3I/ATLAS, ce nouvel « objet interstellaire » qui contribue au récit extraterrestre

Nous suivons de très près le feuilleton de la "divulgation extraterrestre"; or un nouveau venu fait beaucoup parler de lui.
Partager:

Cet été nous faisions suite à notre interview de Maxence Layet Le Printemps des OVNIs en proposant un article intitulé: Une révélation eschatologique est en cours, et le « feuilleton extraterrestre » se poursuit. Nous y détaillions les derniers chapitres essentiels d’un récit qui semble bien cousu de toute pièce.

Dans cet article, nous faisions une brève référence au dernier figurant entré en scène: 3I/ATLAS. Or depuis cet été ce nouveau protagoniste a beaucoup fait parler de lui; c’est donc l’occasion d’une mise à jour du « feuilleton extraterrestre » que nous suivons de près.

3I/ATLAS est, en deux mots, le troisième « objet interstellaire » (c’est-à-dire dont l’origine est considérée comme extérieure à notre système solaire) prétendument observé dans notre coin de l’Univers, après Oumuamua le premier, et Borissov le deuxième.

Découverte le 1ᵉʳ juillet 2025 par le programme ATLAS de la NASA au Chili, on nous dit que 3I/ATLAS suit en ce moment une trajectoire hyperbolique à travers les régions internes de notre voisinage planétaire, et qu’elle disparaîtra ensuite de nouveau dans le vide interstellaire.

Mais dans le sillage de ce visiteur intersidéral, on a droit sur Terre à un feuilleton: un éminent professeur de Harvard qui écrit qu’il pourrait s’agir d’un vaisseau extraterrestre, une députée américaine qui exige publiquement que la NASA en publie les images cachées, le Pentagone qui déclare s’y intéresser, et un climat médiatique chargé d’audiences sur les ovnis, de « lanceurs d’alerte » et d’un documentaire promu à grand renfort de publicité intitulé The Age of Disclosure (L’ère de la divulgation).

Lorsque 3I/ATLAS a disparu derrière le Soleil fin octobre et est réapparue début novembre avec une queue plus brillante et plus étrange, Avi Loeb, de Harvard, a publié un article posant la question suivante: « 3I/ATLAS vient-il de se désintégrer près du Soleil? » et concluant que s’il ne s’était pas fragmenté, « nous avons un problème avec l’hypothèse de la comète naturelle ».

Quelques jours plus tard, un article complémentaire, basé sur des images du télescope optique nordique, rapportait que l’objet semblait intact et arborait une curieuse « anti-queue » tournée vers le Soleil, exactement la combinaison qui, selon Loeb, remettrait en cause l’hypothèse d’une comète naturelle.

On a donc à ce stade un objet interstellaire très inhabituel, un astrophysicien éminent, ex-titulaire de chaire du département d’astronomie de Harvard, qui soutient qu’il pourrait s’agir d’un vaisseau extraterrestre, un gouvernement qui fait tout pour sembler réticent à communiquer ses propres données, et un public préparé par des années de récits sur la « divulgation des ovnis ».

Vue à travers le prisme du projet Blue Beam de Serge Monast – qui affirmait dans les années 1990 que les puissants simuleraient un jour une « révélation » cosmique, religieuse ou extraterrestre pour instaurer un Nouvel Ordre Mondial technocratique – 3I/ATLAS s’inscrit dans un moment culturel très particulier, et à forte connotation eschatologique.

Pourquoi tout le monde en parle?

La plupart des astronomes qui s’expriment sur le sujet déclarent à cor et à cri que 3I/ATLAS est une vulgaire comète interstellaire d’origine naturelle. Ils avancent les raisons suivantes:

  • Elle présente une chevelure et une queue.
  • La spectroscopie du téléscope spatial James Webb révèle une coma gazeuse dominée par le dioxyde de carbone, l’eau, du monoxyde de carbone et d’autres substances volatiles – des éléments cométaires classiques, bien qu’avec des proportions extrêmes.
  • Les observations radio MeerKAT détectent de l’hydroxyle (OH) formé par la décomposition de l’eau dans la coma sous l’effet des UV, ce qui correspond là encore à la physique standard des comètes.

