Lors du colloque “Énergie, climat, environnement : Mise en lumière dépolitisée”, organisé à Nyon le 1er décembre par Planetpositive et le Mouvement Fédératif Romand, six spécialistes ont présenté un aspect de ce vaste et complexe sujet que représente le climat. Chacun avec leur propre approche, ils ont tenté d’aborder des questions rarement soulevées par le soi-disant “consensus scientifique”.
La rédaction d’Essentiel News a rencontré trois de ces intervenants et vous propose ci-dessous le fruit de nos entretiens.
La juste approche scientifique selon Eric Verrecchia
Professeur honoraire de biogéochimie à l’Université de Lausanne, Eric Verrecchia a écrit près de deux cents articles scientifiques, notamment à propos de la dynamique du carbone impliqué dans les interactions entre le vivant et le minéral. Le sujet du carbone l’a amené à s’impliquer de plus en plus dans celui du climat, et il consacre maintenant sa retraite à faire de la recherche. Il veille particulièrement à étudier le domaine du climat avec une juste attitude scientifique:
Il faut distinguer les informations données par les publications scientifiques ou le rapport du GIEC et ce que disent les médias. En général, les médias racontent n’importe quoi au sujet du climat. Par contre, d’un point de vue scientifique, je partage certains points de vue avec les conclusions du rapport du GIEC ou d’autres groupes de travail, mais il y a aussi des points de vue de confrères scientifiques que je ne partage pas.
C’est tout l’exercice de la science, où l’on peut être en désaccord avec une interprétation en particulier. Il ne devrait pas y avoir d’opposition au sens blanc ou noir, il existe au contraire une infinité de nuances dans les interprétations. Ainsi je ne partage pas, tout comme le GIEC qui n’en parle jamais dans son rapport, la notion de “crise” ou de dérèglement climatique.
Afin d’aider le public à mieux comprendre les véritables enjeux autour du climat, Eric Verrecchia propose de séparer le thème du climat de celui de la pollution, parce que selon lui la responsabilité humaine et les actions possibles à mettre en œuvre sont très différentes en ce qui concerne les deux sujets:
C’est nous qui générons la pollution. Nous savons pourquoi nous la générons, parce que nous concentrons des éléments toxiques à un endroit, que nous exploitons les ressources comme des fous ou lâchons des polluants dans la nature.
Nous sommes responsables de la pollution et nous pouvons agir directement sur elle. Dans ce cas, la science nous aide à mesurer les bêtises que nous faisons.
Le climat c’est différent, puisqu’il s’agit d’un phénomène planétaire extrêmement complexe qu’on a encore aujourd’hui beaucoup de difficulté à comprendre.
Ainsi pour Eric Verrecchia, le climat dépasse encore en grande partie aujourd’hui la compréhension humaine, tandis que les causes et les conséquences de la pollution sont davantage à notre mesure:
Il faut être le plus clair et le plus honnête possible sur la qualité de l’information qui est donnée au citoyen pour qu’il puisse prendre sa décision. Ce qui n’est pas vraiment le cas aujourd’hui, puisque nous sommes plutôt dans de la propagande. On veut pousser les gens à faire quelque chose mais sans nécessairement les pousser à réfléchir. Au lieu d’être dans de l’analyse, nous sommes dans l’émotion.
Matthias Faeh et la réalité de la géoingénierie
Ancien ingénieur, Matthias Faeh est désormais arboriculteur et directeur du domaine de la Pêcherie à Allaman en Suisse.
En tant qu’agriculteur, je suis exposé au climat et je travaille au quotidien avec la météo qui peut faire la réussite ou la perte de mon activité. Et en tant qu’ingénieur, j’aime comprendre ce qui m’arrive afin de si possible prendre des décisions pour le futur.
Un arbre, nous le plantons pour 30 ans au minimum, cela signifie que mes choix actuels doivent pouvoir prendre en compte ce qu’il peut advenir ces 30 prochaines années. Ainsi, les phénomènes climatiques sont intimement liés à mon métier.
Matthias Faeh a approfondi le sujet de la géoingénierie qui peut avoir un impact direct sur son travail. Avec le catastrophisme climatique qui est présenté au quotidien dans les médias, de plus en plus de gens se questionnent sur les techniques de géoingénierie existantes. Ces techniques sont utilisées bien plus que ce qu’on nous dit, parfois de façon officielle et parfois de façon officieuse.
