À Bruxelles, « Make Europe Healthy Again » lance une fronde pour « libérer la santé » des intérêts privés

Republication de l’article de France-Soir diffusé le 15 octobre 2025

Au Parlement européen, l’eurodéputé autrichien Gérald Hauser a parrainé le lancement de Make Europe Healthy Again (MEHA), un mouvement transnational qui plaide pour la transparence, l’indépendance scientifique et un recentrage sur la prévention. Une initiative applaudie par un public venu de plusieurs continents, mais qui promet de nourrir de vives controverses.

Bruxelles, 15 octobre 2025 – Salle comble, ambiance de congrès et ton de fronde: le lancement de Make Europe Healthy Again (MEHA), organisé au Parlement européen sous l’impulsion de l’eurodéputé autrichien Gérald Hauser (Patriots for Europe), a réuni médecins, chercheurs, juristes, élus et activistes venus d’Europe, des États-Unis, du Royaume‑Uni, de l’Australie et d’ailleurs. 

Objectif affiché: « faire de la santé publique un bien commun, à l’abri des conflits d’intérêts et des dérives bureaucratiques », selon les mots de la médecin autrichienne Dr Maria Hubmer‑Mogg, fondatrice et figure de proue du mouvement.

« Nous ne pouvons pas traiter indéfiniment une société malade. Il faut créer les conditions où la santé devient l’issue naturelle, pas l’exception », a soutenu la psychologue américaine Dr Andrea Nazarenko, membre du comité de pilotage, résumant l’ambition d’un réseau qui se veut à la fois plateforme d’expertise, accélérateur d’initiatives législatives et caisse de résonance pour des politiques de prévention.

L’équipe de MEHA sur www.gomeha.com

Un manifeste contre « la capture » de la santé

Le ton a été donné dès l’ouverture par András László, président de la Patriots for Europe Foundation, hôte de l’événement: « Pendant la pandémie, la peur a exposé la fragilité de nos démocraties: la censure a étouffé le débat, et des décisions opaques ont été prises au nom de l’urgence. » Dans son viseur, notamment, « la dépendance de l’UE à des contrats pharmaceutiques inaccessibles au public ». László a salué le rôle d’Hauser, qui « ose ouvrir des dossiers que d’autres n’osent même pas évoquer ».

Sur scène, Dr Maria Hubmer‑Mogg a mis en cause la gouvernance de l’Agence européenne des médicaments (EMA), qu’elle a décrite comme « un hybride public‑privé » trop dépendant des redevances industrielles: « En 2025, 90% des revenus de l’EMA proviendraient de l’industrie, contre 10% du budget de l’UE. Ne laissons pas le renard garder le poulailler. » Elle a proposé un plan de réforme en quatre points: financement public intégral des fonctions réglementaires, transparence complète des contacts de lobbying, allongement des périodes de “cooling‑off” à cinq ans, et contrôle parlementaire renforcé des procédures accélérées. « Plus de conflits d’intérêts. Plus de dissimulation d’effets indésirables. Plus d’études financées par ceux qui vendent », a-t-elle martelé. Des allégations sensibles qui relèvent d’un débat politique complexe au niveau européen et qui ne reflètent pas, à ce stade, une position officielle des institutions.

Malhotra: « Corriger les distorsions commerciales de la science »

Point d’orgue scientifique pour le public, la keynote du cardiologue britannique Dr Aseem Malhotra, nommé “Chief Medical and Scientific Officer” de MEHA. S’appuyant sur des travaux d’épidémiologie critique, Malhotra a défendu l’idée que « la médecine fondée sur les preuves a été capturée par de puissants intérêts commerciaux », produisant « une pandémie de médecins mal informés et de patients lésés sans le savoir ». Il a exhorté à remettre la prévention et la métabolique au cœur: « Aux États‑Unis, 93% des adultes n’ont pas une santé métabolique optimale. Cette réalité a pesé lourdement pendant le Covid. La priorité, si l’on veut rendre l’Europe saine, est là. »

