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L’entomophagie ou la guerre du WEF contre la santé et le goût

Consommation d'insectes pour cause de «changement climatique», dernier chapitre en date de la destruction de la culture.

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Le 2 mai dernier 2023, le journal financier américain Wall Street Journal titrait: «la Suisse veut que les enfants mangent moins de chocolat, plus d’insectes». Et de se féliciter qu’en 2017 la Suisse soit devenue le premier pays en Europe à autoriser la vente d’insectes comme aliment pour les humains.

«Novel food»

Dès 2021, l’Union européenne a suivi l’exemple suisse, et a commencé à autoriser différents types d’insectes pour la consommation humaine. A ce jour, sont permis les larves de ténébrion meunier (espèce de coléoptère qui affectionne notamment les farines de céréales), la locuste migratoire, le grillon domestique (acheta domesticus), et les larves d’alphitobius diaperinus.

Ces insectes peuvent être utilisés sous forme de poudre pour la production de pâtes, de pain, de biscuits, de barres, de crackers, de sauces, de plats à base de légumineuses, de soupes, etc.

L’anglicisme apaisant que les planificateurs, législateurs, bureaucrates, potentats et autres partisans de l’entomophagie emploient pour rassurer le public est celui de «novel food». Sous cette appellation, on comprend que le fait d’ingérer ce qui était récemment considéré comme relevant de l’infestation alimentaire doit être vu comme une pratique moderne, branchée, dans l’ère du temps; et que, très certainement, tous ceux qui y sont réfractaires sont non seulement arriérés mais probablement aussi racistes, puisque des humains semblent s’en délecter sous d’autres latitudes.

C’est ainsi qu’en préambule de sa page intitulée «les insectes comme denrée alimentaire», la Confédération suisse écrit que «dans certaines cultures, la consommation d’insectes est autorisée», et qu’en Suisse, «les insectes sont considérés comme des nouvelles sortes de denrées alimentaires». L’Office fédéral de la sécurité alimentaire désigne ensuite sans surprise la consommation d’insectes par l’anglicisme susmentionné.

Changement climatique

Cependant les observateurs avisés ne sont pas dupes: ils font remarquer que l’entomophagie ne progresse pas parce qu’on s’ouvre à quelque pratique exotique, mais bien à cause de la profession de foi dans le «changement climatique.»

D’ailleurs, les propagandistes ne s’en cachent pas. Dans son Davos Agenda 2022, le World Economic Forum (WEF) conclut son article intitulé «5 raisons pour lesquelles la consommation d’insectes pourrait réduire le changement climatique» de la façon suivante:

Il y a tant de façons de réduire son empreinte carbone dans la consommation alimentaire, et elles ne nécessitent pas de manger des grillons au petit-déjeuner, mais comme le dit le proverbe, “ne critiquez pas le scorpion enrobé de chocolat tant que vous ne l’avez pas essayé”.

Doit-on voir comme une coïncidence le fait que, tout d’abord, les lobbies et think-tanks présentent l’entomophagie comme une panacée contre le réchauffement climatique, et que, par la suite, les médias de masse régurgitent presque à l’unisson l’idée selon laquelle il s’agit-là d’une idée géniale?

Nécessité plutôt que goût

Le sénateur français Laurent Duplomb disait récemment:

Comment en sommes-nous arrivés là, à devoir consommer des grillons alors que la France est le pays de la gastronomie et des terroirs? […] Ceux qui veulent manger des grillons, je les invite à venir en manger dans mes prés, et les autres, continuez à manger une bonne côte de bœuf.

Au-delà du trait d’humour, pourrait-il s’agir-là d’un bon compromis? Que tous ceux qui se satisfont pleinement d’insectes et autre nourriture pour animaux fassent à leur guise, et que les autres continuent de consommer, comme source de protéines, les animaux eux-mêmes?

Si le seul argument ne concernait que le goût (ou plutôt, le dégoût), et le caractère déshumanisant de se voir réduit à consommer de la nourriture réservée dans la culture européenne à certains animaux, il serait facile de l’ignorer; on pourrait le mettre sur le compte d’un simple biais culturel.

Cet argument de façade est toutefois trompeur, car il ignore le fait que les cultures qui pratiquent traditionnellement l’entomophagie ont été, initialement, réduites à de telles pratiques par nécessité, et non par goût.

