Assassinat de Charlie Kirk: l’hypothèse israélienne

La poussière n’est pas encore retombée au sujet de « l’assassinat de Charlie Kirk », et il reste encore difficile d’en publier une analyse détaillée. Tout de même, nous proposons ci-dessous la traduction d’un article publié en anglais le 12 septembre 2025 par le site américain The Grayzone.
Classé généralement à gauche, et fondé et dirigé par Max Blumenthal, The Grayzone offre en l’occurrence une analyse qui a le mérite de ne pas être au niveau zéro – un niveau qui, cette fois, est occupé par la « droite » américaine.
En effet, les partisans américains les plus férus de Donald Trump, ainsi que les médias alternatifs américains pro-Trump, sont persuadés de voir dans cet attentat un exemple du danger terroriste que représentent les travestis; ils citent pour preuve les inscriptions sur les cartouches du tireur, la correspondance entre ce dernier et son amant, et ce que le pouvoir lui-même affirme.
Le caractère absurde de ces éléments n’est pas sans rappeler les autres « preuves » présentées pour d’autres attentats passés – passeports magiques du 11 septembre, balle miraculeusement photographiée en plein vol lors de la « tentative d’assassinat de Trump », etc. – et que nous avions déjà qualifiés de « révélation de la méthode ».
Certes, il reste beaucoup de choses à dire au sujet de cet attentat; les habituelles synchronicités de nombres, les classiques anomalies vidéo, et les sempiternels marqueurs rituels; tout cela fera l’objet d’une analyse ultérieure.
Entre temps, l’analyse de Max Blumenthal ci-dessous vaut la peine qu’on s’y arrête; on notera que depuis la publication de cet article, Benjamin Netanyahou a démenti ces accusations à deux reprises.
Charlie Kirk a refusé l’offre de financement de Netanyahou et était « effrayé » par les forces pro-israéliennes avant sa mort, révèle un ami
The Grayzone, Max Blumenthal et Anya Parampil, 12 septembre 2025
Un proche de Trump, et ami de longue date de Charlie Kirk, a expliqué à The Grayzone comment le revirement du leader conservateur assassiné au sujet de l’influence israélienne a provoqué une réaction violente de la part des alliés de Netanyahou, ce qui l’a mis en colère et effrayé.
La source a déclaré que l’inquiétude s’était répandue au sein de l’administration Trump après la découverte de ce qui ressemblait à une opération d’espionnage israélienne.
Selon un ami de longue date [de Charlie Kirk], s’exprimant sous couvert d’anonymat, [ce dernier] a rejeté une offre faite plus tôt cette année par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou d’organiser un nouvel apport massif de fonds sionistes à son organisation Turning Point USA (TPUSA), la plus grande association conservatrice de jeunes aux États-Unis.
La source a déclaré à The Grayzone que le défunt influenceur pro-Trump pensait que Netanyahou essayait de le réduire au silence alors qu’il commençait à publiquement remettre en question l’influence écrasante d’Israël à Washington et qu’il revendiquait plus de liberté pour la critiquer.
Dans les semaines qui ont précédé son assassinat du 10 septembre, Kirk en était venu à détester le dirigeant israélien, le considérant comme un « tyran » [ndt: bully] , a déclaré la source. Kirk était dégoûté par ce dont il avait été témoin au sein de l’administration Trump, où Netanyahou cherchait à dicter personnellement les décisions du président en matière de personnel, et exploitait des atouts israéliens comme la milliardaire Miriam Adelson pour garder la Maison Blanche sous son emprise.
Selon l’ami de Kirk, qui avait également accès au président Donald Trump et à son cercle restreint, Kirk avait vivement mis en garde Trump en juin dernier contre le bombardement de l’Iran pour le compte d’Israël. « Charlie était la seule personne à l’avoir fait », a-t-il déclaré, se souvenant de la façon dont Trump lui avait « aboyé dessus » en guise de réponse, et avait mis fin à la conversation avec colère. La source estime que cet incident a confirmé dans l’esprit de Kirk que le président des États-Unis était tombé sous le contrôle d’une puissance étrangère malveillante et menait son propre pays vers une série de conflits désastreux.
Le mois suivant, Kirk était devenu la cible d’une campagne privée et soutenue d’intimidation et de fureur de la part d’alliés riches et puissants de Netanyahou – des personnalités qu’il a décrites dans une interview comme des « leaders » et des « décideurs » [ndt: stakeholders] juifs.
« Il avait peur d’eux », a souligné la source.