La NASA et l’ESA sont ainsi tout à fait catégoriques:

Cela ressemble à une comète. Elle se comporte comme une comète. Elle ressemble très fortement, à presque tous les égards, aux comètes que nous connaissons… Les preuves indiquent de manière écrasante que cet objet est un corps naturel. C’est une comète. »

– Tom Statler, scientifique en chef de la NASA pour les petits corps célestes.

Pourtant plusieurs éléments viennent en ce moment contredire ces certitudes:

  • 3I/ATLAS est très grande pour une première comète interstellaire – les données du télescope Hubble suggèrent un noyau pouvant atteindre environ 5,6 km de diamètre, et Loeb affirme que les contraintes dynamiques impliquent un corps effectif encore plus grand.
  • Son orbite est presque parfaitement alignée avec le plan de l’écliptique, mais rétrograde, ce qui est une géométrie très inhabituelle.
  • Elle est extrêmement riche en CO₂ et son activité s’est comportée d’une manière qui, selon Loeb, est difficile à concilier avec un simple réchauffement solaire.

Ce sont là des anomalies physiques, qu’il faut comprendre dans le genre d’environnement médiatique où, entre autres anecdotes, « Kim Kardashian » demande à l’administrateur de la NASA s’il s’agit d’extraterrestres, tandis que les scientifiques de leur côté se plaignent publiquement de ne pas pouvoir en obtenir les images brutes.

Vu le nombre d’articles consacrés à la saga 3I/ATLAS dans les médias de masse, qu’il s’agisse de relayer ou de nier l’idée d’un « vaisseau extraterrestre », on comprend aisément que c’est un feuilleton, et qu’il convient d’en examiner les tenants et aboutissants.

Une série d’anomalies physiques

Avi Loeb et ses coauteurs Adam Hibberd et Adam Crowl tentent de quantifier l’étrangeté de 3I/ATLAS dans leur papier « Is the Interstellar Object 3I/ATLAS Alien Technology? » (L’objet interstellaire 3I/ATLAS est-il une technologie extraterrestre?).

Ci-dessous figurent les principales anomalies qu’ils soulignent, tant dans le papier original que dans les articles ultérieurs de Loeb.

1. Plan orbital presque parfaitement dans l’écliptique (mais rétrograde)

3I/ATLAS arrive sur une orbite hyperbolique dont le plan n’est incliné que d’environ 5° par rapport à l’écliptique (le plan des planètes), mais il se déplace dans l’autre sens (inclinaison d’environ 175°).

C’est étrange pour plusieurs raisons:

  • Pour un objet interstellaire aléatoire, on s’attendrait à ce que le vecteur de moment cinétique orbital pointe dans des directions plus ou moins aléatoires; Loeb et al. estiment qu’un alignement aussi étroit (et un mouvement rétrograde) a une probabilité de l’ordre de 0,2% si l’on considère les orientations comme aléatoires.
  • Cet alignement rend difficile toute interception avec des fusées conventionnelles, mais il permet à l’objet de frôler facilement plusieurs planètes dans le plan.

Loeb et ses collègues notent que cet alignement serait extrêmement pratique pour une sonde hypothétique qui aurait déjà cartographié notre système de loin et qui souhaiterait « accéder à notre planète en toute impunité ».

2. Approches étonnamment serrées de Vénus, Mars et Jupiter

À l’aide d’un logiciel de trajectoire interplanétaire, Loeb et al. démontrent que 3I/ATLAS passe à une distance étonnamment proche de Vénus, Mars et Jupiter – avec une probabilité globale d’une telle séquence qu’ils estiment à moins de 0,005% si l’orbite n’est qu’une diffusion gravitationnelle aléatoire.

