«Affaire Kabile: Enquête à tombeau ouvert» de Pierre Barnérias

Dans les méandres de la médecine, du trafic d’organes et des disparitions d’enfants.
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Documentaire diffusé sur la chaîne YouTube de Karl Zéro Absolu, suivi d’un entretien avec Thierry Kabile, le fils d’Éliane Kabile

L’affaire Kabile n’est pas que l’histoire horrible d’une dame âgée qui meurt dans des circonstances extrêmement troubles à l’hôpital. Cette affaire met aussi un coup de projecteur glaçant sur un sujet tabou: celui du trafic d’organes en France. Elle ouvre également des pistes sur ce que deviennent possiblement les corps de certains enfants disparus que l’on ne retrouve jamais.

Décembre 2000. Éliane Kabile, une Martiniquaise de 64 ans qui vit en région parisienne, est hospitalisée à la demande de son médecin traitant pour une phlébite. Sans explication, elle restera deux semaines à l’hôpital, alors qu’elle n’a finalement aucune phlébite. Quand elle ressort, ses bras sont couverts de bleus, elle a subi des dizaines de prises de sang quotidiennes, ainsi qu’une ponction sternale très douloureuse, réalisée sans anesthésie. La vieille dame revient chez elle le 30 décembre, traumatisée.

27 janvier 2001. À la demande de l’hôpital de Gonesse, le médecin traitant d’Éliane Kabile la fait réhospitaliser d’urgence. La sexagénaire n’en ressortira jamais. Elle meurt quelques jours plus tard, dans des circonstances que sa famille aura du mal à comprendre. Et pour cause: Éliane Kabile a probablement été victime d’un assassinat médical ayant pour but un prélèvement d’organes dissimulé. C’est en tout cas la thèse de la famille et de son avocat, Dominique Kounkou. Une thèse renforcée par le jugement du tribunal correctionnel de Paris prononcé en 2021, mais obtenu que très récemment par l’un des fils de la défunte, Thierry Kabile. Dans ce jugement, le tribunal constate que «les faits poursuivis sont de nature criminelle», ce qui va enfin permettre de porter l’affaire aux assises. Un nouveau volet judiciaire s’ouvre donc.

Des restes d’enfant trouvés dans le cercueil

«L’affaire Kabile: une enquête à tombeau ouvert» est le premier épisode de la saison 2 de «C’est notre petit secret», une série documentaire réalisée par Pierre Barnérias et consacrée au thème de la pédocriminalité. À première vue, on ne voit pas le rapport avec l’affaire Kabile. Mais dès les premières minutes, le film fait le lien avec les réseaux pédophiles et les affaires d’enlèvements d’enfants, comme celui de la petite Marion Wagon, disparue à Agen en novembre 1996 et dont le corps n’a jamais été retrouvé. Pourquoi? Parce que lors de la première exhumation d’Éliane Kabile, demandée par sa famille en juin 2003 en vue d’une deuxième autopsie, non seulement ce n’est pas le corps de la défunte qui se trouve dans le cercueil, mais Thierry Kabile et sa tante y découvrent en plus un amas composite de chairs, de sang frais et de graisse qui n’auraient pas dû être là deux ans et demi après l’inhumation. Autre découverte: la présence d’une cage thoracique d’enfant. Les corps d’enfants disparus seraient-ils finalement à chercher dans les tombes?

Le comportement très étrange du médecin légiste durant cette autopsie intrigue Thierry Kabile, qui décide de se renseigner sur le personnage. Il s’avère que cet homme, Michel Durigon, a eu un rôle non négligeable dans l’affaire Dutroux, puisqu’il est intervenu dans la procédure pour contredire les conclusions des trois experts belges qui affirmaient que les enfants avaient subi des violences sexuelles répétées. Selon Durigon, la preuve n’en était pas établie et les enfants étaient morts uniquement de faim et de soif. Ce médecin, décédé en 2023, était par ailleurs le formateur attitré des légistes français…

La seule affaire en France susceptible de révéler un trafic d’organes

À travers l’affaire Kabile, le film évoque aussi la question du trafic d’organes en France. Me Kounkou estime qu’Éliane Kabile n’est sans doute pas un cas isolé d’assassinat médical à des fins de prélèvement. L’évolution des lois ces dernières années pourrait même amplifier les risques de meurtres maquillés. En effet, depuis le 1er janvier 2017, suite à l’adoption de la loi Santé de Marisol Touraine de 2015, toute personne qui décède à l’hôpital en France est considérée comme donneuse par défaut, sauf si elle s’est inscrite sur le registre des refus, ce que la plupart des Français ignore (Suisse). Si le projet de loi sur l’euthanasie, actuellement en cours d’examen parlementaire, est à son tour adopté, les prélèvements d’organes pourraient être multipliés et une pression pourrait être exercée à la fois sur les médecins et sur les personnes éligibles à l’aide à mourir pour aller dans ce sens, les demandes de transplantation étant en constante augmentation.

Selon Me Kounkou, l’affaire Kabile est la seule aujourd’hui en France susceptible de mettre en lumière toutes ces questions et « de renverser la vapeur », la seule également capable de révéler à quel point la justice est instrumentalisée par des lobbies. La suite aux assises.

Durée du film: 52 min.

Réalisation: Pierre Barnérias.

Production: TProd.

Année: 2025.

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