Changer aussi avec ceux qui pensent autrement…

Face à l'effondrement progressif de nos institutions, chacun de nous peut mettre ses idées et ses talents à contribution pour aller ensemble vers un futur désirable. En entraînant même son 'beau-frère' qui pense autrement.

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«C’est l’ensemble de nos systèmes qui s’effondre rapidement.» Invité le 18 février 2023 aux Rencontres de Cara, près de Genève, à s’exprimer sur le thème “Agonie et renouveau du système de santé”, le Dr Louis Fouché a d’emblée élargi le débat.

La santé, tout comme l’éducation, la démocratie, les médias, la justice, la protection sociale, la monnaie, etc., remplissent de moins en moins les rôles pour lesquels on les a créés, affirme-t-il.

Un système contre-productif

Au lieu de favoriser notre bien-être, notre liberté et notre accès aux biens communs, les institutions renforcent les inégalités, les pensées uniques, la robotisation, le contrôle numérique des individus.

50 ans après se confirment les ouvrages prémonitoires d’Ivan Illich, critique flamboyant de la société industrielle: Une société sans école; Nemesis médicale; Energie et équité… Tout système finit par multiplier les problèmes qu’il était censé résoudre. Il devient contre-productif.

Espace pour créer un futur désirable

Ancien anesthésiste-réanimateur, le Dr Fouché a dû quitter en automne 2021 l’Hôpital de la Conception de Marseille après ses critiques contre les mesures anti-Covid.

Parallèlement, il a fondé le collectif RéinfoCovid.fr: un espace qui traite la crise comme une opportunité, partage des solutions et développe des initiatives pour créer dès maintenant un futur désirable.

Une diplomatie subversive

Louis Fouché, à 44 ans, se distingue par la douceur de son verbe et son insistance à parler avec tout le monde, “y compris avec mon beau-frère vacciné”. Aller vers un monde meilleur est impossible si on se coupe des gens qui ne pensent pas comme nous: “J’ai raison, tu as tort, je veux que tu adoptes mon point du vue.” C’est l’échec garanti.

Au contraire, il faut “danser avec l’adversaire”. Ainsi, on identifie ses faiblesses, on découvre des chemins vers la cohérence – en s’appuyant sur les contradictions et l’étonnante diversité des êtres humains.

Nous avons chacun notre rôle à jouer

Mais la non-violence gandhienne du jeune médecin n’a rien d’un consensus “bisounours”. Sa parole élégante questionne avec une impertinence et une immense culture notre rapport à la technologie et au confort. Elle sonne l’alarme: nous sommes piégés par la virtualisation de nos existences et de nos rapports humains.

Pour déjouer une telle évolution, chacun a sa place, chacun a un talent ou une idée à apporter. On peut être résistant contre le système (manifs, dénonciations, procès…). On peut se mettre à côté: quitter le système en créant des alternatives. Ou on peut rester dans le système en mettant en place des solutions que les deux premiers groupes proposent – par exemple des repas bio dans les cantines scolaires.

Sortir de nos camps

L’important, c’est de sortir du dualisme (pro ou anti), des partis et des drapeaux. Nous sommes bien plus que nos camps, nos appartenances, nos croyances.

Il faut, conclut Louis Fouché, réunir les gens dans le faire, et non les séparer. En travaillant avec ce qui est… et non ce qu’on voudrait imposer. En incarnant déjà tout ce qui fait envie: beauté, partage, joie, rire, paix intérieure.