Cela conduit à deux remarques supplémentaires:

  • Le périhélie de 3I/ATLAS se produit du côté opposé du Soleil par rapport à la Terre. Loeb et al. suggèrent que cette géométrie particulière permettrait à un vaisseau spatial d’effectuer une « manoeuvre d’Oberth inversée » derrière le Soleil, en utilisant une poussée pour ralentir et se lier au Soleil, caché de la Terre pendant la manœuvre clé.
  • Ils calculent l’accélération non gravitationnelle nécessaire pour que 3I/ATLAS modifie légèrement sa trajectoire et passe à très grande proximité de Jupiter dans les années à venir, et concluent qu’une accélération radiale modeste (compatible avec une voile solaire) serait suffisante.

Les astronomes traditionnels balayent les anomalies statistiques d’un revers de main, qui relèvent selon eux de la simple coïncidence.

D’un point de vue « complotiste » cependant, un rocher interstellaire qui emprunte par hasard une trajectoire furtive derrière le Soleil, alignée avec le plan de l’écliptique, qui passe à toute vitesse près de Mars (à moins de 30 millions de kilomètres) et se prépare à un éventuel passage près de Jupiter, suscite beaucoup de questions; des questions, de nouveau, dont les médias de masse se font volontiers l’écho.

3. 3I/ATLAS est gigantesque

Dans un de ses derniers articles sur le sujet, Loeb revient sur un papier technique antérieur dans lequel il estimait la masse de 3I/ATLAS à partir de sa dynamique, et la comparait à la distribution de taille des objets interstellaires suggérée par les études.

En substance, il écrit que:

  • 3I/ATLAS est plus d’un million de fois plus massif que Oumuamua.
  • Compte tenu d’une décennie d’études du ciel, nous aurions dû voir des millions d’objets de la taille d’Oumuamua avant de voir un géant comme ATLAS, s’ils partageaient une distribution de taille conventionnelle.
  • Au lieu de cela, nous avons obtenu un seul Oumuamua, mince, étrange, sans dégagement gazeux, avec une accélération non gravitationnelle inexpliquée, et maintenant un seul ATLAS géant, extrêmement actif et riche en CO₂.

Il estime que les chances de rencontrer un objet aussi grand dans notre courte fenêtre d’observation sont inférieures à 1% selon les hypothèses standard, et encore plus faibles si l’on tient compte de l’alignement du plan orbital.

Tout en reconnaissant que les modèles mathématiques pourraient simplement être erronés, l’argument de Loeb est le suivant: si les échantillons observés crient à l’anomalie, il est raisonnable d’envisager que certains objets interstellaires sont bien plus que de vulgaires rochers morts.

4. Coma extrêmement riche en CO₂ et activité inhabituelle

Le télescope spatial James Webb et les analyses qui ont suivi montrent que:

  • 3I/ATLAS possède l’une des chevelures les plus riches en CO₂ jamais mesurées: le rapport CO₂/H₂O est d’environ 8, bien au-dessus de la tendance observée pour les comètes de longue période comme pour celles de la famille de Jupiter.
  • Elle est asymétrique, avec un dégagement gazeux accru en direction du soleil, et de la glace d’eau, du monoxyde de carbone et de la poussière sont détectables.

L’interprétation courante est qu’il ne s’agit là que d’une comète qui s’est formée dans une région riche en CO₂, ou dont la surface a été traitée par des rayons cosmiques intenses. Donc c’est étrange certes, mais tout de même naturel.

L’interprétation de Loeb est différente: si les jets et les changements de luminosité sont aussi importants que certaines images le suggèrent, la perte de masse totale que cela implique nécessiterait une zone d’absorption énorme – soit un corps de plusieurs dizaines de kilomètres de diamètre – 16 fois plus que la limite supérieure déduite par les images de Hubble le 21 juillet. Il écrit: « Houston, nous avons un problème avec l’hypothèse de la comète naturelle ».

Selon lui, la seule façon de concilier les observations avec l’hypothèse d’une comète naturelle serait que 3I/ATLAS se soit brisée en plusieurs fragments près du périhélie derrière le soleil, augmentant ainsi considérablement sa surface apparente totale.