Au sein de TPUSA, le fossé avec Israël se creuse
Kirk avait 18 ans lorsqu’il a lancé TPUSA en 2012. Dès ses débuts, sa carrière a été propulsée par des donateurs sionistes, qui ont inondé sa jeune organisation d’argent par l’intermédiaire de groupements néoconservateurs tels que le David Horowitz Freedom Center. Au fil des ans, il a remercié ses riches soutiens en déversant un torrent incessant de diatribes anti-palestiniennes et islamophobes, en acceptant des voyages de propagande en Israël et en condamnant sévèrement les forces nationalistes qui remettaient en cause son soutien à Israël lors d’événements organisés par TPUSA. À l’ère Trump, peu d’Américains non juifs se sont révélés plus précieux pour l’État juif autoproclamé que Charlie Kirk.
Mais alors que l’assaut génocidaire d’Israël contre la bande de Gaza assiégée provoquait une réaction sans précédent au sein des cercles de la droite populaire, où seuls 24% des jeunes républicains sympathisent désormais avec Israël plutôt qu’avec les Palestiniens, Kirk a commencé à changer d’avis. Parfois, il s’alignait sur la position israélienne, diffusant la désinformation des bébés décapités par le Hamas le 7 octobre et niant la famine imposée à la population de Gaza. Pourtant, il a simultanément cédé à sa base, se demandant si Jeffrey Epstein n’était pas un agent des services secrets israéliens, faisant l’hypothèse que le gouvernement israélien ait pu permettre aux attaques du 7 octobre d’avoir lieu afin de faire avancer ses objectifs politiques à long terme, et reprenant les discours familiers à son critique le plus virulent à droite, le streamer Nick Fuentes.
En juillet dernier, lors de son TPUSA Student Action Summit, Kirk a permis à la base de la droite populaire d’exprimer sa colère face à l’emprise politique d’Israël sur l’administration Trump. A cette occasion, des intervenants, depuis les anciens piliers de Fox News Tucker Carlson et Megyn Kelly, jusqu’au comédien juif antisioniste Dave Smith, ont dénoncé l’assaut sanglant d’Israël contre la bande de Gaza assiégée, ont qualifié Jeffrey Epstein d’agent des services secrets israéliens, et ont ouvertement raillé les milliardaires sionistes comme Bill Ackman pour avoir « impunément perpétré des arnaques » malgré leur « manque de compétences réelles ».
Tucker: How do you come to a place where some of the least impressive, most useless people who have no actual skills become billionaires… How did Bill Ackman get $9 billion? A pretty impressive guy? I know him. No pic.twitter.com/gdcNT6imB9
— Acyn (@Acyn) July 12, 2025
À la suite de ces échanges, Kirk a été bombardé de SMS et d’appels téléphoniques furieux de la part des riches alliés de Netanyahou aux États-Unis, dont beaucoup avaient financé TPUSA. Selon son ami de longue date, les donateurs sionistes ont traité Kirk avec un mépris total, lui ordonnant essentiellement de se remettre au pas.
« On lui disait ce qu’il n’avait pas le droit de faire, et cela le rendait fou », se souvient l’ami de Kirk. Le jeune leader conservateur était non seulement rebuté par la nature hostile de ces interactions, mais aussi « effrayé » par les réactions négatives.
Le récit de cet ami correspond à celui de plusieurs commentateurs de droite qui avaient accès à Kirk.
« Je pense qu’au final, Charlie était en train de vivre une transformation spirituelle », a déclaré, après le meurtre de son ami, Candace Owens – une influenceuse conservatrice qui s’est résolument détournée d’Israël après le 7 octobre. « Je le sais, il traversait une période difficile. Il subissait beaucoup de pression, et j’ai du mal à voir les personnes qui le mettaient sous pression désormais dire ce qu’elles disent. »
Elle a poursuivi: « Ils voulaient qu’il perde tout pour avoir changé ou même légèrement modifié son opinion. Cela me fait beaucoup de peine. »
Kirk est apparu visiblement indigné lors d’une interview accordée le 6 août à la présentatrice conservatrice Megyn Kelly, alors qu’il évoquait les messages menaçants qu’il recevait de la part de personnalités pro-israéliennes.
« Tout à coup, c’est: »Oh, Charlie: il n’est plus avec nous. » Attendez une seconde… Que signifie exactement »avec nous »? Je suis américain, d’accord? Je représente ce pays », a-t-il expliqué, avant d’évoquer les puissants intérêts sionistes qui le harcèlent.
