Après 1901 jours de prison, Julian Assange est enfin libre!

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La justice américaine l’a forcé à plaider coupable, mais le 1er ministre australien estime qu’il doit pouvoir rentrer libre au pays.

Libéré hier de la prison de Belmarsh, Julian Assange doit comparaître demain devant un tribunal fédéral des Îles Marianne pour finaliser les documents judiciaires de sa liberté négociée. Le gouvernement australien estime que son incarcération a assez duré et souhaite le voir revenir libre. En attendant, sa femme Stella a exprimé toute sa gratitude aux milliers de personnes qui ont soutenu leur combat depuis quatorze ans.

Enfin libre!

Ce matin Wiki Leaks a publié un communiqué annonçant la bonne nouvelle:

Julian Assange est libre. Il a quitté la prison de haute sécurité de Belmarsh le 24 juin au matin, après y avoir passé 1901 jours. La Haute Cour de Londres lui a accordé une caution et il a été libéré dans l’après-midi à l’aéroport de Stansted, où il a pris un avion et quitté le Royaume-Uni.

C’est le résultat d’une campagne mondiale qui a rassemblé des organisateurs locaux, des militants de la liberté de la presse, des législateurs et des dirigeants de tout l’échiquier politique, jusqu’aux Nations unies.

Après plus de cinq ans passés dans une cellule de 2 mètres sur 3, isolé 23 heures par jour, Julian retrouvera bientôt sa femme Stella Assange et leurs enfants, qui n’ont connu leur père que derrière les barreaux.

WikiLeaks a publié des informations inédites sur la corruption des gouvernements et les violations des droits de l’homme, obligeant les puissants à rendre compte de leurs actes. En tant que rédacteur en chef, Julian a payé sévèrement pour ces principes et pour le droit du peuple à savoir.

Alors qu’il rentre en Australie, nous remercions tous ceux qui nous ont soutenus, qui se sont battus pour nous et qui sont restés totalement engagés dans la lutte pour sa liberté.

La liberté de Julian est notre liberté”.

Derniers messages de Stella

Mercredi dernier, le 19 juin, sa femme Stella avait enregistré une déclaration en compagnie du rédacteur en chef de Wikileaks Kristinn Hrafnsson. Ils avaient exprimé leur espoir de voir J. Assange retrouver la liberté dans les prochains jours.

Devant la prison de Belmarsh, Stella Assange s’exprime:

Cela fait précisément 12 ans que le calvaire de Julian a commencé, lorsqu’il s’était rendu à l’ambassade d’Equateur pour se protéger face aux persécutions, à la torture et à l’emprisonnement à vie qui le menaçaient. Douze ans plus tard, je lui rends encore visite dans une prison de haute sécurité, mais je pense que cette période est finalement arrivée à sa fin. Si tout va bien, je pense que d’ici quelques jours Julian sera dans un avion en route pour la liberté!

Durant toutes ces années de persécution, un mouvement incroyable s’est formé. Un mouvement de soutien partout dans le monde. Ils se sont battus, non seulement pour Julian et pour notre famille, mais pour ce qu’il a défendu: la vérité et la justice!

Hrafnsson a remercié tous ceux qui les ont soutenus dans ce combat:

Je viens de sortir de la prison de Belmarsh (Londres) et j’espère que ce sera ma dernière visite dans cette prison où Julian a passé 5 années, 2 mois et deux semaines. Si vous voyez cette vidéo, cela signifie que Julian est sorti!

En toute sincérité, sans votre soutien ceci n’aurait jamais pu se réaliser. C’est un jour de joie, le jour où Julian Assange est libéré. Merci à vous tous.

Sa femme a ajouté qu’un nouveau chapitre s’ouvrait pour eux, mais que le soutien de la communauté était encore nécessaire pour permettre à Julian de bénéficier des soins urgents pour sa santé.

Une libération, mais pas une victoire  

L’accord conclu entre la justice américaine et Julian Assange, qui doit être avalisé par un tribunal fédéral américain dans le Pacifique mercredi 26 juin, constitue un “énorme soulagement” pour ses proches et pour les comités de soutien de par le monde, mais il ne signe pas une victoire complète. Julian Assange doit en principe plaider coupable d’avoir comploté pour obtenir et divulguer des informations relevant de la défense nationale. Il pourrait être condamné à 62 mois de prison, équivalent au temps déjà passé en détention provisoire à la prison Belmarsh à Londres.

Rappelons qu’au départ, Assange avait été inculpé de 18 chefs d’accusation, dont celui d’espionnage et qu’il encourait une peine de 175 ans d’emprisonnement. C’est donc une victoire pour l’homme, pour sa famille et pour tous ceux qui se sont mobilisés pour lui, mais ce n’est pas un réel triomphe pour la liberté d’expression.

L’Australie implore la clémence

Le premier ministre australien Anthony Alban a rencontré l’approbation générale du Parlement lorsqu’il a déclaré qu’Assange avait été incarcéré assez longtemps.

J’ai été très clair, en tant que leader travailliste de l’opposition et ensuite en temps que 1er ministre. Quelles que soient les opinions que l’on ait sur les activités de M. Assange, l’affaire a traîné trop longtemps. Il n’y a rien à gagner à ce que l’on poursuive son incarcération et nous voulons qu’il puisse rentrer chez lui en Australie.

Hier, au détour d’une question posée par un journaliste lors d’une visite à la Maison Blanche, le président américain Joe Biden a déclaré qu’il envisageait peut-être l’abandon des poursuites.

Dans un contexte de campagne présidentielle où le gouvernement Biden est de plus en plus critiqué pour ses politiques de censure et d’ingérence dans les médias, une “clémence présidentielle” ne serait pas de trop.

Le 1er ministre australien a réagi en disant que c’était un signe encourageant car “trop, c’est trop. Nous l’avons fait savoir à tous les niveaux de gouvernement et de toutes les manières possibles”.