Or le 11 novembre de nouvelles images ont été obtenues, et là, surprise: toujours un seul corps, avec une « anti-queue » frappante tournée vers le soleil, au lieu d’une longue chaîne de fragments épars.

D’où les dernières déclarations de Loeb: soit 3I/ATLAS s’est fragmentée et on ne s’en rend pas encore compte, soit quelque chose d’autre fournit une poussée (c’est-à-dire que ce n’est pas une comète naturelle).

5. Géométrie de la queue, « anti-queue » et changements de couleur

D’autres anomalies observationnelles sont rapportées au sujet de 3I/ATLAS:

  • Une grande partie de la poussière de 3I/ATLAS se trouve du côté du Soleil par rapport au noyau, formant une « anti-queue » – une caractéristique connue chez certaines comètes, mais visuellement spectaculaire.
  • Les images amateurs et professionnelles prises autour du périhélie montrent de multiples jets et des structures de queue complexes, qui semblent changer au fil des jours à mesure que l’objet émerge de derrière le Soleil.
  • Les médias grand public notent des changements de couleur: 3I/ ATLAS « devient plus bleue » près du périhélie, puis change à nouveau après le périhélie.

La couleur et la géométrie de la queue peuvent s’expliquer naturellement par la variation des rapports gaz-poussière, de l’angle de vue et de la taille des particules; mais Loeb et quelques autres soulignent que ces éléments sont des indices supplémentaires suggérant que quelque chose de plus complexe que la simple « physique de la boule de neige sale » pourrait être à l’œuvre.

6. Accélération non-gravitationnelle et « éloignement du Soleil »

Les accélérations non gravitationnelles (de minuscules écarts par rapport à la gravité pure) sont courantes chez les comètes actives en raison d’un dégazage asymétrique. Pour 3I/ATLAS cependant le phénomène est exceptionnellement marqué:

  • Les premières données proches du périhélie suggéraient la présence d’une accélération non-gravitationnelle, peut-être plus importante que la normale, bien que le Minor Planet Center n’ait pas encore publié de paramètres définitifs.
  • Des analystes en ligne ont fait circuler des affirmations selon lesquelles 3I/ATLAS serait sortie de la conjonction solaire environ 11 minutes plus tôt que ne le prévoyaient les modèles gravitationnels, suggérant une propulsion délibérée. Ces affirmations proviennent de comparaisons indépendantes d’éphémérides et n’ont pas été confirmées par des travaux évalués par des pairs.

Cela a suffi pour faire titrer au Daily Mail (journal tabloïd britannique à grand tirage) que 3I/ATLAS avait effectué une « manœuvre choquante » qui a « dérouté les scientifiques » en s’éloignant du Soleil de manière inattendue.

Le fil conducteur d’Avi Loeb: d’Oumuamua à 3I/ATLAS

Comme explicité dans notre précédent article sur le sujet, l’officier israélien et éminent astrophysicien de Harvard Avi Loeb n’est pas un nouveau venu dans le « feuilleton extraterrestre ». Son récit se construit en effet depuis des années:

  • En 2017, le premier objet interstellaire, Oumuamua, a montré une accélération non-gravitationnelle faible mais statistiquement significative loin du Soleil, sans comète ni dégazage détectés.
  • En 2018, Loeb et Shmuel Bialy ont publié un article affirmant que cela pouvait s’expliquer par la pression du rayonnement solaire sur un objet mince, essentiellement une voile solaire d’origine artificielle.
  • Loeb a ensuite écrit le livre à succès Extraterrestrial: The First Sign of Intelligent Life Beyond Earth (Extraterrestre: le premier signe de vie intelligente au-delà de la Terre), présentant explicitement Oumuamua comme probablement artificiel.

Beaucoup d’astronomes ont détesté cela. Plusieurs articles ont avancé que le comportement d’Oumuamua pouvait s’expliquer par un dégazage exotique ou un fragment étrange de glace d’azote; d’autres ont remis en question la fiabilité de l’observation de l’accélération non-gravitationnelle.