« Plus vous nous attaquez personnellement en privé et en public – et ce n’est pas un cas isolé, ce serait une chose s’il s’agissait d’un SMS ou deux, mais il y en a des dizaines – plus nous commençons à dire: ‘Whoa, attendez un peu' », a poursuivi Kirk. « Pour être honnête, certains très bons amis juifs disent: ‘Ce n’est pas le cas de nous tous’… Mais ce sont des leaders ici. Ce sont des décideurs [ndt: stakeholders]. »
Il a ensuite poursuivi en se plaignant à Kelly: « J’ai moins de capacité… à critiquer le gouvernement israélien que les Israéliens eux-mêmes. Et c’est vraiment, vraiment bizarre. »
Dans l’une de ses dernières interviews, réalisée avec Ben Shapiro, le principal influenceur israélien aux États-Unis, Kirk a une fois de plus tenté de soulever la question de la censure des détracteurs d’Israël.
« Un ami m’a dit, de manière intéressante: ‘Charlie, d’accord, nous avons riposté contre les médias sur le COVID, sur les confinements, sur l’Ukraine, sur la frontière' », a déclaré Kirk à Shapiro le 9 septembre. « Peut-être devrions-nous également poser la question suivante: les médias présentent-ils totalement la vérité lorsqu’il s’agit d’Israël? C’est juste une question! »
Charlie Kirk's now final interview: he criticised Israel to Ben Shapiro's face pic.twitter.com/M94OTcDf7f
— HatsOff (@HatsOffff) September 11, 2025
Selon l’ami de longue date de Kirk, le ressentiment de ce dernier envers Netanyahou et le lobby israélien était en train de se répandre au sein du cercle intime de Trump. En fait, a-t-il déclaré, le président lui-même était terrifié par la colère de Netanyahou et craignait les conséquences de lui tenir tête.
Au cours de l’année écoulée, des contacts au sein de la Maison Blanche ont informé ce proche de Trump que des agents du Secret Service avaient surpris à deux reprises des agents du gouvernement israélien en train d’installer des dispositifs électroniques sur leurs véhicules d’intervention d’urgence.
Bien que The Grayzone n’ait pas pu confirmer cette information auprès du Secret Service ou de la Maison Blanche, un tel incident n’aurait pas été sans précédent. En effet, selon un article publié dans Politico citant trois anciens hauts fonctionnaires américains, un dispositif d’espionnage de téléphones portables aurait été placé par des agents israéliens « près de la Maison Blanche et d’autres lieux sensibles autour de Washington » vers la fin du premier mandat de Trump en 2019.
L’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson a relaté un incident similaire dans ses mémoires, écrivant que son équipe de sécurité avait trouvé un dispositif d’écoute dans sa salle de bain peu après que Netanyahou ait utilisé ses toilettes personnelles.
La théorie de la culpabilité d’Israël
Kirk a été tué le 10 septembre dernier d’une seule balle tirée par un sniper apparemment posté sur un toit à 200 mètres de distance. Il a été abattu alors qu’il était assis devant une foule de milliers de personnes à l’université Utah Valley à Orem, dans l’Utah, lors de la première étape de sa tournée américaine Comeback Tour. La scène où Kirk s’effondre sous l’impact d’une balle dans le cou alors qu’il commençait à répondre à une question sur les tireurs transgenres est peut-être le spectacle d’assassinat le plus choquant et le plus viral de l’histoire de l’humanité.
Il n’existe actuellement aucune preuve impliquant le gouvernement israélien dans l’assassinat de Kirk. Cela n’a toutefois pas empêché des milliers d’utilisateurs des réseaux sociaux de spéculer que le changement d’opinion de ce militant pro-Trump sur la question avait contribué d’une manière ou d’une autre à sa mort. À l’heure où nous publions cet article, plus de 100’000 utilisateurs de Twitter/X ont liké un message publié le 11 septembre par l’influenceur libertarien Ian Carroll, déclarant à propos de Kirk: « Il était leur ami. Il leur a pratiquement consacré sa vie. Et ils l’ont assassiné devant sa famille. Israël vient de se tirer une balle dans le pied. »
Beaucoup de ceux qui avancent cette théorie non fondée ont fait référence à un message publié sur Twitter/X par Harrison Smith, une personnalité du réseau pro-Trump Infowars, déclarant le 13 août – près d’un mois avant l’assassinat de Kirk – qu’il avait été informé par « une personne proche de Charlie Kirk que celui-ci pensait qu’Israël le tuerait s’il se retournait contre Israël ».
Ces spéculations effrénées ont provoqué une onde de choc à Tel-Aviv, où Netanyahou a été contraint de nier explicitement que son gouvernement avait tué Kirk lors d’une interview accordée à NewsMax le 11 septembre.