Dans les régions du monde pauvres ou à faibles ressources, les sources d’alimentation traditionnelles telles que le gros gibier n’étaient pas suffisantes pour répondre aux besoins nutritionnels de la population. Les insectes, abondants et relativement faciles à récolter, ont constitué avant le développement des échanges une source indispensable de nutrition.

Le livre Insects as Human Food («Les insectes comme alimentation humaine», 1951, disponible gratuitement sur libgen) rédigé par F. S. Bodenheimer, un spécialiste de l’histoire de l’entomophagie, en fait la démonstration.

Ainsi, le goût pour l’entomophagie s’est développé en conséquence de la nécessité impérieuse, comme, de façon comparable, d’autres cultures ont pris goût par exemple à la consommation d’abats dans un contexte de pénurie.

Impact sur la santé

En ce qui concerne l’entomophagie, la nécessité l’a donc emporté sur la santé. En effet, toutes les protéines ne se valent pas, et la poudre d’arthropode n’est pas équivalente à la viande rouge.

Il existe un barème de mesure de la qualité des protéines appelé le DIAAS (pour «score d’acides aminés digestibles indispensables»). Il classe les protéines selon la digestibilité de leurs acides aminés par l’intestin grêle; pour une protéine donnée, le score DIAAS permet de qualifier la quantité d’acides aminés absorbée par l’organisme, et donc la contribution de cette protéine aux besoins nutritionnels en acides aminés et en azote.

Or, il se trouve que la poudre de criquets présente un score DIAAS de 0.65, et la poudre de vers de farine un score de 0.54. En comparaison, le lait entier présente un score de 1.14, le bœuf un score de 1.116, le porc un score de 1.17, et l’œuf dur un score de 1.13. En ce qui concerne les protéines végétales, la graine de soja a un score de 0.996, le tofu un score de 0.97, et le pois chiche un score de 0.83.

Ainsi, ces poudres d’insectes présentent une qualité nutritionnelle largement inférieure aux protéines traditionnelles, même celles dont les végans se contentent; et elles ne sont manifestement pas aptes à remplacer les protéines animales.

Au-delà du caractère strictement nutritionnel, un autre aspect rentre en jeu: celui de la chitine, le polysaccharide azoté qui compose l’exosquelette des insectes. Elle requiert des enzymes spécialisées pour être décomposée dans l’estomac humain; or cette enzyme est produite via une réponse immunitaire, susceptible de déclencher des réactions inflammatoires et allergiques.

Finalement, une dernière considération sanitaire, et non des moindres, concerne le potentiel de l’entomophagie comme vecteur de transmission de parasites. Une étude de 2019 dans la revue scientifique PLOS a en effet démontré que les élevages d’insectes constituent de forts réservoirs de parasites pathogéniques pour les êtres humains, et que la consommation d’insectes présenterait un danger à cet égard.

Cohérence philosophique

Il est difficile de s’empêcher de voir cette promotion de l’entomophagie comme une énième attaque contre le goût, la civilisation et la culture; cette même «guerre contre le beau», qui n’a pas commencé hier, proclame que l’urinoir de Duchamp est aussi splendide que la Pietà de Michel-Ange, ou que les 4’33’’ de John Cage relèvent du même talent qu’un concerto de Beethoven.

Dans la perspective des planificateurs centraux, les Hommes sont le pur produit de leur environnement; les notions traditionnellement absolues comme le Vrai, le Beau et le Juste sont donc, pour eux, de pures constructions de l’esprit, et donc éminemment relatives. Si tout le monde doit être strictement égal, il ne peut exister ni différence ni talent; et s’il ne peut pas y avoir de talent, il ne peut pas y avoir de beauté non plus. Ainsi, dans cette inversion, les femmes sont indifférenciables des hommes, la cacophonie est qualifiée de musique, et l’extrémisme est appelé modéré.

Ce n’est que dans ce monde-là qu’on peut prétendre sans ironie que la locuste est préférable au filet mignon. Ce monde Orwellien, celui où règnent les Thomas Diafoirus, est celui dans lequel «le Parti disait de rejeter le témoignage des yeux et des oreilles. C’était le commandement final et le plus essentiel.»

En attendant, et pour tous ceux qui disposent encore de leur propre discernement et continuent de lutter contre la décadence du goût, il existe des solutions: notamment une application pour smartphone, très en vogue actuellement, qui permet de scanner le code barre des produits alimentaires et de détecter l’éventuelle présence d’insectes.