Matthias a retrouvé des preuves officielles de l’utilisation de ces techniques un peu partout dans le monde, parce qu’il existe aujourd’hui des programmes scientifiques de recherche, des expérimentations faites par des institutions reconnues ou des universités et même des entreprises qui vendent des technologies qui visent à modifier la météo:
Au sujet de la modification de la météo, des techniques comme l’ensemencement des nuages sont très connues, par exemple pour éviter des précipitations de grêle. Ce type de pratique s’exerçait dès les années 70 en Suisse. Aujourd’hui, cela existe dans le monde entier, en particulier dans les pays qui souffrent de sécheresse.
Il existe aussi une partie émergente de la géoingénierie où la recherche est poussée vers des procédés comme l’ionisation. D’autres projets, comme SCoPEx en 2014, ont envisagé d’injecter des aérosols dans la stratosphère afin de renvoyer le rayonnement solaire vers l’espace et tenter de diminuer le réchauffement climatique.
Le fameux sujet “complotiste” des chemtrails ne fait pas exception:
Si vous utilisez le terme “chemtrail”, vous allez immédiatement être étiqueté de complotiste et marginalisé, alors que si vous utilisez le terme scientifique pour désigner la même technique, c’est-à-dire “SAI” pour “Stratospheric Aerosol Injection”, vous vous apercevez que le sujet est largement débattu dans des institutions officielles et des entreprises.
Ainsi l’activité de modification de la météo est avérée. Mais les techniques de géoingénierie sont nombreuses et complexes… Certaines tentent même de modifier le climat, afin de créer un impact plus global et durable qu’une “simple modification de la météo”.
Mais le discours répété autour du dérèglement climatique soulève une question : ces techniques présentées comme des solutions à la crise climatique seraient-elles utilisées de façon beaucoup plus massive qu’annoncées ? Matthias Faeh répond:
Personnellement, je pense que les techniques de géoingénierie sont appliquées davantage que ce qui est annoncé, mais prouver que cela est utilisé de manière aussi massive dans le monde entier, je n’en ai pas la preuve. À mon avis, si les choses étaient déployées à l’échelle industrielle mondiale, cela laisserait davantage de traces que celles que j’ai pu trouver. Mais cela ne remet pas en question l’activité déjà existante, et il existe davantage d’activités que ce que les gouvernements veulent bien nous montrer.
Benoît Rittaud
à contre-courant du discours dominant
Enseignant-chercheur, normalien, agrégé de mathématiques, Benoît Rittaud est également le président de l’Association des “climatoréalistes”:
Les climatoréalistes considèrent qu’il n’existe pas de crise climatique, mais une évolution du climat. La Terre se réchauffe mais il ne s’agit pas d’une crise ou d’un dérèglement. Nous devons faire attention à l’environnement de façon rationnelle tout en acceptant que nous devrons nous adapter aux évolutions du climat à venir.
Dans sa conférence, Benoît Rittaud a résumé avec concision les points généraux d’accord et de désaccord que l’on peut trouver globalement au sujet du climat. Il a également mis en valeur l’importance des solutions locales, tout en dénonçant “les fausses solutions” qui font pire que le mal, par exemple dans le secteur des énergies renouvelables avec les éoliennes:
Les solutions proposées sont au mieux naïves et en général nuisibles. Par exemple, les éoliennes sont polluantes et produisent très peu d’énergie.
Il relève la problématique du discours sur le climat relayé dans les médias. Bien que celui-ci soit très peu soutenu par des données scientifiques, il parvient à influencer la population occidentale et à s’imposer comme une forme de dogme presque religieux auprès de la majorité:
Nous avons appris à avoir peur de l’idée que nous pourrions faire exploser la Terre. Cette peur se décline de différentes façons et aujourd’hui elle prend la forme de la peur climatique. Des scientifiques peuvent aussi être emportés par cette peur et en général cela se fait au dépend de la science.