La réponse de Loeb à l’époque avait été essentiellement la même que celle qu’il formule aujourd’hui au sujet de 3I/ATLAS, et qui est régulièrement reprise par les médias de masse qui citent ses positions:

Le potentiel et l’impact sur l’humanité dans le futur sont tellement considérables que nous sommes autorisés à envisager des hypothèses technologiques et à ne pas être aussi conservateurs dans nos hypothèses que d’habitude.

Ainsi, lorsque 3I/ATLAS apparaît avec son lot d’anomalies, Loeb insiste beaucoup dessus. Dans son article de cet été, lui et ses coauteurs vont jusqu’à décrire 3I/ATLAS via le prisme de la théorie de la forêt sombre: l’univers est dangereux, et des civilisations avancées pourraient envoyer des sondes hostiles qui resteraient invisibles jusqu’au dernier moment.

En résumé, même si Loeb affirme à plusieurs reprises que l’explication la plus probable pour 3I/ATLAS reste celle d’une comète naturelle, les chances selon lui qu’il s’agisse d’autre chose sont suffisamment élevées pour qu’on considère, vu les enjeux, l’hypothèse d’une technologie extraterrestre.

Opacité du gouvernement et divulgation des ovnis

L’histoire 3I/ATLAS arrive dans un environnement déjà saturé de demi-aveux officiels et de fuites chuchotées sur les ovnis (désormais baptisés « UAP » pour Unidentified Anomalous Phenomena, soit « phénomènes anormaux non identifiés »).

Ci-dessous figurent quelques-uns des derniers chapitres du feuilleton, que nous détaillions dans notre précédent article sur le sujet.

  • Le Bureau de résolution des anomalies dans tous les domaines (AARO) du Pentagone a été créé après que le Congrès ait exigé un effort centralisé pour suivre et analyser les « phénomènes anormaux non identifiés ».
  • Le lanceur d’alerte David Grusch a rendu publique en 2023 l’existence de programmes américains de longue date de récupération d’épaves et de rétro-ingénierie impliquant des engins non humains – des allégations qui restent à prouver mais qui ont été largement relayées par les médias de masse.
  • Le 13 novembre 2024, la commission de surveillance de la Chambre des représentants a tenu une audience intitulée « Phénomènes anormaux non identifiés: révéler la vérité ». Le journaliste Michael Shellenberger a témoigné que « le département américain de la Défense et les services de renseignement cachent au Congrès des informations sur des phénomènes anormaux », citant des programmes présumés tels que « Immaculate Constellation » qui centraliseraient les images et les données sur les ovnis en dehors du cadre normal de surveillance.

C’est avec tous ces éléments en toile de fond qu’un article de DefenseScoop sur 3I/ATLAS publié le 4 novembre affirme que la NASA et le département de la Défense surveillent bien l’objet mais n’auraient pas encore publié d’images détaillées à cause de l’arrêt des activités du gouvernement.

A ce sujet, la députée Anna Paulina Luna (qui joue depuis peu un rôle de premier plan dans le récit) a de son côté écrit une lettre à l’administrateur de la NASA pour lui demander les images HiRISE inédites prises de 3I/ATLAS depuis l’orbite martienne, ainsi que les données de Perseverance et celles Juno, en mentionnant explicitement que son intérêt était motivé par l’accélération non-gravitationnelle et les changements de couleur de 3I/ATLAS.

En deux mots: le paysage audiovisuel actuel aux États-Unis ne manque pas d’épisodes du « feuilleton extraterrestre », et 3I/ATLAS en est la star principale du moment.

Intelligences extraterrestres et « fédérations galactiques »

En dehors de 3I/ATLAS, plusieurs personnalités de haut rang ont fait des déclarations surprenantes au sujet des extraterrestres.

D’abord Buzz Aldrin, le deuxième homme à avoir « marché sur la Lune », qui a parlé d’un « monolithe » sur Phobos, la lune de Mars, en suggérant qu’il s’agirait d’un objet artificiel.