Son axe de réforme, sans détour: « Nous n’améliorerons pas le système tant que nous n’aurons pas corrigé les distorsions commerciales de la preuve scientifique. Les laboratoires peuvent développer des médicaments, mais ils ne doivent plus être autorisés à tester eux‑mêmes leurs produits, à concevoir les études, à garder les données et à payer les régulateurs. » Et cette formule appelée à circuler: « Le pouvoir corporatif doit devenir une priorité de santé publique. »

Pour le clin d’œil à la philosophie, Malhotra a rappelé « les trois barrières psychologiques à la vérité: la peur, l’aveuglement volontaire et la formation de masse », invitant à « réhabiliter l’humilité, la liberté d’expression et la capacité à dire: les faits ont changé, j’ai changé d’avis ».

Malone: « Restaurer le consentement éclairé et la subsidiarité »

Autre moment marquant, l’intervention du Dr Robert Malone, médecin et chercheur américain, présenté par les organisateurs comme « pionnier de l’ARNm » et désormais co‑président du comité consultatif sur les pratiques vaccinales (ACIP) aux États‑Unis. Il affirme s’exprimer à titre personnel.

Malone a détaillé des évolutions en cours côté américain, sous bannière Make America Healthy Again (MAHA), mettant l’accent sur la nutrition, exposition chimique, transparence, révision des recommandations vaccinales et « séparation stricte entre promotion et surveillance de la sécurité ». Il a plaidé pour un recentrage éthique: « La pierre angulaire de la bioéthique reste le consentement éclairé. Dans une société libre, les citoyens doivent pouvoir décider des actes médicaux pour eux et leurs enfants, sur la base d’une information complète des risques et bénéfices — sans coercition. » Autre référence, très européenne: « La subsidiarité du Traité de l’UE est piétinée quand des décisions centralisées s’imposent aux États dans le domaine de la santé. »

Il a également critiqué « la confusion des mandats » de certaines agences publiques chargées à la fois de promouvoir et d’évaluer des produits, ce qui « favorise une culture où interroger la sécurité est perçu comme une menace ». Des positions qui, là encore, contrastent avec les lignes des autorités sanitaires européennes et nationales, et qui alimentent un débat nourri depuis la crise sanitaire.

Une salle, des voix, un fil rouge

Au fil des interventions, un fil rouge s’est imposé: la défiance envers ce que plusieurs orateurs ont qualifié de « complexe industriel pharmaceutique », la dénonciation de la censure pendant la pandémie, et l’appel à replacer la santé dans son écosystème social et environnemental.

  • « On ne construit pas la santé dans les laboratoires, mais dans les environnements de vie: l’air, l’eau, la nourriture, le logement, le lien social », a rappelé Dr Nazarenko.
  • « Nous sommes l’équipe des 8 milliards face à la petite équipe du capitalisme de connivence », a lancé Dr Hubmer‑Mogg, suscitant des applaudissements nourris.
  • « Si nous voulons éviter les dérives totalitaires, arrêtons de prétendre détenir la vérité sur la santé et réhabilitons la pluralité des approches », a averti le professeur de psychologie belge Mattias Desmet, connu pour ses travaux sur la “formation de masse”.

Les témoignages ont aussi mis en avant des sujets à forte charge émotionnelle: parents d’enfants blessés, médecins plaidant pour les médecines complémentaires, ingénieurs en biologie du bâti alertant sur les polluants domestiques, jeunes entrepreneurs de la longévité racontant leur parcours de résilience. 

« La prévention n’est pas qu’un impératif moral, c’est un choix économique rationnel », a résumé l’Autrichien Lukas Winkler.

Le professeur Christian Perronne et le Dr Louis Fouché représentant un contingent français important, ont pris la parole et contribué aux débats qui ont continué dans la soirée avec un dîner.