Le discours dominant est un discours rempli de bonnes intentions, qui présente un aspect moral et il est difficile d’aller contre ce narratif. Mais ce que nous présentons comme le consensus scientifique autour du climat ne reflète pas la réalité. En réalité, nous avons un “cartel de recherche”, c’est à dire un noyau de scientifiques très convaincus, très spécialistes, qui ont conscience de l’impact social de leurs recherches. C’est un petit groupe de gens avec une grande influence qui parvient à dire qui a droit à la parole ou non, qui peut obtenir des financements ou non…
Cependant, certaines idées abordées lors du colloque ou certaines conclusions de Benoît Rittaud peuvent surprendre dans le sens où elles ne semblent pas du tout remettre en question le mode de vie occidental dans son rapport à l’environnement. Et au contraire soutiennent l’idée que le modèle matérialiste des pays dit “développés” est un exemple à suivre par les pays en voie de développement. Selon ses propos, se préoccuper de l’environnement est un problème de riches et de pays “développé” uniquement:
C’est une fois qu’un pays est développé qu’il peut se préoccuper d’environnement comme il faut.
N’est-ce pas oublier un peu vite que les pays industrialisés, avec un modèle incluant l’hyper-capitalisme et la surconsommation des ressources, sont les plus gros pollueurs de la planète ? Même si cette pollution est moins visible que les décharges à ciel ouvert des pays les plus pauvres, elle est une réalité.
N’est-ce pas oublier également l’exemple des populations indigènes qui se préoccupent de la nature d’une façon beaucoup plus sincère et sacrée que toute la cavalerie politique, technologique et scientifique des pays occidentaux ?
En résumé, ce colloque sur le climat a ouvert la porte sur un sujet complexe qui a en effet besoin d’être débattu avec le public le plus librement possible, car de nombreuses questions demeurent…
Toutes les conférences du colloque sont disponibles en accès libre sur le site de Planète Vagabonde.
Je vais prendre le temps et l’énergie ce matin de faire un retour sur le mot “pollution” depuis le Dictionnaire Historique de la Langue Française, Alain Rey, M. 2830.
“Le verbe “polluer” est emprunté (v. 1460) au latin “polluere, “salir, souiller” de sens concret et abstrait, spécialement “profaner” dans la langue RELIGIEUSE. “Polluere”, mot classique de la langue écrite, repose sur “porluere” et s’apparente à “luere”, “laver, baigner”, surtout attesté en composition (“ablution, alluvion… déluge, diluer”) ; il est à rapprocher, pour le sens de “lustrum”, “bourbier” et “bouge, mauvais lieu”, et de “lutum”, “boue, limon, vase”. Le participe passé latin “pollutus” a été emprunté sous la forme “pollu” (12ème siècle), encore enregistrée en 1777, avec le sens de “souillé moralement”, “profané (d’un lieu, d’un objet sacré). C’est de ce dernier qu’est sans doute dérivé “pollué”.”
De crainte qu’on m’accuse d’être hors sujet, je rappelle qu’on parle encore, de nos jours, en République française… laïque, de profaner des tombes. Donc, l’idée de “profaner” est encore dans les esprits, et si l’idée de profaner est dans les esprits, et bien, le sens FORCEMENT RELIGIEUX du mot “polluer”, en rapport avec la profanation, A COURS DANS NOS ESPRITS (mais peut-être à notre insu).
Même… lors de débats scientifiques.
Ceci n’est pas sans conséquence. Il est bon de s’en souvenir quand on est confronté au problème de la… pollution à la hauteur où on en parle en ce moment.
On peut noter, sur le plan de l’histoire de la langue française, que la signification “SOUILLER (un milieu naturel) par une action TECHNIQUE, INDUSTRIELLE, est pressenti dans un emploi relevé en 1895, mais correspond vers le milieu du 20ème siècle (1958) à l’emprunt de l’anglais “to pollute” (14ième siècle pour l’anglais) de même origine que le mot français, qui avait pris cette valeur au milieu du 19ème siècle. Pour la.. grande histoire, cette signification du mot “pollution” arrive en même temps que le NOUVEAU MOT “écologie”, formé depuis les étymons du grec ancien.
En suivant cette.. petite histoire, on observe la marche des idées, et de l’idéologie, qui s’appuie sur les croyances ? précédentes pour les infléchir dans une nouvelle direction.
Mais… j’insiste pour me demander si l’origine du mot procède d’un cadre religieux, peut-on réellement dégager le phénomène d’un cadre religieux ? Y a t-il une rupture entre religion et science, ou.. est-ce que ce qu’on appelle la “science” n’est pas forcément… ce qu’on croit, peut-être pas plus que la “religion” est… ce qu’on croit ?
Dans un monde en perpétuel mouvement, comment est-ce que la signification des mots peut rester immobile ?