Ensuite Haim Eshed, ancien responsable du programme de sécurité spatiale israélien, a affirmé qu’une « fédération galactique » d’extraterrestres était en contact avec les États-Unis et Israël, mais a demandé que leur existence ne soit pas révélée car « l’humanité n’est pas prête ».

Puis John Ratcliffe, ancien directeur du renseignement national américain, qui déclare à la télévision que des ovnis sont bien sûr observés régulièrement dans le monde entier, peu de temps après que le Pentagone ait affirmé la même chose (et que la révélation ait donné lieu à un épisode entier de « 60 Minutes », l’émission de reportages la plus ancienne et la plus regardée des États-Unis).

C’est sans compter bien sûr les emails Podesta publiés par Wikileaks, dont plusieurs d’entre eux font allusion à l’existence des « extraterrestres »; il y est question par exemple d’un « univers contigu », de « célestiaux dans notre propre univers », ou encore de « visiteurs extraterrestres ».

Ajoutons finalement à cela le documentaire à venir The Age of Disclosure (« L’ère de la divulgation »), qui sort pour le grand public ce mois-ci, et dans lequel des membres du gouvernement et des initiés des services de renseignement parlent ouvertement d’engins non humains, d’êtres extraterrestres et d’une dissimulation qui dure depuis 80 ans.

Il n’est pas nécessaire de croire à ces affirmations pour distinguer le schéma qui se dessine: le pouvoir est en train de normaliser les discussions explicites sur les extraterrestres, les programmes secrets et une dissimulation de longue date.

Vu comme cela, 3I/ATLAS n’est rien d’autre que le énième épisode d’un long feuilleton, qui donne une nouvelle jeunesse aux propos de Serge Monast lorsqu’il nous parlait du projet Blue Beam.

Projet Blue Beam: le scénario de l’apocalypse mise en scène

Le journaliste et auteur Serge Monast affirmait dans les années 1990 déjà que les puissants de ce monde préparaient une opération en quatre étapes appelée Projet Blue Beam, destinée à instaurer une nouvelle religion New Age mondiale accompagnée d’un Nouvel Ordre Mondial technocratique.

Selon lui, les quatre étapes seraient:

1. Crises provoquées et « découvertes » archéologiques
Utiliser les chocs économiques, les guerres régionales et la manipulation de la science et de l’archéologie pour saper les croyances traditionnelles et les identités nationales.

2. Un spectacle holographique mondial dans le ciel
Utiliser des technologies de projection avancées pour projeter des figures et des symboles religieux dans le ciel au-dessus de différentes régions, en fonction des attentes culturelles – une fausse émergence d’un sauveur attendu (Mahdi, Maitreya, etc.).

3. Télépathie synthétique et opérations psychologiques
Utiliser les technologies ELF/VLF/micro-ondes et l’IA pour simuler une expérience de « voix dans la tête », amenant les gens à croire que leur dieu (ou un seigneur extraterrestre) leur parle directement.

4. Une invasion ou « arrivée » extraterrestre mises en scène
Orchestrer un événement « extraterrestre » terrifiant mais contrôlé – ovnis au-dessus des villes, attaques à énergie dirigée, voire destruction physique limitée – afin de semer la panique dans les nations et les pousser à céder leur souveraineté à une autorité mondiale unifiée promettant protection et sens spirituel.

Monast décrivait tout cela comme un théâtre eschatologique: une apocalypse contrefaite conçue pour remplacer les religions traditionnelles par un New Age technologique et pseudo-gnostique.

Vu tout ce qui précède, et dont 3I/ATLAS ne constitue que le dernier chapitre en date, on comprend pourquoi l’hypothèse du projet Blue Beam n’est pas encore prête à être réfutée.

