisamment de choses à découvrir pour tout le monde.

Les équipes du professeur, en l’espace de 30 ou 40 ans, ont découvert un tiers de tous les microbes que l’on connaît chez l’Homme avec des découvertes importantes comme les virus géants ou encore leurs études du microbiote (32:33).

« La science sans l’exceptionnel, ça n’est pas intéressant. » Prof. Raoult

La suite de l’entretien – dès 37:28 – va dans le détail de l’histoire des travaux au sein de son unité de recherche et des découvertes importantes qui en ont découlé.

L’ère du “tourisme scientifique”

Aujourd’hui selon le professeur, le monde de la recherche serait passé à un deuxième stade : celui de la science sociologique, où l’activité principale des chercheurs n’est plus de découvrir mais de “faire du tourisme scientifique, de se rencontrer, d’analyser les travaux des autres  plutôt que de faire du travail soi-même”.

Tout cela ne peut pas produire de la science, renchérit le professeur marseillais (26:44).

Le rôle difficile des pionniers

« Si ce que vous trouvez est important, vous serez critiqué à un point extrêmement violent. » affirme le Prof. Raoult (29:17).

Il cite l’exemple de Lavoisier, qui était le plus grand chercheur au monde à l’époque, et auquel les Révolutionnaires ont coupé la tête sous prétexte que «la Révolution n’a pas besoin de savants».

«La biologie aujourd’hui est l’équivalent de ce qu’était la géographie à la fin du 15e siècle». Prof. Raoult

Il évoque aussi le Marseillais d’origine grecque Pythéas, parti en bateau au 4e siècle avant J.-C. pour découvrir l’Angleterre, des icebergs en Norvège et le Soleil de minuit. Il était impensable à l’époque qu’il puisse exister un endroit sur Terre où le concept de jour et de nuit n’existe pas (34:15).

Il aura fallu ensuite 18 siècles pour que l’on sache que ce qu’avait dit Pythéas était vrai, pour que la société l’accepte car il remettait en cause la géographie de Ptolémée qui était la norme.

Nivellement vers le bas

Le Prof. Raoult regrette l’époque où la France donnait des décorations à ses meilleurs scientifiques. Il y avait alors un goût pour la gloire et l’excellence qui a disparu. Toutes les stratégies mises en place alors pour favoriser l’excellence ont été perverties depuis, selon lui.

«La gloire est un motif plus important que l’argent» Prof. Raoult (1:38:40)

La Chine au top

Pour le Prof. Raoult, la seule véritable rivalité dans son domaine vient de Chine et plus du tout d’Europe ou des États-Unis (32:12). Il rappelle que les Chinois ont testé l’efficacité contre le Covid-19 de toutes les molécules considérées comme non toxiques par la FDA. C’est ce qu’on appelle le repositionnement de médicaments. Parfois il y a de bonnes surprises avec des médicaments non toxiques.

Exigences de la recherche

Pour viser l’excellence, Raoult conseille de se précipiter sur les outils innovants qui permettent de faire des avancées, ce qu’il a fait tout au long de sa carrière (35:10). Et surtout, ajoute-t-il, “il faut changer de paradigme et ne plus croire ce que l’on vous a enseigné.”

Alain Fischer en ligne de mire

Les deux intervenants rappellent que l’un des signataires majeurs de l’appel contre le Professeur Raoult, qui affirmait que celui-ci faisait des essais illégaux, n’est autre qu’Alain Fischer, pédiatre et épidémiologiste, responsable de la politique vaccinale du Covid en France.

Or il se trouve que ce même Prof. Fischer a, lui, eu plusieurs décès lors d’essais thérapeutiques génétiques qu’il a menés, dont neuf enfants, et qu’il n’a pas été poursuivi jusqu’à maintenant (1:20:39).

Parlons de nos intestins

En fin d’émission, Idriss Aberkane demande au professeur de mentionner les pratiques comportementales qui lui semblent les plus appropriées pour améliorer son biotope intestinal (1:23:10).

L’expert indique que plus on mange de végétaux, plus notre diversité microbienne est grande. “Le microbiote des végétariens est beaucoup plus diversifié que celui des omnivores et des carnivores”, ajoute-t-il.

La diversité de l’environnement influant sur celle de nos intestin, on observe que les populations rurales ont un microbiote beaucoup plus diversifié que les populations urbaines.

Effets placebo et nocebo 

Idriss Aberkane pose ensuite quelques questions au professeur, notamment sur le rôle qu’aurait joué l’effet nocebo dans la pandémie. Raoult en profite pour expliquer les avancées phénoménales dans le domaine, grâce au Prof. Benedetti, qui aujourd’hui permettent de visualiser les effets placebo et nocebo directement dans le corps  (1:26:45).

Quitter la France ?

Le professeur a-t-il eu envie de quitter la France ou a-t-il reçu des propositions à l’étranger ? L’intéressé répond que la France lui a donné tout ce dont il avait besoin pour développer l’IHU, que le changement récent est peut-être dû à une situation particulière, à des jalousies qui ont atteint un point extrême (1:32:10).

Jusqu’à la crise du Covid, ajoute-t-il, il recevait des distinctions des présidents français successifs et des fonds suffisants pour développer l’IHU.

« Normalement, ce sont les gens qui sont tout en haut qui vous protègent, parce qu’ils n’ont pas à être jaloux de vous, ils doivent être fiers que vous fassiez ça pour un pays dont ils ont la responsabilité » Prof. Raoult

Pour le chercheur, si le pouvoir central attaque les gens qui sont les plus performants dans leur domaine, on décourage les cerveaux les plus brillants de s’engager dans ces carrières.

Et l’origine du virus ?

À la question de l’origine du virus, le Prof. Raoult botte en touche en s’étalant surtout sur la grande mutabilité de ce virus (1:42:40).

«L’idée même qu’un virus a une séquence, unique, et donc sur laquelle est basée toute l’idée de la manipulation sur le bioterrorisme, est une énorme bêtise.  Il n’y a pas deux copies identiques de virus ». Prof. Raoult (1:45:30)

Comme une mutation intervient toutes les 10 000 bases et que le SARS-CoV-2 en contient 30 000 au total, on observe pas moins de 3 mutations à chaque réplication. On peut imaginer le nombre de micro-variants produits par une seule personne malade, infectée en moyenne par 10 000 milliards de copies du virus.

Dès que le virus est arrivé en Europe, poursuit le professeur, ses équipes ont observé deux mutations majeures.

La première a eu pour conséquence que le virus faisait cent fois plus d’erreurs en se répliquant, ce qui explique l’apparition d’encore plus de mutants et la baisse d’efficacité des vaccins Covid, basés sur la souche d’origine.

La deuxième mutation se situait dans la spike qui a fait que le virus a mieux adhéré aux cellules.

Selon le Prof. Raoult, si le virus n’avait pas connu ces deux évolutions, l’épidémie se serait arrêtée très tôt.