Les angles brûlants: OMS, EMA, identités numériques

Au registre politique, plusieurs juristes et ex‑diplomates ont appelé à réexaminer la place des accords internationaux dans la gestion des crises futures, pointant l’OMS et ses projets de révision des instruments normatifs. Là encore, l’angle est assumé: « Il s’agit de restaurer la souveraineté sanitaire, la transparence et le débat scientifique », dira la juriste allemande Dr Beate Pfeil. La question des identités numériques et des passeports sanitaires a suscité des mises en garde, notamment d’orateurs britanniques, au nom de la protection des libertés publiques. 

Ces thèmes, très clivants, devraient nourrir des controverses autant juridiques que sociétales dans les prochains mois.

Des objectifs concrets et une méthode

Au‑delà des dénonciations, MEHA se veut force de propositions. Le mouvement a annoncé:

  • La constitution d’un réseau d’experts et d’une « task force » législative pour appuyer des propositions nationales et européennes (transparence des essais, financement public des évaluations, gouvernance de l’EMA, prévention et éducation nutritionnelle, santé environnementale).
  • La préparation de conférences médicales thématiques en 2026 et d’une « Académie des meilleures solutions » destinée à mutualiser des protocoles fondés sur les résultats de terrain.
  • Un plaidoyer pour que la santé devienne « un principe transversal » dans toutes les politiques de l’UE (urbanisme, agriculture, éducation, numérique), conformément à l’approche des déterminants sociaux.

« Nous invitons les parlementaires et gouvernements à intégrer des initiatives alignées MEHA dans leurs agendas. La santé ne peut plus être un silo », a insisté Nazarenko. Et Malhotra de conclure son intervention par une maxime appelée à devenir le mantra du mouvement: « Si vous ne pouvez pas voler, courez. Si vous ne pouvez pas courir, marchez. Si vous ne pouvez pas marcher, rampez. Mais continuez d’avancer. »

Le rôle d’Hauser et la suite

Discret mais omniprésent, l’eurodéputé Gérald Hauser a salué « une journée historique ». « Ensemble, nous sommes plus forts », a‑t‑il résumé en clôture, promettant d’ouvrir, avec des collègues de différents groupes, des canaux pour porter au Parlement les revendications de MEHA — et d’offrir un espace de dialogue aux médias. Son groupe hôte, Patriots for Europe, se targue d’« avoir le courage d’aborder les sujets que d’autres n’osent pas ». Reste à voir comment cette bannière — connotée politiquement — impactera la capacité de MEHA à rallier au‑delà de son cercle initial.

Un mouvement promis à la controverse

La force du lancement tient à la diversité des profils et à l’énergie militante. Sa faiblesse potentielle: une ligne éditoriale qui croise sujets sensibles (vaccins, OMS, EMA, identités numériques) et assertions contestées par des autorités sanitaires et une large partie de la communauté scientifique. Les organisateurs en ont conscience et assument un mode opératoire: production « d’un savoir pertinent » (experts, publications), diffusion « par un mouvement social » (médias alternatifs et traditionnels), et « engagement des décideurs » pour changer les règles — ce qu’Aseem Malhotra a appelé « le triangle qui déplace la montagne ».

Qu’on y voie un sursaut salutaire ou une déflagration polémique, MEHA s’inscrit dans une lame de fond post‑pandémie: celle d’une demande de lisibilité, de responsabilité et de choix en santé. « La santé est trop importante pour être abandonnée aux seuls experts ou aux seuls marchés », a résumé Dr Hubmer‑Mogg. 

Le débat est lancé. Et il ne s’arrêtera pas aux portes de Bruxelles.

Note au lecteur: cet article rend compte d’un événement public et rapporte des positions, constats et propositions des intervenants, dont certaines sont contestées par des autorités sanitaires et des institutions européennes. Les citations entre guillemets reflètent les propos tenus lors de la conférence. Toute évolution législative ou réglementaire mentionnée relève d’un débat en cours.

En complément: Lancement de Make Europe Healthy Again au Parlement européen, filmé et doublé en direct, diffusé sur la chaîne Youtube de Nexus:





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