Du point de vue d’un tel projet, 3I/ATLAS pourrait jouer plusieurs rôles:

  • En tant que point d’ancrage symbolique: « La comète venue d’ailleurs », synchronisée avec une vague de divulgations, pourrait contribuer à créer le sentiment que l’histoire s’oriente vers une révélation cosmique.
  • En tant que répétition générale: la polémique autour de 3I/ATLAS, la lutte autour des images que le gouvernement refuse pour l’instant de publier, et le débat médiatique qui s’ensuit, ressemble à la manière dont une « divulgation extraterrestre » pourrait être mise en scène.
  • Comme conditionnement psycho-spirituel: les ambiguïtés – s’agit-il simplement d’une comète, est-elle en train de manœuvrer, est-elle en train de se désintégrer, etc. – font osciller les téléspectateurs entre la peur, la crainte et le rejet cynique. C’est un terrain fertile pour des opérations narratives ultérieures à fort impact émotionnel.

La saveur eschatologique du feuilleton provient de la combinaison de trois éléments: un objet provenant de l’extérieur du système solaire, chargé de résonance symbolique; une société déjà en crise de sens et de confiance; et des institutions qui ont passé des décennies à mentir sur des questions de sécurité nationale et qui nous demandent maintenant de croire qu’elles sont soudainement devenues totalement transparentes sur le sujet le plus étrange qui soit.

La tentation est de supposer que toute connaissance cachée est automatiquement une vérité salvatrice: si seulement nous obtenions le secret, nous serions libres. Pourtant l’histoire suggère une autre possibilité; les connaissances cachées sont tout aussi souvent utilisées comme arme, lorsqu’elles sont partielles et trompeuses. Une « divulgation » contrôlée au compte-gouttes, fondée sur une vérité mais enrobée de mensonge, peut être utilisée pour démoraliser, distraire ou guider les populations vers une conclusion prédéterminée.

En ce sens, l’insistance de Loeb à rendre publiques toutes les données brutes sur 3I/ATLAS (spectres, images, astrométrie) vise moins à prouver l’existence des extraterrestres qu’à préparer un avenir dans lequel les révélations venues du ciel seraient désormais relayées par les services de presse « libre » et les documentaires cinématographiques à diffusion virale sur les réseaux sociaux.

Observer le déroulement du récit

Quelle que soit la nature de 3I/ATLAS, cet objet – réel ou imaginaire – fait partie intégrante d’un récit qui se déroule depuis longtemps déjà.

Dans ce récit, le documentaire The Age of Disclosure jouera un rôle important; il rassemble 34 « initiés » (généraux, responsables des services de renseignement, politiciens de haut rang) qui tous affirment qu’il y a eu une dissimulation pendant 80 ans des intelligences non humaines et des technologies associées. Ce n’est pas nécessairement la véracité du propos qui compte, mais plutôt la façon dont la connaissance commune est en train d’être formée au sujet de « l’intelligence extraterrestre ».

Le fait que les scientifiques « mainstream » rejettent le documentaire et ses postulats est tout aussi important; à dessein, la majorité silencieuse ne leur fait déjà plus confiance; leurs dénégations publiques servent donc à renforcer l’exercice de persuasion en cours.

On relèvera pour conclure que la masse de 3I/ATLAS est annoncée s’élever à 33 milliards de tonnes, un chiffre qui n’est pas sans rappeler que Oumuamua aurait d’abord été observée à 33 millions de kilomètres de la Terre, et que Borissov se déplacerait à 33 km/s. Quand on sait l’importance que revêt ce nombre dans la religion secrète des puissants, on peut se demander si cela relève de la coïncidence, ou si cela suggère au contraire que ces 3 seuls objets interstellaires prétendument observés ne sont pas effectivement des figurants de premier plan dans le récit eschatologique en cours d’exécution.

Pour activer la traduction: cliquer sur la roue en bas à droite, puis sous-titres, anglais généré automatiquement, traduire automatiquement, français.

Partager:

Cet article vous a plu?
Essentiel News propose des clés de lecture de l’agenda mondial et des alternatives pour en sortir.
Pensez à vous abonner ou à faire un don.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *