Pierre Dubochet, ingénieur radio et spécialiste de la toxicologie des rayonnements non-ionisants, s’intéresse particulièrement à la présence et aux effets nocifs des ondes électromagnétiques dans notre mode de vie et notre habitat. Lors d’un entretien accordé à Essentiel News à l’occasion de la conférence “Ondes sous haute tension, tous surexposés ?” donnée à Martigny en Suisse en mars dernier, il partage ses conseils pour se protéger des ondes néfastes pour notre santé.
Une prise de conscience issue de son expérience personnelle
C’est après avoir emménagé dans un immeuble exposé à des rayonnements hautes fréquences, qui ont affecté sa santé, que Pierre Dubochet a pris conscience de la grave nocivité des ondes électromagnétiques. Environ deux ans après son installation dans son nouvel appartement, il a été affecté pendant 18 mois par des acouphènes et des troubles du sommeil importants. Complètement épuisé, il a finalement compris quelle était la source du problème à l’origine de ces symptômes difficiles à gérer au quotidien. L’impact de ces rayonnements sur sa santé l’a déterminé à se spécialiser dans la prévention des dangers liés aux ondes auprès de la population.
À travers son activité, il visite des habitations pour effectuer des mesurages des hautes et des basses fréquences avec du matériel de laboratoire.
Le fait d’avoir été moi-même affecté par des symptômes liés aux ondes me donne une perception différente des effets des rayonnements. Cela me permet de voir aussi où il existe un risque potentiel pour certaines personnes.
La durée d’exposition aux ondes joue un rôle important
Selon mon expérience, il est assez difficile de comprendre ce qui peut créer des symptômes avec les rayonnements parce que ce sont des effets qui sont souvent liés à “la dose”, c’est à dire un certain rayonnement qui nous touche dans la durée.
Ainsi, la durée d’exposition est un paramètre très important pour comprendre l’impact des ondes électromagnétiques sur notre santé. Si vous êtes exposé à un certain rayonnement 5 min par jour, il est rare qu’il puisse provoquer un symptôme. Par contre, si vous vous trouvez dans un environnement avec un électrosmog fortement significatif sur plusieurs années, il existe des possibilités que des symptômes soient développés.
Trop d’appareils électriques autour du lit
Globalement, s’agissant de l’ensemble de la population, nous vivons dans des rayonnements électromagnétiques trop intenses.
Parfois, la proximité d’une ligne haute tension émettant un champ électromagnétique basse fréquence potentiellement à risque ou la proximité d’une antenne de téléphonie mobile nous expose dangereusement aux ondes. Mais pour la majorité de la population, ce sont les installations intérieures, au domicile, qui participent aux troubles électromagnétiques.
Les habitations sont remplies d’appareils électriques et d’appareils connectés sans fil qui génèrent beaucoup trop d’électrosmog et créent un stress environnemental qui impacte la santé.
Parmi ces appareils, nous avons souvent trop d’appareils autour du lit. Le lit devrait être un endroit de repos pour l’organisme, où il n’est pas en stress environnemental. Par exemple, beaucoup de gens utilisent une lampe de chevet ou chargent leur smartphone et ne se rendent pas compte que l’électrosmog les touche. Cela représente une exposition importante qui pourrait pourtant être évitée de façon très simple. Nous pouvons utiliser une petite télécommande que l’on place dans la prise murale et qui enlève la présence de l’électricité dans le câble durant le sommeil, tout en gardant une lumière disponible si besoin.
Le cerveau d’un enfant est plus réceptif aux rayonnements
Pour Pierre Dubochet, l’influence des ondes électromagnétiques est plus grande sur le cerveau d’un enfant que d’un adulte parce qu’il est justement dans une phase d’apprentissage extrêmement importante. Le cerveau d’un enfant est plus réceptif aux rayonnements parce qu’il est plus développé.
Les enfants doivent être préservés des éléments toxiques environnementaux dont les rayonnements électromagnétiques, parce que leur cerveau a besoin de ressources énormes pour grandir dans ce monde où il est en phase d’apprentissage.
Il est possible de réduire progressivement l’exposition des jeunes aux rayonnements. Et notamment, en limitant l’utilisation du smartphone qui est l’une des sources d’ondes les plus importantes, ou en le configurant pour diminuer ses effets. Par exemple, l’utilisateur du smartphone peut réduire son exposition en coupant le mode de transfert de données (en coupant le mode DATA, et en coupant le wifi, le Bluetooth), il peut éviter d’utiliser des écouteurs Bluetooth qui émettent des ondes supplémentaires très proches du cerveau…
“Des jeunes dorment avec leur téléphone”
Dans ce sens, il est également très important de ne pas dormir avec le téléphone:
Des jeunes dorment avec leur téléphone alors qu’il est branché sur le secteur (lorsque le téléphone est en charge sur secteur, il émet encore davantage), donc ils dorment avec des centaines de volts/m, émis près de leur oreiller pendant des heures. Parfois, il se trouve carrément sous leur oreiller, sous leur cerveau.
Pierre Dubochet conclut en rappelant que:
Nous possédons l’information aujourd’hui pour utiliser ces technologies avec plus de discernement, et notamment limiter l’exposition par certaines mesures. Nous arrivons à une perception plus réaliste de cette problématique auprès des personnes plus âgées. En ce qui concerne les plus jeunes par contre, nous avons besoin de mieux les informer car ils sont très utilisateurs de ces technologies.
Pour en savoir plus:
- La conférence “Ondes sous haute tension, tous surexposés ?” donnée le 8 mars 2024 à Martigny, organisée par www.info-emf.ch.
- Le site web de Pierre Dubochet : www.pierredubochet.ch
- Au sujet des “compteurs intelligents” qui se développent maintenant en Suisse: https://pierredubochet.ch/compteur-communicant-1.html