Exclusif: le Dr Fouché répond au reportage accusatoire de la RTS

La journaliste Cécile Tran-Tien, figure du journalisme sensationnel, a d'abord fait ses armes chez BFM TV

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Nous donnons la parole au Dr Louis Fouché en réponse au reportage accusatoire signé le 22 mai 2024 par la journaliste de la Radio-Télévision Suisse Mme Cécile Tran-Tien.

Soucieux d’éclaircir les raisons qui ont conduit le service public à diffuser un tel documentaire, nous nous penchons sur le contexte dans lequel il a été réalisé.

Journalisme jaune

Mme Cécile Tran-Tien, responsable du reportage accusatoire, est une citoyenne française née en 1986, diplômée en 2011 de l’école supérieure de journalisme de Lille. Elle fait ses armes dans le secteur de la “télé poubelle” entre 2010 et 2015, en travaillant pour la chaîne “d’information continue” de la télévision numérique terrestre BFM TV, détenue par le milliardaire franco-israélien Patrick Drahi.

Cette chaîne, largement considérée comme racoleuse, illustre parfaitement ce que le professeur et sociologue américain Eric Klinenberg appelle les “ravages de la télévision continue“. Elle a été condamnée en 2015, alors que Mme Tran-Tien y était encore employée, pour atteinte à l’intégrité d’un cadavre, reproduction illicite d’une scène de crime, et recel de violation du secret de l’instruction. Le procureur avait qualifié le comportement du média en disant: “Il n’y avait là qu’un seul objectif: l’audimat, le sensationnel, et la satisfaction de certains journalistes.”

Mme Tran-Tien a elle-même été condamnée à Genève en 2020 pour violation de la loi sur les armes. A la recherche du spectaculaire, elle avait fabriqué une arme à feu pour, avait-elle affirmé, mieux illustrer son propos. La culpabilité de Mme Tran-Tien, établie par ordonnance pénale, a par la suite été confirmée par le tribunal, bien qu’elle ait été exemptée de peine; ce verdict fait actuellement l’objet d’un recours au Tribunal fédéral.

Ce journalisme-divertissement, constamment à la recherche d’un effet choc, c’est ce qu’on appelle dans le jargon de notre profession le journalisme jaune.

Suite à sa condamnation, Mme Tran-Tien s’était érigée en victime, affirmant que sa condamnation “violait la liberté d’information”, sans expliquer comment la loi sur les armes l’empêche d’informer le téléspectateur. En d’autres termes, elle s’est appuyée sur le même argument que celui qu’avait tenté de faire valoir auparavant son employeur BFM TV pour expliquer la nécessité d’exhiber un cadavre.

En réalisant un reportage accusatoire sur le Dr Fouché, elle s’inscrit donc dans la continuité de ses pratiques précédentes, utilisant des techniques accrocheuses qui agissent davantage sur l’émotion que sur la réflexion.

La RTS n’en est pas à son coup d’essai

Depuis 2015, date à laquelle elle obtient un emploi à la télévision romande, le salaire de Mme Tran-Tien est assuré par le contribuable suisse. Le recours de la RTS à une journaliste française habituée au “coup de poing” plutôt qu’à l’information illustre l’évolution la chaîne depuis le rejet de l’initiative No Billag, qui a eu l’effet d’asseoir la régie publique dans un confort assuré par la loi.

Ce déclin s’est illustré bien avant la “pandémie” de 2020-2022 et les nombreuses contre-vérités qui ont parsemé le paysage audiovisuel subventionné. Il a notamment éclaté au grand jour lors de la soi-disant “affaire Giroud”, du nom d’un vigneron encaveur valaisan, au cours de laquelle la RTS a été condamnée par le tribunal fédéral autant que par l’autorité indépendante d’examen des plaintes en matière de radiotélévision (AIEP).

En cause dans ce cas-là, un autre reportage diffamatoire, signé en janvier 2015 par l’ex-journaliste disgracié Yves Steiner, dont les conversations téléphoniques fuitées sur Internet avaient révélé le comportement répréhensible.

La RTS en retard

Alors qu’un certain nombre d’autres médias, en Suisse alémanique et à l’étranger, sont en train de faire amende honorable, et de reconnaître que pendant la “pandémie” ils ont eux-mêmes contribué à la désinformation, la RTS, elle, est en retard: le reportage agressif de Cécile Tran-Tien en est une illustration évidente.

Dans un souci d’archivage et de conservation de preuves, nous avons pris l’initiative de sauvegarder (deux fois) cette pièce à conviction dont, répétons-le, le contribuable suisse a payé la production.

En tout état de cause, Mme Tran-Tien aurait sans doute pu placer l’intérêt du public en premier, et privilégier un débat de fond. Ceux qui souhaitent le lui rappeler peuvent le faire poliment. Dans tous les cas, il n’est jamais inutile d’écrire à l’organe de médiation de la SSR, dont l’email est mediation@ssrsr.ch.