🚨🇮🇱🇺🇸 BREAKING: NETANYAHU claims “ISRAEL did NOT ASSASSINATE Charlie Kirk”
— Jackson Hinkle 🇺🇸 (@jacksonhinklle) September 12, 2025
What an odd thing for a world leader who is busy bombing 7 countries to say… pic.twitter.com/Nc6WMWENif
Netanyahou et ses alliés enterrent la crise Kirk alors que la « grande tente » s’effondre
Cette intervention n’a été qu’une seule des nombreuses interviews et déclarations que le Premier ministre a consacrées à Kirk à la suite de son assassinat, dont l’objectif a été de présenter l’héritage du défunt leader conservateur sous un jour uniformément pro-israélien. Cette importante démarche de relations publiques a eu lieu alors que Netanyahou mène une campagne militaire sur sept fronts, ponctuée par une série d’assassinats régionaux qui a récemment atteint le cœur du Qatar, un allié des États-Unis.
Netanyahou a d’abord tweeté ses prières pour Kirk à 15h02 dans l’après-midi du 10 septembre, quelques minutes après l’annonce de la fusillade. Depuis, il a publié trois autres messages sur Kirk, s’absentant même du cabinet de guerre israélien pour passer l’après-midi du 11 septembre à rendre hommage au leader conservateur sur Fox News.
Au cours de cette interview, Netanyahou a fait de son mieux pour insinuer que les ennemis d’Israël étaient responsables du meurtre de Kirk, bien qu’aucun suspect n’ait encore été nommé ou placé en détention à ce moment-là:
« Les islamistes radicaux et leur alliance avec les ultra-progressistes – ils parlent souvent des ‘droits de l’homme’, ils parlent de ‘liberté d’expression’ – mais ils recourent à la violence pour tenter d’éliminer leurs ennemis », a déclaré le Premier ministre à Harris Faulkner.
Dans un message publié le 10 septembre sur Twitter/X en hommage au leader conservateur, le Premier ministre israélien a décrit une récente conversation téléphonique avec Kirk.
« Je lui ai parlé il y a seulement deux semaines et je l’ai invité en Israël », a déclaré Netanyahou. « Malheureusement, cette visite n’aura pas lieu. »
Charlie Kirk was murdered for speaking truth and defending freedom. A lion-hearted friend of Israel, he fought the lies and stood tall for Judeo-Christian civilization. I spoke to him only two weeks ago and invited him to Israel. Sadly, that visit will not take place.
— Benjamin Netanyahu – בנימין נתניהו (@netanyahu) September 10, 2025
We lost an…
Il n’a pas été précisé si Kirk avait décliné l’invitation, comme il l’avait fait pour l’offre du Premier ministre de renflouer les caisses du TPUSA grâce aux dons de son cercle d’amis riches juifs américains.
Au moment de cette publication, un résident de l’Utah âgé de 22 ans a été placé en détention après avoir prétendument avoué avoir tué Kirk. Le public pourrait bientôt connaître les véritables motivations du présumé assassin. Peut-être alimenteront-elles le récit avancé par Trump et ses alliés immédiatement après la fusillade, selon lequel un activiste radical de gauche serait responsable et qu’une vague de répression draconienne est par suite nécessaire.
Mais après la fuite initiale du tireur et une série de mésaventures des forces de l’ordre fédérales, une grande partie des Américains ne croira probablement jamais à la version officielle. Ils ne sauront jamais non plus où le revirement de Kirk sur Israël aurait conduit le mouvement conservateur.
Quatre jours avant l’assassinat, la frustration des commentateurs pro-israéliens avait éclaté au grand jour lors d’une interview sur Fox News, au cours de laquelle Ben Shapiro a lancé une attaque glaçante contre Kirk sans le nommer.
« Le problème avec une « grande tente », c’est qu’on peut se retrouver avec beaucoup de clowns à l’intérieur », a déclaré Shapiro au présentateur de Fox et collègue sioniste Mark Levin, dans une critique apparente du TPUSA.
« Ce n’est pas parce que quelqu’un vote républicain qu’il doit nécessairement être le prédicateur à l’avant de l’église, ce n’est pas lui qui doit diriger le mouvement, s’il passe ses journées à critiquer le président des États-Unis en l’accusant de «couvrir un réseau de viols du Mossad» ou d' »être un instrument des Israéliens pour frapper une installation nucléaire iranienne ».
Lorsque Kirk a pris sa place habituelle à « l’avant de l’église » quatre jours plus tard, il a été abattu par la balle d’un sniper.
Dans les 24 heures qui ont suivi la mort de Kirk, Shapiro a annoncé qu’il allait lancer sa propre tournée de conférences sur les campus universitaires, promettant: « Nous allons ramasser ce micro taché de sang là où Charlie l’a laissé. »
Aller plus loin
Pour aller plus loin, nous proposons ci-dessous une interview de Xavier Poussard pour GPTV publiée le 12 septembre 2025 (la partie qui concerne les USA commence à 2h27’39’’).
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